Évangile selon Matthieu – Chapitre 18

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON MATTHIEU

Chapitre dix-huit

1 – Alors, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : Qui donc est le plus grand dans le règne des cieux ?
2 – Il appela un enfant, le plaça au milieu d’eux
3 – et dit : Oui je vous le dis, si vous ne vous retournez pas et ne devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le règne des cieux.
4 – Celui donc qui s’abaissera comme cet enfant, c’est lui le plus grand dans le règne des cieux.

Mon analyse :
Les disciples, toujours sous la coupe de la mondanité, imaginent le monde spirituel comme un royaume et donc, ils cherchent à savoir comment y fonctionne la hiérarchie. Cette notion se retrouve tout entière dans les systèmes cosmogoniques de la plupart des religions, y compris dans le gnosticisme. Mais Jésus donne la réponse : il n’y a pas de hiérarchie dans le monde spirituel. Ce qui importe pour y accéder c’est justement de se retirer spirituellement de ce monde et de ses principes hiérarchiques. C’est pourquoi l’humilité est une des fondamentaux de la religion cathare. Il faut quitter notre conception d’adultes qui ne voient le monde que comme un espace de pouvoirs hiérarchiques et revenir à l’état d’enfants qui ne font cas d’aucune hiérarchie et se considèrent à l’égal des autres.

5 – Et qui accueille un tel enfant en mon nom m’accueille.
6 – Mais quiconque scandalise un seul de ces petits qui se fient à moi, il vaut mieux pour lui qu’on lui suspende au cou une meule à âne et qu’on le noie au fond de la mer.
7 – Malheur au monde pour ses scandales ! Car il faut qu’il y ait des scandales, mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive !

Mon analyse :
L’humilité étant la seule voie d’accès à l’état qui permettra à la grâce divine de nous toucher, il nous faut l’accueillir et la développer en nous. Si nous la rejetons, nous nous fermons l’accès à la grâce. Or, ce monde rejette l’humilité et agit à l’inverse par excès de vanité. Mais c’est la nature du monde d’être vaniteux. Par contre, l’homme vaniteux est à plaindre.

8 – Si ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le et jette-le loin de toi, il est bon pour toi d’entrer estropié ou boiteux dans la vie, plutôt que d’être, avec deux mains ou deux pieds, jeté au feu éternel.
9 – Et si ton œil te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi, il est bon pour toi d’entrer borgne dans la vie, plutôt que d’être avec deux yeux jeté à la géhenne du feu.

Mon analyse :
Nous devons nous analyser avec Bienveillance mais justice afin de voir ce qui en nous nous éloigne de l’humilité. Quoi que ce soit, aussi important que cela puisse nous paraître, nous devons éliminer tout ce qui nous éloigne de l’humilité afin d’être, à l’heure venue, accessibles à la grâce divine.

10 – Attention, ne méprisez aucun de ces petits-là car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux regardent sans cesse la face de mon père qui est dans les cieux.

Mon analyse :
Les humbles doivent être notre référence et nous devons les traiter avec respect et chercher à les imiter en tout. Car ce sont les humbles qui sont les plus proches du retour auprès du principe parfait.

11 – Car le fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu.
12 – Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis et qu’une d’elles s’égare, ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-neuf dans la montagne pour aller chercher l’égarée ?
13 – S’il vient à la trouver, oui je vous le dis, il s’en réjouit plus que des quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées.
14 – Ainsi ce n’est pas la volonté de votre père qui est aux cieux, qu’un de ces petits périsse.

Mon analyse :
Jésus explique le principe général : Dieu ne veut perdre aucune de ses émanations égarées en ce monde. Aussi, fera-t-il ce qu’il faut pour que chacune retourne en son sein et chaque retour sera une fête. Aussi, devons-nous comprendre que l’idée même d’un exil des pécheurs — et a fortiori d’un exil éternel comme dans l’enfer de plusieurs religions —, est totalement incompatible avec l’idée de Dieu.

15 – Si ton frère vient à pécher, va-t’en le convaincre seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère ;
16 – s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que toute affaire soit réglée sur le dire de deux ou trois témoins;
17 – s’il ne les écoute pas, dis-le à l’église; et s’il n’écoute pas non plus l’église, qu’il soit pour toi comme le païen et le percepteur.
18 – Oui je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.

Mon analyse :
Nous devons tout mettre en œuvre pour nous aider, les uns les autres, quand nous voyons que l’un d’entre-nous dérive de la voie qui mène à Dieu. Si malgré tous nos efforts nous n’y parvenons pas, nous devons alors le laisser aller sur sa voie, sans le juger ni le critiquer mais en évitant un contact qui pourrait nous nuire à la longue car notre propre stabilité n’est jamais acquise.

19 – Oui je vous le dis encore, si deux d’entre vous sur la terre s’entendent pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon père qui est aux cieux.
20 – Car là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.

Mon analyse :
Ce que nous faisons au plan spirituel en groupe est plus fiable que ce que nous essayons de faire seul. Quand nous sommes rassemblés nous plus fort pour avancer sur le chemin qui mène à Dieu. Aussi devons-nous toujours essayer de cheminer à plusieurs ; C’est ce que les cathares faisaient quand ils veillaient à ne jamais rester isolés.

21 – Pierre alors s’approcha et lui dit : Seigneur, combien de fois mon frère va-t-il pécher contre moi, et moi lui remettre ? Jusque sept fois ?
22 – Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusque sept fois mais jusque soixante-dix fois sept.

Mon analyse :
Jésus apprend à Pierre que nous ne devons pas tenir compte des erreurs des autres. Ce qui intéressant là, c’est qu’il ne s’agit pas de pardon mais de remise. C’est un peu comme lorsque quelqu’un nous rembourse ce qu’il pense être une dette envers nous et que nous lui remettons ce qu’il veut nous rendre en disant que ce n’est pas à nous mais à lui. Cela crée une égalité parfaite entre les hommes alors que le pardon crée une hiérarchie entre celui qui pardonne et celui qui est pardonné.

23 – C’est pourquoi le règne des cieux est pareil à un roi qui a voulu régler ses comptes avec ses esclaves.
24 – Il commençait à régler quand on lui a amené un débiteur de dix mille talents.
25 – Comme l’autre n’avait pas de quoi rendre, le seigneur a ordonné de le vendre avec la femme, les enfants et tout ce qu’il avait, et d’être payé.
26 – L’esclave alors est tombé prosterné devant lui, il a dit : Sois généreux avec moi, je vais tout te rendre.
27 – Ému, le seigneur de cet esclave l’a renvoyé et lui a remis sa dette.
28 – En sortant, cet esclave trouve un de ses compagnons qui lui devait cent deniers ; il le tient à l’étouffer, en disant : Rends ce que tu dois,
29 – Alors son compagnon tombe à ses pieds et fait appel à lui : Sois généreux avec moi, je vais te le rendre.
30 – Mais l’autre ne l’a pas voulu, il s’en est allé et l’a fait jeter en prison pour lui faire rendre ce qu’il devait.
31 – Quand ses compagnons ont su ce qui était arrivé, ils ont été fort attristés, ils sont venus expliquer à leur seigneur tout ce qui était arrivé.
32 – Alors son seigneur l’a fait appeler, il lui a dit : Mauvais esclave, je t’ai remis toute cette dette parce que tu as fait appel à moi ;
33 – est-ce que tu ne devais pas toi aussi avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’ai eu pitié de toi ?
34 – et son seigneur en colère l’a livré aux bourreaux pour lui faire rendre tout ce qu’il devait.
35 – Ainsi fera de vous mon père céleste, si chacun de vous ne remet pas du fond du cœur à son frère.

Mon analyse :
Cette parabole nous explique que nous sommes plus pécheur que ceux que nous considérons comme tels et, qu’à ce titre nous ne devons pas prétendre juger les autres et encore moins les punir. C’est à chacun d’agir pour lui et de recevoir humblement la remise de ses fautes. Car nos fautes sont toujours trop lourdes pour être pardonnées. C’est grâce à la Bienveillance que nous en obtenons la remise mais, cette Bienveillance nous la devons aussi aux autres sans quoi nous perdons tout.

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