Organisation des carêmes cathares

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Organisation des carêmes cathares

J’ai déjà traité des carêmes cathares en tant que pratiques rituelles et dans le cadres des pratiques cathares recourant au jeûne.

Aujourd’hui je voudrais présenter les carêmes cathares dans leur répartition annuelle et dans leur signification propre.

Répartition annuelle

Les dates des carêmes varient chaque année puisqu’ils sont organisés autour de fêtes légales qui sont elles-mêmes soumises aux variations calendaires.

Le tableau ci-dessous vous donnera donc les dates qui encadrent chaque carême et la fêtes calendaire de référence.

Nom du carême

Date de début

Date de fin

Fête de référence

Carême de la désolation Lundi 19 février 2024 Vendredi 29 mars 2024 Pâques (équinoxe de printemps)
Carême de la Consolation Lundi 20 mai 2024 Vendredi 28 juin 2024 Pentecôte
Carême de la régénération Lundi 13 novembre 2023 Vendredi 22 décembre 2023 Noël (solstice d’hiver)

Détail des carêmes

Carême de la désolation

Le carême de la désolation précède l’événement qui fut pendant longtemps la base de la prédication chrétienne. Son interprétation est à l’origine du schisme initial qui sépara les judéo-chrétiens des pagano-chrétiens. Les premiers, s’appuyant sur la mystique juive, y voyaient un sacrifice rédempteur conforme à leur vision doctrinale d’un Dieu ambivalent, à la fois punisseur et miséricordieux. Les seconds, se basant sur le message christique d’Amour absolu, y voyaient la clé de voute de la révélation de la supercherie du démiurge et de l’invalidation de la loi positive mosaïque.

La désolation de la Passion

Christ, venu pour nous aider à entamer notre cheminement par la grâce de l’éveil, a d’abord tenté de s’adresser directement à la masse des esprits saints engourdis dans la gangue des corps de matière. À en croire les évangiles, il semble que ce fut un échec partiel, tant les premiers disciples choisis furent incapables de s’extraire de leur condition et du judaïsme qui constituait le fonds de leur spiritualité. Comment s’étonner que dans un monde soumis à l’autorité rigide et sanguinaire de l’envahisseur romain, les juifs de l’époque aient eu du mal à se distancier suffisamment de ce qui leur semblait naturel et réel pour comprendre la manipulation dont ils étaient victimes ? Seule une minorité d’entre eux y parviendront et, fuyant la répression qui a suivi l’exécution d’Étienne, constitueront les premières communautés à qui l’on donnera plus tard le nom de chrétiens.

Les autres intégrèrent la lecture juive au message christique, même s’il semblait pourtant très éloigné de l’attente messianique censée redonner au peuple juif sa place de peuple élu vainqueur de ses ennemis. Faute d’avoir un leader guerrier et vainqueur, ils appliquèrent le concept anthropologique de la victime émissaire afin de faire d’un prophète pâlot un vainqueur par défaut. Mais ce choix ne pouvait convaincre que ceux qui l’étaient déjà. Cela explique les difficultés que le judéo-christianisme va connaître dans sa croissance jusqu’à ce que l’alliance avec le sabre impérial désigne un groupe comme vainqueur sur les autres, avant qu’il ne devienne à son tour leur persécuteur.

C’est en cela que la Passion doit être considéré, dans le christianisme, comme une désolation. Car, là où le message christique ouvrait enfin une voie positive en démontrant le mensonge de la loi mosaïque dont l’incohérence poussait ses défenseurs à mettre à mort, au nom de leur Dieu, celui qui se réclamait être son envoyé, la majorité des juifs n’ont rien vu et ceux qui avaient commencé à recevoir son message, n’ont vu pour la plupart qu’une démarche sacrificielle correspondant aux errements qui émaillaient l’histoire du judaïsme.

Un faux départ

Les judéo-chrétiens ont donc fait de la Passion l’événement majeur de leur spiritualité. Pourtant, à bien y réfléchir c’est en fait un moment intermédiaire. En effet, le croyant qui voit dans la Passion et la résurrection le centre de sa foi, ne fait que se maintenir dans une position attentiste où le salut vient de l’extérieur en échange d’une sorte d’apathie qui favorise la prégnance du monde sur nos esprits. En effet, faire de Christ l’alpha et l’oméga du Salut revient à considérer que nous n’y avons aucune part. Cette erreur justifie chez les judéo-chrétiens la relative passivité du croyant qui se contente d’ânonner le credo de Nicée-Constantinople et le Pater, persuadé que cette soumission aveugle suffira à satisfaire un Dieu jaloux et vengeur pour espérer qu’il les distinguera des autres. Cet enfermement dans le concept juif du peuple élu conduit à une totale soumission et à l’abandon de toute volonté d’amélioration qui ne peut être basée que sur l’humilité et la Bienveillance.

On comprend que Christ, face à une telle erreur de jugement, ait finalement choisi un esprit éduqué et capable de réflexion en choisissant Paul comme nouvel apôtre. Ce faisant il validait la nécessité de la connaissance dans la construction de la foi. Car croire sans savoir, la fameuse foi du charbonnier chère au judéo-christianisme, c’est se mettre à la merci premier manipulateur venu. Paul, malgré sa formation juive et malgré son appartenance à la secte pharisienne qui était en pointe de la répression anti-chrétienne, va s’avérer capable de comprendre le renversement total des valeurs qu’implique le message de la Passion. Non seulement, la loi mosaïque est une erreur et un piège, mais l’idée même d’un peuple élu est une absurdité déicide en cela qu’elle donnerait à Dieu une psychologie duelle quand il est en fait le principe du Bien. Donc, c’est bien la Passion qui est le point central, et non la résurrection. Car c’est la Passion qui nous révèle l’imposture du démiurge et la résurrection ne fait que nous rappeler que, comme Christ, nous ne sommes pas de ce monde.

Un carême intermédiaire entre l’éveil et la Consolation

Ce carême est le seul qui subsiste chez la plupart des judéo-chrétiens, les catholiques l’ayant même rallongé d’une semaine. Cela démontre qu’ils ont perdu la mémoire de la signification des carêmes. En fait, cette année spirituelle qui débute avec la régénération, porte ouverte sur l’éveil et qui se termine avec la Consolation, début du cheminement final vers le Salut, est cohérente et progressive. La désolation est le point central du cheminement du croyant en cela qu’elle coupe, enfin et de façon définitive, le dernier lien qui pouvait perdurer entre la conception judéo-chrétienne qui est notre fonds commun et la conception chrétienne authentique qui rétablit les valeurs essentielles d’humilité, de non violence et de Bienveillance. Humilité car nous sommes désormais convaincus d’être des esprits saints prisonniers comme les autres, ni meilleurs ni pires, mais simplement enfin libérés d’une partie de nos entraves et en responsabilité de mettre en œuvre la connaissance qui viendra conforter notre foi pour nous permettre de cheminer vers notre Salut. Non violence car nous savons désormais que notre égalité parfaite supprime toute notion de supériorité et tout velléité de suprématie sur notre environnement. Au contraire, la violence nous éloigne de notre but et nous renvoie dans les filets du démiurge. Bienveillance, c’est-à-dire Amour absolu, qui est le moyen de notre progression et son énergie. Car la Bienveillance nous détache de ce monde et nous rapproche de notre nature spirituelle. Ainsi, à l’issue de ce carême, serons-nous en mesure de nous améliorer encore et d’approfondir notre détachement du monde qui ne nous renvoie que l’image de la violence et de la haine destructrice du principe mauvais, pour « purifier » notre esprit du corps qui l’emprisonne et atteindre un jour un état qui sera compatible avec la prochaine étape, la Consolation.

Conclusion

Certes, ce carême s’il est plein de sens pour les croyants, peut dérouter les sympathisants qui ne voient encore dans la Passion qu’un drame qui se conclura ensuite par une victoire comparable à celle des armées du Bien affrontant celles du Mal, comme nous le rabâche régulièrement les textes judéo-chrétiens. Personnellement, et avec toute la modestie possible car je ne suis qu’un croyant parmi d’autres, je pense que ce carême pourrait être le moment pour les croyants d’aider les sympathisants à commencer leur amélioration en leur apportant des éléments de connaissance, qu’eux-mêmes ont réussi à intégrer. Cette rupture entre la loi mosaïque et la loi christique est l’occasion d’entamer une formation qui aboutira sans doute à l’éveil de ces sympathisants, pendant que les croyants, eux, poursuivront leur formation afin d’arriver un jour à l’étape suivante : le noviciat.

Carême de la Consolation

Pour les chrétiens authentiques, le moment-clé de leur histoire n’est ni la prétendue naissance de Jésus, ni sa Passion et sa résurrection, toutes aussi sujettes à caution. Non, ce qui marque le christianisme authentique est le moment où les croyants décident d’abandonner ce monde malin et de suivre la voie de justice et de vérité pour revenir à leur origine. Ce moment est symbolisé par le seul et unique sacrement connu dans le catharisme, celui qui marque l’entrée dans cette voie, mais aussi qui accompagne ce cheminement vers la bonne fin dans toutes ses étapes. Ce sacrement porte le nom de Consolation car il rappelle que les esprits saints, prisonniers de la matière maléfique, que nous sommes ne sont pas coupables mais victimes et qu’ils n’ont pas à être pardonnés, et encore moins punis, mais consolés par celui qui connaît les épreuves qu’ils ont dû surmonter.

Un carême purificateur

Contrairement aux deux autres carêmes cathares qui précèdent un événement marquant, celui-ci suit immédiatement cet événement majeur qu’est la Consolation. Nous le savons, dans le catharisme, la qualité du sacrement est étroitement liée à la compétence de ceux qui l’administrent. C’est même un des points de forte divergence entre le christianisme cathare et le judéo-christianisme où le sacrement est valable quel que soit la réalité chrétienne de celui qui l’administre.
C’est pourquoi les périodes importantes du catharisme étaient toujours précédés d’une purification corporelle et spirituelle, généralement marquée par un jeûne strict de trois jours. Cette purification était observée par le ministre qui officiait, mais aussi par son socius et les autres chrétiens revêtus (consolés) sans oublier l’impétrant et, parfois même par les croyants invités à suivre le déroulement du sacrement.

Dans le cadre de la Consolation, l’impétrant passait un cap essentiel et accédait à une nouvelle vie qui nécessitait une observance rigoureuse d’une règle de vie extrêmement codifiée. Pour que cela ne soit pas perturbé par des considérations secondaires, l’impétrant avait besoin de se maintenir dans un état de concentration et de purification maximum pour ne pas perdre le bénéfice de sa Consolation.
C’est à mon sens la raison d’être de ce carême. Il permet de maintenir le groupe des chrétiens de la communauté évangélique et leur nouveau membre dans l’état spirituel nécessaire à son nouvel apprentissage. Et ces quarante jours donneront au nouveau consolé le loisir de se préparer à affronter la particularité du « monachisme » cathare, à savoir le mélange permanent d’une vie séculière (c’est-à-dire mondaine) et d’une vie régulière (c’est-à-dire dans une communauté monastique).

En effet, ce n’est pas par hasard que la plupart des communautés monastiques judéo-chrétiennes font le choix d’un retrait total de la vie mondaine. Cela facilite grandement l’observance des règles de vie chrétiennes et la poursuite d’un cheminement spirituel.
Cependant, ce choix est en quelque sorte une mystification qui montre que l’engagement de ceux qui le pratiquent est, soit insuffisant pour les rapprocher de l’état d’ataraxie qui signe la véritable suprématie spirituelle d’un individu sur ses contraintes mondaines, soit la manifestation d’un doute de la personne concernée quant à sa capacité à atteindre cet état.
Les cathares ne commettent pas cette erreur et toute la doctrine et l’organisation de l’Église ont pour objet de préparer les croyants à atteindre cette capacité de développement spirituel que la prégnance mondaine ne pourra pas contrarier. Malgré tout, ils avaient la lucidité de prévoir de possibles échecs, plus ou moins important, auxquels ils se préparaient par des remises en question régulières (service ou appareillement) et, si nécessaire par la possibilité de nouvelle Consolation.

Un carême préparatoire

Pour les croyants, ce sacrement de la Consolation, auquel ils étaient invités en observateurs, était un moment privilégié.
En effet, le croyant — même débutant — n’a qu’un objectif depuis que l’éveil lui a montré la voie, devenir un jour un chrétien revêtu, c’est-à-dire être consolé lui aussi et mener une vie entièrement consacrée à la voie de justice et de vérité. Assister à ce sacrement est donc pour lui un avant-goût de ce à quoi il aspire. Le carême qui s’ensuit est un moment d’intense réflexion et de remise en cause personnelle, pendant lequel les croyants vont pouvoir s’auto-évaluer, suivre des prêches tenus par les prédicateurs de la communauté à laquelle ils sont rattachés et qui permettra à certains d’entre eux de décider d’enter à leur tour en noviciat.

Même si rien ne nous permet de savoir précisément si les croyants qui le demandaient entraient en noviciat à n’importe quelle période ou s’ils le faisaient avant le carême de la Consolation, je pense que c’est le moment idéal.
Nos informations sont réduites car la période la mieux documentée est malheureusement aussi celle qui est la plus troublée et même, s’agissant de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe, celle où la pression inquisitoriale amènera le petit groupe survivant des chrétiens cathares, menés par Pierre Authier à prendre des libertés avec l’organisation qui prévalait en temps de paix.
Or, la période de la pré-croisade est très mal documentée et nous ne connaissons pas bien la façon dont les cathares organisaient leur vie ecclésiale et encore moins celle des communautés évangélique.
Si j’en suis arrivé à cette conclusion, c’est que la période qui va de la fin du carême de la Consolation au début du carême de la régénération est la plus longue de l’année spirituelle cathare. Cela permet donc aux novices, qui ont débuté leur noviciat après Pâques, de s’habituer à la vie régulière, et notamment à ce qui va le plus perturber leur mondanité : les jeûnes. Pendant ces quelques mois, ils vont pouvoir dominer leurs pulsions mondaines dans le domaine alimentaire et seront plus à même de se préparer au carême suivant. Ils aborderont alors les deux carêmes relativement rapprochés qui les ramèneront à Pâques dans de meilleures conditions.
Enfin, l’autre logique de ce choix est qu’ainsi les novices clôturent leur cycles annuels à la même période et que, la dernière année, ils seront préparés à recevoir leur Consolation à Pentecôte, ce qui fera d’eux des chrétiens revêtus prêts à remplir leurs missions dès la fin du carême.

Un moment unique pour les croyants et les sympathisants

Le carême de la Consolation est une période exceptionnelle pour les croyants et les sympathisants.
Non seulement ils y voient d’anciens novices devenus chrétiens consolés finaliser leur formation et leur montrer ainsi que la promesse du salut est aussi à leur portée, mais en outre, ils y voient leurs camarades croyants d’hier, se préparer à passer ce cap auquel ils aspirent s’ils sont eux mêmes croyants, ou dont ils vont ressentir l’importance s’ils ne sont que des sympathisants.

Pour autant, tous peuvent comprendre la portée symbolique de cette période de la Consolation, car s’il est un symbole envisageable du catharisme, ce n’est ni une croix ni une colombe, mais bel et bien des chrétiens et des chrétiennes qui cheminent dans la voie de justice et de vérité en vue de préparer leur bonne fin et de se rendre digne de la grâce qu’ils espèrent du Bon Principe et du Saint-Esprit paraclet afin de mettre un terme définitif à leurs transmigrations.

Il est un point anecdotique qui mérite néanmoins d’être souligné tant il est en concordance avec la façon dont Christ a choisi de porter son message divin. Si l’on observe bien ce que nous dit le Nouveau Testament, on est frappé du contre-pied permanent que ce texte nous donne à voir du comportement de Jésus par rapport à ce que l’Ancien Testament pouvait laisser attendre.
Jésus ne vient sur Terre en Messie biblique combattant et libérateur, mais de manière presque anodine au milieu d’une foule venue écouter la parole d’un prophète juif.
Quand il intervient auprès des pauvres et des malades il n’en fait pas une large publicité ou un spectacle destiné à montrer la puissance de Dieu, comme David face à Goliath ou Moïse face à pharaon, mais il insiste pour que son action demeure discrète, voire secrète.
Enfin, quand il décide de lancer son « Église » en constituant son équipe d’apôtres, il ne le fait pas en grandes pompes, mais il se retire juste avant afin de bien montrer qu’il n’est rien en lui-même, si ce n’est un serviteur inutile comme nous tous.

C’est un autre envoyé qui va être en charge de confirmer l’onction divine sur les apôtres lors de leur baptême spirituel. Mais cet envoyé n’est pas homme en apparence contrairement à Jésus ; il demeure esprit confirmant ainsi que la transmission du sacrement dépasse largement le cadre mondain.
D’après les dires d’Arnaud Sicre, qui les tenaient lui-même de Pierre Maury, Guilhem Bélibaste en avait pleinement conscience et ne se reposait pas uniquement sur une Consolation transmise de mains d’hommes, mais concevait clairement qu’elle était possible via des apôtres spirituels.

Conclusion

Cette période de la Consolation est la plus importante de l’année spirituelle cathare. Il est d’ailleurs notable que les judéo-chrétiens en aient choisi une autre, Pâques, ce qui confirme leur interprétation erronée du message christique. Ils fêtent particulièrement la lecture sacrificielle qu’ils font de la Passion et se réjouissent de la victoire sur la mort de leur héros, de leur Messie justement. Et la Pentecôte est à leurs yeux de moindre importance puisqu’il n’est plus physiquement là.
Pour les cathares l’analyse est diamétralement inverse. La Passion n’a rien d’un sacrifice mais ne fait que confirmer que le Dieu de ce monde — considéré comme seul Dieu juste et sévère par les judéo-chrétiens, les Juifs et les Musulmans — n’est pas Dieu puisque sa loi positive peut être prise en défaut en obligeant ses thuriféraires à exécuter celui qui vient en son nom.
Par contre, la Pentecôte est l’événement majeur du christianisme car elle confirme l’engagement du Bon Principe et la nouvelle alliance, qui ringardise l’ancienne, en permettant aux croyants qui en sont capables d’entamer leur cheminement final vers la bonne fin.
C’est pourquoi il me semble si important de faire de ce carême le moment charnière de la vie ecclésiale cathare, en reliant la communauté évangélique pour qui il est un achèvement du processus de noviciat et la communauté croyante pour qui il est la préparation à l’entrée en noviciat, réelle démonstration et aboutissement de la démarche croyante cathare.

Carême de la régénération

Des trois carêmes cathares, celui de la régénération est le seul qui ne dispose pas d’un jour de début et de fin fixe. En fait il se termine le vendredi du solstice d’hiver — ou celui le précédant —, qui se situe habituellement au 21 ou 22 décembre. Ce dernier carême de l’année calendaire représente la dernière étape de l’emprisonnement des esprits saints prisonniers en ce monde, avant qu’ils n’entament le cheminement qui les mènera vers leur salut.

Le sens de ce carême

Les trois carêmes sont des manifestations symboliques de notre situation et de notre cheminement. Le carême de la régénération nous invite à réfléchir sur notre situation mondaine et sur son apparente absurdité. Les païens y voyaient la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. Une sorte d’éternel recommencement dont l’issue est déjà connue et dont le message est brouillé. Les judéo-chrétiens, uniquement déterminés à affirmer leur toute puissance, depuis que l’Empire romain en avait fait la seule religion autorisée, cherchèrent à masquer l’attachement populaire à certains rites païens et ils profitèrent de cette date pour inventer l’histoire de l’apparition de leur Dieu en ce monde, histoire qu’ils adaptèrent afin d’en faire la suite et l’accomplissement du message juif. Ainsi dotée de la puissance mondaine par l’empereur et de la puissance divine par son rattachement à la plus ancienne religion de l’époque, la religion judéo-chrétienne pensait se mettre en situation d’invulnérabilité. Un changement de date lié à la réforme du calendrier liturgique et calendaire dissocia cette date de la précédente, ce qui fait qu’aujourd’hui l’idée initiale a disparu.

Les chrétiens cathares, qui savaient que Christ n’avait pas pris chair en ce monde, conservèrent la date initiale et en firent un événement positif. Au lieu, d’être le révélateur d’un cycle déprimant, ils en firent l’instant d’une révélation. Cette révélation est celle de la connaissance. Le catharisme nous révèle que nous sommes en fait étrangers à ce monde qui nous retient prisonnier dans notre tunique d’oubli, ce corps de boue, et que nous appartenons à un autre monde qui nous sera accessible quand nous aurons fait le deuil de celui-ci. Et alors, la mort de la lumière en ce monde est symbolique de l’évasion du dernier esprit-saint prisonnier et la reprise du cycle lumineux qui suit symbolise notre éveil à la connaissance et notre éveil à la foi.

Un moment privilégié pour les croyants et les sympathisants

Les carêmes ont pour objectif de permettre aux hommes de libérer leur esprit prisonnier en affaiblissant légèrement la part mondaine qui les contraint. Celui de la régénération, comme celui de la désolation, précède l’événement mis en avant. En fait, ils veulent préparer les esprits afin qu’ils soient en état de pureté face à un événement qui demande une grande clairvoyance afin d’éviter les dérives. Bien entendu, ils étaient strictement suivis et respectés par les novices et les Bons-Chrétiens, les croyants étant laissés libres de leurs choix en cette période.

Le carême de la régénération étant celui qui nous apprend que les ténèbres où nous évoluons, entièrement vouées à la mondanité, peuvent déboucher sur l’illumination de l’éveil et le début d’un cheminement chrétien qui nous mènera un jour à la Consolation, il est important que les prédicateurs se mettent dans les meilleures conditions spirituelles pour apporter leur connaissances aux sympathisants et pour aider les croyants dans leur rôle. En effet, le solstice étant pour les païens un moment neutre entre la victoire des ténèbres et la croissance de la lumière, il est idéal pour les croyants et les Bons-Chrétiens qui veulent proposer une autre compréhension à ces païens, et plus largement aujourd’hui, pour symboliser l’importance de la connaissance dans la compréhension de la foi. Notre monde comportant plus de sceptiques que de vrais athées, plus d’agnostiques à la recherche d’un point d’accroche de leur foi errante que de mécréants, il y a de nombreuses personnes à qui l’on peut proposer une compréhension de ce monde qui ne soit pas forcément incohérente avec la foi. Ainsi, on peut les aider à conforter leur foi et leur lecture de leur quotidien. Libres à eux ensuite de choisir leur voie.

Ce carême nous révèle donc l’importance capitale des croyants dans la religion chrétienne cathare. Ce sont eux, qui par leurs choix de vie et donc leur exemplarité, vont provoquer l’interrogation de leur entourage, social et familial. Il leur reviendra donc d’être les premiers à parler du catharisme à des gens qui, soit ne le connaissent pas du tout, soit en ont une notion erronée. Ensuite, ces curieux seront accompagnés des croyants, s’ils le souhaitent, afin de rencontrer des prédicateurs cathares qui leur donneront une compréhension plus profonde de cette religion et du monde dans lequel elle se développe.
De même, les croyants les plus récents pourront profiter eux aussi de ces prêches pour améliorer leur propre connaissance et ce carême peut les aider dans ce travail.

Bien entendu, il n’est pas question de demander aux croyants de suivre strictement ce carême, notamment dans son ascèse. Ce qui ne veut pas dire que les croyants qui le souhaitent ne peuvent pas en profiter pour réguler leur alimentation par exemple, soit en faisant des jeûnes ponctuels, soit en réduisant certains aliments comme la viande ou les graisses animales. Un jour de jeûne hebdomadaire, surtout s’il n’est pas strict et autorise les boissons, un potage, voire un peu de pain, peut s’avérer très profitable en ce début d’hiver par le « décrassage » qu’il provoque sur nos organismes suralimentés. De même, une alimentation moins carnivore agira de même. La chair rend la chair orgueilleuse disaient les chrétiens cathares. La recherche de l’humilité est notre première action dans le cheminement croyant. Ainsi, chacun fera ses propres choix afin de se mettre en situation d’amélioration pendant ce carême. Ce peut être aussi l’occasion de relire des ouvrages qui aideront dans le cheminement.

Conclusion

Comme je viens de tenter de l’expliquer, ce carême est plein de sens, comme le sont les deux autres. Si les judéo-chrétiens l’ont supprimé comme celui de la Consolation c’est simplement qu’ils ont perdus le sens et la signification de ces périodes au profit de l’illusion sacrificielle de la Passion.

Pour nous chrétien, croyants et sympathisants cathares, ce carême est une étape essentielle de notre cycle mondain, et le solstice d’hiver, loin de symboliser la naissance d’un messie, symbolise l’entrée en vie cathare pour les esprits-saints tombés en cet enfer mondain.
Je vous propose donc de faire de cette date le moment d’un engagement personnel dans l’étude et la recherche centrées sur le message chrétien cathare. Profitons-en pour nous ouvrir aux autres et pour les aider à mieux comprendre les apparentes incohérences de notre monde. Que ce solstice soit celui de votre éveil ou qu’il jalonne efficacement votre cheminement si l’éveil vous a déjà touché.

Pour comprendre le choix de la date et sa signification, voir l’article Natalis solis.

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