Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
Messe du dimanche des rameaux
1re lecture :
Livre d’Isaïe : 50, 4-7
4 – « Adonaï Iahvé m’a donné une langue de disciple pour que je sache soutenir celui qui est épuisé ; il éveille le pouvoir de la parole. Chaque matin il éveille mon oreille, pour que j’entende comme font des disciples.
5 – Adonaï Iahvé m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière,
6 – j’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient le poil. Je n’ai pas dérobé ma face aux outrages et aux crachats.
7 – Adonaï Iahvé me secourra, c’est pourquoi je ne suis pas dans la confusion, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage pareil à une pierre et je sais que je ne serai pas déçu. »
Mon commentaire :
On voit dans ce texte le comportement d’Isaïe qui révèle un point important. La passivité et, on pourrait dire le presque abandon à celui qui est identifié comme dieu, met le croyant en position de faiblesse et favorise la manipulation inconsciente. Le dieu juif est un manipulateur et la relation qu’il instaure avec ceux qu’il a choisi est d’autant plus profitable pour lui qu’il s’adresse à des êtres peu enclins à s’interroger, voire à se rebeller s’ils avaient pu réfléchir à ce que leur demandait cet être. C’est peut-être la meilleure leçon que nous devons en tirer ; oui il faut être humble devant Dieu, mais après avoir suffisamment progressé dans notre éveil pour savoir à qui nous nous fions.
Psaumes : 22 (Vulgate 21), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a
8 – « tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils grimacent des lèvres, ils hochent la tête :
9 – « Il s’en remet à Iahvé : qu’Il le délivre, qu’Il le sauve, puisqu’Il l’aime »…
17 – C’est que des chiens [nombreux] m’entourent, une bande de malfaiteurs m’encercle, ils ont endolori mes mains et mes pieds ;
18 – ils comptent tous mes os…
19 – ils se partagent mes habits, ils tirent au sort mon vêtement.
20 – Et toi, Iahvé, ne reste pas au loin, ô ma force, hâte-toi de me secourir !…
22 – … des cornes des buffles !
23 – Que j’annonce ton nom à mes frères, que je te loue au milieu de l’assemblée !
24 – « Vous qui craignez Iahvé, louez-le, vous tous, race de Jacob, honorez-le, ayez peur de lui, vous tous, race d’Israël ! » »
Mon commentaire :
Ce chapitre XXI, de la Vulgate car l’original ne compte pas autant de versets, est celui qui a servi largement de référence à la construction de la passion de Jésus. Son titre est d’ailleurs la phrase attribuée à Jésus dans les évangiles selon Matthieu et Marc, mais ni dans celui de Luc ni de Jean, qui comportent néanmoins des repères à ce psaume : « Éli, Éli, Iamma sabactani » (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?).
Que nous révèle ce texte ? Si l’homme juif s’adresse à Dieu et implore son aide, ce dernier reste muet, presque insensible à sa supplique. Il y a dans cet abandon à un dieu insensible des traces de la religion sumérienne dont le Judaïsme est un des héritiers.
Cela nous confirme donc que la passion n’est pas un récit littéral mais une évocation fortement interpolée par la culture juive. Or, on le sait, le récit de la passion était au cœur de la tradition orale du christianisme initial. Il faut donc s’interroger sur les motifs de cet emprunt au texte ci-dessus. On peut y voir un attachement culturel à un engagement aveugle et contre nature en quelque sorte, si l’on en juge par la réaction des témoins. Ce que le christianisme va apporter de plus à cet engagement c’est la motivation. Là où le Juif s’abandonne sans autre motif que le martyre, le judéo-chrétien y voit un Jésus qui se sacrifie pour le laver de ses propres fautes et le cathare y voit un Christ qui entérine l’invalidation de la loi mosaïque. C’est donc, une rupture, plus ou moins consommée, entre christianisme et judaïsme.
2e lecture :
Lettre de Paul aux Philippiens : 2, 6-11
6 – qui, possédant forme de dieu, n’a pas regardé comme une prérogative d’être égal à Dieu,
7 – mais s’est anéanti en prenant forme d’esclave, en devenant pareil aux hommes. Et quand il a eu figure humaine,
8 – il s’est abaissé à obéir jusqu’à mourir et mourir en croix.
9 – Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il accordé le nom qui est au-dessus de tout nom,
10 – pour qu’au nom de Jésus tout genou plie, dans les deux, sur terre et sous terre,
11 – et que toute langue avoue que Jésus Christ est seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
Mon commentaire :
Paul appelle les Philippiens à l’unité et à l’unanimité spirituelle. C’est sans doute lié aux dangers évoqués dans le premier chapitre. Il indique le comportement à suivre incluant l’humilité car c’est un sentiment très dévalorisé dans l’Antiquité… comme de nos jours. L’hymne au Christ (v. 5 – 11) pose la question du statut de Christ. Les Judéo-chrétiens s’interroge sur sa divinité alors que pour nous ce passage est clair. Le terme « possédant forme de Dieu » veut dire qu’il est consubstantiel à Dieu, comme nous le sommes aussi car Dieu ne crée pas ; il laisse émaner de lui ce qui a les mêmes qualités substantielles que lui, dont l’éternité.
Évangile selon Marc : 14, 1 – 15, 47 (ou brève : 15,1-39)
1 – On était à deux jours de la Pâque et des azymes. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment se saisir de lui par ruse et le tuer.
2 – Car ils disaient : Pas pendant la fête, sinon il y aura un tumulte du peuple.
3 – Comme il était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux et qu’il était à table, une femme vint avec un flacon de parfum de nard authentique très coûteux ; elle brisa le flacon et le lui versa sur la tête.
4 – Il y en avait qui s’indignaient entre eux : À quoi bon perdre ce parfum ?
5 – Ce parfum-là aurait pu se vendre plus de trois cents deniers qu’on aurait donnés aux pauvres. Et ils grondaient après elle.
6 – Mais Jésus dit : Laissez-la. Pourquoi la fatiguez-vous ? Elle a bien travaillé pour moi.
7 – Car vous aurez toujours les pauvres avec vous, et vous pourrez leur faire du bien quand vous voudrez, mais vous ne m’aurez pas toujours.
8 – Elle a fait ce qu’elle a pu : elle a prévu d’embaumer mon corps pour l’ensevelissement.
9 – Oui je vous le dis, où que l’évangile soit proclamé, de par le monde, on parlera aussi de ce qu’elle vient de faire et on se souviendra d’elle.
Mon commentaire :
Ce que nous révèle l’épisode de la femme au parfum est une notion qui figure dans Luc (10, 38-42) et qui met en avant l’action tournée vers le Bien et pas vers le monde. Agir en esprit n’est pas se soucier de ce que cette action fera en positif pour le monde ; elle peut même être neutre pour le monde cela importe peu. Ce qui importe est qu’elle soit faite dans un esprit de Bienveillance.
10 – Judas Iscarioth, l’un des douze, s’en alla vers les grands prêtres, pour le leur livrer.
11 – Ils se réjouirent de l’entendre et promirent de lui donner de l’argent. Il cherchait donc l’occasion de le livrer.
12 – Le premier jour des azymes, où on immolait la pâque, ses disciples lui disent : Où veux-tu que nous allions t’apprêter de quoi manger la pâque ?
13 – Il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez-vous-en à la ville. Un homme portant une cruche d’eau va venir au-devant de vous ; suivez-le
14 – et, où qu’il entre, dites au maître de maison : Le maître dit : Où est mon auberge, que j’y mange la pâque avec mes disciples ?
15 – Et lui vous montrera à l’étage une grande salle toute garnie. Faites-y nos préparatifs.
16 – Les disciples sortirent, vinrent à la ville et trouvèrent tout comme il le leur avait dit, et ils apprêtèrent la pâque.
17 – Le soir venu, il vient avec les douze.
18 – Comme ils étaient à table et mangeaient, Jésus dit : Oui je vous le dis, l’un de vous va me livrer, un qui mange avec moi.
19 – Ils commencèrent à s’attrister et à lui dire un par un : Est-ce moi 20 – Il leur dit : L’un des douze, un qui trempe au plat avec moi.
21 – Car le fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui ; mais malheur à l’homme par qui le fils de l’homme est livré ! Il aurait été bon pour cet homme de ne pas naître.
22 – Comme ils mangeaient, il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna ; il dit : Prenez, c’est mon corps.
23 – Et il prit une coupe, rendit grâces, la leur donna, et ils y burent tous.
24 – Il leur dit : C’est mon sang, celui de l’alliance, répandu pour beaucoup.
25 – Oui je vous le dis, jamais plus je ne boirai du produit de la vigne jusqu’à ce jour où j’en boirai du nouveau dans le règne de Dieu.
26 – Après le cantique ils sortirent au mont des Oliviers.
27 – Et Jésus leur dit : Vous allez tous être scandalisés. Car il est écrit : Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées.
28 – Mais une fois relevé je vous précéderai en Galilée.
29 – Pierre lui dit : Même s’ils se scandalisent tous, du moins pas moi.
30 – Et Jésus lui dit : Oui je te le dis : Toi, aujourd’hui, cette nuit, avant que le coq chante deux fois tu me renieras trois fois.
31 – Et il disait de plus belle : Quand je devrais mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous en disaient autant.
Mon commentaire :
Cette partie mêle l’annonce de la trahison et le message de la parole d’alliance. Contrairement à ce qu’affirme la théorie d’un Judas missionné par Jésus pour accomplir son destin, ici il est clairement dévalorisé. Pierre y est montré dans sa bonne volonté qui renforcera plus tard sa faiblesse.
32 – Ils viennent donc dans un domaine appelé Gethsémani. Il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je vais prier.
33 – Et il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean. Il commença à être saisi, à se dégoûter.
34 – Il leur dit : Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et tenez-vous éveillés.
35 – Il s’avançait un peu, tombait par terre et priait pour que, si c’était possible, cette heure passe loin de lui.
36 – Il disait : Abba, Père, tout t’est possible, écarte de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.
37 – Il revient et les trouve endormis. Il dit à Pierre : Simon, tu dors ? tu n’as pas pu te tenir éveillé une heure ?
38 – Réveillez-vous et priez, pour ne pas être mis à l’épreuve. L’esprit est prompt et la chair est faible.
39 – II s’en alla encore et pria en disant la même parole.
40 – Puis il revint et les trouva qui dormaient, car leurs yeux étaient alourdis. Et ils ne savaient que lui répondre.
41 – II revient pour la troisième fois et leur dit : Eh bien, dormez, reposez-vous !… Cela suffit. L’heure est venue : voilà que le fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
Mon commentaire :
Jésus est montré dans sa faiblesse et presque dans sa peur de ce qui va advenir. Il est seul car ceux qui l’entourent ne sont pas encore aptes à être vraiment ses disciples.
42 – Levez-vous ! Allons : voilà que celui qui me livre approche.
43 – Aussitôt, comme il parlait encore, Judas, l’un des douze, arrive et avec lui venait de la part des grands prêtres, des scribes et des anciens, une foule avec des sabres et des bâtons.
44 – Et celui qui le livrait leur avait donné ce signe : Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui, tenez-le et menez-le ferme.
45 – Il vint aussitôt, s’approcha de lui et dit : Rabbi ; et il lui donna le baiser.
46 – Ils mirent la main sur lui et se saisirent de lui.
47 – Et quelqu’un de ceux qui étaient là dégaina son sabre, frappa l’esclave du grand prêtre et lui arracha l’oreille.
48 – Alors Jésus leur répondit : Est-ce contre un bandit que vous êtes sortis avec des sabres et des bâtons pour me prendre ?
49 – Chaque jour j’étais devant vous, j’enseignais dans le temple, et vous ne vous êtes pas saisis de moi. Mais c’est pour remplir les écritures.
50 – Tous le laissèrent et s’enfuirent.
51 – Un jeune homme le suivait vêtu d’un linge à même la peau ; on se saisit de lui,
52 – mais il quitta le linge et s’enfuit nu.
53 – Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre, et tous s’y rassemblent : grands prêtres, anciens et scribes.
54 – Pierre le suivit de loin, jusqu’à l’intérieur de la cour du grand prêtre ; il était assis avec les gardes et se chauffait à la flamme.
Mon commentaire :
La scène nous montre un Jésus calme et détendu et des disciples effrayés qui s’enfuient. Pierre suit de loin et n’ose se rapprocher.
55 – Quant aux grands prêtres et tout le Sanhédrin, ils cherchaient un témoignage contre Jésus, pour le faire mourir, et ils n’en trouvaient pas ;
56 – car beaucoup témoignaient à faux contre lui, et les témoignages n’étaient pas concordants.
57 – Quelques-uns se levèrent qui témoignaient à faux contre lui et disaient :
58 – Nous l’avons entendu dire : Je vais défaire ce sanctuaire fait à la main et en trois jours j’en bâtirai un autre qui ne sera pas fait à la main.
59 – Même là-dessus, leur témoignage n’était pas concordant.
60 – Le grand prêtre se leva devant tous et questionna Jésus, il dit : Tu ne réponds rien ? Qu’est-ce qu’ils témoignent contre toi ?
61 – Mais lui se taisait, ne répondait rien. Le grand prêtre le questionnait encore, il lui dit : Est-ce toi le christ, le fils du Béni ?
62 – Jésus dit : C’est moi ; et vous allez voir le fils de l’homme assis à droite de la Puissance venir avec les nuées du ciel.
63 – Le grand prêtre déchira ses tuniques et dit : Qu’avons-nous encore besoin de témoins ?
64 – Vous avez entendu le blasphème. Que vous semble ? Et tous jugèrent qu’il était passible de mort.
65 – Quelques-uns commencèrent à lui cracher dessus, à lui voiler la face, à le souffleter, à lui dire : Prophétise ! Et les gardes le recevaient avec des coups.
66 – Comme Pierre était en bas dans la cour, une des filles de chez le grand prêtre vient
67 – et voit Pierre qui se chauffe ; elle le regarde et lui dit : Toi aussi tu étais avec Jésus de Nazareth.
68 – Mais il le nia, il dit : Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles. Et il sortit de là vers le vestibule. Un coq chanta.
69 – La fille le vit et recommença à dire à ceux qui étaient là : C’est un des leurs.
70 – Et il le nia encore. Peu après, ceux qui étaient là disaient encore à Pierre : Tu es vraiment des leurs, car tu es galiléen.
71 – Et il commença à sacrer et à jurer : Je ne connais pas cet homme dont vous parlez.
72 – Aussitôt, pour la deuxième fois un coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois tu me renieras trois fois. Et il se mit à pleurer.
1 – Dès l’aube, les grands prêtres tinrent conseil avec les anciens, les scribes, et tout le Sanhédrin, ils lièrent Jésus et l’emmenèrent pour le livrer à Pilate.
2 – Pilate le questionna : Est-ce toi le roi des Juifs ? Et il répondit : Tu le dis.
3 – Les grands prêtres l’accusaient de beaucoup de choses.
4 – Pilate le questionna encore : Tu ne réponds rien ? Vois comme ils t’accusent !
5 – Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate fut étonné.
6 – À chaque fête, il relâchait un prisonnier, celui qu’on réclamait.
7 – Or il y en avait un qu’on appelait Barabbas, il était en prison avec les insurgés qui, dans l’insurrection, avaient commis un meurtre.
8 – La foule monta et commença à demander qu’on fasse comme d’habitude.
9 – Pilate leur répondit : Vous voulez que je vous relâche le roi des Juifs ?
10 – Car il savait que les grands prêtres l’avaient livré par envie.
11 – Mais les grands prêtres soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas.
12 – Pilate leur répondit encore : Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ?
13 – Ils crièrent encore : Crucifie-le.
14 – Pilate leur disait : Quel mal a-t-il donc fait ? Mais ils crièrent de plus belle : Crucifie-le.
15 – Pilate, voulant donner satisfaction à la foule, leur relâcha Barabbas et fit flageller Jésus qu’il livra pour être crucifié.
16 – Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur de la cour, c’est-à-dire dans le prétoire. Et ils convoquent toute la cohorte,
17 – ils le revêtent de pourpre, lui mettent une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
18 – Et ils commencèrent à le saluer : Bonjour, roi des Juifs !
19 – Ils lui tapaient la tête avec un roseau, ils crachaient sur lui, ils se mettaient à genoux, se prosternaient devant lui.
20 – Quand ils se furent moqués de lui, ils le dévêtirent de la pourpre et le revêtirent de ses vêtements. Puis ils l’emmènent pour le crucifier.
Mon commentaire :
Jésus ne participe pas à son procès ; à Pilate qui l’interroge il fait une réponse ambiguë qui peut être interprétée par Pilate comme un oui, mais dont nous comprenons qu’elle est simplement un constat que l’on pourrait exprimer par : Si tu le dis ! La suite nous est connue et l’on remarque cependant que l’emploi du terme Roi des juifs ne provoque aucune opposition des responsables Juifs, contrairement à ce que nous dit Jean.
21 – Et ils requièrent pour prendre sa croix un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, père d’Alexandre et de Rufus.
22 – Et ils amènent Jésus au lieu-dit Golgotha, ce qui veut dire : lieu du Crâne.
23 – Ils lui donnaient du vin à la myrrhe, mais il n’en prit pas.
24 – Ils le crucifient donc et partagent ses vêtements en les tirant au sort.
25 – C’était la troisième heure quand ils le crucifièrent.
26 – Et il y avait l’inscription du motif, où était écrit : LE ROI DES JUIFS.
27 – Et avec lui on crucifie deux bandits, un à sa droite et un à sa gauche.
28 – Ainsi fut remplie cette écriture qui dit : Il a été compté avec les iniques.
29 – Et les passants le blasphémaient, hochaient la tête, ils disaient : Eh ! toi qui défais le sanctuaire et le rebâtis en trois jours,
30 – sauve-toi, descends de la croix !
31 – Pareillement, les grands prêtres se moquaient de lui entre eux avec les scribes, ils disaient : Il a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-même !
32 – Ce christ, ce roi d’Israël, qu’il descende de la croix, maintenant ! Alors nous verrons et nous aurons foi. Ceux qui étaient crucifiés avec lui l’injuriaient aussi.
33 – Quand ce fut la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.
34 – À la neuvième heure, Jésus clama à grande voix : Éloï, Éloï, lama sabacthani, ce qui veut dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
35 – Quelques-uns de ceux qui se tenaient là disaient en l’entendant : Voilà qu’il appelle Élie !
36 – Quelqu’un courut remplir une éponge de vinaigre, la mit au bout d’un roseau et lui donna à boire en disant : Laissez, voyons si Élie vient le descendre.
37 – Mais Jésus poussa un grand cri et expira.
38 – Et le rideau du sanctuaire se fendit en deux du haut en bas.
39 – Quand le centurion qui était là en face de lui le vit expirer ainsi, il dit : Cet homme était vraiment fils de Dieu.
Mon commentaire :
Rien de particulier par rapport à ce que nous connaissons déjà dans cette passion. On observe la double approche mosaïque : celle de Marc qui rappelle l’écriture concernant la crucifixion avec les bandits, et celle des témoins qui s’interrogent sur une éventuelle intervention d’Élie. Les manifestions post mortem sont beaucoup moins importantes que chez Matthieu.
40 – Il y avait aussi des femmes qui observaient de loin et, parmi elles, Marie Madeleine, Marie mère de Jacques le petit et de Joset, et Salomé,
41 – qui l’avaient suivi et étaient à son service quand il était en Galilée, beaucoup d’autres aussi, qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
Mon commentaire :
Marie Madeleine est encore au premier rang, ce qui interroge sur son statut vis-à-vis de la famille de Jésus. Sa mère Marie n’est pas présentée ainsi mais comme mère de ses frères. Cela peut étonner, comme si l’on voulait marquer la distance des liens familiaux. Salomé, inconnue jusques là est peut-être une de ses sœurs puisqu’elles n’ont jamais été nommément désignées.
42 – Et le soir venu, comme c’était la Préparation, c’est-à-dire la veille du sabbat,
43 – Joseph d’Arimathie, une notabilité du Conseil et qui lui aussi attendait le règne de Dieu, osa entrer chez Pilate et demanda le corps de Jésus.
44 – Pilate s’étonna qu’il fût déjà mort, il fit appeler le centurion et lui demanda si Jésus était mort depuis longtemps.
45 – Renseigné par le centurion, il fit don du cadavre à Joseph.
46 – Joseph acheta un linceul, descendit Jésus, l’enveloppa du linceul et le déposa dans un tombeau qui était taillé dans la roche ; puis il roula une pierre contre la porte du tombeau.
47 – Marie Madeleine et Marie, mère de Joset, regardaient où on le mettait.
Voici comment je reçois ces textes.
Guilhem de Carcassonne