Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
Messe de l’Annonciation du Seigneur
L’annonciation est l’annonce de sa maternité divine faite à la vierge Marie par l’archange Gabriel. Cette annonciation d’une grossesse miraculeuse n’est la seule si l’on considère celle de Sarah, femme d’Abraham (Gen. 18, 9-15), celle de la femme de Manoah mère de Samson (Jg. 13, 2-7. 24-25a) et celle de la cousine de Marie, Élisabeth, mère de Jean baptiste (Év. Lc. 1, 5-25 & 57-80). Cette annonce, faite au sixième mois de grossesse de sa cousine Élisabeth, pose problème aux chercheurs, car si Marie et la famille de Jésus savaient qu’il était conçu du Saint-Esprit, pourquoi s’opposent-ils à lui quand il fait des miracle ? Autant dire que l’authenticité de ce récit est douteuse.
1re lecture :
Le livre d’Isaïe : 7, 10-14 ; 8, 10
10 – Iahvé recommença à parler à Achaz pour dire :
11 – « Demande un signe à Iahvé ton Dieu, cherche-le soit au tréfonds de Sheol, soit situé au plus haut »
12 – Mais Achaz dit : « Je n’adresserai pas de demande et je ne tenterai pas Iahvé ».
13 – Alors il dit : « Écoutez donc, maison de David ! Est-ce trop peu pour vous de lasser les hommes, pour que vous lassiez aussi mon Dieu ?
14 – Aussi Adonaï vous donnera-t-il lui-même un signe : voici que la jeune femme va être enceinte et va enfanter un fils ; tu lui donnera pour nom Emmanuel.
10 – Projetez un projet : il sera rompu, dites une parole : elle ne tiendra pas, car « Dieu est avec nous ».
Mon commentaire :
Le but de ce choix est d’essayer, coûte que coûte, de rattacher le christianisme à la tradition juive. Peu importe les incohérences et les approximations. Iahvé propose à Achaz de choisir entre le Dieu des enfers (Sheol) ou celui du plus haut. L’annonce du signe ne parle pas de vierge et le prénom retenu n’est pas Jésus.
Psaume 40 (Vulgate 39) : 7-8a, 8b-9, 10, 11
7 – Tu n’as voulu ni sacrifice, ni oblation — tu m’as creusé les oreilles — tu n’a réclamé ni holocauste, ni expiatoire,
8 – alors j’ai dit : « Voici que je viens ! Dans le rouleau du Livre il est écrit à mon sujet.
9 – Je veux, mon Dieu, faire ton bon plaisir et ta loi est au fond de mes entrailles ! »
10 – J’ai annoncé la justice dans la grande assemblée, vois, je n’ai pas retenu mes lèvres, tu le sais bien, toi Iahvé !
11 – Ta justice, je ne l’ai pas cachée au fond de mon cœur, j’ai dit ta fidélité et ton secours, je n’ai pas celé ta grâce et ta vérité à la grande assemblée.
Mon commentaire :
Ce psaume vise à mettre en valeur la religiosité juive intérieure, supérieure aux sacrifices, et la Loi (la Torah) qui imprègne le juif jusque dans ses entrailles.
2e lecture :
Lettre aux Hébreux : 10, 4-10
4 – car le sang des taureaux et des boucs est incapable d’arracher les péchés.
5 – C’est pourquoi il dit en entrant dans le monde : Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande, mais tu m’as façonné un corps.
6 – Tu n’as pas trouvé bons les holocaustes ni les expiations.
7 – Alors j’ai dit : Voici, je viens, il est écrit de moi en tête du livre, pour faire ta volonté, ô Dieu.
8 – Il commence par dire : Tu n’as pas voulu, tu n’as pas trouvé bons les sacrifices, les offrandes, les holocaustes ni les expiations qui sont offerts selon la loi.
9 – Alors il dit : Voici, je viens faire ta volonté. Il enlève la première chose pour mettre en place la seconde.
10 – Et c’est cette volonté qui nous sanctifie par l’offrande du corps de Jésus Christ une fois pour toutes.
Mon commentaire :
La démonstration de l’inanité des pratiques rituelle se poursuit. La répétition des célébrations (Kippour) prouve leur inefficacité. Christ en venant et en offrant sa vie annule cette première façon de faire et la remplace par la seconde, la sienne, la fin du péché.
Évangile selon Luc : 1, 26-38
26 – Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth,
27 – à une vierge fiancée à un homme appelé Joseph, de la maison de David, et la vierge s’appelait Marie.
28 – Il entra chez elle et dit : Réjouis-toi, gracieuse, le Seigneur est avec toi.
29 – À cette parole elle se troubla, elle se demandait quelle était cette salutation.
30 – L’ange lui dit : Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
31 – Voilà que tu vas concevoir et enfanter un fils. Tu l’appelleras Jésus.
32 – Il sera grand et on l’appellera fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
33 – Il régnera au long des âges sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin.
34 – Marie dit à l’ange : Comment ce sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ?
35 – L’ange lui répondit : L’Esprit saint surviendra sur toi, la puissance du Très-Haut te couvrira : c’est pourquoi l’enfant sera saint et on l’appellera fils de Dieu.
36 – Et voilà qu’Élisabeth ta parente a aussi conçu un fils dans sa vieillesse, et ce mois est le sixième de celle qu’on appelait stérile ;
37 – car rien n’est impossible à Dieu.
38 – Et Marie dit : Voici l’esclave du Seigneur. Qu’il en soit de moi comme tu dis, Et l’ange la quitta.
Mon commentaire :
Ce récit vise à justifier les arguments judéo-chrétiens. Bien entendu, pour assurer la « paternité » divine de l’enfant, comme c’était la règle dans les sociétés de l’époque, il est impératif que la femme soit vierge. En effet, même si l’on ne connaît pas le processus de la procréation, il est clair que seule la femme est obligatoirement attestée comme mère de l’enfant ; pour le père, le doute est toujours permis, sauf si la femme est vierge avant son intervention. Les juifs vont même plus loin, puisque la judaïté se transmet par la mère, pour plus de sécurité. Joseph est donc clairement écarté, ce qui invalide au demeurant les généalogies de Matthieu et de Luc qui, outre leur discordance, ne peuvent concerner jésus puisque Joseph n’est pas son père !
Voici comment je reçois ces textes.
Guilhem de Crcassonne.