Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
Messe du 3e Dimanche de Pâques
1re lecture :
Actes des apôtres : 5, 27b-32. 40b-41
27 – Le grand prêtre les questionna :
28 – Nous vous avions donné l’ordre de ne plus enseigner en ce nom-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement ! Vous voulez donc amener sur nous le sang de cet homme !
29 – Pierre et les apôtres répondirent : On doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
30 – Le Dieu de nos pères a relevé Jésus que vous aviez fait mourir pendu à un bois ;
31 – Dieu, par sa droite, l’a haussé comme Principe et Sauveur pour donner à Israël conversion et rémission des péchés.
32 – Nous sommes témoins de ces paroles, et l’Esprit saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent l’est aussi.
40 – Ils appelèrent donc les apôtres et, après les avoir fait battre, leur ordonnèrent de ne pas parler au nom de Jésus et les relâchèrent.
41 – Eux donc s’en allèrent de devant le Sanhédrin, tout réjouis d’avoir été jugés dignes de se faire insulter pour ce nom.
Mon commentaire :
Cet épisode, présenté comme un premier martyre, est en fait logique. En se mettant en concurrence des autres sectes juives, puisqu’ils agissent comme elles, les apôtres suscitent leur jalousie et leur violence. Au lieu d’essayer de calmer la violence ils la provoquent et obligent leurs adversaires à les attaquer. Ce sont les Juifs qui font preuve de modération et qui les relâchent avec une punition symbolique. Et les apôtres s’en servent comme argument pour continuer leurs provocations. Il n’y a plus d’humilité et de modestie, juste de la vanité et de l’arrogance.
Psaumes : 30 (Vulgate: 29), 3-4, 5-6ab, 6cd. 12, 13
Action de grâces après la guérison d’une maladie mortelle
3 – « Iahvé, mon Dieu, j’ai crié vers toi et tu m’as guéri,
4 – Iahvé, tu as fait remonter mon âme du Sheol, tu m’as fait revivre d’entre ceux qui descendent à la fosse !
5 – Psalmodiez à Iahvé, vous qui êtes ses dévots, et rendez grâce à son saint nom,
6 – car sa colère n’est que d’un instant, et sa faveur dure toute une vie ; le soir, ce sont des pleurs qui obsèdent, mais le matin, c’est un cri de joie !
12 – Tu as alors changé ma danse en lamentation, tu as dénoué mon sac et tu m’as ceint de joie,
13 – afin que mon cœur te psalmodie et ne se taise pas. Iahvé, mon Dieu, je te louerai à jamais ! »
Mon commentaire :
Iahvé apparaît sous un jour clair : il est dévoilé par celui qui pourtant croit en lui. On le remercie d’avoir bien agi, car on sait qu’il peut agir mal à l’occasion. On se demande comment les judéo-chrétiens peuvent être aveuglés à ce point ?
2e lecture :
Apocalypse de Jean : 5, 11-14
11 – Et j’ai vu et entendu, autour du trône et des animaux et des anciens, la voix de beaucoup d’anges. Ils étaient des milliers de milliers et des myriades de myriades
12 – qui disaient à grande voix : Digne est l’agneau égorgé de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction.
13 – Et toute créature qui est dans le ciel, sur la terre, sous la terre et sur la mer, tous les êtres qui y sont, je les ai entendus qui disaient : À celui qui est sur le trône et à l’agneau, bénédiction, honneur, gloire et domination dans les âges des âges.
14 – Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les anciens tombaient prosternés.
Mon commentaire :
Désormais c’est toute la création divine qui valide la capacité de Christ à révéler le destin du monde.
Évangile selon Jean : 21, 1-19 (brève : 21, 1-14)
1 – Après quoi Jésus se manifesta encore aux disciples, au bord de la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta.
2 – Simon Pierre, Thomas appelé Didyme, Nathanaël de Cana en Galilée et deux autres disciples étaient ensemble.
3 – Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui disent : Nous venons avec toi. Ils sortirent, ils montèrent dans le bateau et ils ne prirent rien cette nuit-là.
4 – Le matin venu, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était jésus.
5 – Jésus leur dit : Les enfants n’avez-vous pas de poissons ? Ils lui répondirent : Non.
6 – Il leur dit : Jetez le filet à droite du bateau, vous trouverez. Ils le jetèrent et ils ne pouvaient plus le retirer tant il était plein de poissons.
7 – Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. À ces mots : C’est le Seigneur, Simon Pierre se ceignit de son sarrau, car il était nu, et se jeta à la mer.
8 – Les autres disciples qui n’étaient guère qu’à deux cents coudées de la terre, vinrent en barque en traînant le filet de poissons.
9 – Une fois descendus à terre, ils voient un feu de braise avec du poisson dessus et du pain.
10 – Jésus leur dit : Apportez de ces poissons que vous venez de prendre.
11 – Simon Pierre monta tirer à terre le filet rempli de cent cinquante-trois grands poissons. Et malgré ce nombre, le filet ne se déchira pas.
12 – Jésus leur dit : Venez déjeuner. Aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? car ils savaient que c’était le Seigneur.
13 – Jésus vient prendre le pain et le leur donne, et de même le poisson.
14 – C’était la troisième fois que Jésus, relevé d’entre les morts, se manifestait à ses disciples.
Mon commentaire :
La fin du chapitre précédent laissait penser qu’il était la fin de cet évangile. Ce nouveau chapitre vient se rajouter à la manière d’un épilogue nous indiquant deux choses. D’abord les disciples, notamment les plus proches de Jésus, semblent ne pas arriver à le reconnaître spontanément. Est-ce dû à l’apparence du ressuscité ? Est-ce parce qu’ils sont insuffisamment éveillés ? Jean devine qui est cet homme qui vient de leur faire réaliser une pêche miraculeuse mais le manifeste prudemment ; Pierre, lui, dès qu’il le comprend agit de façon presque extrême. Cela voudrait nous donner à penser que Jean est l’intellectuel et Pierre le manuel de l’équipe ?
15 – Après déjeuner, Jésus dit à Simon Pierre : Simon fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Pierre lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes agneaux.
16 – Il lui dit à nouveau : Simon fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Mène paître mes brebis.
17 – Jésus lui dit une troisième fois : Simon fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre fut triste parce qu’il lui demandait pour la troisième fois : M’aimes-tu ? et il lui dit : Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes brebis.
Mon commentaire :
Cet épisode bien connu n’est pas toujours bien compris. En fait, les évangiles ont été retransmis en grec et cette langue a plusieurs mots pour définir le terme amour. Ce que Jésus demande à Pierre lors des deux premières interrogations c’est s’il a pour lui un amour détaché de toute contingence matérielle, ce que j’appelle de la Bienveillance et que le grec exprime par agapé. Or, Pierre qui ne comprend pas la question répond qu’il est attaché sentimentalement à Jésus comme un ami très cher, voire comme un frère, ce que le grec appelle philae. Voyant que Pierre ne peut se mettre à sa portée intellectuelle, Jésus vient à son niveau et lui demande s’il a de la philae ce qui provoque un trouble chez Pierre, car cela fait déjà deux fois qu’il le dit. Les réponses de Jésus indiquent qu’il destine Pierre à la direction du groupe de disciples, du moins est-ce que le narrateur veut nous faire croire. Nous savons que c’est Jacques — frère du Seigneur — qui en prendra la tête.
18 – Oui, oui, je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture et tu allais où tu voulais. Mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, un autre te ceindra et te portera où tu ne veux pas.
19 – C’était lui signifier de quelle mort il glorifierait Dieu. Et sur cette parole, il lui dit : Suis-moi.
Mon commentaire :
Le verset 18 est énigmatique. En fait, à l’époque, évoquer le fait d’étendre les mains et de se faire ceindre d’une ceinture orientale, est l’évocation de deux choses : une vieillesse honorée mais impotente et une crucifixion. Or, Pierre vivra les deux. Il sera honoré comme le premier « évêque » du judéo-christianisme mais n’en sera pas le chef, et il mourra crucifié tête en bas.
Voici comment je reçois ces textes.
Guilhem de Carcassonne.