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Découvrir l’histoire du catharisme

5-1-Histoire du catharisme
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Une approche de l’histoire du catharisme inédite

Si vous arrivez sur ce site par hasard il est possible que vous ayez déjà une idée préconçue du catharisme.

Vous découvrez ce site et vous désirez savoir ce qu’est ce catharisme dont on entend parler régulièrement dans des domaines très différents. Cela va du tourisme (les châteaux cathares) à l’accusation d’hérésie, voire à sa négation.

Les historiens ont limité leurs recherches à la période du Moyen-Âge pour ne pas trop s’aventurer dans le domaine — forcément sulfureux — de l’étude doctrinale du christianisme. Aujourd’hui, certains essaient même d’effacer le catharisme des livres d’histoire, comme le bolchéviques gommaient d’une photo, un des leurs tombé en disgrâce.

Face à ce constat où l’acculturation le dispute au négationnisme, ce site veut vous donner toutes les informations nécessaires pour vous permettre de comprendre ce christianisme authentique du point de vue historique et dans le domaine de sa doctrine et de sa pratique. À partir de ces bases il vous reviendra d’abandonner si cela ne vous intéresse pas ou de vous abonner si vous voulez approfondir le sujet.

Histoire du christianisme et du catharisme

Histoire du catharisme des origines au Moyen Âge

Même les historiens les plus honnêtes ont arrêté leur étude des origines du catharisme au 10e siècle, en se basant sur un document qui laissait déjà entrevoir une ancienneté plus lointaine.
Il était donc nécessaire de quitter les voies étroites de la recherche historique qui s’accordent mal avec l’étude d’une religion, pour essayer un savant mélange entre étude historique et étude doctrinale et théologique.

Les articles que vous trouverez ci-dessous ont tenté cette difficile alchimie :

  1. Préhistoire et Antiquité
  2. Pré et Proto-christianisme :
    1. du judaïsme à Jésus
    2. Paul, Marcion et les autres
  3. Période médiévale
    1. les pauliciens
    2. les bogomiles
    3. le «catharisme» occidental

Histoire du catharisme du 12e au 15e siècle

La période du 12e au 15e siècle n’a pas été traitée, car c’est celle qui est la mieux documentée par les historiens modernes (Michel Roquebert, Jean Duvernoy, Anne Brenon, etc.). Il vous suffit de vous procurer leurs ouvrages pour la découvrir à votre rythme.
Pour autant, quand certains points évoqués par les historiens le méritent, nous proposons des études relatives à cette période.

Le 28 mai 1242, un commando de soldats parti de Montségur, vint à Avignonet pour assassiner les inquisiteurs qui y faisaient étape. Cet événement fut le motif du siège de Montségur qui signa, l’année suivante, la fin de la hiérarchie cathare en Languedoc. La localisation précise de la dernière étape du commando avant son coup de main fait l’objet d’une interprétation divergente entre Michel Roquebert et Jean Duvernoy. Cette étude de Bruno Joulia permet de préciser les faits.

Histoire du catharisme du 19e au 21e siècle

Beaucoup de tentative de compréhension du catharisme ont eu lieu depuis qu’il est redevenu un sujet d’intérêt pour les chercheurs.
De grands noms s’y sont essayés et nous tenterons de vous les présenter, avec leurs atouts et leurs faiblesses.

Pour commencer il me semble important de vous conseiller d’appréhender ces travaux avec la distance nécessaire, car notre époque fourmille de candidats à l’intoxication intellectuelle, notamment en raison de la facilité qu’il y a à occuper une place sur certains sites internet et réseaux sociaux sans avoir jamais fait la preuve de ses compétences.

Comprendre l’Histoire

Le catharisme aujourd’hui

L’Église cathare de France. Rien n’interdit au catharisme de reprendre une position sociale dans le monde d’aujourd’hui. Une association s’est créée dans ce but et demandera sa reconnaissance selon la loi de 1905, dès qu’elle remplira les conditions requises. Cependant, elle ne peut vivre sans que les  croyants et les sympathisants n’y participent. L’Église c’est avant tout l’ecclésia, c’est-à-dire l’assemblée des fidèles.
Au-delà de cette présentation, vous trouverez les études et les travaux concernant l’aspect religieux dans le menu qui lui est dédié.

Autres documents

Visiter les sites en lien avec le catharisme

Dans cette rubrique nous vous proposerons des circuits de visite grâce auxquels vous pourrez toucher du doigt l’histoire du catharisme. En effet, les articles présenteront des lieux en rapport avec un moment qui a marqué l’histoire du catharisme dans la région occitane et vous donneront la possibilité d’y accéder, même si les vestiges sont rares. Enfin, au lieu de traiter des grands moments historiques, largement présentés dans la littérature, nous vous révèlerons des anecdotes qui n’ont pas forcément intéressées les historiens.

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La prison idéale

2-2-Cosmogonie & Mythes
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La prison idéale

Ainsi que j’en discutais avec un ami, la plupart des gens sont victimes d’un phénomène d’autant plus terrible qu’il ne le perçoivent pas. En effet, la prison mondaine qui nous contraint n’est pas visible et n’est pas ressentie par la quasi-totalité de la population. C’est la prison idéale que celle dont le prisonnier ignore l’existence !

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La Paix (Baiser de Paix ou Caretas)

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Baiser de paix
© Monique Vidal

La Paix (Baiser de Paix ou Caretas)

Le texte est issu du livre Catharisme d’aujourd’hui. Les notes de bas de page et les références scripturaires ont été retirées afin de ne pas léser les personnes ayant acheté le livre.

Ce rituel est couramment employé par les croyants et les Bons-Chrétiens, notamment à la fin d’un autre rituel. C’est d’ailleurs ce que fait le nouveau croyant quand il vient de réaliser sa première Amélioration.

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Les cathares se sont-ils nommés ainsi eux-mêmes ?

5-1-Histoire du catharisme
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Les cathares se sont-ils nommés ainsi eux-mêmes ?

Le fond de la question

Les différents avis

Dans un courriel récent, Ruben Sartori, chercheur et exégète de qualité, nous rappelle sa position personnelle quant à l’origine du mot « cathare » attribué à ces chrétiens opposés sur le plan doctrinal aux judéo-chrétiens, que l’on a désigné un peu partout en Europe sous diverses appellations, le plus souvent locales. Je vous propose de la lire directement puisée dans ce courriel :

En ce qui concerne le mot cathares, et j’en terminerai là, beaucoup a été dit mais ce n’est pas la bonne piste à mon sens. Cathares est un mot bien connu qui appartient à littérature et à l’histoire chrétienne. Il désignait ceux qui au temps des persécutions romaines n’avaient pas abjurés la foi, ne l’avaient pas trahie. Il est donc bien normal que les cathares eux-mêmes se soient référés à ces illustres devanciers. Ils n’avaient pas trahie la vraie foi mais au contraire l’avaient courageusement maintenue en dépit des persécutions et des anathèmes. Cathares ou bons chrétiens, c’est le même sens et il n’est donc guère étonnant que les bons chrétiens se soient eux-mêmes désignés sous le terme de cathares comme l’attestent certaines sources.

Je rappelle qu’il s’agit du mot « catharos », qui signifie « purs » dont nous parle Ruben.

Cette opinion fait l’objet d’une controverse entre Christine Thouzellier — qui comme Ruben cite cette origine ancienne — et Jean Duvernoy qui valide la thèse du moine rhénan Eckbert de Schönau.
Je vous invite à la lire sur le site de Persée, car elle pose des problèmes non négligeables.
Notons cependant que cette interprétation est reliée systématiquement à des mouvement schismatiques judéo-chrétiens : les novatiens et les montanistes.

Deux autres sources nous sont connues à travers des textes qui nous sont parvenus.

La première et la plus connue, est due à un moine rhénan Eckbert de Schönau qui, dans un courrier adressé à l’archevêque de Cologne et chancelier de l’Empire, Rainald de Dassel, reprend un nom déjà connu à l’époque pour différencier une secte d’hérétiques d’une autre qu’il désigne comme les « partisans d’Hartwin1 » . Eckbert relate des éléments déjà connus par la révélation d’Évervin de Steinfeld. Il y eut bien deux groupes d’hérétiques, les premiers étaient des cathares et les seconds, sans doute des ancêtres ou une variante des vaudois.

Analyse de l’appellation

Ce que révèlent les sources c’est que ce nom n’a rien de savant. Eckbert de Schönau le dit clairement : « Ce sont eux qu’en langue vulgaire on appelle “cathares”… »

L’évêque de Cambrai parle lui de l’hérésie des Katter, que Jean Duvernoy propose de traduire par chats (cattorum) . Il poursuit sur le fait que ce mot ne dérive pas du latin, mais de l’allemand populaire. Initialement nommé Ketter, par Eckbert, il se dégrade en Ketzer, comme le Katte de l’évêque de Cambrai est devenu Katze.

Cette référence au chat ne doit rien au hasard, car le diable était alors désigné comme un chat blanc de la taille d’un veau.
Alain de Lille nous en donne l’explication : « Cathares, d’après catus, car, à ce qu’on dit, ils baisent le derrière d’un chat, sous la forme duquel, dit-on, leur apparaît Lucifer. » Il propose aussi deux autres étymologies, plutôt fantaisistes : une dérivée de « catha » qui voudrait dire écoulement, car le vice s’écoule d’eux comme le pus et « cathari » parce qu’ils se font chastes et justes.

Pour éviter tout rapprochement avec les novatiens, Eckbert proposait l’appellation « catharistes », nom d’une secte africaine combattue par Augustin d’Hippone.

Enfin, Jean Duvernoy précise clairement que de son point de vue, ni le corpus hérésiologique médiéval occidental, ni les cathares eux-mêmes n’ont compris ce mot comme signifiant « purs ». Ce terme est régulièrement employé par les polémistes catholiques et même par le pape Innocent III. Cela devrait nous convaincre qu’il ne peut s’agir d’un terme glorifiant, car on imagine mal leurs pires ennemis les parer d’un terme qui aurait pu les valoriser de quelque manière que ce soit.


Notes :

 

  1. Jean Duvernoy, La religion des cathares, in Les cathares, édition Privat 1976 (Toulouse), p. 14.
  2. Jean Duvernoy, ibid, p. 303

 

Cathars in question

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Le site Academia.edu publie un papier de Mme Alessia Trivellone qui suscite déjà des réactions que je vous propose ci-dessous.

Réaction de M. Michel Roquebert

Sur le site de l’AEC-René Nelli, dont il est le Président d’honneur, cet historien justement réputé publie cette analyse pertinente. Vous pouvez la lire en ligne directement : Dame Ava de Baziège s’est-elle « donnée aux hérétiques » ?

Réaction de Annie Cazenave

Annie Cazenave, qui a publié sa réaction sur le compte Facebook de Michel Jas (Cathares et protestants), m’a autorisé à la publier également ici afin que vous ayez une vue complète des différentes réactions. Je sais que Michel n’y verra aucun inconvénient et il peut faire de même s’il trouve certaines réactions que je publie dignes de son site.

Texte repris : Mon amie Annie Cazenave réagit à la recension, elle aussi agressive, d’Alessia Trivellone de Cathars in Question : « une évidence s’impose : l’enjeu de la controverse se situe au-delà de l’étude de l’hérésie médiévale et investit plus généralement la manière de faire l’histoire. En ce sens, il me semble surprenant de lire, dans une publication universitaire, tant d’études qui négligent les questionnements méthodologiques et épistémologiques les plus élémentaires et oublient de considérer les contextes sociaux et politiques dans lesquels des sources sont produites. Il est encore plus étonnant… de relever des fautes de traduction et d’interprétation dans des sources considérées comme centrales pour la démonstration. Il me semble qu’une telle insouciance envers le raisonnement et la méthode historique a de quoi décevoir non seulement les chercheurs qui étudient l’hérésie, mais tout historien ».

Après une telle tonitruante annonce nous attendons avec impatience la source inédite que Madame Alessia Trivellone ne manquera pas de nous offrir. Il nous semble que jusque là elle s’était contentée de commenter les travaux de ses prédécesseurs. Une telle assurance ne peut manquer de précéder une œuvre géniale. Et nous nous sentons sidérée devant cette assurance, totalement à l’opposé de l’enseignement reçu de nos professeurs : ils nous avaient appris que devant tout écrit l’historien, et particulièrement le médiéviste, devait adopter une attitude humble, scrupuleuse, attentive à tous ses aspects, extérieurs et internes, respectueuse du texte et du contexte, et occasionnellement consulter un collègue qui pourrait sembler plus érudit. Périmées, obsolètes, toutes ces précautions : désormais on claironne.

Annie Cazenave, médieviste ayant travaillé au laboratoire (CNRS) de Le Goff puis de de Gandillac.

Réaction de Gilles-Henri Tardy

La négation du catharisme et de l’unité bogomilo-cathare par Alessia Trivellone, maîtresse de conférence à l’université de Montpellier : « Si les choix de vocabulaire ne sont jamais anodins en histoire, appeler « cathares » les hérétiques du Midi a des inconvénients supplémentaires : cette dénomination en vient en effet à uniformiser les hérésies dénoncées en Italie du Nord, parfois désignées de cathares par les sources, et celles du Midi français, jamais qualifiées ainsi par les sources produites dans cette région. Utiliser le même nom en viendrait ainsi à créer, de manière arbitraire, un même phénomène hérétique cis- et transalpin – un piège dans lequel l’historiographie traditionnelle est déjà tombée maintes fois. »

Trivellone s’égare une fois de plus, son dernier article bien structuré à pour but de convaincre que les chercheurs qui n’ont, à juste titre, par sa vision sont dans la plus grande erreur… voici ce qu’elle en dit en forme de conclusion sans appel : « une évidence s’impose : l’enjeu de la controverse se situe au-delà de l’étude de l’hérésie médiévale et investit plus généralement la manière de faire l’histoire. En ce sens, il nous semble surprenant de lire, dans une publication universitaire, tant d’études qui négligent les questionnements méthodologiques et épistémologiques les plus élémentaires et oublient de considérer les contextes sociaux et politiques dans lesquels des sources sont produites. Il est encore plus étonnant de trouver des articles escamotant toute logique afin de contester des thèses le plus souvent mal comprises, ou de relever des fautes de traduction et d’interprétation dans des sources considérées comme centrales pour la démonstration. Il nous semble qu’une telle insouciance envers le raisonnement et la méthode historique a de quoi décevoir non seulement les chercheurs qui étudient l’hérésie, mais tout historien ».

C’est ainsi faire l’impasse sur les relations entre bonshommes d’Italie et les bogomiles, c’est faire aussi l’impasse sur les relations entre bonshommes d’Italie et d’Occitanie qui, eux-mêmes, avaient des relations en catalogne et en Rhénanie. En claire, je le dis tout net : Trivellone est soit incompétente soit une menteuse au service d’une idéologie passéiste de l’opus dei ou de je ne-sais-quoi de pas net chez les Cathos ! (G.H.Tardy)

 Les cathares en Occitanie, rattrapés par l’inquisition devait porter à vie cette croix jaune sur leur vêtement à hauteur d’épaule ; cela rappelle fâcheusement les fachos qui firent porter l’étoile jaune pendant la seconde guerre mondiale. (Porter la croix : ouf ! au moins on évitait le bûcher pour un temps… merci Trivellone de vouloir effacer cela de la mémoire collective, car en effet, c’est plus qu’abjecte et honteux).

Amistat,
Gilles-Henri
Info Humacoop- Amel-France
Humani Association
Tél. : 0033.(0)687265814

Réaction de Éric Delmas

Mme Trivellone a pour détestable habitude de reprocher aux autres ce qu’elle pratique en routine.

Elle reproche à deux auteurs de régler leurs comptes avec des écrivains dont elle considère les écrits comme importants. C’est son droit, mais je dois lui rappeler que ces auteurs n’ont rien fait d’autre à l’encontre des historiens du catharisme qui les avaient précédés. Quant à la valeur de leurs écrits, je signalerais, au moins pour M. Pegg qu’ils ont fait l’objet d’une critique qui a mis en avant les nombreuses erreurs qui les émaillaient. Certes, ayant elle-même l’habitude d’en commettre de même niveau, on ne s’étonne pas qu’elle n’ait pas vu les siennes.

Oui, les sources médiévales concernant les hérésies sont presque toujours d’origine religieuse. En effet, les nobles écrivaient peu et le peuple ne lisait pas la plupart du temps. Malheureusement, vous n’étiez pas née à l’époque Madame, ce qui nous prive de vos lumières pour nous raconter la Vérité.

Mais en quoi les sources religieuses seraient-elles si peu fiables ? Quand nous trouvons des sources dans d’autres domaines, sont-elles plus fiables ? La relation que nous fait Jules César dans La guerre des Gaules est-elle absolument fiable ? Pas du tout, car il a arrangé certains points selon ses intérêts personnels. La guerre qui a abouti à la chute de Jérusalem en 70, telle que nous la relate Flavius Josèphe dans La guerre des Juifs est-elle fiable ? Pas du tout pour les mêmes raisons.

C’est pour cela que l’on a inventé les historiens. Non pas pour jeter le bébé avec l’eau du bain, comme vous le faites, mais pour faire le tri et comparer avec d’autres sources pour voir ce que l’on peut retenir de fiable, ce que l’on garde avec prudence et ce que l’on rejette. Certes, ce n’est pas facile, mais c’est un métier.

Le fait qu’un texte douteux cite des faits démontrés par ailleurs, n’invalide pas les faits ; il signale simplement que son auteur doit être lu avec circonspection. La réalité des évêchés albigeois est démontrée, sinon pourquoi mettre en place une croisade, système lourd et organisé, s’il ne s’agissait que d’attraper quelques individus isolés ?

Le dualisme des chrétiens orientaux, manichéens et marcionnites par exemple, est également décrit par les auteurs arabes musulmans. Doit-on en conclure que les catholiques, les orthodoxes et les musulmans étaient liés afin de propager des erreurs que des historiens du 21e siècle allaient détecter sur la seule base de leur intuition personnelle ?

Oui, les auteurs médiévaux, peut soucieux de se compliquer la tâche en construisant des sommes anti-hérétiques adaptées aux cathares, les ont traités de manichéens car ils disposaient de la somme d’Augustin pour le faire. Et alors ? C’est notre rôle de faire la part des choses. Ce n’est pas parce qu’ils n’étaient pas manichéens qu’il faut croire qu’ils n’existaient pas. D’ailleurs les arabes faisaient clairement la différence entre manichéens et marcionnites, puisqu’ils avaient les deux groupes sous les yeux et qu’ils pouvaient comparer les doctrines.

De même, Pierre de Sicile commence son compte rendu en traitant les pauliciens de manichéens, puis il poursuit en montrant qu’au contraire ces derniers réfutent cette accusation.

Et l’étude de leur doctrine permet de le valider.

Donc quand Rainier Sacconi se prétend ancien cathare il ment, mais Augustin qui se prétend ancien manichéen ne ment pas ? Au passage, évitez de l’appeler saint Augustin, cela montre trop où penchent vos sympathies.

Que Sacconi exagère ou même mente parfois, comme le font souvent les nouveaux convertis pour prouver leur allégeance, personne n’en doute. Mais là encore, il suffit de croiser les documents pour relever ce qui tient de l’affabulation et ce qui est probable. Les confessions publiques devant le diacre étaient dans la règle monastique des cathares et leur nombre ne doit pas vous étonner, vu l’attrait que cette religion a eu dans la région.

Excusez-moi de vous faire remarquer que l’expression : exagération évidente est pour le moins douteuse si vous n’en apportez pas une contradiction argumentée. Une historienne compétente ne peut se contenter de son sentiment pour invalider un document. Et oui, faute de prouver une erreur, le témoignage d’une personne ayant vécu les fait a au moins autant de valeur que celle d’une personne vivant plusieurs siècles plus tard. Le mensonge est souvent motivé et rarement gratuit, car à l’époque Sacconi savait que l’on aurait pu facilement le ridiculiser sur des éléments majeurs s’il les avait pervertis de façon outrancière.

Je continuerais bien mon analyse point par point, mais je n’apporterai rien de plus dans ma démonstration de la légèreté de votre analyse. Moins vous connaissez un sujet, plus vous vous présentez comme experte. Vous avez le caractère de votre époque. Plus besoin de preuve ou d’argument sourcé ; il vous suffit d’avoir une conviction pour dénigrer le travail de vos prédécesseurs et pour asséner votre vérité. Ce n’est pas historienne que vous auriez dû choisir comme voie, mais journaliste ou romancière.

Éric Delmas, chercheur en catharisme, Président de Culture et études cathares, créateur de ce site et auteur de Catharisme d’aujourd’hui. Accessoirement, honteux représentant de la caste religieuse, dont les propos sont forcément faux quand on les compare aux vertueux historiens de Montpellier, Nice ou Toulouse.

Le dévoiement du catharisme

2-3-Le catharisme au quotidien
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Le dévoiement du catharisme

J’utilise régulièrement l’image de l’adolescence pour tenter de faire comprendre l’impossible dialogue entre les sympathisants cathares et les croyants cathares.
Comme l’adolescent, le sympathisant cathare pense, sincèrement et sans aucune malignité, posséder une bonne connaissance du sujet en raison de sa maîtrise intellectuelle et ne se rend absolument pas compte de ce que ses lacunes spirituelles le handicapent totalement pour atteindre cette maîtrise. L’adolescent pense lui aussi en savoir autant que les adultes sur la vie et s’insupporte de s’entendre dire qu’il doit encore progresser.
Comme l’adulte, le croyant cathare a atteint un niveau d’intégration de la spiritualité cathare qui lui permet de comprendre l’attitude de l’adolescent et qui le pousse à tenter de lui expliquer que son impatience ou ses initiatives sont dangereuses voire mortifère pour son avancement.

Si j’avance cette explication c’est pour exprimer ma profonde tristesse devant les initiatives malencontreuses, voire malheureuses, qui se mettent en place ces derniers temps à Montségur. En effet, faire coïncider un lieu et une date qui, dans l’inconscient collectif, sont attachés au catharisme avec des événements et des initiatives qui ne lui sont pas bénéfiques, participe à son dévoiement et à l’affaiblissement de son image publique.

Que pouvons-nous dire du 16 mars à Montségur ?

Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, le 16 mars 1244 à Montségur n’a pas été une grande date de l’histoire cathare. Au contraire !
Ce jour-là a marqué une date mémorable de l’histoire occitane et de l’histoire de la guerre menée par le pouvoir royal, associé au pouvoir catholique, contre une résistance militaire localisée en ce lieu. C’est une victoire, ou une défaite selon le camp où l’on se place, qui ne s’exprime que sur le plan militaire. Aucun historien n’a jamais prétendu que le catharisme s’était éteint ce jour-là, ni même qu’il avait définitivement disparu de la région.
Certes, le 16 mars fut l’occasion d’un massacre de personnes non combattantes en raison de leur volonté de vivre selon leurs convictions religieuses. Mais elles ne furent ni les premières ni les dernières à subir ce sort. Et même pour le catharisme, la longue et funèbre liste des massacres n’a pas attendu Montségur pour débuter et ne s’est pas arrêté après ce jour de cendres.

Mais l’homme mondain a besoin de jalons, de points de repères historiques pour fixer sa mémoire. Le sympathisant n’a pas d’autre chose à quoi se raccrocher, alors que le croyant est tout entier intégré dans sa foi qui le porte d’autant mieux qu’elle n’est justement attachée à rien de mondain. C’est cela qui conduit à des actions inappropriées et bien souvent délétères.
Depuis de nombreuses années, Montségur fut érigé en mémorial cathare par des personnes qui ressentaient ce besoin d’un ancrage territorial. L’érection de la stèle par l’association du Souvenir et des études cathares en 1960, sous l’impulsion de son président de l’époque M. Déodat Roché (je l’écris en français et non  en occitan), fut le point de départ d’un engouement légitime mais déplacé.
En effet, depuis, ce monument est devenu un point de ralliement de personnes dont les motivations dépassaient largement le cadre du catharisme, quand elles n’en faisaient pas qu’un simple prétexte. Tour à tour argument indépendantiste ou ésotériste, le catharisme y était malmené, comme je l’ai constaté régulièrement chaque fois que j’y suis allé. En réalité le seul point positif que l’on pouvait y trouver en rapport avec le catharisme, est celui de la Bienveillance qui amenaient certains sympathisants à s’y retrouver quand leur vie les tenait éloignés les uns des autres.

Voilà bien la seule action un peu « cathare » que j’ai jamais vu à Montségur au cours de mes quelques passages sur place. J’étais d’ailleurs fort réticent à m’y rendre initialement et je suis désormais convaincu de ne plus jamais y retourner.

Comment Montségur tend à devenir le centre de l’anti-catharisme

J’ai conscience de l’apparente violence de ce terme pour nombre de sympathisants et je leur présente mes excuses, car ces termes n’ont pas  vocation à les blesser, mais veulent éveiller les consciences encore aptes à l’être.

Comme toute initiative mondaine, le « pèlerinage » à Montségur s’éloigne, année après année, de son objectif initial. Cette année 2019, 775anniversaire de la tragique journée du 16 mars 1244, les choses semblent avoir pris un tour encore plus marqué.
Un groupe de chercheurs et de sympathisants, au demeurant très sympathiques comme il se doit, y organise une rencontre annuelle dont la thématique de cette année est dévolue à René Nelli. Ce chercheur et auteur à qui nous devons d’exceptionnels documents sur le catharisme et qui a même aidé à mieux faire connaître les écrits cathares est aussi connu pour ses appétences régionalistes et intellectuelles tournées vers l’art et la poésie. Le programme de cette journée sera d’ailleurs assez peu orienté vers le catharisme. Une telle thématique aurait eu mieux sa place du côté de Bouisse où il vécut ou de Carcassonne où il créa le Centre d’études cathares qui porta son nom jusqu’à sa faillite en 2011. L’association porteuse de ce projet avait mieux choisi ses thématiques les années précédentes et sa réunion d’automne à Cailhau montrait d’ailleurs que le lieu avait peu d’importance pour qui veut parler de catharisme. En effet, le catharisme n’est rattaché à aucun lieu mondain et ne dépend d’aucune date calendaire, comme sa résurgence moderne en est la preuve.
Par ailleurs j’ai reçu ces jours-ci une annonce, parue dans un journal, à propos d’une autre initiative dont l’origine m’est inconnue mais qui semble vouloir faire du catharisme un simple faire-valoir. Non seulement, ce 16 mars aucune manifestation relative au catharisme n’est prévue, mais c’est exactement le contraire, puisque nous sommes invités à aller écouter l’évêque de Pamiers, M. Eychenne, à l’église du village ! Si je n’ai rien à reprocher à ce prélat catholique, dont la repentance qu’il organisa voici peu s’avéra sympathique et louable, je trouve plutôt osé de lui confier l’animation d’une telle cérémonie en un tel lieu et à telle date. Ensuite, ce ne sont qu’agapes et divertissements qui sont organisés, comme si c’était tout ce qu’inspirait ce moment à l’organisateur dont j’aimerais bien connaître l’identité.

J’en arrive à me dire qu’il ne manque plus que d’organiser un méchoui dans le pré situé en bas du château pour atteindre le summum de l’imbécillité !

Vous comprenez mieux j’espère pourquoi je trouve que, finalement, loin de représenter ce que fut et ce qu’est le catharisme, le rendez-vous du 16 mars devient de plus en plus l’occasion de le piétiner et le moyen d’effacer sa mémoire.

Comment rendre hommage aux cathares et soutenir le catharisme ?

Notre siècle n’est pas plus favorable au catharisme que ne l’était le Moyen Âge. Si l’envie de spiritualité reprend du poil de la bête, c’est plus vers des courants qui favorisent la mondanité, le confort et le soutien psychologique que s’orientent nos contemporains, partisans du moindre effort et réfractaires à toute diminution de leur statut mondain.
Or, le catharisme est exactement l’inverse de cela. Il nous appelle à agir comme le fils prodigue ayant compris son erreur, au lieu de faire comme lui au moment où il la commet.

Alors, si vous avez besoin de jalons et de moyens de rendre hommage au catharisme, faites-le en l’étudiant sérieusement, au prix d’efforts de recherche et d’études, car c’est le seul moyen de l’appréhender correctement, contrairement à ce que peuvent proposer certains médias d’accès facile qui, dans le meilleurs des cas, se contentent de se copier les uns les autres et ressassent les mêmes erreurs, faute d’avoir pris la peine de suivre les évolutions de la recherche et de les avoir intégrées intellectuellement.

Soutenir le catharisme n’est pas nécessaire. Il n’en a pas besoin. Par contre veiller à ce que personne ne l’agresse ou ne le dévoie est utile. Il n’y a pas d’organisme qui fera des procès à ceux qui lui font du tort, et c’est normal, puisqu’il ne juge pas et qu’il n’est pas violent. C’est donc à vous les sympathisants d’assumer cette mission, si vous vous sentez réellement sympathisants. Laissez aux usurpateurs et aux ennemis du catharisme le triste honneur de le salir et de le dénigrer.

Éric Delmas, 14 mars 2019.