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Exposition : «Cathares», Toulouse dans la croisade
Du vendredi 5 avril 2024 au dimanche 5 janvier 2025, se tient à Toulouse, sur deux sites (Musée Saint-Raymond et Couvent des Jacobins) une exposition censée informer les visiteurs sur les événements historiques médiévaux concernant Toulouse et le catharisme.
Cette initiative, a priori plutôt positive, cache en fait une manœuvre du groupe négationniste anti-cathare qui a réussi à imposer son point de vue à la municipalité de Toulouse dont j’espère qu’elle est simplement victime dans cette affaire.
Les guillemets entourant le mot cathares fournit déjà une première indication qui lisse entendre que ce mot n’a pas de réalité concrète, ce qui est l’objectif des négationniste : faire croire que le catharisme n’a jamais existé.
C’est lors de la seconde partie de la visite, qui se déroule au Couvent des Jacobins que les choses se gâtent. Voici l’annonce faite sur le site de l’exposition :
Au Couvent des Jacobins
L’autre partie de l’exposition est centrée sur la question de l’hérésie dite « cathare », donc sur l’aspect religieux de la croisade contre les Albigeois : « chasse » à l’hérésie et aux hérétiques suite à la réforme de l’Église, lutte contre l’hérésie après la croisade et inquisition, qui était menée par les frères Dominicains (ou « frères Prêcheurs »), ordre religieux qui a bâti et occupé… le Couvent des Jacobins.
Cette partie de l’exposition revient également sur l’histoire et l’utilisation des termes « catharisme » et « cathares », sujets de nombreux débats entre historiens, ainsi que sur les mythes qu’ils suscitent encore aujourd’hui.
En fait, sous couvert d’information historique, le but des organisateurs est nier la réalité du catharisme en prétendant que les cathares n’étaient en fait que des hérétiques aux doctrines et pratiques diverses, donc ne pouvant pas relever d’une même religion.
C’est comme dire que les religions judéo-chrétiennes (catholicisme, orthodoxie et tous les protestantisme) au motifs des divergences qu’elles affichent entre-elles ne peuvent être considérées comme appartenant au même groupe religieux.
Si vous décidez d’aller visiter cette exposition, prenez la peine de préparer votre intellect à analyser ce que vous lirez à l’aune de ce que viens de vous indiquer.
Voici une première réaction de Annie Cazenave, Docteure en Histoire, Docteure en Histoire de l’art et anciennement chercheuse au CNRS :
L’Exposition de Toulouse
À Toulouse en ce moment une exposition se déploie somptueusement entre le Musée des Augustins et le Couvent des Jacobins. Consacrée à la ville « au temps des cathares » elle ferait figure d’oxymore, puisque ceux-ci étaient aniconiques, si précisément elle ne se référait pas à l’affirmation de certains médiévistes que « les cathares n’ont pas existé ».
Cependant, une Croisade a été menée contre eux, la seule en terre chrétienne. L’exposition porte sur le premier tiers du XIIIéme s., de 1209, date de l’arrivée des croisés, à 1229 ,année de la signature du traité de Lorris par le comte de Toulouse. Un panneau à l’entrée explique aux visiteurs que « dans sa définition traditionnelle le « catharisme » est présent comme un courant original à part entière. Apparu au XIIéme s. en Rhénanie il se serait propagé de l’Italie du nord jusqu’au midi occitan » (sic ). Escamotées les relations avec l’Orient !
Puis ce panneau se contente de nier la présence d’une hiérarchie cathare et donc d’une Église cathare, car celle-ci a été construite par des historiens en rapprochant des groupes dissidents. Cependant, il cite le rite du consolament, « à la fois ordination et extrême onction », en omettant la pose du livre (Nouveau Testament) sur la tête du consolé. Ensuite il se contredit en mentionnant l’existence d’évêques et de « diacres », mot catholique soi-disant mis à la place de « fils majeur » et « fils mineur ». Or ceux-ci, comme le diacre, sont inférieurs à la dignité de l’évêque, donc placés dans une hiérarchie.
Comme la contestation est une forme particulière de christianisme, exprimée dans des sources textuelles (celles sans doute ayant servi à la fabrication de la croyance), ce rapprochement de groupes dissidents a été commode pour éliminer les groupes contestataires.
Ainsi, effacée l’hérésie du dualisme, cause de la Croisade, l’alliance entre le roi et le pape prend une tournure essentiellement politique. Dans cette perspective le Languedoc est travaillé par des troubles séditieux, et exposé à la rivalité des pouvoirs. Peut-être cette lecture ignorant la puissance du religieux en dit-elle implicitement long sur la mentalité contemporaine.
Avec pertinence l’exposition a pris pour sujet l’époque où la société de langue d’oil importée par les capétiens était en train de s’imposer à la vieille culture de langue d’oc, pour finir par former une région de la France actuelle. Elle offre des costumes splendides, copiés sur des miniatures.
L’historienne met en avant plusieurs erreurs figurant dans l’exposition et portant des affirmations qui ont été largement et souvent réfutées par d’autres historiens et spécialistes que vous pouvez lire dans ce menu.