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La fin d’un monde ?

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La fin d’un monde ?

Il est un point que l’on voudrait éviter d’évoquer quand on a choisi de vivre l’essentiel de son temps dans la spiritualité, mais la prégnance mondaine est forte et ne s’en laisse pas compter. En effet, nous sommes soumis à ce monde quand bien même nous aspirons à retrouver notre origine spirituelle éternelle.

En outre nous sommes tous différents. Certains, les mondains, sont totalement voués à ce monde et n’ont aucune idée qu’ils ont une essence spirituelle ce qui les pousse dans tous les travers de la violence mondaine. D’autres, parmi lesquels je place les sympathisants cathares, ont conscience et espèrent en un autre monde, mais ne veulent pas lâcher celui-ci, tant cela leur semble dépasser leurs propres capacités. Les croyants, qu’ils soient cathares ou non, ne veulent pas revenir en arrière et cherchent comment résister à la prégnance mondaine quand le monde devient fou. Enfin, les spirituels comme les consolés, se moquent de cela car leurs choix leur font considérer les conséquences de la violence du monde comme sans importance vu qu’ils sont déjà hors du monde. Ils sont en quelque sorte avantagés par rapport aux trois autres catégories.

Le temps cyclique

Les Grecs considéraient le temps comme cyclique au sens strict du terme, c’est-à-dire qu’un événement du passé se reproduira indéfiniment dans l’avenir. Aujourd’hui nous considérons le temps comme linéaire, quitte à inventer un temps négatif quand l’événement s’est produit antérieurement à la date de référence.

Mais je pense qu’on peut mélanger les deux concepts, non pas en raison d’un état chronologique cosmogonique, mais en raison de la nature humaine qui reproduit sans cesse ses actions antérieures faute de les avoir suffisamment mémorisées, analysées et conceptualisées. Nous en faisons l’expérience sans cesse sans toujours le comprendre.

L’expérience du 20e siècle

Nous vivons des événements en Europe que la plupart ne regardent que par le petit bout de la lorgnette au lieu de les replacer dans un contexte dont nous avons déjà fait l’expérience. Certes, vous me direz à juste titre qu’un événement du passé ne se reproduit jamais exactement de la même façon deux fois de suite, ne serait-ce qu’en raison du fait que les humains changent individuellement et que les motivations elles aussi évoluent.

Pourtant, dans les grandes lignes, nous voyons aujourd’hui un État dont le dirigeant, légitimement élu, est devenu un autocrate et devient maintenant un dictateur dans le sens où il ne se contente pas de manipuler les élections-plébiscites qu’il organise à sa gloire, mais en précise d’avance les résultats précis qu’il veut obtenir. Les dictateurs n’ont que deux manières de prendre le pouvoir aujourd’hui : l’élection démocratique secondairement confisquée et le coup d’État. Nous pouvons citer pour mémoire concernant les élections les cas de Bonaparte et de Hitler et pour le second cas celui de Pinochet et de Franco. Les Romains, quand la situation devenait critique et que les institutions s’avéraient incapables d’y faire face, faisait le choix de désigner un dictateur parmi la population et lui donnaient tout pouvoir pour une période limitée. Une fois sa mission réussie, il retournait à ses affaires antérieures et, en cas d’échec, il restait la roche tarpéienne.

Mais cela ne suffit pas à parler de temps cyclique. Comme je l’ai déjà détaillé précédemment, la seconde guerre mondiale fut précédée d’événements dont nous retrouvons aujourd’hui équivalents troublants. En 1938, l’Allemagne nazie a multiplié les actions visant à réaliser ses objectifs d’annexion : en mars l’invasion et l’annexion de l’Autriche (Anschluss) se fait au motif supposé de mauvais traitements infligés au nationaux-socialistes autrichiens. Ni la France, ni l’Angleterre ne réagissent au-delà de quelques protestations diplomatiques. En 2014, ce sont des motifs similaires qui sont avancés par les Russes pour envahir ces provinces ukrainiennes. En 1938, suite aux troubles qu’elle organise depuis le printemps dans les Sudètes de Tchécoslovaquie, l’Allemagne envahit et annexe cette province avec l’accord de l’Angleterre, de la Russie et de l’Italie mussolinienne et l’abandon de la France qui s’était engagée dans la préservation des frontières tchécoslovaques. La réunion de Munich qui s’est tenue 4 jours plus tôt avec l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et la France, acte cet abandon en l’absence de l’ambassadeur tchécoslovaque qui n’est même pas invité. Cela fait penser à la situation survenue à la chute de l’URSS (1991), dans la région moldave, située sur la rive gauche du Dniestr, auto-proclame son indépendance du reste de la Moldavie, sans qu’aucun autre pays ne la reconnaisse. Seules deux régions de Géorgie (l’Abkhasie et l’Ossétie du Sud Alanie), ainsi que la province à majorité arménienne du Haut Karabagh en Azerbaïdjan reconnaissent cette indépendance. Les révoltes intervenues en Géorgie, indépendante depuis 1991 et en Transnistrie furent largement soutenue sur un plan logistique par la Russie désireuse d’affaiblir ces pays frontaliers. En 1938, l’absence de réaction ferme lors de la conférence de Munich fit dire à Churchill devant le Parlement anglais : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre. Ce moment restera à jamais gravé dans vos cœurs » Ces paroles prophétiques devraient nous inquiéter, car Hitler, loin de se contenter de ces victoires faciles continua en envahissant la Pologne en septembre, sans déclaration de guerre et malgré un accord de non-agression signé au printemps. En Europe, si la France et l’Angleterre déclarèrent la guerre à l’Allemagne, la plupart des autres pays européens se dirent neutres. La France trop tardivement alertée n’arrivera pas à contenir les troupes allemandes et la drôle de guerre se terminera en avril par l’entrée de envahisseurs dans Paris.

Alors, que devons-nous craindre ? L’annexion de la Crimée et des quatre régions situées à l’est du Dniepr (Luhansk, Donetsk, Zaporizhia et Kherson) par la Russie est déjà effective. La Transnistrie demande son rattachement à la Russie et des troubles liés à des actions cyber touchent tous les pays opposés à la Russie. Attendrons-nous l’équivalent de l’invasion de la Pologne pour prendre conscience de la répétition de l’Histoire ?

Vous me direz que ces ressemblances sont uniques et relèvent des habituels conflits inter-Étatiques. En sommes-nous sûrs ?

L’expérience médiévale

Regardons l’Occitanie médiévale.

Une tentative d’émancipation politico-religieuse des populations locales va déboucher sur une guerre de religion qui provoquera une guerre classique dirigée dès 1228 par le roi de France.

Ce mélange politico-religieux crée de fait plusieurs groupes de population :

  • Les croisés, qui agissent autant par intérêt personnel que par conviction religieuse ;
  • Les faydits qui se battent pour leur indépendance des pouvoirs royaux et accessoirement pour une religion qui ne leur impose aucune contrainte ;
  • Les croyants cathares qui doivent à la fois se protéger des dangers qui les menacent eux et leur famille et qui doivent protéger les chrétiens cathares non-violents ;
  • Les chrétiens cathares dont la Règle de vie en fait des proies faciles.

Quand le pouvoir papal agit pour éradiquer une alternative religieuse qui met en danger son pouvoir temporel, la plupart des croisés cherche à effacer ses dettes et acquérir des biens sans avoir à lutter en Terre sainte où le déplacement est aussi coûteux que dangereux depuis que Saladin taille des croupières aux armées croisées.

La situation géopolitique actuelle n’est guère différente. D’un côté nous avons un pouvoir dont la ligne de conduite est le profit et le pillage qui cherche à s’étendre pour augmenter sa population déclinante et acquérir des profits nouveaux. Face à lui des pays se sont organisés pour s’auto-protéger, mais ont démantelé leurs forces militaires pour investir dans le commerce et le confort.

S’en prendre à des pays situés à l’extérieur de cette alliance permet de jauger les forces et les volontés tout en éloignant la menace et en récupérant des moyens supplémentaires.

La question essentielle est d’estimer jusqu’au aller trop loin sans déclencher une réaction tellement puissante qu’elle provoquerait qui serait fatal aux membres du pouvoir russe.

En Occitanie médiévale aussi nous pouvons observer que la première réaction fut de tenter de s’adapter en essayant de se blanchir vis-à-vis de la croisade, ce que réussit Raimond VI mais pas Raimond Roger Trencavel.

Face à la poussée des troupes croisées certains se tinrent à relative distance, quasiment neutres, comme le comte de Foix alors que d’autres y virent une occasion de prendre à leur compte les droits féodaux sur l’Occitanie.

Il va sans dire que les populations, toutes religions confondues, n’avaient aucun intérêt, ni pour les uns, ni pour les autres. Le massacre de Béziers le montre clairement.

Ce que nous impose le monde

Approche générale

La fin des guerres dans les pays développés nous a laissé croire qu’un temps était passé et que la civilisation nous ouvrait d’autres horizons. Cette vision autocentrée était aussi ridicule que géographiquement inexacte. La montée des extrémismes aurait dû nous alerter, mais étions-nous prêts à en tenir compte ?

Même en Europe, comme nous l’avait montré le conflit issu du démembrement de la Yougoslavie, le fait que les pays et les peuples ne sont pas géographiquement superposés, rend tout équilibre impossible. L’illusion d’une paix ou d’armistices, qui n’ont pas respecté les peuples, n’a pas tardée à s’effondrer avec les Bosniaques et les Serbes. Espérer qu’un accord entre la Russie et les anciens satellites soviétiques allait réussir sans mesure de sécurité était tout aussi illusoire.

Peu importe les motivations, seuls les intérêts personnels assurent la cohésion des groupes. Que cet intérêt soit religieux, ethnique ou vénal, tant que ceux qui le partagent se sentent unis par quelque chose qui les dépasse, ils seront impossibles à dissocier, que ce soit par un régime politique ou une frontière.

Mais quand on est attiré par une croyance spirituelle, qui n’a pas pour objet de dominer le monde, comment faire pour supporter les crises et les soubresauts que déclenchent les autres groupes ?

Les sympathisants

Les sympathisants effleurent à peine la spiritualité, mais cela leur permet cependant de comprendre que certains impératifs de notre société ne sont pas les bons : la violence légitime et le pouvoir. Au quotidien, ils se construisent une morale qui met en avant les éléments positifs, mais ne s’interdisent pas d’agir de façon mondaine s’ils considèrent que leurs intérêts fondamentaux sont en jeu. La protection de leur mode de vie fait généralement partie de ces fondamentaux ce qui fait qu’en cas de nécessité ils peuvent être amenés, à regret, à prendre les armes pour la défendre.

Les croyants

Pour les croyants, notamment cathares, la foi et l’espérance qu’elle porte priment sur bien des impératifs et des priorités de ce monde. Leurs engagements pris ici-bas les amènent à agir dans le cadre mondain même s’ils savent que la vérité est ailleurs. Pour éviter de devoir s’opposer frontalement, comme le font les objecteurs de consciences qui agissent par engagement politique, ils vont tout faire pour agir dans un domaine où ils n’auront pas à porter les armes, mais où ils pourront aider ceux qui le font et soulager les souffrances.

Les spirituels

Par la force des choses, les consolés cathares sont souvent plus âgés que la moyenne de la population. En outre, leur forte implication spirituelle les amène à considérer qu’aucun des malheurs susceptibles de se produire dans ce monde n’a d’importance à leurs yeux parce qu’ils savent qu’ils sont inévitables dans un monde dominé par le Mal et que leur aspiration à le quitter ne peut en aucune façon les empêcher de subir la violence qu’on pourrait leur infliger. Certains s’étonnaient que les cathares se rendant au bûcher chantaient, pensant qu’ils le faisaient pour se donner du courage. Il n’en est rien ; s’ils chantaient c’est tout simplement parce qu’ils n’étaient déjà plus de ce monde.

La fin d’un monde ?

Il ne faut pas croire que notre monde est le monde et encore moins que son devenir peut avoir une influence sur celui de l’Univers. La fin du monde interviendra quand toutes les parcelles de Bien prisonnières ici-bas se seront éveillées et auront rejoint l’Esprit unique.

Aussi les soubresauts actuels, s’ils devaient atteindre un point de non-retour, pourraient signer la fin de notre monde qu’on le considère sur le plan moral et politique ou qu’on le considère sur le plan géographique. Par contre, le monde — les mondes devrais-je dire —, continueront bien après nous, car le temps au sens où ne le considérons s’il nous semble extrêmement long, représente moins qu’une goutte dans l’océan si on le considère à l’aune de l’éternité.

Guilhem de Carcassonne

4e dimanche de carême

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

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3e dimanche de carême

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Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.Read more

2e dimanche de carême

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La chaire de saint-Pierre, apôtre

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.Read more

1er dimanche de carême

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Messe du 1er dimanche de carême

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L’écharde dans la chair : un pas vers le salut ?

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L’écharde dans la chair : un pas vers le salut ?

Aujourd’hui, je voudrais évoquer devant vous un point qui est peu développé dans la réflexion cathare, souvent trop orientée vers les considérations hautement intellectuelles, voire métaphysiques.

Deuxième lettre de Paul aux Corinthiens (chap. 12) :
7 – Et de peur que ne m’élève l’excellence de ces dévoilements, une écharde dans ma chair, un ange de Satan m’a été donné pour me souffleter, de peur que je ne m’élève.
8 – Trois fois j’ai fait appel au Seigneur pour qu’il l’éloigne de moi.
9 – Il m’a dit : ma grâce te suffit, car ma puissance est accomplie par la faiblesse. Je prendrai encore plus de plaisir à me vanter de mes faiblesses pour que la puissance du Christ m’abrite.
10 – Voilà pourquoi je suis content des faiblesses, des outrages, des nécessités, des persécutions, des angoisses pour le Christ, car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.

Pour avancer vers la grâce qui ouvrira la porte du salut, nous devons créer un clivage entre notre part mondaine et notre part spirituelle. Pour y parvenir, nous avons deux axes de progression : l’un qui relève de notre intellect et l’autre qui relève de notre corps.

Comme nous l’avons déjà évoqué, le premier portera sur l’assimilation intégrale de concepts qui nous posent souvent problème au début, comme la non-violence absolue ou l’abandon de tout espoir de sauver ce monde.

Aujourd’hui, je voudrais évoquer le second dont on croit que l’ascèse seule peut vaincre l’obstacle, ce qui nous paraît finalement abordable. Cependant, il ne faut pas oublier que notre corps suit sa propre route vers la déchéance et vient nous le rappeler régulièrement.

La souffrance asservit

Nous le savons bien pour l’avoir tous vécu, la douleur physique vient vite à bout de notre volonté de résistance. Mais la douleur comporte des éléments divers qui vont du ressenti au pressenti.

En effet, la douleur aiguë nous submerge momentanément, mais nous avons des moyens de l’atténuer, voire de la supprimer. Si elle atteint des niveaux paroxystiques, elle peut dépasser nos moyens de résistance au point que, dans les cas extrêmes, certains patients se suicident pour lui échapper.

La douleur chronique introduit un autre champ d’action, celui de la psychopathologie, car sa durée et sa puissance finissent par venir à bout de notre résistance. En outre, l’expérience de la douleur crée un état de pressenti par lequel ce que l’on appelle le seuil de déclenchement du ressenti douloureux est abaissé, car la peur de la douleur en favorise l’apparition.

L’expérience douloureuse, quand elle dure ou qu’elle se répète sans pouvoir être contrecarrée, crée un véritable asservissement qui obscurcit les capacités intellectuelles tant elle devient prégnante, que la douleur soit effectivement présente ou qu’elle soit simplement crainte et attendue. Nous en avons certainement tous fait l’expérience.

Mais Paul nous dévoile une fonction nouvelle de la souffrance que peu d’entre nous auraient pu imaginer. Alors que notre nature mondaine tend à nous pousser vers la vanité et l’égotisme, la douleur vient stopper cet élan en nous rappelant notre misérable condition humaine d’être pantelant soumis à une incarnation imparfaite et corruptible. Mais cette approche n’est pas celle de tout le monde ; seuls ceux qui savent intellectualiser leurs ressentis peuvent l’envisager sous cet angle. Et c’est là que Paul remplit pleinement son rôle d’apôtre et de guide. En nous ouvrant la porte qui dépasse la douleur comme un ressenti pathologique pour en faire un outil d’inversion de notre nature mondaine au profit de notre aspiration spirituelle, il nous montre que notre appartenance à l’empirée divin supplante en tout point les vicissitudes de notre incarnation maligne.

La souffrance permet l’avancement vers le salut

Comme nous le savons, celui qui souffre à tendance à se recroqueviller sur sa douleur et à s’isoler des autres. Celui qui n’a pas encore atteint le stade de l’éveil se trouve alors dans une impasse. En effet, l’animal humain est un être grégaire ; sans les autres, il n’est rien et s’il s’isole il dépérit. Le spirituel au contraire sait profiter de l’isolement pour approfondir son cheminement. Certes, il est plus facile de le faire quand l’isolement est choisi et non subi, mais plutôt que laisser la souffrance nous enfermer dans une bulle négative, en faire une occasion d’introspection permet de lui donner un sens.

En effet, notre nature charnelle, notre sensualité — dans l’acception des stimulations issues des cinq sens —, et notre situation sociale tendent à nous éloigner des considérations spirituelles, d’autant plus que le monde moderne nous crée bien des obligations et de nécessités qui s’y opposent. C’est pourquoi nous voyons de moins en moins de personnes prêtes à considérer leur état d’être spirituel et donc à consacrer du temps et des efforts à approfondir leur réflexion sur cette nature spécifique à l’homme et encore moins à chercher comment faire pour se préparer à l’inéluctable moment où sa prise en compte deviendra prégnante.

Cette situation crée naturellement un profond déséquilibre entre notre double situation : charnelle et spirituelle, qui est le fonds de la majorité d’entre nous. Et nous le voyons bien au quotidien quand nous échangeons avec nos semblables sur des points aussi essentiels que la réalité d’une transcendance, le devenir de notre être au-delà de la mort et les conditions requises pour aborder cet instant essentiel de notre vie que beaucoup d’entre nous auront la chance de vivre pleinement, contrairement à notre naissance dont personne n’a conservé le moindre souvenir puisque le développement neurologique de l’homme rend impossible toute conservation mémorielle avant l’âge de trois ans minimum.

Il ne faut donc pas négliger cette chance que nous donne la douleur de mettre paradoxalement à l’écart notre nature mondaine au profit de notre part spirituelle.

En outre, la douleur étant un phénomène régi par notre système nerveux et conceptualisé par notre cerveau, introduire dans notre intellect une réflexion tournée vers le spirituel permet de mobiliser ce cerveau, au moins partiellement, pour autre chose que le ressenti physique et émotionnel de la douleur.

Certes, la douleur à elle seule ne saurait nous faire avancer vers le salut, contrairement à ce que pensent certains groupes religieux qui, au fil des siècles, ont fait de l’auto-administration de souffrances un outil de reconnaissance et d’avancement accéléré vers le salut. L’avancement vers le salut relève de bien d’autres nécessités et le seul bénéfice de la douleur est juste de nous permettre de détourner notre attention vers ce sujet.

La douleur, un vécu personnel

Quand la religion permet d’unir des individus qui se reconnaissent dans une même spiritualité, la douleur ne peut être partagée. Elle nous est personnelle, tant par sa nature en termes de ressenti que par la gestion pratique que nous lui appliquons. Nous sommes uniques dans notre nature mondaine.

Et d’ailleurs, si j’aborde ce sujet aujourd’hui, ce n’est pas hasard. Ayant eu une expérience douloureuse intense ces derniers jours, j’ai résisté à qui en d’autres temps m’aurait sans doute poussé à exiger une prise en charge ultime en secteur hospitalier, comme cela m’est arrivé dans le passé, ce qui me montre combien ma nature mondaine est aujourd’hui plus influencée par ma nature spirituelle qu’elle ne l’était auparavant.

Mon expérience professionnelle dans la santé et ma relative maîtrise du sujet de la douleur — que j’ai même enseignée à des collègues à une période —, en raison de mon activité dans le domaine de l’anesthésie, me donne des outils intellectuels pour mieux comprendre ce qui se passe et pour apprécier la profondeur et les risques que ma propre douleur provoque en moi. En outre, j’ai accompagné dans ses dernières semaines un ami que vous connaissez peut-être, Yves Maris, qui avait réfléchi de son côté et dans le cadre de ses compétences en matière de philosophie, sur ce sujet en utilisant le même extrait de Paul dont il était un spécialiste. Je n’ai pas retrouvé son article sur le thème de l’écharde dans la chair, mais je sais que son expérience en ce domaine a largement accompagné sa vie mondaine depuis le début de l’âge adulte.

C’est pourquoi j’ai souhaité apporter ma modeste pierre à l’édification de ce sujet dans sa dimension spirituelle. En effet, les philosophes l’ont étudié dans tous les sens, de Socrate aux stoïciens comme Épictète, et je n’ai donc rien à rajouter à ces éminents penseurs d’hier à aujourd’hui. Par contre, le spirituel étant un domaine personnel, je pense pouvoir m’exprimer avec une légitimité qui ne prétend pas s’appliquer aux autres, mais qui cherche à s’ancrer dans la compréhension cathare du rapport entre le corps et l’esprit.

Nous connaissons tous ce que l’on appelle l’effet placebo, c’est-à-dire la capacité du corps à stimuler ses propres capacités quand on lui fait croire qu’une aide médicamenteuse extérieure vient à son secours. Cet effet psychosomatique est puissant et bien utile, mais il n’est pas isolé. L’effet psychologique de la volonté de vivre et de sortir d’une situation critique est également très puissant. Comme bien de mes confrères, je l’ai observé souvent dans mes activités professionnelles en réanimation. On avait même coutume de dire entre nous, mais aussi aux patients, que cette volonté de guérir pouvait compter pour un tiers dans l’évolution de leur état. Dans le domaine de la douleur, il existe un phénomène pratiqué par toutes les mamans, sans qu’elles en aient conscience, que l’on appelle l’effet gate control (terme anglais que l’on peut traduire par contrôle de passage des stimuli douloureux). Il s’agit de tromper le cerveau qui reçoit une information douloureuse transmise par des fibres nerveuses de gros calibre et dénuées de gaine de myéline, ce qui ralentit la transmission de l’influx, en lui envoyant, via des fibres plus fines et myélinisées, un stimulus sensoriel à grande vitesse de propagation qui va saturer partiellement les récepteurs de transmission de la moelle épinière et du cerveau. Ainsi, le stimulus douloureux sera atténué, voire annulé. C’est typiquement le fait de souffler sur une zone douloureuse ou de frotter la peau entre la zone douloureuse et la racine du membre concerné.

Je ne sais pas si l’intellectualisation de la douleur comme moyen de détourner l’attention vers la spiritualité peut se rattacher à une ou plusieurs des méthodes décrites ci-dessus, mais cela importe peu si le résultat est là.

Et je dis qu’à titre personnel j’ai pu constater l’efficacité de ce détournement d’attention du corporel au spirituel et que cela m’a permis de passer ce cap très difficile sans avoir recours à des médicaments dont je savais qu’ils n’auraient fait qu’entretenir le cercle vicieux qui s’était mis en place.

La douleur est une opportunité occasionnelle

Pourquoi ai-je cru que ce sujet pouvait présenter de l’intérêt pour d’autres que moi ? Si Socrate pensait que le daemon qui le torturait lui donnait la capacité d’améliorer sa philosophie et si Paul pensait que l’écharde que Dieu plantait dans sa chair l’aidait à développer son humilité, pour ma part et plus modestement, j’ai trouvé dans mes douleurs un moyen supplémentaire de consacrer du temps à mon avancement spirituel.
Ce n’est donc pas par volonté de glorification de ma pratique que je souhaite agir, car elle n’a rien qui le justifie, mais comme un simple témoignage d’une pratique qui m’a aidé dans un cheminement souvent chaotique et régulièrement ressenti comme plutôt lent.

J’ai découvert dans la douleur une opportunité occasionnelle de sortir d’une expérience mondaine désagréable et d’en faire un passage vers une expérience spirituelle positive. D’ailleurs, les cathares relataient un témoignage selon lequel le christ ayant proposé à ses apôtres d’émettre un vœu les concernant pour qu’il le leur accorde, avait répondu à leur demande unanime de les mettre à l’abri de toute souffrance : « Vous ne voudriez pas que le disciple soit mieux traité que son maître ? Mais je vous promets que de toutes les souffrances que vous auriez à endurer en mon nom, je vous supprimerai les plus difficiles et, la moins difficile je l’adoucirai tant qu’elle vous semblera supportable. » Est-ce pour cela que les cathares ne craignaient pas le bûcher, au point de refuser d’abjurer ? Je ne sais pas, mais je veux croire que la seule douleur qui me semblerait insurmontable serait celle de quitter la voie spirituelle qui, je l’espère, me mènera vers mon salut.

Alors oui ! Pour moi, sans jamais la rechercher, ce qui serait une forme de vanité, j’accepte l’écharde que ce monde plante dans ma chair, car à mes yeux elle participe un peu à me guider dans la voie qui mène au salut.

Guilhem de Carcassonne.

Au temps des cathares

1-Découvrir le catharisme
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Au temps des cathares

Si l’on devait proposer, dans la série bien connue, un ouvrage intitulé «Le catharisme pour les nuls», cette série de vidéos, postée sur Youtube®, serait parfaitement adapté à la présentation simple, complète et adaptée au grand public de cette religion si souvent mal traitée, voire diffamée.
Je vous invite donc à visionner, à votre rythme, ces courtes vidéos thématiques, afin de vous faire une idée exacte et sans emphase de ce courant religieux qui vient de resurgir à l’aube du 21e siècle.

Au temps des cathares

Épisode 1 : Les origines
Épisode 2 : La société de l’époque
Épisode 3 : Développement de l’Église
Épisode 4 : La croisade
Épisode 5 : L’Inquisition
Épisode 6 : Montségur
Épisode 7 : La philosophie
Épisode 8 : Le rôle des femmes
Épisode 9 : Le catharisme aujourd’hui
Épisode 10 : Vrai-Faux sur les cathares

La qualité du contenu et de l’orateur ne souffre que très peu de remarques. Quelques sous-titres auraient gagnés à être relus pour éviter des fautes d’orthographe et l’utilisation mal à propos du terme parfait(e) aurait gagné à être remplacé par Consolé(e).

Il manque bien entendu le chapitre 0, traitant de la préhistoire du catharisme, mais vous la trouverez sur ma chaîne Youtube.

Félicitation pour ce travail de qualité, si rare à notre époque, notamment quand on voit la dernière publication (Dans les pas des cathares) qui regorge d’erreurs énormes.

Guilhem de Carcassonne, le 14 février 2024.

Mercredi des cendres

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.Read more

6e dimanche du temps ordinaire

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.Read more

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