Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
10e dimanche du temps ordinaire
Genèse : 3, 9-15
9 – Iahvé Élohim appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? »
10 – Il dit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. »
11 – Il dit : « Qui t’a révélé que tu étais nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger ? »
12 – L’homme dit : « La femme que tu as mise auprès de moi, c’est elle qui m’a donné de l’arbre et j’ai mangé ».
13 – Iahvé Élohim dit à la femme : « Qu’est-ce que tu as fait ? » La femme dit : « Le serpent m’a dupée et j’ai mangé. »
14 – Iahvé Élohim dit au serpent : « Puisque tu as fait cela, maudit sois-tu entre tous les bestiaux et entre tous les animaux des champs ! Sur ton ventre tu marcheras et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie !
15 – J’établirai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et sa race : celle-ci t’écrasera la tête et, toi, tu la viseras au talon. »
Mon commentaire :
Ce texte est révélateur, de l’impuissance, de la duplicité et de la méchanceté de Iahvé qui se fait passer pour Dieu. En effet, il ne peut empêcher cet arbre, dont il est censé savoir que son attrait surpassera les capacités de résistance de l’homme et de la femme, d’être là et de le narguer. Cette impuissance est due au fait qu’il est sans pouvoir face à Dieu qui lui est réellement tout-puissant sur le Bien, c’est-à-dire sur les esprits-saints prisonniers dans l’homme et dans la femme. Sa duplicité est évidente quand Adam lui révèle sa honte d’avoir découvert sa nudité, car Iahvé ne l’en avait pas informé et la lui avait masquée. Au lieu de reconnaître sa faute, il cherche à la faire porter sur l’homme. Enfin, sa méchanceté éclate dans toute sa cruauté envers le serpent — qui est une sorte de Christ puisqu’il a apporté la vérité — à qui il annonce un avenir terrible, comme il va le faire ensuite pour l’homme et pour la femme.
Psaume 130 (Vulgate 129) : 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8
Le « De profundis »
1 – Cantique des montées. Des profondeurs je t’invoque, Iahvé,
2 – Adonaï, écoute ma voix ! Que tes oreilles deviennent attentives à la voix de mes supplications !
3 – Si tu prends garde aux fautes, Iah, Adonaï, qui tiendra debout ?
4 – Puisque près de toi est le pardon, pour qu’on te révère,
5 – j’espère, Iahvé, mon âme espère, et je compte sur ta parole.
6 – Mon âme [compte] sur Adonaï, plus que les veilleurs sur le matin ! […]
7 – Qu’Israël compte sur Iahvé, car près de Iahvé est la grâce et près de lui abondante rédemption !
8 – Et c’est lui qui délivrera Israël de toutes ses fautes !
Mon commentaire :
Ce psaume, que nous lisons ici dans son intégralité, à l’exception d’une lacune à la fin du verset 6, est un cantique de supplication. Il rappelle, non pas l’attachement affectif des hébreux pour leur Dieu, mais leurs entraves contractuelles envers celui dont ils semblent même douter de la bonne foi. En effet, l’invocation des oreilles de Iahvé qui pourraient, peut-être, ne pas daigner s’ouvrir à cette supplication interroge sur la nature de ce Dieu.
2e lecture :
Deuxième lettre de Paul aux Corinthiens : 4, 13 – 5, 1
13 – Nous avons cet esprit de foi dont il est écrit : J’ai eu foi, c’est pourquoi j’ai parlé. Oui, nous avons foi et c’est pourquoi nous parlons ;
1 – Nous savons en effet que si la maison terrestre qui nous abrite se défait, nous avons dans les cieux une maison éternelle bâtie par Dieu et non pas faite à la main.
Mon commentaire :
Pour Paul, le visible est sans valeur et ce qui compte est invisible. La foi donne accès à la grâce. Voilà une affirmation que n’auraient pas reniée les cathares.
Paul évoque un point cher aux cathares : nous sommes ici-bas séparés d’une partie de nous, le corps céleste et nous aspirons à nous sortir du corps charnel qui nous retient prisonniers pour rejoindre le corps céleste que notre chute nous a fait quitter. Ces retrouvailles s’appelaient le mariage céleste.
Évangile selon Marc : 3, 20-35
20 – Il vient à la maison et la foule s’assemble encore, de sorte qu’on ne peut même plus manger de pain.
21 – À cette nouvelle, les siens sortirent se saisir de lui ; car ils disaient : Il est hors de lui !
22 – Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : Il a Béelzéboul ! et c’est par le chef des démons qu’il chasse les démons !
23 – II les appela et leur dit en paraboles : Comment Satan peut-il chasser Satan ?
24 – Si un règne est partagé contre lui-même, ce règne-là ne peut pas tenir.
25 – Si une maison est partagée contre elle-même, cette maison-là ne pourra pas tenir.
26 – Si le Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est partagé il ne peut pas tenir, il est fini.
Mon commentaire :
Marc met sur le même pied d’égalité la famille de Jésus et ses opposants qui cherchent à le discréditer ou, tout au moins, à faire peur à la foule qui le suit. Cela servira à justifier son anathème et sa remarque sur la famille qui suit.
27 – Mais personne ne peut entrer dans la maison du vigoureux pour piller ses affaires, à moins d’abord de lier le vigoureux et de piller alors sa maison.
28 – Oui je vous le dis, tous les péchés seront remis aux fils des hommes, et les blasphèmes, autant qu’ils en blasphémeront ;
29 – mais quiconque blasphémera contre l’Esprit saint n’aura jamais de rémission : il est à jamais coupable d’un péché.
30 – Parce qu’on disait : Il a un esprit impur.
Mon commentaire :
Cet anathème est tel que, même les cathares ne pouvaient remettre le péché contre l’esprit et en laissaient la charge à Dieu. Mais attention, cela n’est vrai qu’autant que persiste le péché. Celui qui se repend sincèrement n’est plus sous l’anathème.
31 – Sa mère et ses frères viennent donc. Comme ils étaient dehors, ils l’envoyèrent appeler.
32 – Et une foule était assise autour de lui. On lui dit : Voilà dehors ta mère, tes frères et tes sœurs qui te cherchent.
33 – Et il leur répond : Qui est ma mère ? Et mes frères ?
34 – Et dévisageant ceux qui sont assis en rond autour de lui il dit : Voici ma mère et mes frères.
35 – Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère.
Mon commentaire :
La seule précision familiale que nous donne Marc est que Jésus avait plusieurs frères et sœurs. Ce rejet des valeurs sociales au profit des valeurs spirituelle se retrouve partout dans les évangiles, notamment quand il refuse qu’un de ses proches aille enterrer son père.
Voici comment je reçois ces textes.
Guilhem de Carcassonne