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Comment se sont créés les évangiles ?

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Comment se sont créés les évangiles ?

Initialement, la prédication des apôtres se faisait de manière strictement orale. Ils avaient toute latitude pour se déplacer et enseigner à travers tout le pays sans rien d’autre à craindre que le sanhedrin, le tribunal juif, qui veillait à l’orthodoxie et qui luttait contre le blasphème.

Mais un événement terrible va venir perturber cela. La guerre des juifs, comme l’a appelée Flavius Josèphe, va aboutir à la chute et à la destruction du temple de Jérusalem, ainsi qu’au massacre de milliers de juifs. Une terrible répression va ensuite se mettre en place pour de nombreuses années. Cela eut deux conséquences : le juifs ne pouvait plus se rendre au temple qui était le centre de leurs cultes, et les prédicateurs avaient beaucoup de mal à transmettre la tradition orale, avec le risque de la voir se disloquer dans son contenu en raison des difficultés de communication entre les centre de prêche.
Les juifs vont s’adapter en transférant le centre religieux qu’était le temple dans les synagogues, ce que l’on appelle la diaspora et les futurs chrétiens vont mettre par écrit leur tradition orale.

Pourtant un cas d’espèce particulier existait depuis 50 environ ; c’était Paul. De part son érudition personnelle d’une part, et en raison de la nature éparpillée de son auditoire d’autre part, il avait utilisé l’écrit en appui de sa prédication orale pour préparer les foules avant sa venue et pour renforcer sa prédication quand il partait pour de longs mois et même plusieurs années.

C’est pour cela que les écrits pauliniens sont largement antérieurs à tous les écrits judéo-chrétiens. Les évangiles synoptiques sont le reflet de cette mise par écrit d’une tradition orale. Comme le fit beaucoup plus récemment Tolkien, ce qui fut mis par écrit était une histoire parlée que l’on voulait conserver dans une certaine unité. L’auteur de Bilbo le hobbit le fit pour enrichir son récit qu’il racontait à ses enfants, les prédicateurs judéo-chrétiens le faisaient pour conserver une relative cohérence à leurs prêches. Cela explique également les convergences entre les textes et les corrections apportées pendant près de trois siècles.

À la fin du premier siècle, d’autres écrits furent produits et cela dura encore jusqu’à la mise en forme du Nouveau Testament.
Mais ces textes, qui n’avaient connu aucune tradition orale préalable, s’adressaient à des personnes averties. Ainsi l’Évangile selon Jean comportait de nombreuses idées philosophiques et des remises en cause de la tradition juive qui n’auraient jamais pu exister 50 ans plus tôt. Même Paul était beaucoup plus modéré et cela lui a pourtant valu plusieurs menaces de mort. Au deuxième siècle, ces écrits se sont multipliés, notamment en raison de la prise de pouvoir du judéo-christianisme des prédicateurs de Jérusalem qui rejetaient les autres courants pagano-chrétiens, dans l’appellation de gnostiques, de façon à les différencier et de les dénigrer.
Ces écrits, sans tradition orale, avaient besoin de toucher un public plus érudit et devaient donc aller plus loin dans la sollicitation intellectuelle. C’est pour cela qu’ils prirent une forme plus ésotérique et une présentation moins narrative. L’Évangile selon Thomas est de cette veine.
Est-ce que l’évangile attribué à Jean est de la main d’Apollos et celui attribué à Thomas de celle de Valentin ? Je pense que les experts continueront d’en discuter dans plusieurs siècles. Mais il est vrai que la forme de ces textes correspond bien aux étapes que je viens de décrire.

Pour autant, il ne faut pas tomber dans le piège de la validation par l’antériorité. Ce n’est pas parce qu’un texte est plus ancien qu’un autre qu’il est plus authentique et plus valable. Paul qui n’a jamais connu celui que nous appelons Jésus et qui n’a même pas cherché à connaître ceux qui prétendaient l’avoir connu vivant, a écrit sur la base de l’inspiration reçue de christ. Et en matière de foi, c’est cela qui importe.

Chacun de nous est libre de suivre telle ou telle foi, mais en matière de recherche il ne faut fermer aucune porte et explorer toutes les pistes, même celles qui ne vont pas dans le sens de notre foi.

Éric Delmas, 20 novembre 2019.

Nouveau Testament cathare – projet

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Nouveau Testament cathare

Avertissement

Je présente ici les travaux préparatoires au Nouveau Testament cathare que nous préparons en vue de doter la communauté cathare de France d’un ouvrage de référence sur le plan spirituel. Ces textes sont loin d’être définitifs, aussi j’invite les lecteurs à les considérer comme des points d’étape et à ne pas hésiter à faire remonter d’éventuelles critiques positives ou suggestions. Ce premier article est lisible par tous, mais les suivants seront réservés aux abonnés.

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Prologue de l’Évangile selon Jean – 2

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Prologue de l’Évangile selon Jean

Lecture et analyse

Le Verbe et la parole

Les traductions latines et françaises représentent le terme Logos, soit par verbe, soit par parole.
Dans le texte du NT de Lyon nous trouvons le terme Verbum (latin) et le terme paraula (occitan).

Ensuite, les deux versets suivants font référence sans citer cet élément.

Bertran de la Farge propose, pour ces trois versets :
1 – Au commencement il y a le Verbe et le Verbe est en Dieu et le Verbe est Dieu.
2 – Au Commencement [Le Verbe] est en Dieu.
3 – Tout est fait par [le Verbe]. Et sans Lui rien n’est fait.

Je remarque deux choses intrigantes:
À deux reprises, l’auteur du NT occitan utilise alternativement le latin et l’occitan.
D’abord, il dit : In principio (v. 1), puis el comenzament (v. 1). On peut comprendre la traduction proposée par B de la Farge pour les deux termes, réunis sous le français commencement.
Ensuite, il dit : verbum (latin), puis paraula, les deux dans le verset 1.
Là encore, assez logiquement, B. de la Farge traduit par Verbe. On note qu’il utilise une majuscule qui n’est pas dans le texte, sans doute pour solenniser un terme commun. Car en fait, le grec utilise le terme Logos, qui la forme du discours écrit et parlé. Mais cela désigne aussi la raison de celui qui parle, sa motivation, son message.
Cela explique que Bertran ait trouvé cohérent de mettre une majuscule, et je suis d’accord avec cela. Mais pourquoi le scribe n’a pas utilisé le terme Logos, ou mis de majuscule ?

J’oserais une hypothèse. En fait, peut-être que verbum et paraula désignent deux choses différentes. Le premier est là pour nous rappeler que ce qui nous est envoyé n’est pas un esprit saint chargé de notre éducation, mais directement et sans intermédiaire, la raison divine, le message absolu, le Logos ! Le second désigne l’envoyé porteur du message, c’est pour cela que le terme est rendu en occitan de façon amoindrie par paraula. En effet, comme le disent les cathares et comme nous le répétons à l’envi, cessons de voir Jésus derrière le Christ, mais voyons Dieu derrière le messager. Car Christ est à la fois le messager et le message ; il se confond avec lui.
C’est donc de façon très cohérente que Bertran remet entre crochets le terme Verbe, dans les deux versets suivants, alors qu’il n’apparaît au verset 3 que par la forme masculine lui, qui fait donc référence à verbum et non à paraula qui est de genre féminin.

En fait ce passage nous indique que Dieu est Dieu et unique, qu’il est tout entier dans son message depuis toute éternité et qu’il est à l’origine de tout ce qui émane de Lui.
C’est pour cela que les cathares parlent de principe du Bien. Dieu est principiel, puisqu’il est Dieu en soi (ontologie), qu’il est cause de ce qu’il fait émaner de Lui, et que ce qui émane de Lui est sans mélange avec une autre cause.

Cela nous apprend que les cathares sont fondamentalement monothéistes, puisque à l’instar d’Aristote, ils n’admettent pas que des conséquences opposées puissent avoir le même principe et qu’ils n’accordent qu’à Dieu le principe de l’être qu’ils appellent le Bien. Donc, ce qui est cause de ce qui n’est pas le Bien est forcément un principe, donc éternel également, mais dépourvu d’être et donc incapable de faire émaner de lui quoi que ce soit d’existant, d’où le concept de néant ou nihil pour les latins.
Cela nous explique pourquoi il est dit façon répétitive que le Verbe est en Dieu et qu’il est Dieu. On précise même qu’il est en Dieu de toute éternité. En effet, le commencement de ce qui est éternel est également éternel. On retrouve là, la notion d’Aristote sur l’impossibilité d’infini. Tout doit commencer, mais pas forcément au sens temporel du terme (livre α,).

L’être et le néant

Et nous arrivons logiquement au verset 3, source de toutes les polémiques.
Mais les explications précédentes vont nous aider grandement.

En effet, si nous retenons le point de vue d’Aristote selon qui un principe ne peut être cause que de conséquences de même nature que lui, il est évident que le principe du Bien ne peut laisser émaner de lui que du Bien. Donc, le terme tout ne peut désigner que le Bien.

La traduction de Bertran de la Farge me semble un peu réductrice. En effet, sans être occitaniste, je vois bien que le NT occitan dit : totas causas so faitas per lui, ce qui doit signifier, à peu de chose près : toutes [les] choses sont faites par lui. Cela pourrait sembler un peu capillo-tracté, mais si le scribe se donne la peine d’employer le mot : choses, ce ne peut être le fruit du hasard.

En effet, du moment que l’on admet que le principe du Bien ne laisse émaner (ne fait) que du Bien, il faut expliquer ce qu’est ce qu’il fait émaner. La réponse nous donnée par Parménide. Il dit clairement que seul l’être peut produire. Ce qui ressort du non-être est donc le vide, le néant qui entoure ce que l’être produit. Donc, le mot : choses a son importance ; en effet il sous-tend une réalité concrète, presque palpable, ce qui ne peut provenir que de l’être. Il faut donc lire que tout ce qui relève de l’étant est fait par le logos, le Verbe. Pour autant, les cathares n’ignorent pas — pour y être plongés quotidiennement — que, dans ce monde l’être patauge dans quelque chose qui n’est pas de l’être puisque n’ayant pas les propriétés de la cause du Bien. C’est en cela qu’il est important de ne pas employer un mot trop vague comme : tout, qui laisserait croire qu’il n’y a rien d’autre.

La césure entre le verset 3 et le 4 est pour le moins surprenante. Il ne faut jamais se contenter d’une surprise sans aller au fond des choses. Si la césure est là, c’est qu’elle a un sens.
Effectivement, on pourrait dire que le verset 3 se termine au point, ce qui reviendrait à dire que le : nient est une simple négation :

Tout est fait par le verbe et sans lui rien n’est fait.

Mais cette césure rebat les cartes.
Les auteurs contournent le problème en inversant les corps de phrase. Au lieu de dire littéralement : Tout vint à l’existence par lui ; et sans lui, rien de ce qui est venu à l’existence, ne vint à l’existence. (traduction littérale du grec).
On voit la redondance des termes. Ce qui dans le NT occitan de Lyon est à la fin du verset, après le point : Zo que’s fait ; ce que je traduis à la louche par : Ce qui est fait, devient là : ce qui est venu à l’existence, mais se retrouve au milieu du corps de phrase et non à la fin. Du coup cela crée une redite dont le traducteur se moque.

Bertran choisit de déplacer ce morceau du verset 3 pour l’intégrer dans le verset 4. Cela permet de respecter la ponctuation, ce qui est bien, mais cela annule l’effet voulu par le scribe, ce qui est embêtant. Car cet effet ne peut pas être là par hasard. Il exprime le point de vue cathare.
D’une par, il modifie à la marge la fin de la phrase précédente :

Toutes choses sont faites par lui et sans lui est fait rien.

Déjà, l’absence d’article — sous réserve de la correction d’un spécialiste de l’occitan — me semble changer le sens de choses. Il ne s’agit plus d’exprimer du matériel (toute les choses), mais du philosophique (toutes choses).
Ensuite, la fin de phrase laisse la porte ouverte à la substantivation du mot : rien (nient). Or, le substantif du mot : rien, c’est le rien, barbarisme que l’on contourne avec le mot : néant. En clair, ce que le scribe semble vouloir nous pousser à comprendre, c’est que, en dehors de toutes choses issues du Bien, il y le néant !

Mais pourquoi tant de circonlocutions et de tortillages linguistiques pour un ouvrage écrit par des cathares, pour des cathares ?
On peut imaginer que c’est destiné à plusieurs usages.
Déjà nous savons que les Bons-Chrétiens avaient l’habitude, lors des prêches de confier leur NT à des croyants lettrés pour qu’ils lisent eux mêmes un passage, de façon à éviter l’accusation de ne pas respecter exactement le texte en vue de leur prêche. Celui qui lisait ce passage ne pouvait que s’interroger, comme je le fais, sur cette construction, ce qui permettrait au prédicateur cathare d’expliquer le détail de la doctrine. Une autre raison, peut-être plus faible, est qu’un catholique pas trop porté sur l’étude des textes, pouvait lire cela sans être forcément choqué. N’oublions pas que ce livre fut écrit en pleine Inquisition et qu’il fut utilisé en terres soumises à l’Inquisition. Cela aurait peut-être permis d’échapper à une dénonciation si le livre avait été lu par quelqu’un qui aurait croisé le chemin de Bons-Chrétiens en déplacement.

Mais nous n’avons pas traité du fond : qu’est-ce donc que le néant ?
Si on le nomme c’est qu’il a une réalité. Parménide le cite, sous le terme de non-être, un grand nombre de fois. J’avais, dans le passé, tenté une explication imagée sur la base de la confection du pain :
Imaginons que l’on veuille réaliser une pâte à pain. On met dans une cuvette, de la farine (je la conseille complète et bio), de l’eau et de la levure ou du levain.
Il se trouve qu’une fois cela fait, la cuvette est si bien remplie que rien ne peut plus être ajouté, pas même un grain de farine, sans la faire déborder. Excusez cette règle nécessaire à la cohérence de mon explication.
On pétrit l’ensemble (pas la cuvette bien entendu) de façon à former une boule de pâte qui sera enfournée plus tard. Mais, si l’on repose la boule de pâte dans la cuvette, on observe qu’elle n’occupe plus la totalité de la cuvette. On pourrait facilement rajouter des ingrédients. D’où vient ce vide ?
Pourtant si l’on avait pesé scrupuleusement la cuvette et son contenu avant pétrissage et la cuvette et la boule de pain (et ce rien qui l’entoure) après pétrissage, on obtiendrait le même poids !
Il est donc apparu dans la cuvette un élément sans masse et sans nature visible ou palpable. En fait, on a désormais de la pâte et du néant de pâte.

Comme le dit Parménide, l’être est entier et fini, on ne peut rien lui retirer ni lui ajouter : il Est tout simplement. Le non-être n’Est pas lui ; et c’est pour cela qu’il ne peut rien produire. En fait le non-être est ce qui reste quand l’être se donne à voir. C’est presque comparable à l’expérience supposée du chat de Schrödinger : le chat est mort ou vivant à égale part de réalité tant que l’on ne vérifie pas en ouvrant la boîte. Dès qu’on ouvre le réel détruit l’hypothèse expérimentale et le chat est soit vivant, rejetant le chat mort dans le non-être ou l’inverse.

Dans l’être, le non-être ne peut apparaître, car l’être occupe tout l’espace. Dans le néant, l’être est absent. Mais, que pour une raison quelconque survienne un mélange entre être et non-être — mélange voulant dire cohabitation momentanée et non mixité profonde —, et forcément le non-être sera révélé par l’existence de l’être. C’est un peu comme la matière et l’ombre. Si l’on éclaire de la matière celle-ci projette son ombre qui prend réalité sans être matière. Si l’on éteint, seule demeure la matière.

Du coup, comment traduire ce verset ?
Pour garder la traduction au plus près du texte original, tout en révélant le fond, puisqu’il ne s’agit plus de se cacher de l’Inquisition aujourd’hui, je proposerai :

Toutes choses sont faites par lui et sans lui est le néant de ce qui est.

Prenez votre aspirine et, à la prochaine !

Prologue Évangile Jean

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Prologue de l’Évangile selon Jean

Ce prologue concerne les versets 1 à 18 du premier chapitre pour les catholiques, mais d’après René Nelli, les cathares s’arrêtaient eux au verset 14.

Voyons d’abord les cinq premiers versets.

Les différents textes

Voici ce que dit la Vulgate :
1. In principio erat Verbum et Verbum erat apud Deum et Deus erat Verbum
2. hoc erat in principio apud Deum
3. omnia per ipsum facta sunt et sine ipso factum est nihil quod factum est
4. in ipso vita erat et vita erat lux hominum
5. et lux in tenebris lucet et tenebræ eam non conprehenderunt

Mais les Évangiles furent écrits primitivement en grec qui était la langue des intellectuels.
Voici d’ailleurs, un photo du prologue en grec :

Le morceau de texte encadré correspond à la fin du verset 3. En voici un agrandissement :


Comme on le voit il y a un point entre les trois premiers caractères et les deux derniers. La traduction phonétique est donc : oude.en

D’autres versions montrent, au contraire l’absence de séparation, ce qui donne : ouden.

Voici une traduction grecque littérale :

1 – À l’origine, le Logos était, le Logos était auprès de Dieu et dieu était le Logos.
2 – Il était, à l’origine, auprès de Dieu.
3 – Tout vint à l’existence par lui, et sans lui, rien de ce qui est venu à l’existence, ne vint à l’existence.
4 – La vie était en lui – la vie, lumière des humains.
5 – La lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont point saisie.

Voici maintenant la transcription du vieil occitan faite par Jean Duvernoy à partir du N.T. de Lyon :

1- In pnincipio erat verbum, et verbum erat apud Deum, et Deus era la paraula.
2 – Aiso era el comenzament amb Deu.
3 – Totas causas so faitas per lui e senes lui es fait nient. Zo que’s fait
4 – en lui era vida, e la vida era lutz dels homs.
5 – E la lutz lutz en tenebras, e las 
tenebras no la prisero.

Point d’étape

Il semble y avoir une concordance entre tous ces textes. Le verset 3 indique que tout ce qui existe, existe par le Verbe (Logos), qui est parole et raison de Dieu, et que rien de ce qui existe ne peut exister en dehors de lui.

En fait, les divergences d’opinions portent sur la plasticité intellectuelle du lecteur, plus que sur le texte lui-même.

En effet, si l’on se refuse à imaginer une création extérieure à Dieu, la compréhension pousse vers l’idée que rien n’existe en dehors du Verbe et l’on néglige alors le dernier morceau de la phrase que l’on considère comme une redite.

Si l’on est prêt à envisager une création externe à Dieu, ce dernier corps de phrase prend alors son importance et ne peut être négligé :
… sans lui, rien de ce qui est venu à l’existence, ne vint à l’existence.
… et sine ipso factum est nihil quod factum est
… e senes lui es fait nient. Zo que’s fait

Rappelons-nous que pour le Bien, le Mal est étranger à sa sphère d’entendement. Il n’est donc pas surprenant que la description de ce qui n’est pas venu à l’existence soit succincte.
Ce qui compte est qu’il puisse y avoir quelque chose en dehors de l’existence. Mais alors qu’est-ce que ce texte veut dire par existence ?
C’est là qu’il nous faut relire Parménide.

Hé bien! je vais parler, et toi, écoute mes paroles: je te dirai quels sont les deux seuls procédés de recherche qu’il faut reconnaître. L’un consiste à montrer que l’être est, et que le non-être n’est pas: celui-ci est le chemin de la croyance; car la vérité l’accompagne. L’autre consiste à prétendre que l’être n’est pas, et qu’il ne peut y avoir que le non-être; et je dis que celui-ci est la voie de l’erreur complète. En effet, on ne peut ni connaître le non-être, puisqu’il est impossible, ni l’exprimer en paroles. 
Car la pensée est la même chose que l’être.

En disant que le non-être n’est pas, Parménide signale néanmoins sa réalité. Il l’exclut du champ de l’être simplement. Mais le non-être ne peut être connu ni qualifié.

Il faut que la parole et la pensée soient de l’être; car l’être existe, et le non-être n’est rien.

La parole et la pensée : le Logos donc. Le non-être n’est rien, c’est-à-dire qu’il n’est rien dans le champ de compréhension de l’être ; il est un néant d’être.
Et l’être qu’est-il ?

l’être est sans naissance et sans destruction, qu’il est un tout d’une seule espèce, immobile et infini; qu’il n’a ni passé, ni futur, puisqu’il est maintenant tout entier à la fois, et qu’il est un sans discontinuité.

Sans naissance et sans destruction est la définition de l’éternité. Un tout d’une seule espèce, immobile et infini… un et sans discontinuité ; c’est la définition du principe selon Aristote. L’Être est donc un principe éternel.

Un quiproquo ?

Après avoir les écrits des uns et des autres, ainsi que les échanges vifs de la controverse qui opposa Christine Thouzellier et son élève à René Nelli et Jean Duvernoy sur la question du nihil, j’en viens à me demander si tout cela n’est pas né d’un quiproquo.

En effet, René Nelli, Jean Duvernoy et — d’une façon moins tranchée — Michel Roquebert fondent leur étude sur le Nouveau Testament occitan de Lyon. Christine Thouzellier, elle se base sur une version latine, toute droite issue de la Vulgate de Jérôme. Or, plutôt qu’une analyse sémantique de haute volée, qui n’a pas grand intérêt au demeurant, c’est plutôt à une étude de la façon dont chaque groupe comprend le concept, qu’il faut se livrer. N’oublions pas qu’il ne s’agit que de documents écrits par des hommes et souvent recopiés par des scribes dont l’absolue fidélité aux textes « originaux » est loin d’être absolue. La meilleure preuve est que lorsqu’on essaie de retrouver les parchemins les plus anciens, on trouve des versions grecques différentes !

Ce qui importe n’est pas de pérenniser une querelle de clochers mais de définir ce que les cathares pensaient et si cela avait un fondement cohérent et défendable sur le plan scripturaire.

Lecture et analyse

1-   In principio erat verbum, et verbum erat apud Deum, et Deus era la paraula.

On remarque, contrairement à la Vulgate et aux traductions françaises modernes, qu’il y a un mélange entre latin et occitan.

Bertran de la Farge, qui est à ma connaissance et à ce jour le seul à avoir traduit ce texte propose :

1 – Au commencement il y a le Verbe et le verbe est en Dieu et le Verbe est Dieu.

Cette différence entre Verbe et paraula n’apparaît logiquement plus. Pourtant, pourquoi le scribe cathare a repris le début du texte en latin ? Je me demande si ce n’est pas pour que le terme Principio apparaisse ?
Nous savons que pour les cathare ce terme de Principe ne se résumait pas au concept de commencement, et ce pour une bonne raison : l’éternité de Dieu ne conçoit pas l’idée de commencement.

Ce n’est donc pas la traduction idéale.

Je suis convaincu qu’il faut respecter et expliquer ce terme de principe.
Si l’Évangile selon Jean est dit l’évangile le plus philosophique, ce n’est pas sans raison.
Celui qui a fait la renommée du terme principe est Aristote, dont la pensée a été compilée dans un document baptisé a postériori : Métaphysique

Que dit-il du principe ?

Dans son livre α, il réfute l’idée que la recherche des causes puisse aller à l’infini :

… si rien n’est premier, absolument rien n’est cause.

En effet, s’il est toujours possible de remonter au-delà du point observé, il n’est pas possible d’envisager d’arriver à la cause initiale.

Sa critique est sans appel :

Mais ceux qui imaginent l’infini ne se rendent pas compte qu’ils détruisent la nature du bien…

… celui qui a une intelligence agit toujours en vue de quelque chose, c’est-à-dire en vue d’un terme, car l’accomplissement est un terme.

On ne peut raisonner sans se fixer une finalité à son raisonnement, quand bien même nous raisonnons dans l’éternité. Car l’éternité ne s’oppose pas à l’idée de finalité. Une finalité peut être éternelle, mais elle est le terme de la recherche des antécédents.

Et comme le dit Aristote : … car il n’est pas possible de savoir avant d’arriver aux indivisibles.

Il faut donc comprendre que toute cause est forcément indivisible, sinon elle ne peut être cause, mais ne peut être que conséquence de ce qui la compose.

Dans le livre Γ, il aborde le fond du problème : l’étude de la plus haute nature des choses, c’est-à-dire l’ontologie.

La plus haute nature d’une chose est la nature de cette chose en soi ; pour essayer d’être plus clair on peut dire que la plus haute nature de l’être est l’être en soi, c’est-à-dire l’être débarrassé de tout ce qui peut venir s’y ajouter et ainsi créer un composé dont l’être ne serait qu’un élément.

Or, justement c’est la définition du principe. Ce qui est au principe, c’est ce qui constitue la nature en soi de l’élément étudié.

En l’occurrence, pour Aristote, l’être en soi est immuable, non composé, et ne peut produire que des conséquences de même nature, également immuables et non corruptibles.

Le Verbe, c’est-à-dire la raison, la pensée et la parole de Dieu, que le grec traduit par Logos, est à l’image de son principe. Il ne peut accepter qu’une seule nature en soi, son principe c’est-à-dire Dieu !

Voilà pour ce premier point.

Première lettre de Paul aux Corinthiens – 16

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Première lettre de Paul aux Corinthiens – 16

Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Corinthiens

Chapitre 16

1 – Pour ce qui est de la collecte pour les saints, faites comme j’ai prescrit aux églises de Galatie.
2 – Le premier jour de la semaine, que chacun mette de côté ce qu’il aura pu économiser, pour ne pas avoir à faire de collecte à mon arrivée ;
3 – et quand je serai là, ceux que vous approuverez, je les enverrai avec des lettres, porter votre don à Jérusalem,
4 – et s’il convient que j’y aille aussi, c’est avec moi qu’ils iront.

Mon analyse :
Parmi les engagements que Paul avait pris vis-à-vis de l’Église de Jérusalem lors du schisme d’Antioche, confirmé par le concile de Jérusalem, figurait des dons d’argent pour soutenir les communautés de Palestine. Paul tient à respecter ce marché et à le faire très strictement, pour ne pas se trouver en accusation de la part des apôtres de Jérusalem.

5 – Or je viendrai chez vous après avoir traversé la Macédoine ; je ne ferai que traverser la Macédoine,
6 – et il se peut que je séjourne chez vous ou même que j’y passe l’hiver pour que vous me fassiez cortège où que j’aille ;
7 – car je ne veux pas vous voir qu’en passant et j’espère rester chez vous quelque temps si le Seigneur le permet.
8 – Mais je resterai à Éphèse jusqu’à la Pentecôte
9 – car une porte s’y ouvre grande à mon activité, et nombreux sont les adversaires.

Mon analyse :
Éphèse semble être une ville de forte opportunité pour la prédication pagano-chrétienne. Cela explique l’intérêt de Paul et, peut-être les motifs d’Apollos pour y demeurer plus longtemps. Ce sentiment semble conforté par les travaux de Walter Bauer[1].

10 – Si Timothée vient chez vous, veillez à ce qu’il y soit sans crainte car il travaille comme moi à l’œuvre du Seigneur.
11 – Que personne donc ne le méprise. Faites-lui cortège en paix, qu’il vienne à moi, car je l’attends avec les frères.
12 – Quant à notre frère Apollos, je l’ai beaucoup exhorté à venir chez vous avec les frères, mais il ne veut pas du tout venir maintenant. Il viendra quand il en aura l’occasion.
13 – Soyez vigilants, soyez debout dans la foi, soyez des hommes, soyez forts ;
14 – que tout, chez vous, se fasse dans la charité.

Mon analyse :
Timothée semble souffrir d’un manque d’autorité en raison de son jeune âge. Les contacts de Paul et Apollos à Éphèse semblent confirmés, mais Apollos paraît avoir acquis une certaine autonomie vis-à-vis de Paul. C’est peut-être pour cela que Paul présente son refus non pas comme émis à son encontre, mais plus comme un manque d’intérêt pour Corinthe. Apollos finira par retourner à Corinthe où sa prédication rencontrera un grand succès. Il est possible d’ailleurs que l’histoire mêlera sa personne à la ville et que le gnostique docète Cérinthe soit en réalité Apollos affublé du nom Corinthe légèrement modifié par l’usage verbal.

15 – Encore une exhortation, frères : vous savez que la maison de Stéphanas est les prémices de l’Achaïe et qu’elle s’est vouée au service des saints ;
16 – soyez soumis à de telles personnes et à tous ceux qui partagent leurs travaux et leur fatigue.
17 – Je me réjouis de la venue de Stéphanas, de Fortunat et d’Achaïque parce qu’ils suppléent à votre absence,
18 – car ils ont tranquillisé mon esprit et le vôtre. Sachez donc apprécier de tels hommes.

Mon analyse :
Ces trois personnes sont vraisemblablement celles qui ont porté la lettre de Corinthe à Paul et qu’elles soient de retour avec lui.

19 – Les églises d’Asie vous saluent. Aquilas et Prisca vous saluent bien dans le Seigneur avec l’église qui est chez eux.
20 – Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser.
21 – La salutation est de ma main à moi, Paul.
22 – Que celui qui n’aime pas le Seigneur soit maudit. Marana tha.
23 – La grâce du seigneur Jésus soit avec vous.
24 – Je vous aime tous dans le christ Jésus.

Mon analyse :
Paul précise qu’il signe de sa main cette salutation ce qui indique que la lettre est dictée à un secrétaire. Marana tha est, en araméen, un appel à la parousie de Christ.

[1] Orthodoxie et hérésie aux débuts du christianisme (voir dans la Bibiothèque)

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L’Ancien Testament

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L’Ancien Testament

L’Ancien Testament (Ancienne alliance), est un recueil de textes issus de la tradition juive. On y trouve le Pentateuque (cinq livres) qui correspond à la Torah, les livres historiques (sept livres), les quatre grands prophètes, les douze petits prophètes, les trois livres poétiques, les cinq rouleaux et les deutérocanoniques (six livres). Cela représente au total 42 textes.

Les textes que je présente ci-dessous ne sont pas tous en lien direct mais permettent une meilleure compréhension du point de vue cathare.

Le Pentateuque

  1. Génèse
  2. L’Exode
  3. Le Lévitique
  4. Les Nombres
  5. Le Deutéronome

Prophètes et prophéties

  1. Isaïe
  2. Jérémie
  3. Ézéchiel
  4. Daniel
  5. Les Douze : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie

Les cinq rouleaux

  1. Cantique des cantiques
  2. Ruth
  3. Les Lamentations
  4. L’Ecclésiaste
  5. Esther

Les livres historiques

  1. Josué
  2. Les Juges
  3. Samuel
  4. Les Rois
  5. Les Chroniques
  6. Esdras et Néhémie
  7. Les Maccabées

Les trois livres poétiques

  1. Les psaumes
  2. Le libre de Job
  3. Les Proverbes

Les Deutérocanoniques

  1. Tobit
  2. Judith
  3. Baruch
  4. La lettre de Jérémie
  5. La Sagesse
  6. L’Ecclésiastique ou Le Siracide

Commentaires de textes

Le Nouveau Testament

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Le Nouveau Testament judéo-chrétien

Le Nouveau Testament (Nouvelle alliance), est un recueil de textes — 27 pour les judéo-chrétiens et 28 pour les cathares — composé de textes biographiques de la vie de Jésus, d’un texte historique, d’une apocalypse, de sept lettres d’auteurs catholiques et de treize (quatorze pour les cathares) lettres attribuées à Paul.

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Lettre de Paul aux Hébreux – 13

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Hébreux

Chapitre 13

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Lettre de Paul aux Hébreux – 12

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Hébreux

Chapitre 12

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