5-Histoire

Découvrir l’histoire du catharisme

5-1-Histoire du catharisme
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Une approche de l’histoire du catharisme inédite

Si vous arrivez sur ce site par hasard il est possible que vous ayez déjà une idée préconçue du catharisme.

Vous découvrez ce site et vous désirez savoir ce qu’est ce catharisme dont on entend parler régulièrement dans des domaines très différents. Cela va du tourisme (les châteaux cathares) à l’accusation d’hérésie, voire à sa négation.

Les historiens ont limité leurs recherches à la période du Moyen-Âge pour ne pas trop s’aventurer dans le domaine — forcément sulfureux — de l’étude doctrinale du christianisme. Aujourd’hui, certains essaient même d’effacer le catharisme des livres d’histoire, comme le bolchéviques gommaient d’une photo, un des leurs tombé en disgrâce.

Face à ce constat où l’acculturation le dispute au négationnisme, ce site veut vous donner toutes les informations nécessaires pour vous permettre de comprendre ce christianisme authentique du point de vue historique et dans le domaine de sa doctrine et de sa pratique. À partir de ces bases il vous reviendra d’abandonner si cela ne vous intéresse pas ou de vous abonner si vous voulez approfondir le sujet.

Histoire du christianisme et genèse du catharisme

Histoire du catharisme des origines au Moyen Âge

Même les historiens les plus honnêtes ont arrêté leur étude des origines du catharisme au 10e siècle, en se basant sur un document qui laissait déjà entrevoir une ancienneté plus lointaine.
Il était donc nécessaire de quitter les voies étroites de la recherche historique qui s’accordent mal avec l’étude d’une religion, pour essayer un savant mélange entre étude historique et étude doctrinale et théologique.

Les articles que vous trouverez ci-dessous ont tenté cette difficile alchimie :

  1. Préhistoire et Antiquité
  2. Pré et Proto-christianisme :
    1. du judaïsme à Jésus
    2. Paul, Marcion et les autres
  3. Période médiévale
    1. les pauliciens
    2. les bogomiles
    3. le «catharisme» occidental

La période du 12e au 15e siècle n’a pas été traitée, car c’est celle qui est la mieux documentée par les historiens modernes (Michel Roquebert, Jean Duvernoy, Anne Brenon, etc.). Il vous suffit de vous procurer leurs ouvrages pour la découvrir à votre rythme.

Histoire du catharisme du 19e au 21e siècle

Beaucoup de tentative de compréhension du catharisme ont eu lieu depuis qu’il est redevenu un sujet d’intérêt pour les chercheurs.
De grands noms s’y sont essayés et nous tenterons de vous les présenter, avec leurs atouts et leurs faiblesses.

Pour commencer il me semble important de vous conseiller d’appréhender ces travaux avec la distance nécessaire, car notre époque fourmille de candidats à l’intoxication intellectuelle, notamment en raison de la facilité qu’il y a à occuper une place sur certains sites internet et réseaux sociaux sans avoir jamais fait la preuve de ses compétences.

Comprendre l’Histoire

Le catharisme aujourd’hui

L’Église cathare de France. Rien n’interdit au catharisme de reprendre une position sociale dans le monde d’aujourd’hui. Une association s’est créée dans ce but et demandera sa reconnaissance selon la loi de 1905, dès qu’elle remplira les conditions requises. Cependant, elle ne peut vivre sans que les  croyants et les sympathisants n’y participent. L’Église c’est avant tout l’ecclésia, c’est-à-dire l’assemblée des fidèles.
Au-delà de cette présentation, vous trouverez les études et les travaux concernant l’aspect religieux dans le menu qui lui est dédié.

Autres documents

Visiter les sites en lien avec le catharisme

Dans cette rubrique nous vous proposerons des circuits de visite grâce auxquels vous pourrez toucher du doigt l’histoire du catharisme. En effet, les articles présenteront des lieux en rapport avec un moment qui a marqué l’histoire du catharisme dans la région occitane et vous donneront la possibilité d’y accéder, même si les vestiges sont rares. Enfin, au lieu de traiter des grands moments historiques, largement présentés dans la littérature, nous vous révèlerons des anecdotes qui n’ont pas forcément intéressées les historiens.

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Déposition de Pierre Maury de Montaillou

5-1-Histoire du catharisme
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Pierre Maury de Montaillou, dont l’histoire nous est relatée dans sa déposition, faite devant l’inquisiteur de Carcassonne, nous donne le meilleur témoignage disponible à ce jour des derniers temps du catharisme en Languedoc. Faite en juillet 1323, soit presque deux ans après la mort de Guilhem Bélibaste, elle relate la vie des communautés de croyants cathares exilés en Aragon qui se désagrègeront petit à petit sous les coups de butoir de cette arme terrible que fut l’Inquisition papale.

Au début de sa déposition, Pierre Maury reconnaît avoir été croyant des cathares pendant 17 à 18 ans.

Quinze jours après que j’aie commencé à demeurer avec Raimond Peyre, il m’adressa la parole par ces mots : « Pierre, que penses-tu des deux Églises ? Il y a en effet deux Églises, l’une qui fuit et pardonne, l’autre qui possède et qui écorche. Laquelle des deux crois-tu être la meilleure ? » Je répondis qu’il me semblait que celle qui pardonne devait être meilleure que celle qui écorche. Il ajouta : « C’est celle-là que nous considérons et qui est la nôtre ». Je dis : « Moi, je ne sais pas ce que c’est, mais je crois Dieu et les saints apôtres ». Raimond Peyre répondit : « Et nous aussi, nous croyons Dieu et les saints apôtres ».

Nous voyons ici l’origine de cette phrase qui fut prononcée par un croyant cathare en charge de l’éducation cathare de Pierre Maury.
Il est ensuite mis en présence de Pierre Authié, ancien notaire du comte de Foix, parti en Italie faire son nociviat avec son frère Guilhem, puis revenu auprès des croyants du Languedoc afin d’assurer la mission apostolique qui s’imposait aux chrétiens cathares consolés.

La nuit de ce jour-là, ledit Raimond m’amena à une chambre de sa maison où se trouvait Pierre Authié, l’hérésiarque (cathare consolé dans le langage inquisitorial), qui me reçut d’un air riant et avec bienveillance, et me demanda si je voulais être croyant, de lui-même et des autres de sa secte (Église cathare selon le langage inquisitorial). Finalement, je le lui accordai. Et Pierre Authié me dit que je ne pouvais pas être croyant, à moins de lui témoigner la révérence que les croyants sont tenus de témoigner aux principaux de sa secte. Et il me dit qu’il était un saint homme, et vivait d’une vie sainte, au point qu’il ne disait jamais un mensonge ; s’il lui arrivait de mentir, il lui faudrait jeûner trois jours de sorte qu’il ne mangerait ni ne boirait pendant ces trois jours (endura) ; et s’il lui arrivait de toucher une femme, il lui faudrait jeûner neuf jours de suite au pain et à l’eau. Lui ne faisait pas comme les Prêcheurs et les Mineurs, et les autres qui sont de cette Église qui possède et écorche. (car eux tournent tout à leur intérêt ; ils écorchent et n’épargnent personne. Mais lui, il ne veut rien de personne, il épargne (les gens) et il remet à tous les péchés.
Je lui demandai quelle révérence il voulait que je lui témoigne. Et alors, sur l’ordre et les instructions de ce Pierre Authié, je fléchis les genoux et adorai, disant ces mots dont j’avais été instruit par lui : « Bon crestia, la benedictio de Dieu e de vos ». Et il répondit : « De Dieu la haiatz e de nos ». Et alors il m’embrassa.

Puis Peyre Maury va être mis en présence de Pierre Authié qui lui tint ce prêche :

L’hérétique me dit alors : « Pierre, cela me fait un grand plaisir ! On m’a dit que tu seras bon croyant, si Dieu le veut, et moi, je te mettrai dans la voie du salut de Dieu, si tu veux me croire, comme le Christ (y) a mis ses apôtres, qui ne mentaient ne trompaient. C’est nous qui tenons cette voie, et je vais te dire la raison pour laquelle on nous appelle hérétiques : c’est parce que le monde nous hait, et il n’est pas étonnant que le monde nous haïsse car il a haï aussi notre Seigneur, qu’il a persécuté, ainsi que ses apôtres. Nous sommes haïs et persécutés à cause de sa loi, que nous gardons fermement. Ceux qui sont bons et veulent garder une foi constante se laissent crucifier et lapider quand ils tombent au pouvoir de leurs ennemis, comme le firent les apôtres, et ils ne veulent pas renier un mot de la foi constante qu’ils gardent. C’est qu’il y a deux Églises : l’une fuit et pardonne, 1’autre retient et écorche. Celle qui fuit et pardonne suit la droite voie des apôtres, elle ne ment ni ne trompe. Et cette Église qui retient et écorche est 1’Église romaine. »

Et l’hérétique me demanda laquelle de ces Églises je tenais pour la meilleure. Je lui répondis qu’il était mal de retenir et d’écorcher. Il ajouta alors : « Nous sommes donc ceux qui suivent la voie de la vérité, nous qui fuyons et pardonnons ! » Je lui répondis : « Si vous suivez la voie de la vérité et des apôtres, pourquoi ne prêchez-vous pas, comme le font les curés, clans les églises ? » Il me répondit : « Si nous prêchions dans les églises, comme les curés, nous serions aussitôt brûlés par l’Église romaine, qui a une grande haine pour nous. » Je répondis : « Et pourquoi l’Église romaine vous hait-elle ainsi ? » Il répondit : « Parce que si nous allions en public et si nous prêchions, l’Église romaine ne serait pas estimée ; les gens préféreraient notre foi à la sienne, car nous ne disons et prêchons que la vérité, mais l’Église romaine dit de grands mensonges. »

Concernant le baptême, voici l’opinion de Pierre Authié :

Pour cette raison, disait l’hérétique, il n’accordait aucune valeur au baptême de l’Église romaine, car ce n’était pas l’enfant en personne qui promettait d’être bon et fidèle chrétien, mais un autre pour lui. Et ainsi, ceux de l’Église romaine disent de grands mensonges. « Mais (chez) nous, quand un homme a déjà 12 ans, et nous préférons qu’il en ait 18, quand il peut avoir l’intelligence du bien et du mal, veut recevoir notre bonne foi et être notre croyant, après avoir reçu de lui la promesse qu’il sera notre croyant, nous lui disons nos bonnes et solides paroles. Il nous promet alors d’être bon et fidèle pour nous, de nous procurer le bien et non le mal, et de faire son possible, par lui-même et par d’autres, pour que de nombreux croyants et croyantes soient amenés à notre Église, qui se tient dans la justice et la vérité. » Car, disait-il, c’était un grand bien que développer leur Église, et un tel baptême était bon et solide, car c’était le croyant lui-même qui promettait de leur être bon et fidèle.

Voilà un court extrait de cet échange destiné à vous faire comprendre la logique de la prédication cathare. Ici, pas de bourrage de crâne ; l’auditeur peut intervenir et donner son avis et le chrétien  s’en sert pour argumenter son point de vue.

Voilà une façon de faire pour ne pas choquer les sympathisants.

Guilhem de Carcassonne.

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Concile de Latran III – 1179

5-2-Histoire du christianisme
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Concile de Latran III – 1179 – onzième concile œcuménique

Extrait du Dictionnaire universel et complet des conciles (deux tomes) du chanoine Adolphe-Charles Peltier (tome I, colonnes 1053 à 1058).
Publié dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Jacques-Paul Migne (1847), dont il constitue les tomes 13 et 14.

Latran (Concile général de), XIe œcuménique, l’an 1179.

Le pape Alexandre III, s’étant réconcilié avec l’empereur Frédéric, convoqua ce XIe concile général pour trois raisons importantes : la première, de détruire les restes du schisme ; la seconde, de condamner l’hérésie des Vaudois ; la troisième, de rétablir la discipline ecclésiastique, qui avait beaucoup souffert pendant un si long schisme. Il s’y trouva en tout, tant de l’Orient que de l’Occident, trois cent deux évêques avec un nombre proportionné d’abbés et d’autres prélats. Il y avait dans ce nombre dix-neuf évêques d’Espagne, six d’Irlande, un d’Écosse, sept d’Angleterre, cinquante-neuf de France, dix-sept d’Allemagne, dont trois de la province de Magdebourg et un de celle de Brême, un évêque de Danemark, un de Hongrie, et huit des diocèses latins d’Orient, parmi lesquels le plus illustre était Guillaume, archevêque de Tyr. Les évêques d’Irlande avaient à leur tête saint Laurent, archevêque de Dublin. Dans le concile même le pape sacra deux évêques anglais et deux écossais, dont l’un était venu à Rome avec un seul cheval, l’autre à pied avec un seul compagnon. Il s’y trouva aussi un évêque irlandais, qui n’avait d’autre revenu que le lait de trois vaches, et quand elles manquaient de lait, ses diocésains lui en fournissaient trois autres. Parmi les prélats de France on distinguait Guillaume, archevêque de Reims, beau-frère du roi, et Henri, abbé ; le pape les fit tous deux cardinaux : Guillaume, de Sainte-Sabine, et Henri, cardinal-évêque d’Albane.

Le concile eut trois sessions : la première, le 5 mars ; la seconde, le 14, et la troisième, le 19 du même mois. On s’occupa, dans ces trois sessions, à régler les choses qui en avaient occasionné la convocation ; et ce fut la matière de vingt-sept canons. La chronique de Gervais n’en compte que vingt-six ; mais c’est que de deux elle n’en fait qu’un.

  1. Si, dans l’élection d’un pape, les cardinaux ne se trouvent pas d’un sentiment unanime, on reconnaîtra pour pape celui qui aura les deux tiers des voix ; et si celui qui n’en a obtenu que le tiers ou au-dessous prend le nom de pape, il sera privé de tout ordre et excommunié, de même que ceux qui le reconnaîtront pour pape.

C’est ici le premier canon qui déroge à la forme ordinaire des élections, selon laquelle celui qui avait été choisi par la plus grande et la plus saine partie des électeurs était véritablement élu.

  1. Le concile déclare nulles les ordinations faites par les antipapes Octavien, Gui de Crême et Jean de Strum, et veut que ceux qui ont reçu d’eux des dignités ecclésiastiques ou des bénéfices, en soient privés.
  2. Aucun ne sera élu évêque, qu’il n’ait trente ans accomplis, qu’il ne soit né en légitime mariage, et recommandable par ses mœurs et sa doctrine. Aussitôt que son élection aura été confirmée et qu’il aura l’administration des biens de l’Église, les bénéfices qu’il possédait pourront être librement conférés par celui à qui la collation en appartient. A l’égard des dignités inférieures, comme doyenné, archidiaconé et autres bénéfices à charge d’âmes, personne ne pourra en être pourvu, qu’il n’ait atteint l’âge de vingt-cinq ans ; et il en sera privé si, dans le temps marqué par les canons, il n’est promu aux ordres convenables : savoir, le diaconat pour les archidiacres, la prêtrise pour les autres. Les clercs qui auront fait une élection contre cette règle seront privés du droit d’élire, et suspens de leurs bénéfices pour trois ans : l’évêque qui y aura consenti perdra le droit de conférer ces dignités.
  3. Le concile ordonne, que les archevêques, dans leurs visites, auront tout au plus quarante ou cinquante chevaux ; les cardinaux, vingt-cinq ; les évêques, vingt ou trente ; les archidiacres, sept ; les doyens et leurs inférieurs, deux ; qu’ils ne mèneront point de chiens ni d’oiseaux pour la chasse, et se contenteront pour leur table d’être servis suffisamment et modestement. Il leur défend aussi d’imposer ni tailles ni exactions sur leur clergé ; mais il leur permet de lui demander en cas de besoin un secours charitable.

Ce règlement fut fait à l’occasion des dépenses énormes que plusieurs évêques faisaient dans leurs visites, ce qui obligeait souvent leurs inférieurs de vendre jusqu’aux ornements de l’Église pour y subvenir. Au reste, ce grand train de chevaux n’est qu’une simple tolérance de la part du concile ; et, s’il en tolère un plus grand nombre dans les archevêques et les évêques que dans les cardinaux, c’est que la dignité de cardinal n’était pas encore ce qu’elle a été depuis.

  1. Si un évêque ordonne un prêtre ou un diacre, sans lui assigner un titre certain dont il puisse subsister, il lui donnera de quoi vivre jusqu’à ce qu’il lui assigne un revenu ecclésiastique, à moins que le clerc ne puisse vivre de son patrimoine. C’est le premier canon qui parle de patrimoine ou de titre patrimonial, comme on a dit depuis, au lieu de titre ecclésiastique.
  2. Les évêques et les archidiacres ne prononceront point de sentences de suspense ou d’excommunication sans trois monitions canoniques préalables, si ce n’est pour les fautes qui de leur nature emportent excommunication ; et les inférieurs n’appelleront pas sans griefs ni avant l’entrée en la cause. Si l’appelant ne vient poursuivre son appel, il sera condamné aux dépens envers l’intimé qui se sera présenté. Il est défendu en particulier aux moines et aux autres religieux d’appeler des corrections de discipline imposées par leur supérieurs ou leurs chapitres.
  3. Défense de rien exiger pour l’intronisation des évêques ou des abbés, pour l’installation des autres ecclésiastiques ou la prise de possession des curés, pour les sépultures, les mariages et les autres sacrements, en sorte qu’on les refuse à ceux qui n’ont pas de quoi donner. On défend aussi aux évêques et aux abbés d’imposer aux églises de nouveaux cens, ou de s’approprier une partie de leurs revenus, sous peine de cassation des actes qu’ils auront faits à cet égard.
  4. Défense de conférer ou de promettre les bénéfices avant qu’ils vaquent, pour ne pas donner lieu de souhaiter la mort du titulaire. Les bénéfices vacants seront conférés dans six mois ; autrement, le chapitre suppléera à la négligence de l’évêque, l’évêque à celle du chapitre, et le métropolitain à celle de l’un et de l’autre.
  5. Sur les plaintes formées par les évêques que les nouveaux ordres militaires des templiers et des hospitaliers recevaient des églises de la main des laïques ; que dans les leurs ils instituaient et destituaient des prêtres à l’insu des évêques ; qu’ils admettaient aux sacrements les excommuniés et les interdits, et leur donnaient la sépulture ; qu’ils abusaient de la permission donnée à leurs frères envoyés pour quêter, de faire ouvrir, une fois l’an, les églises interdites, et d’y faire célébrer l’office divin, d’où plusieurs de ces quêteurs prenaient occasion d’aller eux-mêmes aux lieux interdits, et de s’associer des confrères en plusieurs de ces lieux, à qui ils communiquaient leurs privilèges ; le concile condamne tous ces abus, non seulement à l’égard des ordres militaires, mais de tous les autres religieux.
  6. Les moines, ou tous autres religieux, ne seront point reçus pour de l’argent, sous peine au supérieur de privation de sa charge, et au particulier, de n’être jamais promu aux ordres sacrés. On ne permettra pas à un religieux d’avoir du pécule, si ce n’est pour l’exercice de son obédience. Celui qui sera trouvé avoir un pécule sera excommunié et privé de la sépulture commune, et on ne fera point d’oblation pour lui. L’abbé trouvé négligent sur ce point sera déposé. On ne donnera point pour de l’argent les prieurés ou les obédiences ; et on ne changera point les prieurs conventuels, sinon pour des causes graves, ou pour les élever à un plus haut rang.
  7. Les clercs constitués dans les ordres sacrés, qui ont chez eux des femmes notées d’incontinence, les chasseront et vivront chastement, sous peine de privation de leur bénéfice ecclésiastique et de leur office. Même peine pour le clerc qui, sans une cause manifeste et nécessaire, fréquentera les monastères des filles, après la défense de l’évêque. Un laïque coupable d’un crime contre nature sera excommunié et chassé de l’assemblée des fidèles. Si c’est un clerc, il sera ou chassé du clergé, ou enfermé dans un monastère pour y faire pénitence.
  8. Défense à tous les clercs sans exception de se charger d’affaires temporelles, comme d’intendance de terres, de juridiction séculière, ou de la fonction d’avocat devant les juges laïques.
  9. Défense aux ecclésiastiques de posséder plusieurs bénéfices, et aux laïques d’instituer ou de destituer des clercs dans les églises, sans l’autorité de l’évêque, ou d’obliger les ecclésiastiques à comparaître en jugement devant eux. Le concile défend ces choses aux laïques sous peine d’être privés de la communion des fidèles.
  10. Il prive aussi de la sépulture ecclésiastique ceux des laïques qui transfèrent à d’autres laïques les dîmes qu’ils possèdent au péril de leurs âmes. C’est sur ce fondement que l’on conservait aux laïques jusqu’à l’époque de la révolution les dîmes dont on jugeait qu’ils étaient en possession dès le temps de ce concile, et que l’on nommait dîmes inféodées.
  11. Les biens que les clercs ont acquis par le service de l’Église lui demeureront après leur mort, soit qu’ils en aient disposé par testament ou non. Défense d’établir à certain prix des doyens pour exercer leur juridiction, sous peine de privation d’offices aux doyens, et, à l’évêque, sous peine de privation du pouvoir de conférer l’office de doyen.
  12. Dans la disposition des affaires communes, on suivra toujours la conclusion de la plus grande et de la plus saine partie du chapitre, nonobstant tout serment et coutume contraire ; si ce n’est que l’autre partie propose quelque chose qu’elle fasse voir être raisonnable.
  13. Lorsqu’il y a plusieurs patrons pour présenter à un bénéfice, et qu’ils s’accordent tous dans leur présentation, celui-là aura le bénéfice, qui sera présenté par tous ; sinon celui-là sera préféré, qui aura la pluralité des suffrages ; autrement, l’évêque y pourvoira ; comme aussi, en cas de question pour le droit de patronage, qui ne soit pas terminée dans trois mois.
  14. L’Église étant obligée, comme une bonne mère, de pourvoir aux besoins corporels et spirituels des pauvres, le concile ordonne qu’il y aura, pour l’instruction des pauvres clercs, en chaque église cathédrale, un maître à qui l’on assignera un bénéfice suffisant, et qui enseignera gratuitement ; que l’on rétablira les écoles dans les autres églises et dans les monastères, où il y a eu autrefois quelque fonds destiné à cet effet ; qu’on n’exigera rien pour la permission d’enseigner, et qu’on ne la refusera pas à celui qui en sera capable, parce que ce serait empêcher l’utilité de l’Église.
  15. Défense, sous peine d’anathème, aux recteurs, consuls ou autres magistrats des villes, d’obliger les églises à aucune charge publique, soit pour fournir aux fortifications ou expéditions de guerre, soit autrement ; et de diminuer la juridiction (temporelle) des évêques et des autres prélats sur leurs sujets. On permet néanmoins au clergé d’accorder quelque subside volontaire, pour subvenir aux nécessités publiques, quand les facultés des laïques n’y suffisent pas.
  16. On défend, sous peine de privation de la sépulture ecclésiastique, les tournois ou foires, auxquels se trouvaient des soldats qui, pour montre de leur force et de leur bravoure, se battaient avec d’autres, au péril de leur âme et de leur corps.
  17. On ordonne d’observer la trêve de Dieu, qui consistait à n’attaquer personne depuis le coucher du soleil le mercredi jusqu’au lever du soleil le lundi, depuis l’Avent jusqu’à l’octave de l’Épiphanie, et depuis la Septuagésime jusqu’à l’octave de Pâques : le tout sous peine d’excommunication.
  18. Défense d’inquiéter, de maltraiter les moines, les clercs, les pèlerins, les marchands, les paysans allant en voyage, ou occupés à l’agriculture, les animaux employés au labourage. On défend aussi d’établir de nouveaux péages ou d’autres exactions sans l’autorité des souverains. C’est que chaque petit seigneur s’en donnait l’autorité.
  19. Partout où les lépreux seront en assez grand nombre, vivant en commun, pour avoir une église, un cimetière et un prêtre particulier, on ne fera aucune difficulté de le leur permettre ; et ils seront exempts de donner la dîme des fruits de leurs jardins et des bestiaux qu’ils nourrissent.
  20. Défense aux chrétiens, sous peine d’excommunication, de porter aux Sarrasins des armes, du fer ou du bois pour la construction des galères ; comme aussi d’être patrons ou pilotes sur leurs bâtiments. On excommuniera aussi ceux qui prendront ou dépouilleront les chrétiens allant sur mer pour le commerce ou pour d’autres causes légitimes, ou qui pilleront ceux qui ont fait naufrage, s’ils ne restituent.
  21. On renouvelle l’excommunication si souvent prononcée contre les usuriers, avec défense de recevoir les offrandes des usuriers manifestes, de les admettre à la communion et de leur donner la sépulture ; renvoyant au jugement de l’évêque le prêtre qui aura contrevenu à ce décret.
  22. On défend aux juifs et aux sarrasins d’avoir chez eux des esclaves chrétiens sous quelque prétexte que ce soit. On permet néanmoins de recevoir en témoignage les chrétiens contre les juifs, et les juifs contre les chrétiens. On ordonne de conserver les biens aux juifs convertis, avec défense, sous peine d’excommunication, aux seigneurs et aux magistrats de leur en rien ôter.
  23. Quoique l’Église, suivant que le dit saint Léon, rejette les exécutions sanglantes, elle ne laisse pas d’être aidée par les lois des princes chrétiens, en ce que la crainte du supplice corporel fait quelquefois recourir au remède spirituel ; c’est pourquoi nous anathématisons les hérétiques nommés cathares, patarins ou publicains, les albigeois et autres qui enseignent publiquement leurs erreurs, et ceux qui leur donnent protection ou retraite, défendant, en cas qu’ils viennent à mourir dans leur péché, de faire des oblations pour eux, et de leur donner la sépulture entre les chrétiens. Le concile ordonne de dénoncer excommuniés, dans les églises, les jours de dimanches et de fêtes, les brabançons, les cotteraux, etc., qui portaient la désolation partout. Il permet même de prendre les armes contre eux, et reçoit ceux qui les attaqueront sous la protection de l’Église, comme ceux qui visitent le saint sépulcre. Ces cotteraux ou roturiers étaient des troupes ramassées dont les seigneurs se servaient pour leurs guerres particulières, et qui vivaient sans discipline et sans religion. Labb. X ; Anal. des conc.

Période médiévale – Le «catharisme» occidental

5-1-Histoire du catharisme
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3 – 3 – Période médiévale

Il est impossible de comprendre quoi que ce soit au christianisme et aux religions qui s’en réclament si l’on n’étudie pas l’histoire et les religions qui ont participé à son avènement.

Le « catharisme » occidental

Nous l’avons vu, le développement du catharisme en Europe occidentale semble avoir suivi deux voies de propagation. L’une fut le fait des pauliciens intégrés aux armées grecques en Italie du sud et à celle de Raymond IV en Languedoc. L’autre semble avoir suivi les routes commerciales entre Europe centrale et Europe de l’ouest. C’est celle qui est le mieux documentée et qui sert de référence aux historiens modernes. Elle passe de Bulgarie en Rhénanie, puis en Champagne, en Flandre, en Orléanais et en Occitanie. C’est cette vision qui fit croire à ces historiens que le courant mitigé[1] fut premier et qu’il fut ensuite supplanté par le courant absolu. Pour cette même raison, il fut admis que l’Italie du Nord fut touchée avant le Languedoc.

Je pense pour ma part qu’un courant absolu était déjà en place avant l’arrivée des « cathares » du nord de la France. Pour ce qui est de l’Italie du Nord, on peut imaginer aussi qu’une partie des pauliciens de l’armée de Raymond IV, revenue soutenir son héritier après sa mort en Terre Sainte, ait pu essaimer dans cette zone forcément traversée sur le chemin du retour. Mais il est aussi possible que ceux qui étaient installés en Occitanie aient diffusé à l’est compte tenu de l’appartenance de l’Italie du Nord à l’Occitanie. Peu importe en fait. Ce qui compte c’est que la tendance mitigée ne semble pas avoir touché le Languedoc alors qu’elle provoqua de nombreux remous en Italie du Nord où elle divisa l’Église de Concorezzo. Cela ne peut m’empêcher de comparer le mouvement mitigé italien avec celui de Valentin. Là aussi, face à un dualisme strict, il semble bien que Valentin ait introduit une approche plus conciliante avec l’orthodoxie catholique de son époque. Et même si cette approche ne connut pas de lendemain en raison de la dérive gnostique de ses successeurs, elle signe une volonté de retour à la « norme », d’une partie des chrétiens authentiques, peut-être un peu inquiets face à l’orthodoxie catholique dont la doctrine était en outre moins contraignante.

Mais plus que les tribulations du catharisme italien, je voudrais insister sur le fait qu’en France on observa divers épisodes que les historiens ont rapprochés du catharisme sur le simple critère de leur opposition au catholicisme.

XIe et XIIe siècles

Aux environs de l’an mil, à Vertus en Champagne, un dénommé Leutard[2], paysan analphabète, se fait remarquer en dénigrant l’Église catholique, en répudiant sa femme et en brisant les croix. Condamné et expulsé par l’évêque de Châlons, il se suicida en se jetant dans un puits. Vers 1015 l’évêque de Limoges signale des « manichéens » sans plus de précision. En 1022 un bûcher fut dressé à Toulouse contre des « manichéens » dont nous ne savons malheureusement rien d’autre. Cependant, c’est à Orléans[3], la même année, qu’intervint l’affaire la plus retentissante. Des prélats de haut rang, dont le confesseur de la reine Constance — femme de Robert II le pieux —, propagent une doctrine typiquement cathare. La rumeur voulait que ces idées avaient été introduites en Orléanais par une italienne et un paysan périgourdin. Dénoncés par un chevalier qui avait infiltré leurs rangs, après que leurs agissements furent découverts par un clerc tombé sous leur influence, ils furent interrogés en public par l’évêque de Beauvais à la tête d’un collègue épiscopal réuni pour l’occasion sous l’autorité du roi. Ce dernier les fit périr sur un bûcher le 25 décembre 1022. Leur nombre de dix présente une légère imprécision quant à la présence en leur sein d’une nonne qui n’aurait pas été brûlée, de même qu’un jeune clerc. En 1025 des hérétiques abjurèrent devant le synode d’Arras. En 1027-28 le concile de Charroux (Vienne) dénonça les hérétiques à la demande du duc d’Aquitaine, Guillaume III. En 1049 le concile de Reims prit des mesures de portée générale qui amenèrent à des exécutions à Arras[4] et Châlons. Pourtant en 1048 le prince-évêque de Liège[5], Wason, avait interdit la mise à mort des hérétiques en se basant sur la parabole du bon grain et de l’ivraie (seul Dieu est apte à séparer le bon grain de l’ivraie). Vers 1050 son successeur, Théodwin, prend le contre-pied exact de sa position en en appelant au bras séculier contre Bruno évêque d’Angers et Béranger évêque de Tours convaincus d’hérésie. À Goslar en Allemagne, des hérétiques sont démasqués en 1052 par le test du poulet — soucieux d’observer le commandement divin les hérétiques refusent de tuer, même un poulet — et pendus le jour de Noël. Face à cette violence, le concile de Toulouse (1056) fait place à l’amendement des hérétiques sans préciser ce qu’il faut faire des impénitents et des relaps. Il ne sera pas suivi. Vers 1077 le prêtre Ramihrd[6], vivant à proximité de Douai, est dénoncé par l’évêque de Cambrai comme hérétique, car il refuse les sacrements issus de simoniaques (dont l’évêque lui-même). Il sera brûlé par les gardes et la foule. Il fut soutenu par le pape Grégoire VII qui excommuniera la ville. En 1083 le Pape sermonne le comte de Flandre pour sa collusion avec l’hérésie. La seconde moitié du XIe siècle est quasiment muette sur l’implantation et le développement du catharisme.

Mais ces épisodes ne sont qu’une partie des mouvements qui apparurent au XIe et XIIe siècle, soit en réaction aux comportements de l’Église catholique et de ses membres les moins rigoureux, soit en raison de la réforme grégorienne. Ce qu’il faut distinguer, afin de ne pas attribuer au catharisme ce qui n’en est pas et de ne pas mettre dans un fatras de divergences ce qui constitue une rupture totale avec le judéo-christianisme, c’est le contenu doctrinal. Et alors on constate effectivement que beaucoup des mouvements contestataires sont des mouvements de réforme du catholicisme, car ils conservent les mêmes fondamentaux que l’Église catholique, alors que d’autres sont des mouvements de rupture qui poussent leurs adeptes à changer radicalement de fondamentaux doctrinaux, ce qui revient à changer de religion aussi sûrement que s’ils s’étaient fait juifs ou musulmans. Ainsi le paysan Leutard ne peut en aucune façon être considéré comme cathare alors que les prélats d’Orléans confessent un catharisme indiscutable. Ceux de Goslar sont également fortement suspects de catharisme alors que Ramihrd est vraisemblablement plus un réformateur catholique qu’autre chose.

L’autre question importante est le fait que l’on trouve souvent des clercs catholiques dans les rangs de ceux qui sont jugés pour leurs idées hérétiques. Cela peut-il être un frein au fait que ces religieux aient pu renier leur foi initiale pour embrasser un nouveau christianisme ? Je ne le crois pas, car si la révélation de l’éveil peut toucher tout le monde, les clercs de l’époque étaient les mieux placés pour acquérir la connaissance nécessaire à cette conversion. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient été les premiers touchés, tout comme les historiens n’ont pas manqué de noter la forte proportion de nobles parmi les cathares médiévaux, qui n’est pas liée à un quelconque phénomène de mode, mais bien au fait qu’ils étaient eux aussi en mesure d’acquérir les connaissances nécessaires à leur adhésion.

XIIIe et XIVe siècles

Le XIIIe siècle est l’époque la mieux connue du catharisme[7], tant languedocien qu’italien et même français, notamment en Champagne. En Italie, les cathares se répartissent en deux écoles, celle des albanenses (albanistes) qui sont les tenants du christianisme authentique transmis par les pauliciens. L’ouvrage qui présente le mieux leur doctrine nous vient, directement ou non, de leur évêque Jean de Lugio et s’appelle le Livre des deux principes (Liber de duobus principii). L’école de Concorezzo qui semble avoir été instituée par l’Église bogomile de Bulgarie, prône un catharisme mitigé et met en avant un ouvrage qualifié d’apocryphe bogomile : La cène secrète de Jean (Interrogation Johannis). Une troisième école, issue de l’Église de Slavonie, propose une théologie légèrement différente, notamment sur la place de Marie, mais néanmoins rattachée à l’approche bulgare.

La répression fut relativement sporadique pendant tout le siècle en raison de l’opposition entre le pape et l’empereur Frédéric Barberousse, par ailleurs tous deux clairement disposés à éradiquer le catharisme italien. Ce n’est que dans le dernier quart du siècle, suite à la victoire du parti guelfe sur celui des gibelins, que la répression put prendre un tour plus systématique. L’arrestation des cathares de Sirmione et le bûcher de Vérone en 1278 signa la fin du répit pour le catharisme en Italie. Mais nous avions parlé de cathares en Italie du sud et en Sicile. Leur existence débordera sur le XIVe siècle puisque nous savons que de nombreux languedociens s’y rendirent pour être formés, dont Pierre Authier et son frère Guilhem. Pour autant nous disposons de peu d’informations sur son fonctionnement et son développement excepté que, manifestement, elle devait être proche de l’école des albanistes.

En Languedoc le XIIIe siècle est dominé par le début de la répression de l’hérésie cathare. Tout d’abord, objet de tentative de contradictions théologiques par le biais des fameuses disputatio, ces controverses publiques à laquelle participa Dominique de Guzman, le futur créateur de l’ordre des dominicains, elle fut ensuite militaire par l’intermédiaire de la croisade contre les albigeois et enfin religieuse à l’occasion de la mise en place du tribunal de l’Inquisition qui se poursuivra jusqu’à la mort du dernier consolé, Guillaume Bélibaste exécuté à Villerouge en Termenès en 1321. L’association de ces deux derniers modes de répression trouvera son expression la plus forte lors de la reddition de Montségur qui se terminera le 15 mars 1244 après dix mois de siège par l’exécution des derniers représentant de l’Église cathare du Languedoc. Mais, même après la fin de la tentative de reprise de la prédication des consolés mise en place par Pierre Authier, il restait de nombreux croyants et quelques bonshommes, notamment en Quercy où les réseaux étaient mieux segmentés. Que sont-ils devenus ? Les textes manquent à leur sujet. Sont-ils restés sur place ou ont-ils été capturés et éliminés sans que nous le sachions ? Troisième hypothèse ; peut-être sont-ils partis avec leurs croyants dans cet exode commencé dès le début de la croisade par ceux qui n’avaient plus de raison de rester en Occitanie et qui se sont installés à ses frontières sud-ouest, au Pays basque avant de disséminer sur la côte atlantique, en Espagne et même en Amérique du sud sous le nom infamant de cagots ou d’agotes comme l’a si bien expliqué Kepa Olaizola[8] dans son travail de recherche.

J’ai volontairement choisi de ne pas alourdir ce texte en évoquant la (les ?) croisade contre les albigeois, déclenchée à la demande du pape innocent III au début de l’été 1209 et l’Inquisition, créée suite à l’échec partielle de la croisade, en 1233 à Carcassonne et à Toulouse qui éliminera l’hérésie en tuant Guilhem Bélibaste. Il ne manque pas d’excellents ouvrages retraçant ces périodes, notamment la somme historique de Michel Roquebert, l’épopée cathare en cinq volumes.

Conclusion

Les tentatives modernes visant à refuser « l’unité » du mouvement cathare médiéval au motif des variantes cosmogoniques, voire de quelques divergences superficielles dans la doctrine sont donc liées à une totale méconnaissance de l’Église chrétienne authentique que j’espère avoir un peu réduite dans cette présentation des origines. De même, la mode de faire du catharisme médiéval une divergence du catholicisme est totalement ignorante des divergences insurmontables entre les fondamentaux doctrinaux de ces deux christianismes. Fondamentaux qui remontent au premier siècle, même s’ils ne furent finalisés qu’entre le deuxième et le septième siècle. Chercher à subordonner le catharisme au catholicisme est aussi peu sérieux que le fut le fait de l’attacher au manichéisme ou à l’arianisme, voire à l’origénisme.

Comme toujours, vous êtes invités à venir en discuter sur le forum dédié.


[1] Le catharisme fait l’objet de diverses séparations selon les critères doctrinaux touchant à la cosmogonie. Les mitigés considèrent notamment que Dieu a créé la matière que le diable a corrompue et les absolus pensent que c’est le diable le créateur de la matière.

[2]. Edmond Pognon. L’an mille. Œuvres de Raoul Glaber, Adhémar de Chabannes , etc. Éditions NRF Gallimard (Paris) 1947.

[3]. Ibid.

[4]. M. Grisard. Les Cathares dans le Nord de la France in Revue du Nord, tome XLIX, n°194, Juillet-Septembre 1967. Université de Lille.

[5]Ibid.

[6]. M. Grisard. Les Cathares dans le Nord de la France. Op. cit.

[7]. La religion des Cathares et l’histoire des Cathares. Le Catharisme (t. 1 et t. 2) op. cit.

[8]Agot, cagot. L’après Catharisme. Kepa Olaizola. Op. cit.

2 – 2 – Paul, Marcion et les autres

5-2-Histoire du christianisme
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Paul, Marcion et les autres

Nous allons aborder une période extrêmement compliquée à appréhender de l’histoire du proto-christianisme et du début du christianisme, en raison de la pauvreté et du manque de fiabilité des sources disponibles. L’histoire n’est ni une science exacte, ni une science honnête. L’absence d’outils de cadrage et l’obligation de se référer à des documents forcément subjectifs obligent à faire preuve d’une grande prudence dans nos analyses. Bien entendu, cela est valable pour nos propres analyses qui sont soumises à notre subjectivité personnelle.

Le « christianisme » du premier siècle

Les 30 premières années de l’ère commune

Que sait-on de vérifiable sur cette période en Palestine ? Rien, ou à peu près rien. En effet, la plupart des informations disponibles dans les textes chrétiens du Nouveau Testament ne sont pas superposables à des récits émanant d’autres sources. Quand certains points sont conformes à d’autres données historiques, ces dernières sont suffisamment vagues pour n’être en aucune façon décisives. À titre d’exemple, le fait qu’un romancier décrive dans son livre un lieu précis, en respectant scrupuleusement les données connues sur ce lieu, ne permet pas d’affirmer que les événements qu’il y place aient eu lieu.

Si l’ère commune commence à l’an 0, il ne se trouve plus aujourd’hui grand monde pour affirmer qu’il corresponde à la date précise de la naissance de Jésus. Même l’Église catholique reste floue sur la date précise, voire l’année de sa naissance. Pour d’autres, c’est le fait même de sa naissance, donc de son existence qui est sujette à de nombreux doutes.

Mais il faut bien démarrer quelque part. Alors voyons ce qui s’est passé dans ces premières années de notre ère.

Il est indéniable que des individus de religion juive ont propagé un message qui fut attribué à un être de chair qu’ils ont assimilé au messie davidique des écrits de la Torah. Mais la compréhension de ce message fut très diversement interprétée, allant de ceux qui voyait dans ce message un complément au judaïsme justifiant la mise en place d’une énième secte juive jusqu’à ceux qui y voyait en réalité une rupture et un rejet du judaïsme comme religion de Dieu.

Si l’on connaît assez bien le développement du groupe rattachant le message christique au judaïsme, il en va tout autrement du groupe qui rejetait cette idée.

Le principal document utilisable sur ce sujet est le livre Actes des apôtres dont il est clair qu’il est fortement orienté, à la fois pour rattacher au courant majoritaire les éléments qui l’arrangent ou qui peuvent le valoriser et, pour dénigrer directement ou pas ceux qui ne vont pas dans son sens.

Trois personnages sont à distinguer dans cette période.

Étienne, représentant du pagano-christianisme ?

Étienne, présenté comme un jeune diacre de la communauté judéo-chrétienne qui blasphème le Dieu des juifs et est exécuté par lapidation.

Son comportement est intéressant à double titre :

  • Il fait partie du second cercle, nommé à l’occasion d’une querelle entre juifs chrétiens (Hébreux) et juifs hellénisants (diaspora) ;
  • Il blasphème le Dieu des juifs, comme le fit Jésus, et est exécuté par lapidation, ainsi que le prévoit la loi juive, alors que jésus aurait été crucifié.

La querelle, qui occasionna la mission d’Étienne au service des dirigeants de la communauté, met en avant un comportement des Hébreux qui correspond à l’attitude habituelle des juifs de Jérusalem vis-à-vis des juifs de la diaspora (vivant à distance du Temple de Jérusalem). Si les premiers sont avant tout des juifs cherchant à établir une secte faisant de Jésus leur référence, les seconds sont plus éloignés du judaïsme le plus orthodoxe.

Le comportement d’Étienne nous fait comprendre qu’il est forcément, et au mieux, issu du groupe hellénisant. Pourtant ses idées sont plus radicalement anti-juive que la plupart des autres, ce qui révèle l’existence d’une fracture au sein de ce groupe. Cette fracture porte sur le rejet de la Torah, voire de Iahvé comme référence. En cela, ce groupe préfigure le courant pagano-chrétien. D’ailleurs, après la mort d’Étienne, les Actes nous disent qu’une grande persécution eut lieu contre l’église de Jérusalem. Mais c’est faux ! En effet, si tous les membres furent dispersés, les apôtres sont demeurés. Cela montre qu’aux yeux des juifs il y a bien deux catégories de sectateurs de Jésus : ceux qui l’intègrent au judaïsme et ceux qui en font le pilier d’une nouvelle religion.

Simon le mage, caricature de Paul ?

Dès le chapitre 8 les Actes mettent l’accent sur ceux que les judéo-chrétiens considèrent comme des ennemis. Paul, qui sera appelé Saul jusqu’au chapitre13, y est présenté sous un jour sombre, mais en accord avec sa mission d’alors. Par contre, un nouveau personnage fait son apparition. Il s’agit de Simon que l’on dit capable de magie et qui semble causer des troubles chez les samaritains, juifs considérés comme hérétiques par ceux de Jérusalem. Il reçoit le baptême d’eau de Philippe, mais pas le baptême par imposition des mains. Considérant ce baptême comme supérieur, il demande à en recevoir la compétence de transmission contre de l’argent[1].

Plusieurs auteurs et chercheurs ont cru voir dans la juxtaposition des critiques envers Paul et dans l’histoire de Simon, une volonté de dénigrement de Paul, plus ou moins assimilé à ce personnage dont l’existence réelle n’est pas attestée.

Paul de Tarse

Pour Paul nous avons plusieurs documents pour étayer son existence. Les Actes des apôtres posent problèmes, car ils semblent chercher à donner de Paul une image conforme à la volonté judéo-chrétienne d’amoindrir son influence au profit de celle de Pierre. Les Épitres qui lui sont attribuées sont manipulées, modifiées, remaniées, voire carrément inventées. Trier dedans pour tenter de restituer sa pensée est un véritable travail de… romain !

Les apocryphes sont intéressants, mais forcément entachés de doute.

Si Paul n’a pas créé le groupe des juifs qui se sont éloignés de la « parenté » juive, au point de rejeter Iahvé et la Torah, il l’a rejointe à Damas et en est devenu le porte-parole au point que son travail missionnaire est sans aucun doute à l’origine du premier schisme intervenu en 49 entre judéo-chrétiens et pagano-chrétiens, même si ces qualificatifs n’existaient pas encore.

Il est très difficile d’analyser la vie de Paul à cette époque, parce que les témoignages qui nous sont parvenus sont loin d’être uniformes. D’un côté nous avons un récit attribué à Luc, médecin et un temps ami de Paul, mais cela semble être une ruse, car son contenu est loin d’être celui d’un proche. En effet, on n’y trouve aucune mention des lettres que Paul adressa à des communautés qui s’appuyaient sur son apostolat. De même, on remarque des divergences entre les lettres de Paul et le récit attribué à Luc, notamment concernant la reconnaissance du statut d’apôtre de Paul et la date de sa venue à Jérusalem. Enfin, ce texte (Les Actes des apôtres) ne reconnaît le statut romain de Paul qu’à partir du chapitre 13, alors qu’il est citoyen romain de naissance. Sans parler des épisodes destinés à mettre Paul en difficulté vis-à-vis des communautés chrétiennes. De l’autre côté nous avons les lettres de Paul, appelées Épitres par l’Église romaine, dont nous savons très clairement qu’elles ont été manipulées de diverses façons. Certaines ont été constituées à partir de plusieurs écrits différents (Lettre aux Romains par exemple), toutes ont été partiellement falsifiées par l’ajout d’interpolations de scribes judéo-chrétiens destinées à amoindrir le caractère jugé « hérétique » des écrits pauliniens jusqu’à la mise en place de la compilation appelée Nouveau Testament. Deux autres documents nous sont parvenus, sans être validés par l’Église officielle. Ces apocryphes sont une vie de Paul figurant dans les Actes de Pierre et de Simon et un échange de correspondance avec Sénèque, précepteur de Néron. Il en ressort principalement que Paul fut libéré de prison vers 64 en raison d’un vice de procédure — ses accusateurs juifs ne s’étaient pas présentés devant le tribunal de peur d’être mis en accusation —, et qu’il partit pour un quatrième voyage missionnaire qui le mena de Rome en Espagne et ensuite dans la zone orientale de l’Empire. C’est là qu’il fut de nouveau arrêté et ramené à Rome où il fut exécuté vers 68, sans doute sur ordre de l’empereur Néron, soucieux de se disculper dans les accusations populaires relatives à l’incendie de Rome.

On retrouve dans la correspondance de Paul de nombreux éléments doctrinaux et de praxis qui jalonneront les groupes religieux qui suivront et ce jusqu’aux bogomiles et aux cathares. Le lien doctrinal est indiscutable.

Le « christianisme » du deuxième siècle

Les gnostiques

Ce nom, clairement donné par l’Église catholique de Jérusalem, puis de Rome, à ceux qui refusaient de se plier au dogme catholique, regroupe en fait des personnalités et des « écoles » de pensée très diverses, dont certaines ne furent sans doute pas chrétiennes.

Simon, Apollos et Cérinthe

Si Simon le mage dont nous venons de parler a existé, il est clairement le premier des gnostiques et, sans doute pas chrétien. Par contre Apollos de Corinthe[2], qui vivait à Alexandrie avant d’en être ramené et d’être baptisé par imposition des mains à Corinthe, est clairement un chrétien. On connaît de lui sa grande éloquence qui fit de l’ombre à Paul qu’il ne croisa que de façon épisodique. Cependant, installé dans des communautés pauliniennes, il y poussa les théories du maître si loin qu’il semble bien que Paul s’en soit inquiété. Le travail d’Apollos à Corinthe fut si intense que certains chercheurs pensent que le gnostique appelé Cérinthe pourrait bien n’être personne d’autres qu’Apollos et ses théories firent penser à d’autres qu’il pourrait bien être l’auteur de l’Évangile selon Paul, si cher aux cathares. Apollos semble avoir avancé sur l’exclusion de Iahvé comme Dieu des chrétiens et sur le docétisme, c’est-à-dire sur la double nature de Jésus, à la fois Dieu et homme.

Ménandre et Satornil (Saturnin)

Ménandre semble avoir été le premier à proposer que Dieu ne serait pas le créateur du monde, doctrine que son disciple Satornil va faire évoluer jusqu’à proposer que Iahvé serait un ange devenu mauvais. Dieu est par ces théories séparé du démiurge et innocent de ce monde imparfait et mauvais. Ménandre avait proposé que le monde soit la création de sept anges. Cette hypothèse est intéressante quand on se rappelle que le Dieu des juifs est souvent appelé Élohim qui est terme pluriel alors que Iahvé est un singulier.

Cette séparation crée un second schisme, après celui de Paul, et met durablement en place une seconde voie christique, avant même que le mot chrétien ne soit inventé.

Basilide et Carpocrate

Cet autre disciple de Ménandre semble avoir introduit la philosophie platonicienne et aristotélicienne. C’est lui introduit le concept grec de Nous (Intellect, Sagesse) pour désigner le christ. Il partage avec Satornil l’idée du salut par la foi. Il semble bien qu’il ait ouvert la voie à Valentin et au néoplatonisme.

Proche de Satornil pour le rejet de la Torah, Carpocrate n’est pas adepte du docétisme et ne voit en Jésus qu’un homme. Il croit en la puissance de chacun dans sa résistance au Mal. Cela est sans doute à l’origine de l’idée qu’il aurait autorisé ses disciples à se laisser aller à toutes les turpitudes, puisque ces dernières ne concernent que le corps. C’est sans doute une interprétation de leurs opposants.

Valentin

Disciple de Basilide, il se réfère beaucoup à la philosophie grecque et rejette la loi mosaïque. Il n’associe pas le Dieu de la Torah au démiurge et valorise Jacques le mineur, dit frère de Jésus, contrairement aux autres gnostiques. Cette approche peut expliquer à la fois le recentrage de Valentin sur Jésus et son éloignement des racines juives. Ce sont les raisons qui font que certains chercheurs voient en Valentin l’auteur de l’Évangile selon Thomas et que ces disciples ont fini par abandonner le christianisme au profit d’une nouvelle religion qu’ils ont créée, le gnosticisme.

Marcion et le marcionisme

Disciple de Satornil, il appartient clairement à ce courant hétérogène appelé gnostique, mais il va constituer une doctrine chrétienne fidèle aux origines et à la pensée de Paul.

Issu d’une famille christianisée de Sinope (sur la côte sud de la Mer Noire), il semble avoir développé une approche chrétienne jugée hérétique, puisqu’il fut rejeté par la communauté dont son père était l’évêque. Descendu à Rome en 140, il renfloua les caisses de l’Église catholique qui lui permit de travailler quatre ans à l’étude des textes. Mais, ses conclusions rejetant les textes de la Torah, la plupart des autres textes juifs et faisant de Iahvé, non seulement le démiurge créateur du monde, mais aussi Dieu du Mal, firent hurler les responsables judéo-chrétiens locaux. Si l’on ajoute qu’il reprit toutes les lettres de Paul, dénonçant les falsifications, les ajouts et les forgeries et qu’il remania l’Évangile selon Luc pour en faire un évangile de Paul, on comprend aisément qu’il également exclu de l’Église romaine qui préféra lui rembourser ses 200 000 sesterces.

Grâce à sa richesse personnelle liée à son activité d’armateur, il décida de fonder des communautés adeptes de ses théories. Cette nouvelle Église chrétienne prit une telle ampleur qu’elle était considérée au 3e siècle comme la plus importante du monde, avant l’Église de Rome ! Et cette opinion est celle d’un des Pères de l’Église de Rome ! Après sa mort, survenue vers 160, son Église se répandit sur tout le continent, souvent à proximité ou en remplacement des communautés paulinienne. Les marcionites furent si présent qu’au 2e siècle, quad le mot chrétien fut inventé à Antioche de Syrie, c’est à des marcionites qu’il fut appliqué. De même, à Édesse, ce sont les marcionites qu’on appelait chrétiens, alors que les judéo-chrétiens étaient nommés palutiens, du nom de leur évêque Palut.

Quand l’empereur Théodose rendit le christianisme catholique religion d’État et donna à ses cadres le pouvoir de justice religieuse, les choses changèrent. Les marcionites durent entrer dans la clandestinité et furent poursuivi durement, mais à la fin du premier millénaire on trouve encore des récits citant des communautés marcionites clandestines.


[1] C’est de là que vient le terme de simonie qui désigne le fait de monnayer les actes rituels de la religion.

[2] Le nom de la ville accolé au nom de l’apôtre désigne la ville où fut baptisé l’intéressé, selon le rite de l’imposition des mains.

Paul, le marcheur du christianisme

5-1-Histoire du catharisme
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Paul, le marcheur du christianisme

Les affirmations ou hypothèses présentées ci-après sont argumentées et s’appuient sur des sources que vous trouverez listées dans les notes en fin d’article.
Ainsi vous pourrez vérifier par vous-même la validité des propos tenus ici.

Maintenant que nous avons montré que le premier siècle ne fut pas aussi lisse que ce que notre éducation nous a donné à croire, nous allons tenter de démêler le vrai du faux concernant ce courant chrétien, apparu en pleine lumière suite au « schisme » entre la vision judéo-chrétienne et la vision pagano-chrétienne.

Il est très difficile de trouver des auteurs capables de prendre de la distance avec la vision judéo-chrétienne. Nos sources sont donc à étudier finement et à croiser, autant que faire se peut avec d’autres pour éviter les manipulations.

État des lieux

La séparation de fait par accord tacite (48), devenue un « schisme » à l’occasion de l’incident d’Antioche[1] et confirmée par le concile de Jérusalem en 49, nous révèle clairement l’existence de deux groupes distincts de « proto-chrétiens », même si les textes de l’Église chrétienne officielle en minimisent largement la portée, en en faisant plus une licence donnée à Paul et aux païens qu’une véritable rupture. Cela a abouti à la mise en présence de deux visions chrétiennes différentes :

  • Le courant judéo-chrétien s’est imposé par le soutien impérial au début du 4e siècle (Constantin 1er)[2], avant de devenir la loi religieuse incontournable à la fin du même siècle avec la christianisation obligatoire de l’Empire romain (Théodose 1er)[3] et le pouvoir de justice religieuse donné à l’Église de Rome quelques années plus tard[4].
  • Le courant pagano-chrétien a d’abord dominé grâce à son extension large sur tout le bassin méditerranéen, mais la mise en action de la « loi judéo-chrétienne » l’a poussé à la clandestinité et l’a fait disparaître aux yeux de tous. Des initiatives manifesteront sa réalité, mais les chercheurs les traiteront le plus souvent comme des phénomènes isolés et non la continuité d’un mouvement initial.

Vous-mêmes qui suivez cette conférence avez, souvent sans vous en douter, des convictions qui ne sont que la suite logique d’un enseignement et d’une lecture du christianisme qui est totalement infléchie par cette domination quasiment sans faille.

Aussi allons-nous tenter de vous montrer ces failles et de vous éclairer, à travers elles, un chemin différent qui révèle ce christianisme très vite réprimé, mais jamais totalement éteint. Et c’est dans ce christianisme que vous retrouverez, petit à petit les fondamentaux du catharisme.

Deux courants proto-chrétiens

Ces deux groupes sont en fait très différents :

  1. les judéo-chrétiens sont plus des sectaires[5] juifs, comme il en existe de nombreux (esséniens, zélotes, sadducéens, pharisiens, thérapeutes, etc.) qui font de Jésus le messie davidique venue sauver le peuple élu de Iahvé. Ils sont, pour l’essentiel, installés à Jérusalem, puisque jusqu’à la chute du temple, ce dernier était le lieu de culte par excellence des juifs orthodoxes. Ils ne lanceront des missions apostoliques que plus tard.
  2. les pagano-chrétiens sont initialement des juifs qui considèrent que la mission christique étend la portée du message christique à toute l’humanité, ce qui met un terme à la domination de la loi juive et qui ouvre la voie à une autre loi, celle mise en place par le commandement d’Amour absolu initié par Jésus. Ils sont essentiellement issus de la diaspora juive, extérieure à Jérusalem, donc beaucoup moins attachés à l’orthodoxie juive. Leurs rangs se grossissent rapidement de païens — c’est-à-dire de non-juifs — des régions plus éloignées qui rejoignent le groupe, notamment sous l’impulsion de la prédication paulinienne. Leur prédication va se répandre vite et largement puisqu’elle s’adressera sans distinction à tous les peuples.

Paul, que ce certains chercheurs présentent à tort comme le « créateur » du christianisme, n’est pas non plus l’initiateur de ce mouvement.
En effet, il rejoint des communautés déjà installées, à l’occasion de sa conversion sur le chemin de Damas[6].
Elles sont le résultat de l’implantation des proto-chrétiens qui ont fui Jérusalem après la mort d’Étienne.
Mais c’est lui qui va les développer dans les communautés installées tout autour de la Méditerranée, qui se réclament de sa prédication, et il va instaurer une doctrine par ses activités apostoliques que l’on retrouve dans ses lettres.

Paul, le semeur de la foi

Nous avons vu que Paul, né à Tarse, venu à Jérusalem enfant sans doute puisqu’il y est instruit, à un âge qui à l’époque se situait entre 5 et 15 ans, par un rabbi célèbre, mène ensuite la vie d’un pharisien classique, même si l’on peut penser que sa double culture accentuée par un véritable bilinguisme (hébreu et grec), faisait de lui quelqu’un d’assez important.

Mais, nous n’avons pas parlé de son activité missionnaire. Or, Paul est connu pour ses fameux voyages à la rencontre de communautés juives et proto-chrétiennes.
Nous allons rapidement parler de ces trois voyages relatés dans les Actes des apôtres, dans certaines de ses lettres, ainsi que du voyage le menant en captivité à Rome, mais aussi d’un potentiel quatrième voyage missionnaire moins connu.Tout d’abord il faut s’interroger sur un point concernant la vision de Paul dans les Actes des apôtres qui est clairement anti-paulinienne alors que les judéo-chrétiens tentent de faire croire le contraire, notamment en rappelant qu’ils auraient été écrits par Luc, ami de Paul et auteur d’un évangile.

On constate dans les Actes nombre de remarques à l’encontre de Paul et des tentatives visant à faire croire que Paul était soumis à l’autorité des apôtres de Jérusalem (les colonnes), ce qui largement démenti par Paul lui-même.

La manipulation des textes

Ainsi, concernant ce qui suit la conversion de Paul à Damas et son baptême, d’abord par imposition des mains, puis par immersion (Ac. 9, 17-18), il est écrit que Paul se rendit à Jérusalem et, grâce à l’entremise de Barnabé, rencontra les apôtres avec qui il resta quelques temps avant d’être exfiltré vers Césarée et Tarse en raison d’une menace que faisaient peser sur lui les juifs hellénisants de Jérusalem. Que faut-il en penser ? Il est clair qu’il y a là une volonté d’amoindrir Paul en laissant croire qu’il n’arrivait pas à se faire reconnaître et que c’est comme un aspirant, mené par un disciple, qu’il fut mis au contact des apôtres. Ensuite, menacé, c’est toujours grâce à eux qu’il put échapper, non pas aux juifs orthodoxes, mais aux hellénisants, c’est-à-dire à ceux de la diaspora, installés à Jérusalem.

Mais Paul conteste ce récit des événements. Dans l’Épitre aux Galates, il reconnaît son passé de juif orthodoxe et ardent contre la secte chrétienne (Ga. 1, 13-14), mais précise que sa conversion lui vient de christ (Ga. 1, 12) qui le missionne directement (Ga. 1, 15-16) pour un apostolat universel (aux nations), en précisant que cela n’est en aucune façon soumis aux humains (Ga. 1, 15), ce qui veut dire qu’il ne se considère en aucune façon lié aux apôtres de Jérusalem ni au Jésus d’avant la résurrection. C’est de christ ressuscité et de lui seul, qu’il prétend tenir sa légitimité[7]. C’est donc de façon parfaitement logique qu’il indique être parti en Arabie et être revenu à Damas, sans jamais aller à Jérusalem pendant les trois premières années qui suivirent son baptême (Ga. 1, 17). Après ce délai, il indique être effectivement à Jérusalem pour rencontrer Pierre, auprès de qui il est resté deux semaines seulement, ce qui explique qu’il n’ait croisé que Jacques le mineur dans cette période et aucun autre apôtre.

On devine déjà, en filigrane, la volonté de récupération opérée par les responsables de l’Église de Rome quand ils firent rédiger les Actes à la fin du premier siècle, après la mort de l’apôtre. En effet, ses lettres sont antérieures et ne peuvent donc constituer une réaction aux affirmations des Actes. C’est en fait le contraire qui se produisit. Les Actes ne doivent pas être lus comme un livre d’histoire ; ils sont un livre visant à faire la propagande d’un courant proto-chrétien particulier et leur liaison avec le troisième évangile (Luc) n’est sans doute pas un hasard. Là où certains auteurs[8] voient, dans la répétition de l’épisode de l’ascension, sans tenir compte des différences entre les deux textes, une confirmation du lien et de l’auteur unique, je vois plutôt une récupération d’un texte visant à en authentifier un autre. L’adresse à Théophile, surprenante puisque ce personnage est inconnu, pourrait même suggérer que ce livre est une sorte de vade-mecum, rédigé à l’intention des judéo-chrétiens débutants, pour donner une version uniforme de cette période.

Comme dans tout mouvement naissant, le besoin de légitimité pousse à asseoir la littérature sur des personnages importants (pseudépigraphie) et à se référer à des origines lointaines. Le judéo-christianisme a largement pratiqué ainsi, mais les groupes pagano-chrétiens l’ont fait aussi. Il faut donc se méfier à la fois de la tentation de valider les attributions de textes aux personnages qui nous sont indiqués et de prêter fois aux liens faits entre le Nouveau Testament et l’Ancien Testament.

Premier voyage missionnaire (45-49 ?)

   Si l’on s’en tient à la version de Galates, Paul serait donc parti en Arabie avant de revenir à Damas.
Ce voyage en Arabie — qui comprenait alors toute la péninsule — peut s’expliquer de deux façons individuelles ou concomitantes.
D’abord, cet éloignement favorise la méditation de l’apôtre sur sa mission et la façon de la mener.
Ensuite, l’Arabie est largement dominée par les Nabatéens (capitale Petra), dont le cheik, Arétas roi de Damas, est en guerre avec Hérode Antipas en raison de la répudiation, par ce dernier, de sa première femme, fille du cheik.
Paul est donc à l’abri des poursuites des juifs de Damas qu’il a dû fuir précipitamment.

De retour à Damas, Paul s’installe à Antioche de Syrie où il enseigne avec Barnabé, Syméon, Mucius de Syrène et Manaen (Ac. 13, 1). Antioche est le centre religieux de ceux qui ont fui après la mort d’Étienne (Ac. 11, 19).
Paul qui est toujours dénommé Saul est désigné par l’Esprit saint pour effectuer une mission en compagnie de Barnabé (Ac. 13, 2-3). Ils partent donc à Séleucie où ils s’embarquent pour Salamine (Chypre) d’où ils évangélisent toute l’île jusqu’à Paphos. Là, convoqués par le proconsul Sergius Paulus, Paul aveugle le mage Élymas qui tentait de s’opposer à lui. Cela provoque la conversion du proconsul.
À partir de maintenant, les Actes appellent Saul de son nom romain Paul. Ensuite, Paul et son équipe, dont nous savons qu’elle compte en outre Jean, qui est aussi appelé Marc, s’embarque pour le continent et arrive à Pergé (Pamphylie) où Jean les abandonne et retourne à Jérusalem. La prédication de Paul, à la synagogue le jour du sabbat, connaît un grand succès et leur attire de nombreux adeptes. Il recommencera le sabbat suivant, ce qui finira par créer des jalousies de la part des juifs orthodoxes qui réussirent à les faire chasser de la ville.
Ils se rendirent à Iconium, sans précision sur l’itinéraire emprunté, où leurs prêches leur valent des menaces de mort qui les poussent à se déplacer dans les villes voisines de Lystres et Derbé (Lycaonie).
Là une guérison miraculeuse opérée par Paul amène la foule à les confondre avec leurs dieux greco-romains, ce qui irrite fortement les deux apôtres. Leurs tentatives d’expliquer leur foi aux habitants est mise à profit par des juifs venus d’Antioche et d’Iconium qui persuadèrent la foule de lapider Paul.
Laissé pour mort, hors les murs, il est récupéré par son équipe et partent vers Derbé. Malgré tous ces déboires, ils vont revenir sur leurs pas dans toutes les villes visitées précédemment où cette fois ils seront mieux accueillis.
Ils partent ensuite en Pisidie (Antioche), redescendent en Pamphylie d’où ils s’embarquent à Attali en direction d’Antioche de Syrie. Cela clos ce voyage estimé à 3 ou 4 années.

Deuxième voyage missionnaire (50-52)

Quelques temps après leur retour ils constatent que des envoyés de Judée viennent tenter d’imposer les obligations juives (circoncision) aux membres de leurs communautés. Ils se rendent donc à Jérusalem pour trancher cette question. Pierre les soutient et Jacques le mineur fixe les termes d’un accord autorisant les disciples d’Antioche à ne pas suivre la loi mosaïque. Cette présentation modérée des Actes cache mal en fait une rupture majeure (schisme) dont nous verrons qu’elle perdurera ensuite.

De retour à Antioche, Paul propose à Barnabée de retourner vers les villes évangélisées lors du premier voyage.
Un désaccord concernant Jean, qui les avait laissés à Pergé, provoque la séparation entre Barnabée et Jean d’une part et Paul et Silas d’autre part. Les deux premiers partent pour Chypre alors que Paul et Silas rejoignent la Cilice (Tarse) par voie terrestre.
De là ils se rendent dans les villes de Derbé et Lystres où ils rencontrent Timothée qui s’est fait remarquer des communautés constituées à la suite du premier voyage. Le voyage s’étend vers l’ouest, en Phrygie et en Galatie, semble-t-il en raison d’une forte opposition à leur prédication dans les villes de l’est (Asie) où ils avaient prévu de se rendre initialement.
Également empêchés de se rendre en Bythinie (Nicomédie et Nicée) sur le pont Euxin et en Mysie, ils se rendent directement à Troas située à la frontière sud de cette dernière. À la suite d’un songe, ils s’embarquent pour la Grèce où ils passent par l’île de Samothrace et Néapolis, port de la ville de Philippes en Macédoine. C’est là qu’ils convertissent Lydie et qu’une servante, avec des dons de divination, les loue publiquement sans cesse, au point qu’ils la libèrent de ce don pour qu’elle arrête, de peur que cela puisse leur nuire.
Pourchassés par les maîtres de la servante ainsi privée de ce don, ils sont lynchés et jetés en prison. Miraculeusement libérés dans la nuit, ils convertissent le geôlier et ses proches et, finalement acquittés, ils purent reprendre leur route. Suivant la côte, ils rejoignent Thessalonique (Salonique), capitale de la Macédoine, par Amphipolie et Apollonie. Leurs prêches efficaces leur valurent des poursuites des juifs locaux qui tentent d’ameuter les autorités civiles contre eux. Ils partent donc pour Bérée. Toujours en butte aux juifs de Philippes, Paul est exfiltré vers Athènes où pour la première fois il va également s’adresser aux philosophes grecs locaux en plus des juifs de la synagogue.
Il profite de la découverte d’un autel consacré à un « Dieu inconnu » pour prêcher son Dieu qui n’habite pas dans les sanctuaires des dieux grecs. Son discours passe difficilement en raison du concept de résurrection des morts que les grecs n’entendent pas.
D’Athènes il se rend à Corinthe où il rencontre Aquilas et sa femme Priscille déportés de Rome par édit de Claude évinçant les juifs de Rome. Il prêche les juifs et les grecs locaux, mais sans succès apparemment. Rejoint par Silas et Timothée, il convertit jusqu’au chef de la synagogue. Convaincu par une vision il reste sur place un an et demi pour installer des communautés. Finalement, poursuivi par les juifs locaux qui tentent de le faire condamner sans succès et qui agressent les nouveaux convertis, il choisit de s’embarquer pour la Syrie avec le couple Priscille et Aquilas.
Arrivé à Éphèse, il refuse de rester et s’embarque pour Césarée d’où il rejoignit Antioche de Syrie.

Pendant ce temps, il semble qu’à Éphèse, Aquilas et Priscille accueillirent un jeune converti d’Alexandrie nommé Apollos. Ses compétences et ses qualités d’orateur compensaient le fait qu’il n’était pas encore baptisé selon le rite de l’imposition des mains. Sur sa demande, il fut mandaté auprès des communautés grecques (Corinthe) où ses compétences furent remarquées.

Troisième voyage missionnaire (53-58)

Paul reparti rapidement en direction de la Galatie et de la Phrygie et finalement revint à Éphèse. Là il convertit et baptise des membres qui n’avaient reçu que le baptême de Jean (par immersion seulement). Il y resta deux ans à faire des miracles et des conversions.
Paul décide de retourner à Athènes par la même voie que lors du voyage précédent, envisageant même d’aller à Rome.
À Éphèse, après des problèmes avec des adorateurs d’Artémis, Paul quitte la ville, passe en Macédoine et descend à Athènes. Au moment de s’embarquer pour la Syrie il est contraint de retourner en Macédoine en raison d’un complot juif contre lui.
De Philippes ils rejoignent Troas où Paul sauve un jeune homme mort lors d’une chute d’un étage d’une maison. Paul rejoint son groupe à Assos d’où ils prennent a mer pour Mitylène, puis Chio, Samos et enfin Milet au sud d’Éphèse. Le voyage par mer reprend en direction de Cos, Rhodes et Patara. Après un changement de navire, Paul repart en direction de Tyr où il demeure une semaine.
Enfin, le bateau les mène à Ptolémaïs et à Césarée où Paul est averti d’une menace l’attendant à Jérusalem, par un juif venu de Judée. Paul s’y rend néanmoins et fait rapport de ses voyages aux apôtres, Jacques en tête. Là le texte nous apprend que les judéo-chrétiens de Jérusalem insistent auprès des juifs locaux sur le fait que Paul ne fait pas respecter les prescriptions mosaïques à ses adeptes.
Comment ne pas penser qu’en fait ce sont les judéo-chrétiens qui ont participé aux troubles qui allaient survenir les jours suivants et qui faillirent coûter la vie à Paul. Arrêté par un tribun romain averti du trouble, Paul obtient de s’adresser au peuple. Il raconte son histoire, mais en invoquant la mission que lui a donné christ envers les nations, il déchaîne de nouveau la colère des juifs présents.
Paul fait valoir sa citoyenneté romaine, ce qui lui vaut le respect des soldats qui le protègent. Le lendemain il est présenté devant le sanhédrin où son discours provoque des troubles importants. Remis à l’abri par les romains, il échappe à une conjuration juive et est envoyé chez le gouverneur Félix à Antipatris.

Voyage et captivité à Rome (58-62)

Devant le gouverneur, Paul est confronté au grand prêtre Ananie venu demander sa condamnation. Paul affirme que les accusations sont sans preuve et qu’il est respectueux de la loi juive.
Paul demeura là deux années durant, assigné à résidence chez le gouverneur Félix. Son successeur organisa un procès à Césarée.
Paul fait encore valoir sa citoyenneté romaine et le gouverneur Festus, ne trouvant rien qui justifie de le livrer au juifs décida de l’envoyer à Rome.
De Césarée, le bateau fait escale à Sidon, puis rejoint Myre en Lycie. Ayant changé de navire, ils font route sous la Crète et s’arrêtent momentanément à Beaux-Ports.
À peine repartis, une tempête menace le navire, mais Paul prophétise que les marins ne mourront pas. Après deux semaines de dérive, ils s’échouent sur l’île de Malte. Là encore Paul réalise des miracles pendant les trois mois d’immobilisation sur place. Ils repartent sur un autre navire en direction de Syracuse. Ils continuent leur route par Rhégium et rejoignent finalement Pouzzoles.
De là ils rejoignent Rome accompagnés par des coreligionnaires de Paul. Paul est alors placé en résidence surveillée chez des partisans pagano-chrétiens.
Cela nous révèle plusieurs choses. D’abord, les charges pesant contre Paul sont faibles et fragiles, ce qui explique qu’il soit placé sous le régime de détention le plus souple, un ou deux soldats seulement assurant sa surveillance dans le lieu où il réside, sans doute des amis ou des coreligionnaires pagano-chrétiens.
Il est libre de ses mouvements et peut recevoir à son aise. Ensuite, cette relative détention est limitée à deux ans qui est le délai légal, prévu par le droit romain, pour que les protagonistes puissent venir plaider leur cause à Rome.
Mais les accusateurs ne viendront pas, car le même droit romain prévoit qu’au cas où l’accusation ne pourrait fournir suffisamment de preuves, l’accusateur sera puni de la peine encourue par l’accusé s’il avait été condamné[9].
Cela explique sans doute que les Actes se terminent de façon inattendue et ne mentionnent ni le procès, ni la mort de l’apôtre.

Quatrième voyage missionnaire (62-67 ?) et martyre à Rome (68 ?)

Il est donc probable que Paul fut libéré au terme des deux ans requis et qu’il ait quitté Rome.
L’hypothèse qui semble privilégiée est qu’il soit parti pour l’Espagne[10]. Cette hypothèse est détaillée dans Actes de Pierre et de Simon, où Paul reçoit mission christique de se rendre en Espagne et ce malgré le désespoir de ses soutiens romains qui demandent que son voyage ne dure pas plus d’une année[11].
Plusieurs écrits de Pères de l’Église attestent ce voyage qui, s’il commença en Espagne, se serait poursuivi en Asie Mineure[12]. Il est difficile de préciser ces points à partir des Actes, sauf si certaines parties relatent en fait ce dernier voyage.
Les lettres pastorales pourraient être le récit de ce dernier voyage et de l’arrestation de Paul qui, cette fois, se trouve emprisonné dans des conditions beaucoup plus dures. On ne sait si cette seconde arrestation est due aux juifs de Rome ou aux judéo-chrétiens qui revenant à Rome auraient vu l’influence de Paul leur causer des dommages dans leurs propres communautés.
Les Actes évoquent aussi un grief de subversion à l’encontre de l’armée romaine dont certains soldats l’auraient rejoint. Enfin reste le grief de magie et de philosophie que Néron utilisait régulièrement et qu’il aurait pu appliquer à Paul, suspect de ressusciter les morts.
À l’issue d’une première comparution où l’apôtre est abandonné à son sort par la communauté chrétienne de Rome (2 Tm. 4, 16-17), peut-être affolée par l’implication de l’empereur (la gueule du lion), Paul comparaît une seconde fois, signe que les accusations sont graves. Cette comparution aboutit à la condamnation et à l’exécution de l’apôtre.
Le martyre de Paul est évoqué dans les lettres pastorales et celle aux Philippiens. Clément de Rome, dans sa lettre aux Corinthiens[13] en parle également et le détail, fortement romancé, en est donné dans les Actes de Paul (cf infra). L’exécution eut lieu hors les murs de la ville, au lieu-dit Aquae Salviae, sur la Via Laurentina, dit Tre Fontane en raison d’un miracle prétendu selon lequel la tête décapitée rebondissant trois fois sur le sol, aurait provoqué l’émergence de trois fontaines. Une autre tradition parle d’un lieu plus cohérent, sur la Via Ostiensis où il aurait été inhumé. C’est là que fut érigée, deux cent cinquante ans plus tard la basilique à sa mémoire.

Eusèbe de Césarée situe la mort de Paul à la quatorzième année du règne de Néron (68), car la reconstruction de Rome après l’incendie (64) prit du temps et ce n’est qu’après qu’il accusa les chrétiens face à l’hostilité de la population envers sa passivité[14].


[1] Nouveau Testament – Actes des apôtres, chap. 15, 1-31

[2] Constantin 1er conclue un édit de tolérance religieuse avec Licinius à Milan en 313, après la victoire prophétique du pont Milvius (apparition du chrisme de feu) qui selon Eusèbe de Césarée et Lactance provoque sa conversion.

[3] Édit de Thessalonique (380).

[4] Priscillien d’Avila et ses moines furent les premiers exécutés au nom de cette justice pour fait d’hérésie à Trèves en 385.

[5] Le terme secte (sectaire) doit être compris dans son acception originale, à savoir celle d’une séparation au sein d’un groupe élargi. Ne pas confondre avec l’acception moderne d’extrémiste.

[6] ICo 15, 3-8 — Ac 9, 3-19 — Ac 22, 6-11 — Ac 26, 12-19

[7] Sur le christocentrisme de l’Église et le statut des apôtres, lire l’article de Alain Nisus, Sept thèses sur l’autorité dans l’église, in Cahiers de l’école pastorale n°33 (sept. 1999).

[8] Chantal Reynier, Les Actes des Apôtres, éditions du Cerf, coll. Mon ABC de la Bible (2015).

[9] Chantal Reynier, Vie et mort de Paul à Rome, éditions du Cerf (2016).

[10] Fragment (Canon) de Muratori, in Premiers écrits chrétiens, éditions NRF Gallimard, coll. De la Pléiade, sous la direction de Bernard Pouderon, Jean-Marie Salamito et Vincent Zarini (2016).

[11] Actes de Pierre et de Simon, in Écrits apocryphes chrétiens t. 1, éditions NRF Gallimard, coll. De la Pléiade, sous la direction de François Bovon et Pierre Géoltrain (1997).

[12] Ibid. Vie et mort de Paul à Rome, cf supra.

[13] Clément de Rome. Épitre aux Corinthiens, in Premiers écrits chrétiens, éditions NRF Gallimard, coll. De la Pléiade, sous la direction de Bernard Pouderon, Jean-Marie Salamito et Vincent Zarini (2016).

[14] Tacite, Annales. XV.

De Jésus à Paul

5-1-Histoire du catharisme
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De Jésus à Paul

Maintenant que nous comprenons que le catharisme n’est pas né au dixième siècle, étudions le christianisme des origines pour y rechercher des indices qui auraient échappés aux chercheurs. Cette idée fut celle d’un jeune chercheur, Ruben Sartori, que j’ai commencé par assister avant de le relayer pour développer son travail sur certains points qui me semblaient mériter de l’être.

Les affirmations ou hypothèses présentées ci-après sont argumentées et s’appuient sur des sources que vous trouverez listées dans les notes et en fin d’article.
Ainsi vous pourrez vérifier par vous-même la validité des propos tenus ici.

Les cathares disaient qu’ils étaient issus d’une longue filiation d’apôtres[1] qui remontait aux origines, comme le rapportait d’ailleurs Évervin, prévôt de Steinfeld[2] à Bernard de Clairvaux en interrogeant les hérétiques de Cologne.
Cette affirmation, identique chez les autres courants chrétiens, me parut d’abord un effet de propagande visant à asseoir la prééminence de chacun des courants par rapport aux autres. Mais je dus constater qu’elle n’était pas fantaisiste.

Le premier problème sera de vérifier la qualité des sources disponibles et d’apprécier si, selon leur validité, elles permettent de confirmer ou d’infirmer certaines affirmations présentées comme des vérités indiscutables.

Trois personnages vont dominer cette période de la première moitié du premier siècle de notre ère : Jésus, Étienne et Paul, mais nous allons en croiser bien d’autres, réels ou imaginaires.

De la qualité des sources ainsi que des faits et gestes avérés dépendront les bases de ce qui ne s’appelle pas encore le christianisme.

Cet élan spirituel est-il le fait d’un groupe bien défini ou faut-il considérer des différences majeures entre groupes se réclamant de la même source spirituelle ?
Et peut-on considérer l’incident d’Antioche, entre Paul et Pierre, ainsi que sa conséquence du concile de Jérusalem en 39 comme le premier schisme majeur de ce christianisme encore au berceau ?

Les sources

Ce que l’on peut dire des sources relatives à ce mouvement spirituel est qu’elles sont rares, fortement orientées et possiblement falsifiées.
En effet, les sources traitant de ces sujets sont rares, car nous disposons essentiellement de sources internes au mouvement qui ont fait l’objet de tris, de choix et d’adaptations.

L’ouvrage de référence n’a rien d’historique, puisqu’il s’agit de la réunion de textes, écrits a posteriori, réalisée tardivement par le groupe dominant en réaction à d’autres textes jugés concurrentiels et hérétiques.
Le Nouveau testament[3], composé initialement de vingt-huit livres, n’en compte depuis le septième siècle environ que vingt-sept. Il comporte des groupes de textes réunis par leur nature : les évangiles, les lettres de Paul et les lettres catholiques. Les autres textes se veulent historique (Actes des apôtres) et eschatologique (Apocalypse de Jean). Même la réunion de ces textes a évolué, sans doute pour en mettre certains en valeur au détriment d’autres.

Si les sources posent problème, la façon dont nous les utilisons est également source de distorsion. L’historien n’est pas un être désincarné qui saurait produire un document absolument neutre et fiable. Cela est vrai de ceux qui écrivent des ouvrages historiques, comme de ceux qui les interprètent de nos jours.

Jésus et le christ

Les problèmes de la Palestine à l’époque supposée de Jésus, quand Hérode gouvernait sous la coupe de Rome, expliquent sans doute la difficulté à disposer de sources fiables.

Le premier problème est celui d’attester de l’existence de Jésus. Les textes qui nous en parlent sont, soit d’origine chrétienne (Évangiles, Actes des apôtres), soit, quand ils sont d’origine externe et qu’ils paraissent valider son existence, ils semblent avoir fait l’objet d’interpolations visant à modifier sensiblement leur sens (Flavius Josèphe).
Les textes chrétiens sont apparemment incohérents entre eux. Ainsi, les évangiles ne sont pas d’accord sur tous les points relatifs à Jésus ; certains parlent de sa naissance, d’autres pas. Concernant ses actions, impossible de savoir si elles sont réelles ou symboliques.

Or, Paul, qui va recevoir christ de façon purement spirituelle, ne va pas chercher à se rapprocher immédiatement de ceux qui auraient connu Jésus en chair. Cela semble incroyable si Jésus avait été formellement attesté à l’époque.

Concernant Jésus, les textes extérieurs au groupe chrétien en sa faveur se résument à Flavius Josèphe. Les autres textes parlent de chrétiens ou de christ, mais pas de Jésus. En outre, certains sont jugés douteux, voire inventés de toute pièce. Le texte dit : « Vers le même temps vint Jésus, homme sage, si toutefois il faut l’appeler un homme. Car il était un faiseur de miracles et le maître des hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Et il attira à lui beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs). C’était le Christ. » [4]

Pour autant, si son historicité n’est pas prouvée, son caractère mythique non plus.

Ce qui semble avéré est que les premiers documents relatifs à Jésus étaient centrés sur la période de la Passion et de la résurrection. Le reste fut, semble-t-il ajouté au fur et à mesure par la suite.

Nous étudierons les liens entre christ et Jésus et l’historicité de ce dernier dans une autre vidéo.

Étienne, révélateur des deux courants chrétiens

Ce personnage, cité dans les Actes des apôtres, est intéressant. En effet, il fait l’objet d’un développement qui couvre presque deux chapitres.

Il apparaît d’abord à l’occasion d’une querelle entre les juifs hellénisants et les juifs hébreux, c’est-à-dire ceux de la diaspora et ceux de Jérusalem. Ces derniers semble-t-il ne traitaient pas les veuves des premiers sur un pied d’égalité avec les leurs lors du service à table. Pour couper court à ce problème sans devoir assurer eux-mêmes l’intendance, les hébreux réunirent les disciples pour choisir sept jeunes à qui confier cette charge. Étienne fut l’un d’eux (chap. 6). Cet épisode montre des dissensions liées aux origines des juifs se réclamant de christ.

On remarquera que sa condamnation pour le motif de blasphème de Iahvé et de Moïse, le même que celui reproché au christ, donnera lieu à une exécution publique immédiate par lapidation (chap. 7). Cela vient encore amoindrir la véracité de l’exécution de Jésus qui aurait été crucifié.

Mais ce qui interpelle le plus dans cette affaire, c’est ce qui se produit ensuite. L’exécution d’Étienne provoqua une grande persécution contre les membres de l’ecclésia de Jérusalem. Pourtant, ceux qui sont désignés comme les apôtres ne fuient pas. Ce sont sans aucun doute les cadres de ce groupe, ceux qui sont les plus proches de Jacques, Pierre et Jean qui restent sur place également.

Les autres, c’est-à-dire ceux du même groupe que le martyr, les hellénisants de la diaspora fuient en Judée et en Samarie.
Que faut-il penser de ceux qui restent ?
Face à une exécution sous l’accusation de blasphème il faut en conclure que ceux qui ont fui pensaient comme Étienne et ceux qui sont restés ne partageaient pas son point de vue.
Cela est confirmé par le fait que Pierre, mais aussi les autres apôtres évangélisent dans les synagogues des juifs orthodoxes venus de toutes les contrées de la diaspora. Pierre et Jean, emprisonnés en raison de leur prêche, sont finalement relâchés.
Le moins que l’on puisse dire est que les juifs du sanhédrin devaient n’avoir trouvé aucune entorse à la loi juive pour agir ainsi. Cela se reproduit au chapitre suivant. Mais Étienne, lui n’aura pas cette chance.
Il faut donc en conclure qu’il y avait bien deux sortes d’apôtres : ceux qui suivaient la vision de Jésus et qui, blasphémant le Dieu des juifs, risquaient la mort, et ceux qui, comme les disciples, étaient des juifs parfaitement respectueux des nombreuses obligations de cette religion, n’encouraient aucune peine.

Au chapitre suivant la mort d’Étienne on nous dit qu’un jeune juif était là et approuvait le meurtre, sans pour autant prétendre qu’il y avait participé activement. Cet homme, c’était Paul, appelé du nom juif qui lui est attribué, Saul.

Paul de Tarse, charnière du christianisme

Un juif romain aisé

Personne, à ce jour, ne connaît exactement la date de naissance de Paul. La fourchette varie entre l’an 3 à 13 de l’ère chrétienne (è.c.) qui correspond aux deux dernières validations de l’autorité d’Octave, petit-neveu et fils adoptif de César, sur la Cilicie dont la capitale est Tarse. D’autres ont resserré cet écart à la fourchette de 6 à 10 (è.c.) et finalement les historiens s’accorde sur une date unique de 8 de l’ère chrétienne[5].

Sur son lieu de naissance, si la plupart admettent que Tarse est bien la ville qui l’a vu naître, saint Jérôme — s’appuyant sur les dire d’Origène — prétend que c’est plutôt dans la ville de Gyscal en Galilée. Mais, cette affirmation est contredite par le fait que sa citoyenneté romaine qu’il tient de son père (elle était héréditaire), ne peut avoir été attribuée à ce dernier s’il était un déplacé forcé, comme l’affirme Origène. Elle remontait au moins à une génération de plus, ce qui impose que la famille était déjà clairement et durablement installée à Tarse. Cette ville, située à la limite entre l’Asie et l’Occident, présentait une particularité que nous relate Strabon le géographe et historien grec (- 60, 20 è.c.) : « Les habitants de Tarse sont tellement passionnés pour la philosophie, ils ont l’esprit si encyclopédique, que leur cité a fini par éclipser Athènes, Alexandrie et toutes les autres cités que l’on pourrait énumérer pour avoir donné naissance à quelque secte ou école philosophique[6]. » Nul doute que ce milieu a pu influencer le jeune Paul, même s’il n’y est vraisemblablement pas demeuré à l’âge adulte[7]. S’il est citoyen romain, ce qu’il affirmera toute sa vie sans être jamais démenti, il est aussi juif pharisien, hébreu d’Israël, de la tribu de Benjamin. Ces deux affirmations ne se contredisent pas et on connaît au moins deux autres juifs célèbres qui ont cumulé cette hérédité avec la distinction de citoyen romain : Hérode le grand et Flavius Josèphe.

Manifestement issu d’une famille aisée, Paul fut aussi relativement riche lui aussi, notamment en raison de son activité dont on nous dit qu’il fabriquait des tentes, ce qui doit se comprendre comme exerçant les métiers de tisserand et/ou de sellier.

L’homme aux deux cultures

Juif pharisien à l’ascendance revendiquée, Paul fut l’élève de Gamaliel, le rabbi à l’éducation tolérante, à Jérusalem.
Rappelons que Gamaliel était un Pharisien de renom. Son grand-père, Hillel l’Ancien, était à l’origine de l’un des deux principaux courants de la pensée pharisienne. Son approche était considérée comme plus tolérante que celle de l’école rivale, celle de Shamaï. Nul doute qu’avoir reçu un tel enseignement était une marque de qualité dans la maîtrise de la loi orale, ce dont Paul ne manquera pas de se servir.

Pourtant Paul renoncera aux avantages qu’une telle éducation lui promettait, appliquant peut-être en cela l’enseignement de ce grand maître : « prendre garde d’être trouvé en train de combattre en fait contre Dieu. »

De ses origines, Paul bénéficiera de la capacité à raisonner et à s’adresser aux païens dans le langage philosophique qu’ils reconnaissaient. Cela est particulièrement vrai dans les communautés grecques (Corinthe, etc.).

Paul, historiquement controversé

Les Actes des apôtres sont attribués à Luc, médecin et ami de Paul[8], paraît-il.

Pourtant, leur lecture montre un antagonisme envers Paul qui dure au moins jusqu’au chapitre 13 inclus :

  • Paul y est sans cesse ravalé à son rang de juif par l’emploi du nom Saul au lieu de celui de Paul qu’il revendique ;
  • Il est accusé d’avoir pris part, en quelque sorte à l’exécution d’Étienne ;
  • Le personnage de Simon le mage est considéré par quelques chercheurs comme une caricature de Paul ;
  • Il est montré comme soumis à l’autorité des « colonnes » de Jérusalem, ce qu’il nie ;
  • Son statut d’apôtre lui est contesté alors que son baptême d’esprit (imposition des mains) est validé sans immersion.

Ses positions vis-à-vis de la loi judaïque, notamment dans l’application des prescriptions alimentaires et de la circoncision pour les adeptes non-juifs, aboutissent à un antagonisme absolu avec Pierre et les envoyés de Jacques le juste[9]. La crise d’Antioche (49) provoquera le premier schisme qui séparera les judéo-chrétiens, jusque là seuls détenteurs de la légitimité chrétienne, et les pagano-chrétiens dont Paul fera une Église largement émancipée.

Ses lettres aux communautés fondées sous son autorité sont systématiquement manipulées, dès sa mort par les scribes judéo-chrétiens et les autorités de l’Église de Rome, au point que Marcion va se sentir obligé de les rétablir en 140.

Tertullien de Carthage, père de l’Église catholique du 3e siècle le traitera d’« apôtre des hérétiques ».

Pourquoi un tel personnage a-t-il été finalement intégré dans le Nouveau Testament ?

D’une part en raison du fait que sa correspondance, même réduite par les manipulations et amoindrie par les interpolations, demeure la plus abondante et la plus ancienne de cette époque[10].

D’autre part en raison du fait que son aura auprès des communautés chrétiennes du monde chrétien d’alors était immense, au point que son « disciple » Marcion n’aura aucun mal à les rallier à sa bannière un siècle plus tard, faisant de cette Église, la plus importante du monde selon les commentateurs judéo-chrétiens.

Nous verrons dans la prochaine publication en quoi sa prédication a ouvert la voie qui mena au catharisme.


[1] « Ceux qui ont été livrés aux flammes nous ont dit dans leur défense, que cette hérésie venait du temps des martyrs, et s’était, tenue secrète jusqu’à nos jours, mais qu’elle s’était conservée en Grèce et dans plusieurs autres endroits. », Évervin de Steinfeld (env. 1143).
[2] Anne Brenon, Les archipels cathares – Dissidence chrétienne dans l’Europe médiévale (t. 1) : éditions Dire (2000) – éditions L’Hydre (2003)
[3] La Bible – Nouveau Testament, Introduction par Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros, éditions NRF Gallimard, collection de la Pléiade (1971).
[4] Flavius Josèphe, Testimonium flavianum in Antiquités judaïques, § 63 et 64 du Livre XVIII (premier siècle de l’ère chrétienne).
[5] Alain Decaux, L’avorton de Dieu – Une vie de saint Paul, éditions Perrin/Desclée de Brouwer (2003).
[6] Ibid.
[7] Eugène de Faye, Saint Paul – Problèmes de la vie chrétienne, (3e éd.) librairie Fischbacher (1929).
[8] Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de Camille Focant et Daniel Marguerat, éditions Bayard et Labor et fides (2012). Les Actes sont commentés par Daniel Marguerat.
[9] Jean Daniélou, L’Église des premiers temps – Des origines à la fin du IIIe siècle, éditions du Seuil (1963)
[10] Daniel Marguerat, Paul de Tarse – Un homme aux prises avec Dieu, éditions du Moulin (1999)

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