Mouvements du commando d’Avignonet

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Mouvements du commando d’Avignonet

Le chemin emprunté par le commando de Montségur pour se rendre d’Antioche à Avignonet-Lauragais.

À partir d’une information donnée par le poète romantique et historien fantasque Napoléon Peyrat dans le deuxième tome de son Histoire des Albigeois – les Albigeois et l’inquisition – (1870) et à l’appui de cartes, on peut tenter, tout en usant de circonspection, de retracer le chemin qu’a emprunté le commando de Montségur, depuis Antioche (Payra-sur-l’Hers [11]) jusqu’à Avignonet-Lauragais (31).

Tout d’abord, il faut rappeler la difficulté presqu’insurmontable de retrouver les chemins et autres sentiers du moyen-âge. Hormis le fait que certains ont « toujours » existé, car « évidents », beaucoup ont disparus. Il est moins ici question de retrouver leurs tracés que d’indiquer une « possibilité ».

Vue depuis la crête vers Molleville (11).
Vue depuis la crête vers Molleville (11).

Ladite information couplée avec la confession devant l’Inquisition du sergent Imbert de Salles (que nous verrons plus loin) permet de déduire le chemin suivit sur une grande partie du trajet, l’autre pouvant se supposer.

« Les faidits de Montségur descendent du sud par des landes incultes, qui forment le territoire aujourd’hui cultivé de la Bruguière.[1] » https://play.google.com/books/reader?id=0o7IHnoYzmoC&pg=GBS.PA304&hl=fr )

 

Toutefois, l’information de Napoléon Peyrat concernant l’arrivée du commando à Avignonet, nous sommes donc obligé pour reconstituer son parcours, de le « remonter » jusqu’à Antioche.

D’Avignonet, il nous faut nous rendre à la ferme de la Bruguière[2], ou las Brougues[3] qui se trouve au Sud, sur une crête surplombant le sillon Lauragais, et par le chemin d’accès de celle-ci rejoindre la D43j. (de nos jours). En suivant, cette dernière, vers l’Est, qui devient la D517 dans le département de l’Aude, nous passons au Sud de Baraigne (11) et arrivons au carrefour des D517 et D217 au Sud-Est du village précité.

Vue depuis le chemin de crête vers le nord-est.
Vue depuis le chemin de crête vers le nord-est.

De ce croisement nous empruntons le chemin (en terre) qui file vers le levant, dans le prolongement de la D517 précédemment suivie. Cette portion de piste suit une crête sur 2600 mètres et traverse la D33 pour continuer toujours sur la crête et toujours vers l’Est. C’est à cette intersection, que je pense que Jourdain du Mas se joint à la colonne des faidits se rendant à Avignonet.

Voici l’extrait du témoignage du sergent Imbert de Salles qui évoque cet épisode :

« Puis Pierre-Roger resta avec Jean Acermat dans un château de Guillaume du Mas dont j’ignore le nom [Antioche, citée plus loin dans la même déposition]. Guiraud de Rabat, Bernard de Saint-Martin, moi-même et tous les autres susdits vînmes ensembles sur une serre [mont, colline, montagne…] près du château du Mas. Quand nous y fûmes, arriva là Jourdain du Mas junior, seul, qui parla à part à Bernard de Saint-Martin et Balaguier, chevalier de Laurac. », in Le dossier de Montségur – interrogatoires d’inquisition 1242-1247, traduction de Jean Duvernoy, Pérégrinateur éditeur, 1998, page 126.

Le lieu de jonction de Jourdain du Mas avec le commando.
Le lieu de jonction de Jourdain du Mas avec le commando.

Il est à noter que lorsque le sergent nous dit :

« Bernard de Saint-Martin, moi-même et tous les autres susdits vinmes ensembles sur une serre près du château du Mas. Quand nous y fûmes… », où il faut comprendre « château du Mas » comme étant celui du village éponyme et que la serre sur laquelle ce sont rendus les faidits est à proximité de ce dernier et non pas du château de Guillaume du Mas où est resté Pierre-Roger de Mirepoix, qui lui se situe au Sud-Est et à 8 Kms à vol d’oiseau des lieux qui viennent d’être cités.

 

On ne peut s’y tromper, si Imbert de Salles nous parle d’un château de Guillaume du Mas et du château du Mas, c’est bien pour différencier les deux sites.

Alors deux indices semblent désigner le lieu dont il parle comme étant celui de la jonction :

le sentier arrivant du Mas-Saintes-Puelles (11).
le sentier arrivant du Mas-Saintes-Puelles (11).

1/ À une centaine de mètres en contre-bas de ce « carrefour » se trouve  l’arrivée d’un sentier venant directement et presque en ligne droite du Mas-Stes-Puelles qui se situe à 2 Kms de là.

2/ Le point de rencontre se trouve bien sur une crête.

Il faut signaler qu’un peu plus loin à l’Est, toujours sur le même chemin de crête, face à la ferme du nom de Labexen se situe également l’arrivée ou le départ d’un autre chemin desservant le Mas-Saintes-Puelles. Celui-ci étant moins « évident », passant par la ferme de Boutaric haut qui ne figure pas sur la carte de Cassini (1756-1815), ne semble pas, vu les raisons avancées, être celui qu’à emprunté Jourdain du Mas pour se rendre au rendez-vous.

Toujours est-il que Jourdain du Mas rejoint le commando dans ces parages et sur le trajet de celui-ci, et non pas comme cela a été interprété[4], au château dont Imbert de Salles ignore le nom, c’est à dire Antioche/La Tour, qui se situe sur le territoire de la commune de Payra-sur-l’Hers (11).

En attendant d’y arriver poursuivons sur le chemin qui traverse ce « carrefour » qui nous amène toujours vers le levant. Nous passons alors devant l’accès de la ferme du nom de Bigorre, puis plus loin de celui donc de la ferme du nom de Labexen. Au bout de ce chemin (relativement large et goudronné) suivit sur environ 900 mètres, débute un sentier d’environ 3,6kms en terre, parcourant la lande, qui nous amène depuis la crête après une large courbe sur la D415 près d’un ponceau juste avant le croisement des D415 et D624. Arrivé au dit carrefour, nous allons suivre la D624 vers le Sud sur 700 mètres et là, dans le coude à 90° que forme la route, prenons le chemin qui passe devant les fermes les Planels et la Péguille et qui se termine 2900 mètres plus loin. De là, une sente nous amène vers le Sud sur le chemin d’accès des fermes St-Henri et Payranels. Après être passé, toujours dans la direction du Sud, devant la borde de Payranels, nous arrivons sur la D15. Nous empruntons celle-ci en direction de l’Est sur quelques dizaines de mètres, puis prenons, à droite, à nouveau vers le Sud, le chemin de Borde Neuve devant laquelle nous passons, pour arriver enfin au site de « la Tour[5] » anciennement « Antioche[6] ».

Mesuré grossièrement (grâce a l’instrument du site Géoportail), le total du parcours est d’un peu plus d’une vingtaine de kilomètres, que le commando des rebelles à parcouru dans le sens Antioche-Avignonet. Vous pourrez aisément, à l’aide du texte ci-dessus, le suivre sur la carte IGN classique du site Géoportail : https://www.geoportail.gouv.fr/ (Communes d’Avignonet-Lauragais [31], Baraigne [11], Molleville [11], Mas-Saintes-Puelles[11], Payra-sur-l’Hers [11]).

Ce que l’on peut retenir de la tentative de reconstitution du trajet :

1/ l’assertion de Napoléon Peyrat, à savoir, la descente du commando sur Avignonet depuis la ferme de las Brougues paraît valable.

2/ l’endroit indiqué comme lieu de rencontre entre Jourdain du Mas et la colonne des insurgés lors de sa marche sur Avignonet semble établi.

3/ la troupe à cheminé sur une crête, au moins du point de jonction de Jourdain du Mas avec celle-ci jusqu’à la ferme de las Brougues.


[1] Histoire des albigeois – Napoléon Peyrat – Édition Bibliothèque internationale (Paris) 1870 (tome VIII, page 304), réédition par Lacour 1996 (tome VIII, page 304).

[2] http://piecejointecarto.developpementdurable.gouv.fr/REG011B/DRIEA/BD_nyme/toponymie_IGN.pdf (page 89)

[3] Brougue, brouga : nf : bruyère. Terme utilisé dans le Sud-Ouest. (variante possible : brugue).

[4] voir Mourir à Montségur, tome IV de l’Épopée Cathare, par Michel Roquebert, éditions Privat, 1990, page 334.

[5] Dictionnaire topographique du département de l’Aude : comprenant les noms de lieu anciens et modernes / réd. par l’abbé Sabarthès : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110095d (page 446 du document).

[6] D’Antioca en 1223, le lieu devient La Tour en 1781. Tour (La), chat, f. et min [moulin] com. de Payra. — Antioca, 1223 (de Teule, p. 11). Antiocha, 1244 (H. L., VIII, col. 1157). — Villa de Antiocha, 1318 (Vidal, p. 134). — Anthioca, 1319 (arch. Aude, E, non invent.). — Villa de Anchiora = Anchioca, 1348 (Guiraud, Cartul. de Prouille, II, 988).  – Anchiochia=Antiochia,1391 (arch.Aude, H 362). — La Tour, 1781 (c. dioc. Mirep.). — La Tour d’Entioque, 1790 (Arch. nat., D Ivbis, 4). — La Tour d’Anthioque, moulin de la Tour, 1807 (arch. Aude, M, stat. Com,). — La Tour à Antioche (cad.).

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