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Le prosélytisme

2-3-Le catharisme au quotidien
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Le prosélytisme

Il n’est pas rare de constater que le terme de prosélytisme est couramment employé par les personnes qui cherchent à s’extraire d’une communication qui leur déplaît. Ainsi, le terme n’est plus une désignation d’une pratique, mais un repoussoir pour empêcher la poursuite d’une discussion.

Pourtant le prosélytisme est une pratique fort bien définie qui concerne toute pratique excessive visant à faire adhérer une personne à une idée, un groupe ou une forme de pensée précise. Cela concerne bien entendu le domaine religieux, mais peut s’étendre à tous les autres domaines de la communication : politique, science, philosophie, etc.

Le prosélytisme est un extrémisme

Le prosélytisme, se fixant comme objet le recrutement d’adeptes, par une pratique assidue qui peut vite tourner au harcèlement, est finalement l’expression de nier la volonté de l’autre en cherchant à lui imposer la nôtre.

Que révèle cette attitude ?

Certes certaines personnes, très fortement convaincues de la justesse de leurs vues ou certains débutants désireux de bien faire, sont tentés par le prosélytisme, car inconsciemment, ils y voient la validation de leur choix et la manifestation de leur engagement personnel. Mais le plus souvent la pratique du prosélytisme révèle les failles de celui qui le pratique. Une opinion parfaitement en accord avec sa démarche n’a pas besoin de forcer la main de quiconque. Par contre, quand certains observent le peu d’attrait qu’exerce leur opinion sur les autres, la volonté d’insister jusqu’au harcèlement parfois, révèle qu’un doute s’est immiscé en eux quant à la validité de leur choix.

Celui qui se lance dans le prosélytisme en vient forcément au dénigrement. En effet, la seule façon de tenter de valider un choix qui ne semble pas motiver les autres, ne peut passer par les qualités propres du choix que l’on veut imposer. Sinon elle se serait faite valoir d’emblée. Elle passe donc par le dénigrement des choix alternatifs, surtout s’ils attirent plus que le sien propre.

Tout cela nous montre que prosélytisme et extrémisme sont étroitement liés. Il n’est donc pas étonnant de voir les adeptes du premier chercher à « punir » les réfractaires à leurs idées de façon violente. Et cela s’observe notamment pour des groupes qui prétendent par ailleurs prôner la non-violence.

Différencier information et prosélytisme

Comme je l’expliquais au début de ce texte, l’emploi de l’accusation de prosélytisme est souvent invoqué à tort et pour des raisons d’inquiétude, de rejet ou d’incapacité à argumenter.

Aussi faut-il bien définir les limites de ce qui différencie l’information et le prosélytisme.

L’intention est le premier élément que je vois pour effectuer cette différenciation. Là où la bienveillance guide la transmission de savoir ou même la simple information, l’intérêt guide le prosélytisme. Qu’il s’agisse d’informer d’une disposition technique (heures d’ouvertures d’un établissement), de mettre en garde face à un danger (attention à la marche !) ou de délivrer une connaissance acquise (enseignement, conférence, colloque, etc.), l’information est la prise en compte de l’intérêt de l’autre par celui qui la pratique. Inversement, le prosélytisme vise à recruter des adeptes, donc à enrichir sa propre « boutique » par une pratique assidue, voire excessive. C’est donc l’intérêt personnel ou l’intérêt du groupe qui est favorisé, alors que celui de la personne que l’on cherche à recruter est présupposé sans avoir pris son avis, voire totalement ignoré de façon volontaire ou pas. En fait celui qui cherche à vous éclairer est lui-même largement aveuglé par son opinion qu’il refuse de remettre en cause.

Les armes du prosélytisme

Commençons par bien comprendre que le seul outil qui manque au prosélytisme est la force de conviction. En effet, quand une idée porte en elle les éléments suffisants pour convaincre l’auditoire, point n’est besoin de recourir au prosélytisme. Même si celui qui reçoit l’information ne suit pas les indications qu’elle lui apporte, il est convaincu de la justesse de l’argumentation. Par exemple, personne ne niera que tous les gagnants du Loto® sont des personnes ayant joué, même si la personne qui reconnaîtra la validité de l’affirmation n’ira pas forcément jouer une grille.

En fait, le prosélytisme n’existe que parce que celui qui cherche à convaincre sait que ses thèses sont défaillantes et ne seront pas reçues spontanément. Bien souvent, il est convaincu que le problème ne vient ni de lui ni de sa thèse, mais qu’il est le fait des interlocuteurs qui sont mal intentionnés, insuffisamment adaptés à l’enseignement donné, voire manipulés par les « ennemis » du groupe qui cherche à faire des prosélytes.

Donc il faut convaincre de façon active et surtout de force, puisque spontanément cela n’est pas possible. Le premier outil est bien entendu le harcèlement. Quand un message n’est pas accepté, au lieu d’en prendre son parti, l’intervenant va revenir à la charge aussi souvent qu’il estimera nécessaire de le faire pour emporter la conviction naturelle ou forcée de la victime choisie. La répétition du message peut, dans le meilleur des cas, s’accompagner d’un affinement de son contenu. Notamment, l’intervenant mettra en avant les avantages de sa façon de penser et ceux que le futur prosélyte en retirera. On n’est plus dans une démarche collective, mais dans la flatterie d’un certain égoïsme. Ensuite, si le harcèlement et la répétition du message ne suffisent pas, vient le temps du dénigrement. Dénigrement de l’opinion de l’autre ou des voies alternatives existantes et préférées. Le prosélytisme est donc systématiquement violent, même si son auteur n’en a pas forcément conscience.

La bienveillance de la connaissance

Quand l’objectif est de transmettre une connaissance sans chercher à faire des prosélytes la démarche est toute autre. D’abord nul besoin d’arme pour agresser l’autre. Le porteur de connaissance est bienveillant par nature. Détenteur d’une information qui lui semble mériter le partage, il la transmet à qui veut bien l’entendre et, une fois sa mission remplie, il retourne à ses affaires. Si l’information n’est pas acceptée, il en reste là chacun étant bien libre de ses choix. Si elle est reçue, mais qu’on lui demande de mieux la préciser, il va se mettre au service de ses interlocuteurs. Et c’est le pendant indispensable de la transmission bienveillante d’une connaissance que d’être un informateur compétent. Donc, non seulement l’informateur doit être bienveillant, mais il doit aussi s’imposer l’effort de bien connaître le sujet et de l’avoir suffisamment étudié pour en tirer des arguments de qualité, susceptibles d’apporter une information complète et la plus correcte au vu des connaissances du moment.

Le christianisme aux deux visages

Qui n’a jamais reçu la visite de prédicateurs chrétiens insistants ? De prime abord, la plupart sont simplement bienveillants et veulent transmettre leur foi. Face à un manque d’intérêt ou à un refus, ils cessent immédiatement et vont voir ailleurs. Leur seul défaut est de manquer d’éléments efficaces d’information et de se retrouver facilement en défaut face à un interlocuteur avisé qui cherche à leur faire approfondir les points douteux de leur argumentation. D’autres par contre sont insistants et virent facilement à la violence verbale. Heureusement, la recours à la violence physique est plus rare. Mais il y en a qui sont en outre mis sur le devant de la scène par des médias qui font leurs choux gras des violences alors que les expressions sereines les ennuient en accord avec le dicton : « On ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure ».

Pourtant le christianisme devrait être un parangon de bienveillance. L’évangéliste prête à Matthieu cette remarque : « Lorsqu’on ne vous recevra pas et qu’on n’écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds. » (Matt. 10, 14). Les choses sont claires, si le message ne porte pas, il faut non seulement ne pas insister, mais également ne rien prendre avec soi de celui qui ne veut pas recevoir pour ne pas être en dette avec lui. Donc, le prosélytisme se doit d’être totalement absent de toute démarche chrétienne.

Que penser alors des conversions forcées lors des colonisations, des croisades, de l’Inquisition ? N’y a-t-il pas là une démarche violente et visant au prosélytisme ?

Le christianisme, quelle que soit sa tendance religieuse, a presque toujours montré un visage bienveillant et un visage violent. Même la Réforme protestante s’est abandonnée à la violence, ainsi que l’a montré Calvin.

Donc, si l’on tient compte du fondement de la doctrine chrétienne qui est le seul commandement que nous a donné Christ, soit par l’intermédiaire de sa forme visible « Jésus », soit directement comme l’a reçue Paul : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. », il semble indiscutable que le christianisme ne peut en aucune façon pratiquer le prosélytisme. Quiconque méconnaît cette évidence n’est pas chrétien.

Le catharisme convainc et n’impose pas

Religion chrétienne s’il en est, le catharisme applique — comme toujours — la doctrine authentique du christianisme.

Mais le catharisme est une religion qui fait un usage important de la connaissance et de sa transmission. C’est pourquoi on voyait les apôtres cathares sillonner le pays, allant de village en village, de maison de croyant en château de seigneur, partout où ils étaient appelés à se rendre pour venir faire leurs prêches. Il était courant qu’à l’issue de ces prêches des sympathisants viennent demander des explications ou, quand ils s’y sentaient prêts demandent à faire leur Amélioration, entrant ainsi dans la communauté des croyants. Mais comme je l’ai expliqué au début, l’adhésion librement consentie suite à un apport de connaissance n’est pas du prosélytisme.

Il est donc normal que le catharisme d’aujourd’hui se base sur les mêmes principes. Informer, expliquer, démontrer quand cela est possible, écouter, apporter des arguments et des sources, voilà la véritable technique du catharisme. Mais si l’interlocuteur n’est pas intéressé ou n’est pas convaincu, le prédicateur cathare le laisse mener sa vie. Cela est d’autant plus évident chez les cathares, puisque pour eux le temps n’a aucune valeur. La mort du corps ne signe pas la fin de délai de grâce. Celui qui n’aura pas accès au salut sera transmigré dans un corps naissant et pourra retenter sa chance, si j’ose dire. Le résultat ne dépend pas du hasard comme au Loto® ; il faut participer pour espérer gagner.

Éric Delmas, 1er juillet 2020.

Comment se sont créés les évangiles ?

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Comment se sont créés les évangiles ?

Initialement, la prédication des apôtres se faisait de manière strictement orale. Ils avaient toute latitude pour se déplacer et enseigner à travers tout le pays sans rien d’autre à craindre que le sanhedrin, le tribunal juif, qui veillait à l’orthodoxie et qui luttait contre le blasphème.

Mais un événement terrible va venir perturber cela. La guerre des juifs, comme l’a appelée Flavius Josèphe, va aboutir à la chute et à la destruction du temple de Jérusalem, ainsi qu’au massacre de milliers de juifs. Une terrible répression va ensuite se mettre en place pour de nombreuses années. Cela eut deux conséquences : le juifs ne pouvait plus se rendre au temple qui était le centre de leurs cultes, et les prédicateurs avaient beaucoup de mal à transmettre la tradition orale, avec le risque de la voir se disloquer dans son contenu en raison des difficultés de communication entre les centre de prêche.
Les juifs vont s’adapter en transférant le centre religieux qu’était le temple dans les synagogues, ce que l’on appelle la diaspora et les futurs chrétiens vont mettre par écrit leur tradition orale.

Pourtant un cas d’espèce particulier existait depuis 50 environ ; c’était Paul. De part son érudition personnelle d’une part, et en raison de la nature éparpillée de son auditoire d’autre part, il avait utilisé l’écrit en appui de sa prédication orale pour préparer les foules avant sa venue et pour renforcer sa prédication quand il partait pour de longs mois et même plusieurs années.

C’est pour cela que les écrits pauliniens sont largement antérieurs à tous les écrits judéo-chrétiens. Les évangiles synoptiques sont le reflet de cette mise par écrit d’une tradition orale. Comme le fit beaucoup plus récemment Tolkien, ce qui fut mis par écrit était une histoire parlée que l’on voulait conserver dans une certaine unité. L’auteur de Bilbo le hobbit le fit pour enrichir son récit qu’il racontait à ses enfants, les prédicateurs judéo-chrétiens le faisaient pour conserver une relative cohérence à leurs prêches. Cela explique également les convergences entre les textes et les corrections apportées pendant près de trois siècles.

À la fin du premier siècle, d’autres écrits furent produits et cela dura encore jusqu’à la mise en forme du Nouveau Testament.
Mais ces textes, qui n’avaient connu aucune tradition orale préalable, s’adressaient à des personnes averties. Ainsi l’Évangile selon Jean comportait de nombreuses idées philosophiques et des remises en cause de la tradition juive qui n’auraient jamais pu exister 50 ans plus tôt. Même Paul était beaucoup plus modéré et cela lui a pourtant valu plusieurs menaces de mort. Au deuxième siècle, ces écrits se sont multipliés, notamment en raison de la prise de pouvoir du judéo-christianisme des prédicateurs de Jérusalem qui rejetaient les autres courants pagano-chrétiens, dans l’appellation de gnostiques, de façon à les différencier et de les dénigrer.
Ces écrits, sans tradition orale, avaient besoin de toucher un public plus érudit et devaient donc aller plus loin dans la sollicitation intellectuelle. C’est pour cela qu’ils prirent une forme plus ésotérique et une présentation moins narrative. L’Évangile selon Thomas est de cette veine.
Est-ce que l’évangile attribué à Jean est de la main d’Apollos et celui attribué à Thomas de celle de Valentin ? Je pense que les experts continueront d’en discuter dans plusieurs siècles. Mais il est vrai que la forme de ces textes correspond bien aux étapes que je viens de décrire.

Pour autant, il ne faut pas tomber dans le piège de la validation par l’antériorité. Ce n’est pas parce qu’un texte est plus ancien qu’un autre qu’il est plus authentique et plus valable. Paul qui n’a jamais connu celui que nous appelons Jésus et qui n’a même pas cherché à connaître ceux qui prétendaient l’avoir connu vivant, a écrit sur la base de l’inspiration reçue de christ. Et en matière de foi, c’est cela qui importe.

Chacun de nous est libre de suivre telle ou telle foi, mais en matière de recherche il ne faut fermer aucune porte et explorer toutes les pistes, même celles qui ne vont pas dans le sens de notre foi.

Éric Delmas, 20 novembre 2019.

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