catharisme

Les trois mondes

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Les trois mondes

Le démontrable et le reste

Nous sommes habitués à définir les choses selon deux critères : ce qui est scientifiquement démontrable et ce qui ne l’est pas. Les progrès de la science poussent les athées à considérer que ce qui ne l’est pas le sera un jour, ce qui leur évite de s’interroger sur les raisons qui rendent certains phénomènes indémontrables. C’est un peu la même démarche que l’on retrouve chez les religieux dogmatiques qui, face à des phénomènes incompréhensibles dans leur conception de la divinité, se content de déclarer que les desseins de Dieu sont impénétrables.

En fait, ces deux visions interdisent finalement aux hommes, croyants ou athées, de chercher à comprendre et d’avancer dans leurs recherches. Pour les cathares, l’acquisition du savoir et son analyse fine sont à la base de la justification de leur croyance qui se transformera à terme en connaissance, porte d’accès à l’éveil. Mais, si ce qui est démontrable est facile à définir, il n’en va pas de même pour ce qui n’est pas démontrable : existence de Dieu, capacités supra-sensorielles, etc.

La théorie des trois mondes

Une question que l’on me pose souvent, et que je me suis également posée, est de savoir distinguer ce qui relève de la création mondaine maléfique de ce qui relève de l’empyrée divin en ce monde sensible. D’autant que dans ce monde certaines personnes ou certains phénomènes semblent pouvoir accéder à une dimension non sensorielle.

C’est pour expliquer cela que j’ai élaboré la théorie des trois mondes.

Imaginons trois mondes : un sensoriel et visible, que nous côtoyons au quotidien, un spirituel et éternel, que nous essayons d’imaginer sans tomber dans l’anthropomorphisme et un situé entre les deux. Ces trois mondes seraient séparés par l’équivalent de membranes perméable, pour l’une, qui permet des échanges réciproques, comparable à celle que l’on trouve dans une « bobine » de rein artificiel et une semi-étanche unidirectionnelle que l’on pourrait comparer à celle posée sur la surface d’une maison, afin de permettre la sortie de l’air en empêchant la pénétration de l’eau.

Mais ces trois mondes sont difficiles à délimiter. Il peut y avoir du Mal dans le monde sensible, qui est son domaine d’excellence, mais aussi dans le monde intermédiaire et il peut y avoir du Bien dans le monde intermédiaire et, plus rarement, dans le monde sensible.

Pour évoquer ce sujet difficile il faut d’abord définir ce que sont le bien et le mal, car cela est différent de l’idée communément admise. Le bien est la manifestation sensible — et non pas simplement spirituelle — de l’action de la Bienveillance divine. Le mal, au contraire, est tout ce qui vient perturber, atténuer ou abolir cette action, manifestant ainsi l’action du Mal. Pour définir si une action relève du Bien il faut donc s’interroger pour vérifier si cette action ne peut être l’occasion d’un mal ici ou ailleurs. Les exemples pullulent où le bien pour les uns est en fait un mal pour les autres. Dans le monde sensible cela est assez facile à appréhender, mais dans le monde extrasensoriel c’est bien plus difficile. Or, justement, c’est dans ce domaine mal connu et peu accessible à la plupart d’entre-nous, que la frontière entre le bien et le mal est la plus difficile à estimer. Ce qui est clair, est qua dans un monde où le Mal domine largement, l’expression du Bien est extrêmement limitée et qu’il suffit d’un rien pour qu’un bien apparent ne soit en fait un mal. Cela est souvent refusé car, considéré comme trop restrictif, ce qui fait dire des cathares qu’ils sont trop négatifs.

Le monde sensible

Le monde le plus facile à étudier est clairement celui que nous pouvons appréhender par nos cinq sens et que nous pouvons démontrer grâce à la science ou à la philosophie.

Dans le monde sensible tout semble facile à comprendre, mais encore faut-il faire attention à la façon dont on le regarde. En effet, comme le loup revêtu d’une peau de mouton pour tromper le berger, un regard superficiel ou mal habitué peut nous faire prendre une chose pour son contraire. Il y a quelques temps déjà, suite à une de mes publications où j’expliquais que ce monde sensible étant créé par l’envoyé du Mal, qu’on l’appelle le démiurge ou le diable, une dame m’adressa une carte postale représentant un chalet suisse confortablement posé sur une prairie verdoyante. En guise de commentaire, elle m’écrivait que je ne pouvais pas honnêtement prétendre voir dans ce « tableau » une création maligne. Je lui répondis qu’elle regardait mal sa photo. En effet, vue de loin elle paraissait paisible et merveilleuse, mais si l’on zoomait sur la prairie au point de se retrouver à l’échelle des brins d’herbe, les choses étaient très différentes. Ce monde, que nous ignorons le plus souvent, n’est rien d’autre qu’un immense champ de bataille. Que ce soit les végétaux ou les animaux, ce ne sont que combat à mort pour survivre et prendre le dessus sur l’autre. Par émission de produits chimique pour les plantes et pour certains animaux ou par des luttes sanglantes, chacun cherche à se faire la meilleure place et, s’il y parvient, il continue la lutte pour la conserver. Finalement, les hommes qui sont constamment en guerre, ici ou là, paraissent presque pacifiques comparés aux autres espèces animales et végétales. La seule différence notable est que nous luttons ou tuons pour des motivations rarement vitales, voire pour le plaisir.

Il faut dire que le monde sensible est caractérisé par son incapacité à conserver un état d’équilibre qui serait propice à sa stabilité. Comme l’homme qui se déplace ou tente de rester debout de façon statique, son organisme lutte en permanence contre la perte d’équilibre, compensant une fois la chute en avant et tout de suite après la chute en arrière.

Mais il peut arriver que, dans ce monde malin, l’on puisse observer ce qui semble s’apparenter au Bien. Pourtant une analyse sérieuse nous montre clairement que ce bien s’obtient au détriment d’autre chose qui produit du mal, souvent dans des proportions plus importantes que le bien apparent. Il y a des exemples évidents : tel qui gagne le gros lot du Loto® n’y parvient qu’en raison de l’échec d’un grand nombre d’autres dont les mises lui reviennent partiellement, puisque l’État et la Française des Jeux prélèvent leur part ; un vêtement bon marché ne l’est qu’au détriment de personnes dont le travail mal rémunéré permet d’obtenir ce prix attractif, sans parler des désastres écologiques ayant présidé à sa confection. Et pour la nourriture, je ne m’étendrai pas sur la souffrance animale qu’elle nécessite, y compris pour les produits ne nécessitant pas la mise à mort, comme on peut l’observer pour les produits lactés, le miel, etc. Et la production animale, consommant en moyenne 7 fois plus de protéines et bien plus d’eau encore, aggrave la progression de la malnutrition, alors qu’une alimentation végétalienne générale permettrait de nourrir cinq à sept fois plus de population sans risque en matière sanitaire ou de développement.

Désolé de vous avoir dépeint ce monde sous un tel jour, mais la réalité, une fois dévoilée, est rarement attirante.

Le monde spirituel

Comment définir ce monde spirituel dont personne n’est jamais revenu pour nous le décrire, et même comment le nommer sans tomber dans l’anthropomorphisme et ce que je pourrais nommer le géomorphisme[1] par néologisme ? J’utilise souvent le terme d’empyrée divin qui est à peine plus clair que celui de monde spirituel. En fait, il est impossible de désigner ce qui n’a pas de réalité physique que l’on puisse appréhender, car notre imagination n’est pas assez puissante pour ce faire. Non seulement nous ne savons pas le nommer précisément, mais nous ne pouvons le définir et le situer. La raison en est simple, le monde spirituel n’a pas d’aspect physique ni de position dans l’espace et le temps. En fait, il est partout et nulle part ou, plus précisément, il est là où se trouvent ce qui constitue sa raison d’être.

Comme vous le comprenez nous entrons dans le domaine de la cosmogonie qui, en ce qui concerne le catharisme, est assez souple pour autant que sa description ne vienne pas contredire les éléments fondamentaux de la foi cathare.

Nous connaissons la cosmogonie judéo-chrétienne qui propose deux zones : le paradis et l’enfer, avec un cas peu clair appelé le purgatoire. La répartition des âmes fait penser à une sorte de gare de triage où chacun est jugé et dirigé vers le lieu adapté à son cas. Je vous invite à ce propos à lire l’inénarrable Curé de Cucugan[2] dans lequel le bon curé audois, imaginé par Alphonse Daudet, visite le paradis, le purgatoire et l’enfer à la recherche de ses anciens paroissiens. La vision populaire imaginait aussi, au début du christianisme et notamment dans le gnosticisme, un empilement de cieux de verre qui allait du moins pur au plus parfait, avec le christ occupant le septième niveau et Dieu le huitième. Paul de Tarse dit avoir été enlevé au troisième ciel qu’il appelle le paradis. De même les cathares médiévaux imaginaient que christ était descendu de son ciel en cachant sa nature (kénose) pour ne pas alerter les forces du Mal qui occupaient la terre et les premiers cieux.

Je vais donc vous donner ma vision du monde spirituel et en préciser la nature et les contours. D’abord, c’est à la philosophie que je m’en remets pour formaliser intellectuellement ce qui ne peut pas l’être. Le monde spirituel est la façon dont nous pouvons « situer » Dieu et son émanation consubstantielle, l’Esprit unique. Or, nous qui sommes « exilés » en ce monde sensible, sommes également parties du monde spirituel, ce qui montre son extrême laxité. La meilleure façon que j’ai pu trouver pour le représenter est tirée du film Interstellar[3] dans lequel le héros se retrouve dans une dimension qu’il assimile à la gravité et qui lui permet de se déplacer et d’agir sur le monde classique qu’il aperçoit au travers des rayonnages de la bibliothèque de sa fille, sans être limité dans le temps, mais sans pouvoir interagir avec elle directement. De la même façon j’entrevois que l’émanation divine est capable de pénétrer dans notre monde physique, sans pour autant y agir sur les éléments mondains ni en être affectée. Notre part spirituelle, prisonnière de notre corps physique et de notre âme mondaine, est donc à la fois contrainte en ce monde et rattachée au monde spirituel. Bien entendu, le monde spirituel n’a pour seule référence que l’Être, au sens ontologique, lequel ne peut s’exprimer que dans le Bien absolu.

Mais me direz-vous, comment situer le Mal dans tout cela ? Je dirais que l’espace d’expression du Mal est à mes yeux sa création : l’univers et tout ce qu’il contient.

L’autre approche est spirituelle et dépend de notre position vis-à-vis de la foi. Pour ma part, depuis l’adolescence, je n’ai cessé de m’interroger sur ce qui est bien ou mal, sur ce que je faisais dans ce monde, sur les raisons de ma naissance et la justification de ma mort, sur la mission qui pourrait justifier tout cela et sur l’orientation que je souhaitais donner à mes choix de vie en fonction de ma conception de l’au-delà. J’en suis arrivé à la conclusion que la morale devait guider ma vie, morale personnelle sur ma conception de ce qui est bien et de ce qui est mal, morale sociale pour définir et appliquer ma morale personnelle à mes échanges sociaux, morale spirituelle pour guider mes choix en fonction de l’idée que je me fais de Dieu.

Le monde intermédiaire

Nous abordons là la partie la plus difficile de ma réflexion. En effet, alors que nous ne disposons d’informations relativement fiables que sur un seul des deux mondes déjà présentés, comment faire pour délimiter ce monde intermédiaire ?

Tout d’abord, je suis partie du principe que ce monde ne devait pas relever du sensible et du démontrable et qu’il devait se situer un cran en dessous de ma conception du monde spirituel. Ainsi, je vois deux domaines qui pourraient relever de ce monde intermédiaire : celui de l’imagination et du rêve et celui de l’extrasensorialité.

Le premier m’est difficilement accessible, n’ayant pas une imagination débordante et n’ayant aucun souvenir de mes rêves et le second m’est encore plus étranger, n’ayant jamais eu de telles expériences. Mais j’ai côtoyé des personnes qui m’ont relaté leurs propres expériences en ce domaine et je lis régulièrement des ouvrages de personnes dont l’imagination dépasse largement la moyenne habituelle.

Comme je viens de le faire à propos du film cité ci-dessus, l’imagination conduit certains d’entre-nous à envisager des possibles permettant de faire un lien entre notre monde et ce qui pourrait relever d’un autre espace dont les dimensions et les lois physiques sont sans aucun rapport avec le monde sensible. Cette imagination hors-norme est-elle le signe d’une interaction entre le monde physique et le monde spirituel ? Je ne peux l’affirmer à tout coup ; cela dépend des conséquences de cette imagination. Ainsi le monde d’Orwell[4] qui nous est présenté dans 1984, met le Mal en évidence, ce qui me semble incompatible avec une origine spirituelle. Pour autant on ne peut ignorer certaines fulgurances dans l’imagination des auteurs de science-fiction. Ainsi, Matrix[5] est clairement plein de références à l’éveil, même s’il est peu probable que ses auteurs en aient eu conscience du point de vue cathare.

J’ai également connu plusieurs personnes ayant affirmé disposer de compétences extra-sensorielles, notamment de type précognition, qui m’ont interrogé sur la nature de ces dons. Là aussi, il faut se poser la question de savoir si ces dons sont uniquement tournés vers le Bien, ce qui semble peu probable pour différentes raisons : leurs détenteurs se trouvent ainsi favorisés par rapport aux autres, ce qui est incompatible avec la Bienveillance divine et l’Esprit unique, et ces dons peuvent être utilisés à des fins mauvaises selon la nature de leurs détenteurs. Il n’est donc pas possible de les considérer comme émanant du Bien.

Enfin, il y a le concept des réminiscences. Là aussi nombres de personnes m’ont raconté avoir eu la « vision » de leurs vies antérieures, notamment celles où elles étaient des cathares revêtus. Il est clair que cela ne peut venir du Bien, car ces visions cherchent à égarer ceux qui les ressentent en leur faisant croire à une forme de supériorité. En outre, si l’on est un cathare revêtu à une époque, on ne doit pas avoir l’occasion de vivre d’autres vies, sauf à s’être déchu de ce statut.

Ainsi, j’en conclus que ce monde intermédiaire est plus proche du monde physique que du monde spirituel. C’est à mon avis l’action de l’âme mondaine qui crée ce monde afin de mieux nous leurrer, et de nous empêcher de tendre, dans notre emprisonnement en ce monde, vers un cheminement entièrement tourné vers notre retour au Père.

Conclusion

Si j’ai pris le temps de vous faire part de mes réflexions sur ces sujets, c’est au cas où vous auriez eu, vous aussi, l’occasion d’y réfléchir et dans l’intention de vous proposer des pistes de réflexions auxquelles vous n’auriez peut-être pas pensé, mais aussi pour vous rappeler que la doctrine cathare est sans ambages sur l’effacement mémoriel qui précède notre transmigration et sur le fait que le Bien ne peut tolérer la moindre trace d’amoindrissement dans ses effets.

Guilhem de Carcassonne, le 11 juin 2023.


[1] Néologisme créé à partir du préfixe géo (la Terre) pour exprimer l’habitude que nous avons de vouloir comparer des « espaces » qui nous sont inconnus avec des références de notre vie sur Terre.

[2] Le curé de Cucugnan in Lettres de mon moulin, par Alphonse Daudet (1869) d’après un sermon recueilli par Auguste Blanchot de Brenas en 1858.

[3] Interstellar, film de Christopher Nolan (2014) réalisé sur la base de plusieurs films de science-fiction et des travaux du physicien Kip Thorne.

[4] Eric Arthur Blair, dit George Orwell, écrivain et journaliste britannique, né le 25/06/1903 en Inde et mort le 21/01/1950 à Londres, est l’auteur de livres fantastiques et philosophiques comme La ferme des animaux et 1984.

[5] Matrix, film des frères Larry (devenu Lana en 2012) et Andy (devenu Lilly en 2016) Wachowski (1999).

Verdun-Lauragais

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Verdun-Lauragais

Toujours dans le Lauragais, à huit kms à l’Est de Labécède se trouve planté sur une presqu’ile rocheuse, à l’instar de Minerve (34) et de Montolieu (11), cernée par la petite rivière le Tenten au Nord-Est et le ruisseau la Goutine au Sud-Ouest, le village de Verdun-Lauragais. Il se situe à 315 mètres d’altitude sur le flan méridional de la Montagne Noire, face aux Pyrénées et dominant la vaste plaine de Castelnaudary. Son relatif isolement n’empêchera nullement de le préserver de l’ancrage du catharisme lors des XIIème et XIIIème siècles, en faisant même, au contraire, un des derniers saillants de celui-ci en Lauragais au tout début du siècle suivant.

Ce n’est qu’en 1152 que les fils d’Hugues de Saissac, annoncent à leur suzerain Raymond Trencavel (le vicomte d’Albi, Carcassonne, Béziers) avoir pris la décision de la fondation d’un castrum au lieu de Verdun. Le site est alors entouré de remparts et pourvu de deux portes (que l’on devine encore de nos jours), la porte d’aval et la porte du Cers.

Le castrum aura, comme tous les castrums du Lauragais de cette époque, sa maison d’hérétiques cathares, où les jeunes gens du bourg venaient apprendre à tisser et s’instruire en religion.

L’opération militaire contre les albigeois (1209-1229) ne génèrera aucun événement à Verdun. Malgré les instaurations successives des inquisitions épiscopales (1229) et dominicaines (1233), il faudra attendre le début des années 1240, pour que le nom du castrum soit par l’entremise de son bayle, cité pour un acte de violence. Sur incitation de ce dernier et du collecteur de dimes, une dizaine d’habitants de Caraman tendront une embuscade au curé de Vitrac (81) et son clerc. Le prêtre parviendra à s’enfuir, mais le clerc sera assassiné et jeté dans un puits. Nous ne savons rien sur les suites (s’il y en a eu) de cette affaire. Faute d’informations, nous ne pouvons que supposer la quiétude du village et de ses abords immédiats, pour les quelques années qui ont suivi cet événement vengeur…

Néanmoins, nous apprenons, qu’en l’an 1254, Raymond Donati, de son nom en religion Montouty, diacre cathare de Toulouse, prêchait dans un bois proche de Verdun. La même année, peut-être à seulement quelques jours ou semaines de distance des prédications, hasard ou coincidence ?, l’inquisition perquisitionne le castrum. C’est alors, en ces tragiques moments, que des croyantes de Dreuilhe et de Verdun vont annoncer, aux parfaits du lieu qui se cachaient au bord de la rivière le Tenten, leur départ imminent pour l’Italie afin de s’y faire ordonner ; le Lauragais ne disposant plus à cet instant de diacre pour conférer le sacrement.
L’opération terminée, trois des « héréticus perfectus » qui s’étaient préservés de l’intervention inquisitoriale, sachant ne plus pouvoir retourner chez les croyants, seront cachés et ravitaillés pendant deux mois dans les environs du castrum. Puis l’un d’eux se terrera encore quelques temps au lieu-dit les Pierres Blanches, tout près du bourg. Il s’appelait Guillaume Carrère. Après avoir mené une douzaine d’années durant, la vie clandestine d’un parfait de son temps, découragé, il finira par abjurer volontairement sa foi hérétique auprès de l’inquisition.

La pression du tribunal de la foi s’accentuant, nombre de verdunois et verdunoises choisiront l’option d’aller chercher refuge en Lombardie, à l’exemple du natif du castrum, le parfait Bernard Ollier vu en la ville de Pavie, et que l’on retrouvera avec rang d’évêque, à Sirmione par la suite. Pour l’anecdote, il avait été de ceux qui avaient soutenu Guillaume Carrère, quand celui-ci se cachait dans les bois du village.

En 1305, une nouvelle et grande rafle sera ordonnée par l’inquisiteur Geoffroy d’Ablis, elle aboutira à l’envoi de dix-huit habitants du castrum au mur (prison inquisitoriale) de Carcassonne. Elle permettra également à l’enquête de se mettre sur la piste de l’église des frères Authier, dont les membres avaient rendu de fréquentes visites aux bons croyants et bonnes croyantes du bourg.
Quatre ans plus tard, la traque des disciples de Pierre Authié se poursuivant, c’est l’arrestation de l’un d’eux, Amiel de Perles, dans une borde dans les environs de Verdun. Parmi les soutiens actifs des bons chrétiens de la dernière église cathare occitane des frères Authié, figuraient trois fidèles issus du castrum, Guilhem Falquet, Pèire Bernier et sa femme Serdane, preuve, s’il en est, de la résistance de la population verdunoise à la répression inquisitoriale. Pèire Bernier, sera quant à lui, après avoir été arrêté et condamné comme relaps, les inquisiteurs disaient « comme un chien retourne à son vomi », un des cinq brûlés originaires de Verdun, des 25 cathares exécutés à Toulouse entre 1308 à 1321.

Verdun, nous venons de le voir, de par son histoire, est une étape incontournable pour qui voudrait sillonner « les routes du catharisme » en Lauragais. Sur place, vous pourrez y constater la configuration remarquable du castrum, dont les contours sont parfaitement adaptés à la topographie du lieu. L’hérésie albigeoise y a été particulièrement présente et ses adeptes singulièrement fervents. De grands noms du Catharisme, y ont séjournés, y ont prêché, y ont consolé, s’y sont réfugiés… 800 ans plus tard, l’endroit transpire encore leur présence. C’est un haut lieu du catharisme qu’il faut absolument visiter.

Bruno Joulia – Peyrens (11400) ©2023 (texte et photos)

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Le monde, la mort, la vie et le cathare

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Le monde, la vie, la mort et le cathare

La philosophie n’est pas un système de raisonnement déconnecté du réel, réservé à une élite auto-proclamée, qui finit par accoucher d’une souris. Au contraire, c’est une façon d’avancer les yeux ouverts, là où beaucoup se mettent la tête dans le sable, afin de répondre aux trois questions existentielles qui agitent l’humanité depuis toujours : D’où viens-je ? Qui suis-je ? Où vais-je finir ?

D’où venons-nous ?

En général, les hommes voient le monde comme un champ d’expérience mit à leur disposition, soit par le fruit du hasard, soit par une divinité plus ou moins bienveillante. Dès lors, l’idée de s’interroger sur sa raison d’être profonde devient caduque et nous nous contentons d’y cheminer tant bien que mal en essayant d’oublier qu’au bout du chemin il y a la mort.
Plus la science progresse dans son savoir, plus nous comprenons que cette vision est égocentrée et, à bien des égards, fausse.
Mais la plupart des religions ne se sont pas dotées de la capacité d’évolution dont bénéficie la science, même si cette dernière a aussi des limites insurmontables.

Les hypothèses de l’origine du monde

La vision anthropomorphique, élaborée à Babylone au 6e siècle avant l’ère commune[1], rend l’approche religieuse puérile et manipulatrice. L’idée d’un Dieu créant un univers en six jours, sous la forme que nous lui connaissons, ne résiste pas aux découvertes scientifiques qui montrent une apparition progressive où des milliards d’années ont été nécessaires, ne laissant à l’homme que le dernier million d’année pour apparaître et se développer. Mais la science est elle-même incapable de proposer une explication démontrable concernant l’origine de cet univers, issu paraît-il d’une masse infiniment petite et infiniment dense qui serait toujours en expansion. Certains en viennent même à refuser d’y réfléchir partant du principe que si le big-bang est le début de l’univers, il ne saurait y avoir un avant big-bang ! Du coup cette masse initiale, apparue à l’origine n’aurait, elle aucune origine ?

Je vous passe les deux interrogations majeures concernant l’Homme. Celle induite par la relation de la Genèse — premier chapitre de la Torah, que nous appelons Pentateuque —, qui propose d’abord une création de l’homme et de la femme ex nihilo, par un Dieu, parfois unique (Yahwé), parfois multiple (Élohim), souvent unitaire au sein groupe multiple (Yahwé Élohim). Au deuxième chapitre, ce Dieu réitère ce qui n’est plus vraiment une création, mais plus un façonnage à partir de la glaise, rendue vivante par un souffle divin. Souffle dont seul l’homme bénéficie, la femme étant cette fois façonnée à partir de la côte de l’homme, même si des chercheurs plus récents préfèrent la traduction à côté et non de la côte. Bien entendu, la recherche scientifique réfute largement et avec toutes les preuves nécessaire cette vision idyllique. Mais la science fait à peine mieux. Si elle nous propose une évolution lente des mammifères, favorisée entre-autre par la disparition des dinosaures, et un développement amélioré, lié notamment à la nécessité vitale d’échapper à un grand nombre de prédateurs, par des avancées physiologiques et techniques qui ont toutes permis une amélioration des conditions de vie de cette espèce, elle fait l’impasse sur un moment décisif qui bat en brèche ce processus naturel. En effet, dans une période, qui pour l’instant ne peut être datée que grossièrement (entre – 40 000 et – 100 000 ans), l’homme, représenté par deux espèces à peu près concomitantes : l’homo-neanderthalensis (-300 000 à – 150 000 ans environ) et l’homo-sapiens (- 300 000 à nos jours environ), va faire une découverte qui, non seulement ne lui apportera aucun bénéfice en termes de survie ou de conditions de vie, mais va au contraire lui compliquer la vie. Cette découverte est celle de la transcendance, c’est-à-dire de l’existence d’une entité suprahumaine qui a tout pouvoir sur l’humanité. Et c’est pour la satisfaire que l’homme va modifier son mode de vie en se basant sur des humains capables de communiquer avec la ou les divinités : les chamanes, inventant des obligations restrictives appelées tabous et des obligations rituelles, les sacrifices. René Girard[2] a bien compris que cette modification est apparue sans doute à l’occasion du regroupement des cellules familiales nucléaires en petites communautés plus efficientes en matière de protection et de production alimentaire et que ces tabous et rituels avaient pour objectif de limiter le risque de conflits mimétiques potentiellement destructeurs pour ces communautés. Mais si le monde animal est lui aussi soumis aux conflits mimétiques et à leurs « remèdes » connus chez l’homme, ce dernier est le seul du genre animal à les avoir étendus à la sphère intellectuelle, voire spirituelle. La question qui se pose alors est de savoir ce qui a changé dans la physiologie ou dans la psychologie humaine qui l’a poussé à mettre cet élément au premier plan, ce que n’ont pas fait les autres animaux.

La compréhension cathare

Pour les cathares les choses sont plus simples. L’univers est la création du Mal, principe éternel strictement contraire à Dieu et totalement dépourvu d’Être, c’est-à-dire de Bien absolu. Désireux d’affirmer sa toute-puissance, il aurait élaboré une création, temporelle et corruptible, dont la durée dans le temps nécessitait un mélange partiel avec l’émanation divine : l’Esprit, consubstantiel au principe du Bien et doté de l’Être. L’homme serait donc ce composé entre une matière animale issue de la création maligne, incluant la chair mais aussi l’âme mondaine qui lui insuffle sa volonté de vivre et son égo, et un composé divin « aspiré » dans l’univers pour lui assurer un peu plus de durabilité. S’agit-il d’un vol, ce qui semblerait surprenant ou d’une projection volontaire destinée à montrer au Mal que sa création est malgré tout sans avenir en raison de sa nature maligne, je ne saurais le dire. La seconde hypothèse aurait le mérite de mettre en avant la Bienveillance absolue de Dieu et l’ignorance atavique du Mal. Cela correspondrait en outre parfaitement à l’image utilisée par les cathares médiévaux d’un principe du Bien, symbolisé par le soleil, étendant ses rayons, symboles de son émanation (l’Être), sur une création vouée à sa fin, comme le soleil réchauffe les planètes sans pouvoir éviter qu’à terme elles se dissoudront dans son expansion.
Les cathares sont donc aptes à accepter les découvertes scientifiques, voire à compléter les « trous » qu’elle y trouve, au moins jusqu’à ce que les scientifiques les comblent par de nouvelles découvertes. D’où vient le big-bang ? Dans quoi l’univers est-il en expansion ? D’où viennent les ténèbres au sein desquelles Yahvé crée la lumière ? Pourquoi deux races d’homo déjà anciennes ont complètement modifié leurs comportements au lieu de suivre une évolution qui leur était favorable jusques là ?

C’est donc l’infusion partielle de l’Esprit dans l’enveloppe matérielle des homo-neanderthalensis et des homo-sapiens qui serait responsable de ce changement de nature profonde de l’animal humain à cette époque.
Mais ce nouveau composé humain va développer, au sein de sa prison charnelle, des interrogations et des concepts dont certains sont clairement dus à sa nature mondaine et d’autres laissent entrevoir sa nature spirituelle.

Qui suis-je ?

C’est une chose de s’entendre dire que nous sommes issus d’un monde composé par une entité maligne dans lequel nous sommes prisonniers d’une enveloppe charnelle et une autre de découvrir que nous ne sommes pas de ce monde, mais d’une autre origine inconnue à ce jour.

Le point de vue judéo-chrétien

Je passe volontairement sur le point de vue athée, puisqu’il recouvre simplement ce que je viens de dire dans le début du chapitre précédent. Cependant, je pense que ce point de vue n’est pas aussi fermement ancré dans l’inconscient des athées qu’ils le croient. En fait, leur « esprit » profond en conduit la plupart à être plus proches de l’état agnostique, c’est-à-dire prêt à accepter une entité supérieure, mais sans pouvoir en imaginer une acceptable. Cela vient, me semble-t-il pour l’essentiel des images que les principales religions renvoient. Ces images très anthropomorphiques conviennent peu à une divinité que l’on voudrait imaginer parfaite en tout et incapable d’avoir la moindre responsabilité dans le mal, directement ou non, ce qui interroge sur son origine.
D’un point de vue judéo-chrétien, nous sommes des descendants d’Adam et d’Ève et notre âme divine nous est donnée à l’instant de la conception. Ce ne fut pas toujours ainsi. Initialement l’Église considérait que l’âme était la marque de l’adoption divine que nous conférait le baptême, mais cela posait le problème des enfants mourant avant le baptême. C’est donc pour le résoudre que les catholiques sont passés de l’adoptianisme au créationnisme. Ainsi, même l’embryon le plus petit dispose d’une âme, ce qui explique l’élément dogmatique de l’interdit de l’interruption volontaire de grossesse et, par extension, de l’interdiction de contrôle des naissances par la contraception. Ce n’est pas à l’homme de décider si une âme doit apparaître ou si une âme en gestation doit disparaître. Même si beaucoup de catholiques notamment semble ne pas comprendre ce point, il est clair que le refus de ces deux interdits vous place ipso facto en dehors de la communauté catholique.
Une fois né, l’être humain est donc voué à profiter de la nature tout en assumant le « karma » de son aïeul Adam dont la faute originelle impose à tous ses descendants d’en baver gravement tout au long de leur vie dans un espoir assez faible d’atteindre le Salut. La difficulté de ce parcours a d’ailleurs obligé l’Église à inventer le purgatoire pour éviter que la majorité des âmes finissent en enfer, car selon le dogme judéo-chrétien nous n’avons droit qu’à un essai sur cette terre. Comment justifier cela de la part d’un Dieu plein d’Amour pour ses créatures, omniscient et omnipotent ? Comment imaginer qu’un être humain issu de ce Dieu parfait ait pu choisir le mal qu’il ne connaissait pas — et dont on se demande comment il a pu apparaître sans la permission divine —, au lieu du bien qui était son fonds naturel ? Enfin, comment imaginer que Dieu puisse tolérer qu’en cas d’échec les hommes soient voués à un enfer éternel, qu’ils aient eu une vie longue ou brève, facile ou difficile, dans un environnement apte à les aider à choisir la bonne voie ou, au contraire, dans un environnement totalement délétère ?
En fait, cette approche est totalement anthropomorphique et n’a rien de divin.

Le point de vue cathare

Dès le début de ce qui allait devenir le christianisme des hommes ont refusé ce schéma dramatique. Paul a commencé par remettre en question la Loi de Yahvé, comme cela apparaît dans les textes, y compris ceux retenus par l’Église de Rome. Après lui, Apollos sans doute, Ménandre, Satornil et Marcion ont remis en cause le caractère de Dieu bon du créateur de ce monde, le démiurge, émettant l’hypothèse que notre origine serait autre.
Les cathares sont les héritiers de ceux qui refusent la vision juive du Dieu de la Torah et des textes annexes aujourd’hui réunis dans l’Ancien Testament. Ils ne se posent pas comme des concurrents des juifs dans l’Amour de Dieu et n’ont de ce fait aucune acrimonie ni aucune accusation à formuler à leur endroit.
Pour eux nous sommes des « extensions » de l’Esprit unique, faussement et en apparence séparées les unes des autres, disposées dans ce monde selon un modèle ségrégationniste (homme, femme, riche, pauvre, puissant, misérable, etc.) et enfermés dans des corps de matière maligne, sous la direction de l’âme mondaine dont l’objet est d’empêcher l’éveil de cette part spirituelle en la maintenant dans l’ignorance de sa nature et de son état au moyen d’outils de sujétions réunis sous le nom de sensualité au sens large ou de perception sensorielle.
Notre part animale, guidée par cette âme mondaine se comporte naturellement comme chez n’importe quel autre animal de cette création. L’instinct nous pousse à vouloir survivre à tout prix, à prendre le pouvoir sur les autres tout en restant dans le groupe protecteur et pourvoyeur d’opportunités. Cette partie, fortement prégnante, ne voit pas plus loin que cette vie qu’elle feint de croire éternelle et est sans cesse à la recherche d’un conflit mimétique susceptible de conforter un état de prédateur, afin d’éviter de se retrouver dans celui de la proie. Mais le cathare, ou plutôt le découvreur du catharisme entrevoit une autre vérité. Comme dans le film américain, Le Truman show[3], nous sommes dans un univers fabriqué sur mesure pour nous maintenir prisonnier tout en nous laissant croire à notre totale liberté de choix. Une version luxe du labyrinthe d’un rat de laboratoire. La vérité est époustouflante ! Depuis notre naissance tout est faux et ceux qui se laissent prendre à cette illusion sont condamnés à revivre sans fin cet emprisonnement, retardant d’autant la possibilité de retourner à leur origine.
Pour en sortir, il n’y a qu’un moyen : refuser la fiction, en chercher les failles, se convaincre de la manipulation et comprendre où est la réalité de notre Moi profond. Alors, l’éveil viendra nous révéler la voie à suivre pour atteindre notre but.

Où vais-je finir ?

Là où le judéo-chrétien est plutôt pessimiste quant à sa capacité de mériter le paradis, plutôt qu’à se retrouver éternellement en enfer, le cathare est franchement optimiste, même s’il a conscience que son cheminement pour s’évader de ce monde sera long et difficile. En effet, convaincu que Dieu est bon et bienveillant, même s’il espère réussir son passage dès la fin de cette vie, il sait cependant qu’à la fin des temps, toutes les parcelles d’Esprit retourneront au Père et que ce monde, lui, retournera au néant dont il est issu.
Cette différence de vue représente le point fort du catharisme sur toutes les autres religions et philosophies. En effet, pas de crainte d’enfer ou de disparition définitive ; le meilleur est à venir. Le catharisme c’est le pari gagnant, le gros lot garanti. Si la conviction cathare devait s’avérer erronée, le croyant n’aurait rien perdu et subirait le sort tragique des autres hommes, mais si elle s’avère juste, il pourra réussir son passage et retourner à l’empyrée divin dont il a été éloigné. Là où tout un chacun voit dans le catharisme une religion difficile et pessimiste, les cathares ne voient au contraire qu’un choix magnifique et parfaitement heureux.
Le seul problème est d’acquérir en ce monde le savoir nécessaire à la compréhension de la manipulation maligne dont nous sommes les victimes. C’est ce savoir qui va profondément nous perturber au point de provoquer l’éveil de la part spirituelle prisonnière et, une fois cet éveil acquis, il faudra simplement agir en accord avec cette nouvelle certitude. Comme c’est souvent le cas pour les projets importants de notre vie, la réussite avec son émerveillement nécessite des efforts et une persistance dans l’effort qui n’est difficile, voire insurmontable qu’avant de l’avoir entamé.

Guilhem de Carcassonne.

12/03/2023


[1] Voir La Bible dévoilée, Israël Finkelstein et Neil Asher Silbermann

[2] Des choses cachées depuis la fondation du monde, René Girard : recherches avec Jean-Michel Oughourlian et Guy Lefort

[3] Film américain de Peter Weir (1998)

Croyant cathare aujourd’hui

2-3-Le catharisme au quotidien
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Croyant cathare aujourd’hui

L’étude des témoignages devant l’Inquisition nous permet de tracer le portrait de ce qu’était un croyant cathare au Moyen Âge. Ces personnes étaient littéralement transcendées par leur foi, mais leur mondanité dominait encore leur approche du monde et leurs comportements s’en ressentaient.Read more

Chronologie du catharisme

1-Découvrir le catharisme
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Chronologie du catharisme

La plupart des chronologies du catharisme ne mettent en avant que la période médiévale. Cela fait l’impasse sur ses origines et sur sa filiation. C’est pourquoi je vous propose cette chronologie qui se pense plus complète.

Première inspiration christique

15 de Tibère Apparition de Jésus, apparence d’homme d’une trentaine d’années, au lac de Tibériade.
Ascension Jésus disparaît mystérieusement
Pentecôte Les apôtres reçoivent le baptême du Saint-Esprit sous forme de langues de feu
Étienne jeune apôtre est lapidé pour blasphème. Une partie de la communauté fuit en Judée, Samarie et même en Syrie. Pierre et Jean sont innocentés par le Sanhedrin. Jacques, frère de Jésus n’est pas convoqué.

Seconde inspiration christique

Paul de Tarse est appelé par Christ et se fait baptiser à Damas par Ananias membre de la communauté en exil.
Schisme d’Antioche Paul s’oppose à Pierre et à Jacques sur le baptême des non-Juifs. Un concile organisé à Jérusalem décide que Pierre, Jacques et Jean seront les apôtres des Juifs chrétiens et Paul des païens chrétiens.
Apollos de Corinthe (venu d’Alexandrie), disciple de Paul est critiqué par ce dernier. Peut-être son « radicalisme » par rapport à Paul pourrait faire d’Apollos l’auteur de l’Évangile selon Jean.

Filiation marcionnite

Satornil (Saturnin) enseigne que Dieu n’a pas créé le monde. Il sera le maître de Marcion et de Valentin.
140 Marcion de Sinope excommunié par la communauté judéo-chrétienne de Sinope s’installe à Rome et entreprend la rédaction de trois documents : les antithèses, l’Évangélion et l’Apostolicon faisant de Paul le premier évangéliste et démontrant l’opposition entre le Dieu des Juifs et celui de Christ.
144 Rejeté par la communauté judéo-chrétienne de Rome Marcion fonde sa propre Église selon la voie de Paul.
Valentin semble vouloir concilier l’approche pagano-chrétienne de Satornil et celle de l’Église de Rome. Il pourrait être l’auteur de l’Évangile selon Thomas. Après sa mort, ses disciples créent une religion mystique : le Gnosticisme.
324 Constantin Ier fait du christianisme romain sa religion personnelle. L’année suivante il organise le premier Concile œcuménique. Carcassonne est déjà entourée de murailles de pierre.
388 Théodose Ier fait du christianisme romain la seule religion de l’Empire et lui donne pouvoir de répression des « hérétiques ».
396 Priscillien d’Avila est décapité avec ses moines pour hérésie.
Ve siècle : Les Marcionites quittent les villes pour échapper à la répression. Ils disparaissent peu à peu d’Occident mais demeurent en Orient (Europe orientale).

Filiation paulicienne

Mi VIIe siècle Un diacre libéré de prison en Syrie convertit un païen à Mananalis et lui remet l’Évangile et l’Apôtre. Ce païen, Constantin, fonde une Église théologiquement proche du marcionisme : le Paulicianisme. Début de l’Islam (Égire).
VIIIe siècle Les Pauliciens, dont les chefs religieux portent des noms de disciples de Paul, luttent contre les chrétiens d’Orient et subissent une lourde défaite à l’issue de laquelle une partie d’entre eux est exilée en Thrace. Exil volontaire possible car accord sur l’iconoclasme. Ils luttent aussi contre les musulmans.
IXe siècle Les Pauliciens luttent contre les Chrétiens d’Orient devenus iconodoules.
En 878, ils sont vaincus et sont dispersés dans l’Empire. Le plus grand nombre est exilé en Thrace et à la frontière bulgare (Philippopoulos-Plovdiv).
Xe siècle Les Pauliciens au contact des païens locaux favorisent l’émergence d’une Église paulicienne bulgare qui serait à l’origine du Bogomilisme. Vers 969, Cosmas le prêtre dénonce la religion du prêtre Bogomile dont la doctrine ressemble beaucoup au paulicianisme. Les dernières traces du marcionisme apparaissent dans les écrits arabes.
Le bogomilisme peut avoir suivi les voies commerciales qui remontent en Allemagne et passent en Champagne et en Flandre.

Catharisme européen

Xe et XIe siècles Des foyers d’hérésie pouvant faire penser au catharisme sont décrits et combattus dans diverses régions du Nord de la France actuelles et se répandent jusqu’à Toulouse. Ils cohabitent avec des opposants au catholicisme qui eux n’ont pas la même doctrine.
1022 12 chanoines brûlés à Orléans, premier bûcher de l’histoire. Leur procès montre des éléments doctrinaux cathares.
1025 Bûchers à Turin, à Toulouse et en Aquitaine.

1095 – 1105 Première croisade. Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse intègre à son armée des troupes de l’empereur Alexis Ier Comnène dont certains éléments sont des Pauliciens. À sa mort, ces troupes ont pu revenir en toulousain. D’autres Pauliciens combattent en Italie du sud.
1135 Bûchers à Liège. Première mention de communautés cathares avec une hiérarchie épiscopale.
1145 Mission de Bernard de Clairvaux en Toulousain et Albigeois. Présence de communautés hérétiques dans les bourgades. Le nom d’albigeois est donné aux hérétiques réfractaires à la prédication de Bernard.
1157 Concile de Reims contre l’hérésie.
1163 Bûcher à Cologne. Eckbert de Schönau crée l’appellation cathare.
1165 Conférence de Lombers, en Albigeois. Présence d’un évêque cathare occitan (Sicerd Cellerier).
1167 Assemblée de Saint Félix en Laurageois. Organisation de quatre évêchés cathares occitans.
1178-1181 Mission cistercienne en Toulousain et Albigeois. Origine du nom albigeois attribué aux cathares.
1184 Décrétale de Vérone. Mesures anti-hérétiques à l’échelle européenne.
1194-1222 Raymond VI de Toulouse. Apogée du catharisme occitan.

Première croisade contre les albigeois

1198-1216 Pontificat d’Innocent III.
1206 Début de la contre-prédication de Dominique. Fondation du monastère de Prouille.
1208 Assassinat du légat Pierre de Castelnau. Appel du pape à la croisade contre les hérétiques.
1209 Début de la première croisade.
Massacre de Béziers, prise de Carcassonne, mort de Raymond Roger Trencavel. Simon de Montfort vicomte de Carcassonne. Bûcher de Casseneuil.
1210 Prise et bûcher de Minerve (140 victimes). Prise de Termes par Simon de Montfort.
1211 Victoire du comte de Foix à Montgey. Prise de Lavaur par Simon de Montfort. 80 chevaliers égorgés, 400 hérétiques brûlés. Bûcher des Cassés (60 brûlés) Bataille de Castelnaudary.
1212 Conquête de l’Agenais et du Quercy par Simon de Montfort.
1213 Hommage de Raymond VI de Toulouse au roi Pierre d’Aragon. Bataille de Muret. Mort du roi d’Aragon. Déroute occitano-aragonaise.
1215 Quatrième concile de Latran : investiture du comté de Toulouse à Simon de Montfort. Fondation de l’ordre des frères prêcheurs ou dominicains. Toulouse.
1216 Début de la reconquête de Raymond VI de Toulouse et de son fils.
1218 Simon de Montfort meurt en assiégeant Toulouse.
1219 Croisade du prince Louis de France, massacre de Marmande.
1220-1221 Reconquête du comté de Toulouse, rétablissement de l’Église cathare.
1221 Mort de Dominique à Bologne.
1222 Mort de Raymond VI, comte de Toulouse.
1222-1249 Raymond VII, comte de Toulouse.
1223 Reconquête de Carcassonne par Raymond Trencavel.
1224 Armaury de Montfort, vaincu, regagne Paris et cède ses droits à la couronne de France.

Seconde croisade contre les albigeois

1226 Croisade royale de Louis VII. Soumission de nombreux vassaux de Raymond VII.
Concile cathare de Pieuse et création de l’évêché de Razes.
Bûcher de Pierre Isarn, évêque de Carcassès, à Caunes Minervois.
Mort de François d’Assise.
1226-1270 Louis IX (Saint Louis) roi de France.
1227-1229 Guerres de Cabaret et de Limoux.
1229 Traité de Paris.
Fin de la croisade contre les albigeois. Capitulation de Raymond VII. Création de l’université de Toulouse, confiée aux frères prêcheurs et codification de la répression anti-hérétique.
Sénéchaussées royales françaises à Carcassonne, à Béziers, à Beaucaire, Nîmes. Les églises sont clandestines.
1232 À la demande de Guilhabert de Castres, Montségur devient «la tête et le siège» de l’Église interdite.

Inquisition pontificale

1233 Fondation par Grégoire IX de l’Inquisition confiée aux ordres mendiants. Deux tribunaux mis en place à Toulouse et Carcassonne.
1234 Soulèvements contre l’Inquisition à Toulouse, Albi et Narbonne.
1239 Le 13 mai : bûcher du Mont Aimé en Champagne (180 brûlés). Destruction de l’Église cathare de France.
1242 Attentat d’Avignonet contre l’Inquisition par les chevaliers de Montségur, signal de l’entrée en guerre de Raymond VII. Le pays se soulève.
1243 Les alliés de Raymond VII sont battus. Traité de Lorris. Début du siège de Montségur.
1244 Le 16 mars : bûcher de Montségur (225 brûlés). Fin des églises cathares organisées en Occitanie. Systématisation de l’Inquisition à partir de ses sièges de Carcassonne, Albi et Toulouse.
1249 80 croyants Cathares brûlés à Agen. Mort de Raymond VII, son gendre Alphonse de Poitiers lui succède.
1255 Chabert de Barbaira rend Queribus, dernière place forte cathare.
1258 Traité de Corbeil qui définit la frontière entre les royaumes de France et d’Aragon.
1270 Mort de Lois IX, lors de la huitième croisade, devant Tunis.
1271 Mort de Jeanne de Toulouse et d’Alphonse de Poitiers. Rattachement du comité de Toulouse au domaine royal.
1280-1285 Procédures irrégulières de l’Inquisition à Carcassonne et Albi. Complot contre les archives de l’Inquisition à Carcassonne.
1295 Pierre et Guilhem Authié rejoignent l’Église occitane en Italie où ils sont consolés et reviennent en Languedoc au début du 14e siècle.
Soulèvement contre l’Inquisition (rage carcassonnaise) sous l’égide de Bernard Délicieux.
Suspension de l’Inquisition par le roi. Mais après avoir démis Bernard Délicieux, l’Inquistion reprend son activité contre le sursaut de l’Église cathare mené par les frères Authié.

Reprise de l’apostolat en Languedoc

1300-1310 Tentative de la petite église des frères Authié.
1303 Geoffroy d’Ablis nommé inquisiteur à Carcassonne.
1307 Bernard Gui nommé inquisiteur à Toulouse.
1309 Jacques et Guilhem Authié, Arnaud Marty, Prades Tavernier, Amiel de Perles, Philippe d’Alairac et Raymond Fabre, capturés et brûlés.
Guilhem Bélibaste s’enfuit de l’autre côté des Pyrénées.
1310
Pierre Authié est brûlé à Toulouse.
1318-1325 Campagne d’Inquisition de Jacques Fournier, évêque de Pamiers.
1321 Bûcher de Guilhem Bélibaste à Villerouge-Termenes.
1325 Bûcher d’une croyante cathare à Carcassonne.
1329 Bûcher de 3 croyants cathares à Carcassonne.
1412 Dernières sentences contre les cathares italiens.

1463 Conquête de la Bosnie par les Turcs : fin du catharisme bosniaque.

Résurgence du catharisme ?

28 mars 2016 Annonce d’une maison cathare à Carcassonne et début de noviciat
23 mai 2021 ? Première Consolation de l’ère moderne ?

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