Évangile selon Marc – Chapitre 10

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON MARC

Chapitre dix

1 – De là il se lève et vient vers le territoire de la Judée et au-delà du Jourdain, et des foules s’acheminent encore vers lui. Et il les enseignait encore, comme de coutume.
2 – Des pharisiens s’approchèrent; ils lui demandaient si un homme a le droit de renvoyer sa femme. C’était pour le mettre à l’épreuve.
3 – Il leur répondit : Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ?
4 – Ils dirent : Moïse a permis d’écrire une lettre de répudiation et de renvoyer.
5 – Jésus leur dit : C’est à cause de votre dureté qu’il vous a écrit ce commandement.
6   Au commencement de la création Dieu les a faits mâle et femelle ;
7 – c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme,
8 – et les deux seront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux mais une seule chair.
9 – Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas.
10 – À la maison, les disciples le questionnaient encore là-dessus.
11 – Il leur dit : Quiconque renvoie sa femme et se marie avec une autre, il est adultère envers la première ;
12 – et si c’est elle qui renvoie son homme pour se marier avec un autre, elle est adultère.

Mon analyse :
Vis-à-vis des pharisiens, Jésus se sert de leur loi pour l’invalider. En demandant ce que dit la loi, il feint d’être respectueux de la loi. Mais en indiquant que Moïse a transgressé la parole de Iahvé pour s’adapter à un peuple manquant de foi, il indique que la loi est fausse. Et il rappelle l’obligation de ne s’attacher qu’à une personne vivante. Devant les disciples, il va plus loin encore en rappelant l’égalité homme-femme alors que ni la loi ni la tradition juive ne prévoient que ce soit la femme qui puisse répudier le mari. Tout cela pour affirmer que la Bienveillance doit primer et qu’un engagement doit être respecté de part et d’autre ; c’est engagement est de veiller au Bien de l’autre.

13 – Et on lui présentait des enfants pour qu’il les touche; mais les disciples les tançaient.
14 – En voyant cela, Jésus s’indigna ; il leur dit : Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas ; car le règne de Dieu est à leurs pareils.
15 – Oui je vous le dis, quiconque n’accueille pas le règne de Dieu comme un enfant n’y entrera pas.
16 – Et il les embrassa et les bénit en posant les mains sur eux.

Mon analyse :
Oui seuls ceux qui abordent les autres sans a priori, sans jugement et avec humilité sont susceptibles d’être sauvés.

17 – Comme il se mettait en chemin, quelqu’un accourut, tomba à genoux devant lui et lui demanda : Bon maître, que faire pour hériter de la vie éternelle ?
18 – Jésus lui dit : Pourquoi me dis-tu bon ? Personne n’est bon, que Dieu seul.
19 – Tu sais les commandements : Tu ne tueras pas ; tu ne seras pas adultère ; tu ne voleras pas ; tu ne témoigneras pas à faux, tu ne léseras personne ; honore ton père et ta mère.
20 – Il lui dit : Maître, j’ai gardé tout cela dès ma jeunesse.
21 – Jésus le regarda et l’aima ; il lui dit : Une chose te manque : va-t’en, vends tout ce que tu as et donnes-en le prix aux pauvres ; tu auras un trésor dans le ciel. Et viens ici, suis-moi.
22 – Et lui, refroidi par cette parole, s’en alla tout triste, car il avait de grosses propriétés.
23 – Jésus regarda tout autour et dit à ses disciples : Comme il va être difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le règne de Dieu !
24 – À ces paroles les disciples furent saisis. Et Jésus leur dit à part : Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le règne de Dieu !
25 – Il est plus facile à un chameau de passer par la fente de l’aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le règne de Dieu.
26 – De plus en plus frappés ils se disaient entre eux : Qui peut donc être sauvé ?
27 – Jésus   les   regarde et dit : C’est impossible aux hommes, mais non à Dieu, car tout est possible à Dieu.

Mon analyse :
En refusant le qualificatif de bon, réservé à Dieu seul, Jésus confirme qu’il n’y a pas d’unité de personne entre lui et Dieu, ce qui invalide l’hypothèse trinitaire des judéo-chrétiens. En répondant à la question, il montre que la loi du Dieu juste (Iahvé) n’est pas suffisante au regard du Dieu bon. Tant que l’on n’a pas tout fait pour l’autre, quel qu’il soit, on n’a rien fait. C’est quand on s’est mis au rang des plus humbles que l’on est sur le chemin. Et c’est par l’aide de Dieu que l’on peut réussir.

28 – Pierre commença à lui dire : Voilà, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi.
29 Jésus dit : Oui je vous le dis, personne n’aura laissé maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de l’évangile,
30 – qui ne reçoive au centuple, maintenant, à l’instant, maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions et, dans l’âge qui vient, la vie éternelle.
31 – Beaucoup de premiers seront derniers, et de derniers, premiers !

Mon analyse :
Les disciples s’inquiètent de leur propre situation et demandent à Jésus de les rassurer. Jésus leur indique cependant qu’ils n’ont pas fini de souffrir.

32 – Ils étaient sur le chemin qui monte à Jérusalem, et Jésus marchait devant. Ils étaient saisis et ceux qui suivaient étaient effrayés. Il prit encore les douze et commença à leur dire ce qui allait lui arriver :
33 – Voilà que nous montons à Jérusalem et le fils de l’homme va être livré aux grands prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux nations ;
34 – et on se moquera de lui, on crachera sur lui, on le fouettera, on le tuera et, trois jours après, il ressuscitera.
35 – Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, s’avancent vers lui et lui disent : Maître, nous voulons que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander.
36 – Il leur dit : Que voulez-vous que je fasse pour vous ?
37 – Ils lui disent : Donne-nous d’être assis un à ta droite, un à ta gauche, dans ta gloire.
38 – Et Jésus leur dit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je bois, ou être immergés de l’immersion dont je suis immergé ?
39 – Ils lui dirent : Nous le pouvons. Et Jésus leur dit : Vous boirez la coupe que je bois, et vous serez immergés de l’immersion dont je suis immergé ;
40 – mais je n’ai pas à donner d’être assis à ma droite ou à ma gauche, les places sont à ceux pour qui on les a prévues.
41 – À ces paroles, les dix commencèrent à s’indigner contre Jacques et Jean.
42 – Jésus les appelle et leur dit : Vous savez que ceux qui semblent régenter les nations exercent sur elles leur seigneurie, et les grands, leur pouvoir.
43 – Il n’en est pas ainsi parmi vous ; mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur,
44 – et quiconque veut être premier parmi vous sera l’esclave de tous.
45 – Car le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.

Mon analyse :
Alors que Jésus leur explique ce qui va se passer, Jacques et Jean ne pensent qu’à eux. Dans leur compréhension juive ils imaginent un monde spirituel à l’image du monde terrestre et des rapports de hiérarchie entre les élus. Jésus rappelle qu’il n’en est rien et que, même lui, ne décide de rien, ce qui confirme la séparation entre Jésus et Dieu. Les autres disciples s’insurgent alors qu’ils étaient dans les mêmes dispositions mentales quelques instants auparavant.

46 – On vient donc à Jéricho. Et comme il sortait de Jéricho avec ses disciples et pas mal de monde, le fils de Timée, Bartimée, un mendiant aveugle, était assis au bord du chemin.
47 – En entendant que c’était Jésus de Nazareth il commença à crier : Jésus fils de David, aie pitié de moi !
48 – Beaucoup lui enjoignaient de se taire, mais il criait de plus belle : Fils de David, aie pitié de moi !
49 – Jésus s’arrêta et dit : Appelez-le. On appelle l’aveugle, on lui dit : Courage, lève-toi, il t’appelle.
50 – Il jeta son manteau et vint d’un bond vers Jésus.
51 – Et Jésus lui répondit : Que veux-tu que je fasse pour toi ? L’aveugle lui dit : Rabbouni, que j’y voie !
52 – Et Jésus lui dit : Va-t’en, ta foi t’a sauvé. Aussitôt il vit ; et il le suivait sur le chemin.

Mon analyse :
Même si la foi de l’aveugle n’est pas dirigée dans le bon sens, elle lui vaut le salut. Cela nous rappelle que c’est l’intention qui compte et non pas l’action qui peut être trompée par des phénomènes extérieurs et impossibles à cerner. Nul ne peut être perdu pour avoir suivi de bonne foi un mauvais chemin.

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