Inquisition

Guiraud de Pépieux.

5-1-Histoire du catharisme
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Guiraud de Pépieux.

Les faits d’armes d’un chevalier faydit méconnu

Bien que Guiraud de Pépieux descende d’une longue lignée nobiliaire, il n’en demeure pas moins une figure peu connue. Personnage secondaire dans l’histoire de la croisade contre les Albigeois, il y apparaît cependant comme un farouche et opiniâtre résistant à l’envahisseur français. C’est donc le récit de ses faits d’armes, que je vais tenter de faire ici.

Quelques repères biographiques :

Pepieux (11)

Guiraud (ou Géraud, ou Gérard) de Pépieux (vers 1170 ? – 1240 ?)[1].
Fils de Frézouls de Lautrec, seigneurs des Touelles (aujourd’hui Briatexte 81)[2].
Seigneur de Pépieux (11), Agel (34), Pouzols-Minervois (11), Cazelles (34 Aigues-Vives)[3][6].
Vassal du vicomte de Narbonne[4].
Son grand-père, dont le nom était également Guiraud, a participé en 1095 à la première croisade (en terre sainte) lancée par le pape Urbain II[5].
Au moment de la croisade contre les Albigeois, est marié à Alix fille de Guillaume de Minerve[6].
Une de ses tantes paternelles devient cathare revêtue vers 1214[7].
D’après la date de naissance donnée, Guiraud a 39 ans à l’arrivée des croisés.

Les sentiments cathares de Guiraud

Bien qu’une de ses tantes paternelles deviendra Bonne-chrétienne vers 1214, rien, ne laisse deviner une croyance ou même une sympathie envers la religion cathare, de Guiraud de Pépieux. Cependant, quelle que soit sa Foi (s’il en avait une), cela ne l’empêcha nullement de faire sa soumission au chef de la croisade. Celle-ci ayant eu lieu peu de jours après l’effroyable massacre de Béziers (22 juillet 1209) — où Arnaud Amaury avait lancé son fameux « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » —, entraina également le ralliement (de circonstance ?) de Guiraud (et d’autres) à l’ost croisé. Puis, Simon de Montfort, devenu le nouveau chef de l’armée catholique après le siège victorieux de Carcassonne (août 1209), et le chevalier de Pépieux se lièrent d’amitié. En signe de bonnes relations Simon alla même jusqu’à laisser occuper quelques places du Minervois à son nouvel ami. Toutefois cette belle entente (feinte de la part de Guiraud ?) allait bientôt brutalement cesser.

Le soudain revirement !

Le revirement du seigneur de Pépieux, trouve son origine dans un sombre événement l’ayant personnellement touché et dont nous fait part la Canso (traduction de Mary-Lafon)[8] :

Giraud de Pépion qui, d’un autre côté,
Avait la paix du comte, aussi s’est révolté ;
Mais par une raison, grave à la vérité,
Un Franc occit son oncle ; or, Montfort irrité
Voulut qu’il fût tout vif dans la fosse jeté.
Jamais on ne montra plus de sévérité,
Et l’homme était Français et de grand’parenté,
Donc Giraud aurait dû se tenir pour vengé ;
Mais, au contraire, il fond sur lui comme enragé,

Le chateau de Puisserguier (34)

Ainsi, Guiraud éprouvant un grand ressentiment du meurtre de son cher parent, trouva là l’argument à repasser dans le camp occitan. Lors de l’absence de Montfort, alors à Montpellier, autant pour se venger, que pour marquer son entrée en résistance, il alla prendre (par surprise) le château de Puisserguier (34).

Et Pierre de Vaulx-de-Cernay ajoute[9] :

[…] il jeta dans une tour du château les servants du comte, dont il s’était saisi au nombre de cinquante. Puis, comme dans la nuit même où le comte s’était retiré, il songea à déguerpir sur l’heure de minuit, dans la crainte qu’il ne revînt au lendemain l’assiéger en forme, ne pouvant par trop grande hâte emmener ses captifs de la tour, il les précipita dans un fossé de cette tour même, fit jeter par-dessus eux de la paille* du feu, des pierres, et tout ce qu’il trouva sous la main et bientôt quittant le château, il gagna Minerve, traînant après lui les deux chevaliers qu’il avait en son pouvoir […] au point du jour, le comte étant de retour au susdit château, et le trouvant vide, le renversa de fond en comble ; et quant à ces gens gisants dans le fossé, lesquels avaient jeûné pendant trois jours, il les en fit retirer, trouvés qu’ils furent, […] sans blessure ni brûlure aucune. Partant dudit lieu, le comte rasa jusqu’au sol plusieurs châteaux dudit Gérard, et peu de jours après il rentra dans Carcassonne. Pour ce qui est de ce traître et félon Gérard, il avait conduit les chevaliers de Montfort à Minerve et ne tenant cas de sa promesse, faussant son serment, il ne les tua point, il est vrai, mais ce qui est plus cruel que la mort, il leur arracha les yeux et, leur ayant amputé les oreilles, le nez et la lèvre supérieure, il leur ordonna de retourner tout nus vers le comte. Or, comme il les avait chassés en tel état pendant la nuit, le vent et le gel faisant rage, car en ce temps-là l’hiver était très âpre, un d’eux, ce qu’on ne saurait ouïr sans larmes, vint mourir en un bourbier ; l’autre, ainsi que je l’ai entendu de sa propre bouche, fut amené par un pauvre à Carcassonne.

Puis sans tarder, pour « se mettre au vert », le chevalier de Pépieux s’esquiva dans les lointains confins des Corbières.[10]
Raison certainement pour laquelle il ne put participer, au cours de l’été 1210, à la défense de Minerve.

L’année suivante, Guiraud est excommunié (comme receleur, fauteur, défenseur des routiers, hérétique[11] et chef de bande) par l’évêque d’Uzès et Arnaud Amaury, légats du Siège apostolique, et ses biens confisqués. Il tomba de fait en faydiment[12], état qu’il conservera (lui, ou — comme on le verra plus loin — un de ses proches ?), à part probablement lors de la parenthèse de la reconquista occitane, jusqu’à sa mort.

La guérilla du faydit

Stèle, massacre de Montgey

En Mars 1211, Simon de Montfort, poursuivant la conquête du comté de Toulouse, assiège Lavaur (81). L’énergique résistance de la ville, compliquant singulièrement la situation, oblige le comte à faire appel à des renforts. De nombreux « pèlerins »[13] arrivant de Carcassonne, sont attaqués dans les environs proches de Montgey (81), par des troupes commandées par le comte de Foix, son fils, leurs alliés et… Guiraud de Pépieux.

Voici l’épisode raconté par Pierre de Vaulx-de-Cernay[14] :

[…] une multitude de pèlerins venaient de Carcassonne à l’armée et voilà que ces ministres de dol et artisans de félonie, savoir, le comte de Foix, Roger Bernard, son fils, Gérard de Pépieux, et beaucoup d’autres hommes au comte de Toulouse, se mettent en embuscade avec, nombre infini de routiers dans un certain château nommé Montjoyre [aujourd’hui Montgey (81)], près de Puy-Laurens puis, au passage des pèlerins, ils se lèvent, et se jetant sur les pèlerins désarmés et sans défiance, ils en tuent une quantité innombrable […]

Le guet-apens ayant été parfaitement préparé, la surprise est complète. Désorganisés, ne pouvant faire face efficacement à l’assaut, Allemands et Frisons sont presqu’en totalité massacrés.

Néanmoins, cette déroute cinglante n’aura aucune incidence sur le cours du siège ; Montfort, même privé des renforts, finira par prendre la ville.

Toujours en 1211, à l’automne, suite au siège avorté de Toulouse par Simon de Montfort, l’ost occitan de Raymond VI et Raymond-Roger de Foix, passera à l’offensive. Sa marche l’amènera devant les murs de Castelnaudary, dont le siège sera aussitôt entrepris. Montfort, alors à Carcassonne, fait route à marche forcée vers la ville, et après avoir envoyé mander des renforts, parvient par choix tactique à s’y laisser enfermer. Débute ainsi une guerre de position. À la nouvelle que le comte honni n’était plus libre de ses mouvements, toute la région avoisinante se soulève et se libère (pour quelques mois seulement) du joug des français. C’est alors que les renforts attendus par les assiégés, arrivant de Lavaur, sont interceptés à la hauteur de Saint-Martin-Lalande (11) par le comte de Foix ainsi que ses alliés du Carcassès et du Lauragais.

Guillaume de Tudèle nous conte alors le combat que livra Guiraud de Pépieux, à cette occasion[15] :

Un chevalier d’ici, Giraud de Pépion,
Du preux comte de Foix le meilleur champion,
Pique son destrier des tranchants éperons,
Et du seigneur Bouchard rencontre un des Bretons
Débouchant de la voie au milieu des buissons.
Il le fiert dans l’écu, lui perce le poumon
Malgré cotte et haubert, et le cloue à l’arçon,
Si bien que par le dos il lui sort un tronçon
De lance tout sanglant ainsi que le perinon.
A terre celui-là choit sans confession.

Cependant, Montfort constatant que la mêlée ne tournait pas à l’avantage de ses amis, décida d’aller leur porter secours. Laissant le minimun de troupes dans le castrum, il partit à grand galop renverser les chevaliers occitans et l’issue de la bataille. Après avoir mis le contingent du comte Foix en déroute, il voulut, dans l’élan, chasser l’armée de Raymond VI. Toutefois le corps toulousain, bien campé dans ses retranchements, ne pouvait être délogé par un coup de main. L’attaque en règle fut remise au lendemain. Profitant alors de l’aubaine le comte de Toulouse et ses vassaux levèrent le camp pendant la nuit.

Et suit le siège des Touelles (que Pierre des Vaulx-de-Cernay, transcrit Tudelles) aujourd’hui Briatexte (81), fief de Frézouls de Lautrec, père de Guiraud de Pépieux. Le moine chroniqueur profite du bref récit de ce funeste épisode pour manifester à nouveau la profonde aversion qu’il éprouve envers le guerrier occitan[16] :

Peu de jours ensuite ils marchèrent rapidement pour assiéger un certain château du diocèse d’Albi nommé Tudelle, appartenant au père de ce très-méchant hérétique, Gérard de Pépieux, lequel ils prirent après l’avoir attaqué quelques jours, passant tous ceux qu’ils y trouvèrent au fil de l’épée, et n’épargnant que le seigneur, échangé depuis par le comte contre un sien chevalier que le comte de Foix retenait dans les fers, savoir, Drogon de Gompans, cousin de Robert de Mauvoisin.

Puis nous retrouvons le fier chevalier en charge, selon le souhait de Raymond VI, de la défense de la place de Saint-Marcel (81).

Pierre des Vaulx-de-Cernay nous dit donc[17] :

[…] et son avis [de l’abbé de Citeaux Arnaud Amaury] ayant été qu’on assiégeât Saint Marcel, château situé à trois lieues d’Albi, et commis par le comte de Toulouse à la garde de ce détestable traître, Gérard de Pépieux les nôtres s’y rendirent et en firent le siège […]

Toutefois, Montfort, faisant face à une troupe nombreuse et résolue, ne pouvant à la fois tenir le siège et protéger ses convois de ravitaillement régulièrement attaqués, fût obligé d’abandonner par manque de vivres.

Le récit ne nous apprend rien sur les gestes de Guiraud en cette affaire. Néanmoins, il met l’accent, sur la confiance que le comte de Toulouse lui avait accordée en l’assignant défenseur du fort tarnais.

Malgré tout, quelques mois plus tard, opportunément, le comte français viendra quand même occuper Saint-Marcel, celui-ci ayant été laissé sans garnison (Guiraud de Pépieux et sa troupe sont alors à Castelsarrasin [82]) et déserté par la population. Alors afin de se venger de son échec, il fera abattre les remparts ainsi que le donjon du château et incendier le bourg.

Après quoi vient le siège, par Montfort, de la ville de Moissac (82). C’est au cours de celui-ci, en 1212, que le condottiere reçut une délégation des gens de Castelsarrasin (82). Ceux-ci devant la fâcheuse tournure prise, pour les occitans, par le siège voisin, et le départ de la ville de Guiraud de Pépieux, jugèrent bon, par prudence, de venir faire leur soumission.

Ainsi la canso nous dit[18] :

« Point ne veulent se faire occire ou dépouiller.
Ils vont où les bourgeois d’Agen viennent d’aller.
Le moindre de deux maux il faut toujours chercher.
Bernard d’Esgal le dit : Dans un fangeux sentier,
Si tu vois devant toi ton compagnon tomber
Ou si tu passes l’eau, ne va point le premier,
Reste loin, si quelqu’un venait à se noyer
Pour pouvoir en arrière aussitôt retourner. »
Donc, si m’aide Jésus ! ils ne sont à blâmer.
Car celui qui devrait être leur bouclier,
Géraud de Pépieux, avec maint chevalier,
Sort du château disant qu’il n’y veut demeurer,
Et n’y demeurerait pour or ni pour denier,
Et s’en va maintenant camper sur le gravier
Contre ceux de Moissac, pour les exterminer,
Dont la ville fut prise.

Et cette soumission en entraîna d’autres, telle celle de Verdun-sur-Garonne notamment.

Une fois n’étant pas coutume, Guiraud et ses hommes auraient déguerpi vers Toulouse par les rives de la Garonne, comme le nous le dit Michel Roquebert.

Peut-être avait-il jugé que Castelsarrasin n’était pas raisonnablement défendable ?

On pourrait aussi interpréter les vers suivants comme ceci :
Et s’en va maintenant camper sur le gravier [Et va se poster sur la rive (du Tarn)]
Contre ceux de Moissac, pour les exterminer, [Pour attaquer ceux qui assiègent Moissac]
Dont la ville fut prise. [Malgré cela, la ville est conquise.[19]]

Si la traduction de Mary-Lafon et l’interprétation proposées sont justes, nous serions là devant un fait d’arme de Guiraud de Pépieux passé totalement inaperçu !

Toutefois, il est vrai que Pierre des Vaulx-de-Cernay ne mentionne pas cet (hypothétique) assaut dans son récit.
Toujours est-il, qu’intervention de Guiraud ou pas, Moissac finira par capituler.

Et puis plus rien. On ne sait ce qu’est devenu Guiraud de Pépieux ; aucune source ne nous renseigne sur sa destinée.

La fin de Guiraud

La Roca de Buc

Néanmoins, Michel Roquebert nous dit qu’un Guiraud de Pépieux — est-ce le faydit ? ou son fils ? ou alors un neveu — est arrêté pour hérésie à Caunes [Minervois (11)] vers 1237 par l’inquisiteur Ferrier. Incarcéré au Mur (prison inquistoriale) de Carcassonne, il parviendra cependant à s’en échapper[20].

Enfin, un Guiraud de Pépieux participera à la révolte de Trencavel fils en 1240. Mais celle-ci tournera court. Les rebelles ayant échoué à prendre Carcassonne, pourchassés par le chambellan Jean de Beaumont, tenteront d’aller se réfugier dans le massif des Corbières (11 et 66). Rattrapés, les faydits sont alors cernés dans la petite fortification de la Roca de Buc (66). Faits prisonniers après de durs combats, Usalger d’Aigues-Vives (34) et Guiraud de Pépieux sont pendus séance tenante sur ordre du chambellan[21].

Si le Guiraud de 1240 est le même que celui évoqué depuis le début de ce rappel historique, celui-ci aurait donc été exécuté vers l’âge de 70 ans après, être resté en faydiment pendant presque 30 ans. Pour ceux qui pensent que c’est un âge trop avancé, pour cette époque, je rappelle qu’Olivier de Termes serait mort en terre sainte aux alentours de 74 ans.

Conclusion

Ce travail rassemble, pour mieux les mettre en lumière, les récits des faits d’armes de Guiraud de Pépieux, une des grandes figures de la résistance occitane face aux envahisseurs croisés.
À défaut d’être mieux connu, comme c’est le cas de Chabert de Barbaira, seigneur de Quéribus et d’Olivier de Termes, ce chevalier sort ainsi des limbes de l’histoire.

© Bruno Joulia – Août 2024


[1] M. Yves Gazagnes nous donne aux environs de 1170 comme année de naissance de Guiraud de Pépieux. https://gw.geneanet.org/ygazagnes?lang=fr&n=pepieux&p=giraud+de

[2] « L’épopée Cathare, 1198-1212, l’invasion » tome I, par Michel Roquebert, éditions Privat, 1992, page 329.

[3] https://agel34.fr/le-village-dagel/lhistoire-du-chateau-dagel

[4] Les seigneurs de Pépieux étaient vassaux du vicomte de Narbonne. https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9pieux

[5] Guiraud de Pépieux a participé à la première croisade en 1095 à l’appel du pape Urbain II pour aller défendre le tombeau du Christ. https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9pieux

[6] Géraud de Pépieux (petit-fils de Guiraud), qui avait épousé Alix de Minerve. Poursuivi par le comte il fut contraint de se réfugier dans le nid d’aigle de son beau-père Guilhaume à Minerve. https://www.mairie-pouzols-minervois.fr/index.php/si-pouzols-m-etait-conte/un-peu-d-histoire

[7] « L’épopée Cathare, 1198-1212, l’invasion » tome I, par Michel Roquebert, éditions Privat, 1992, page 457.

[8] https://archive.org/details/LaCroisadeContreLesAlbigeoisLafon/mode/2up (Page 76 du document). Une traduction bien oubliée aujourd’hui, que j’ai voulu mettre en avant.

[9] Histoire de l’hérésie des Albigeois et de la sainte guerre entreprise contre eux (de l’an 1203 à l’an 1218) / par Pierre de Vaulx-Cernay, Brière, Paris 1824. (Chapitre XXVII, pages 77, 78, 79, du document).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1122310/f4.item.r=Histoire+de+l’h%C3%A9r%C3%A9sie+des+Albigeois+et+de+la+sainte.langFR

[10] « L’épopée Cathare, 1198-1212, l’invasion » tome I, par Michel Roquebert, éditions Privat, 1992, page 329.

[11] « L’épopée Cathare, 1198-1212, l’invasion » tome I, par Michel Roquebert, éditions Privat, 1992, page 378.

[12] http://hautpoul.blogg.org/faydits-chevaliers-sans-terre-a125237988

[13] « Au nombre de cinq mille au moins dit la chanson » (Page 99).

 https://archive.org/details/LaCroisadeContreLesAlbigeoisLafon/mode/2up

[14] « Histoire de l’hérésie des Albigeois et de la sainte guerre entreprise contre eux (de l’an 1203 à l’an 1218) » par Pierre de Vaulx-Cernay, Brière, Paris 1824. (Chapitre L, page 138).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1122310/f4.item.r=Histoire+de+l’h%C3%A9r%C3%A9sie+des+Albigeois+et+de+la+sainte.langFR

[15] https://archive.org/details/LaCroisadeContreLesAlbigeoisLafon/mode/2up (Page 119 du document).

[16] Histoire de l’hérésie des Albigeois et de la sainte guerre entreprise contre eux (de l’an 1203 à l’an 1218) par Pierre des Vaulx-de-Cernay, Brière, Paris 1824. (Chapitre LX, page 182).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1122310/f4.item.r=Histoire+de+l’h%C3%A9r%C3%A9sie+des+Albigeois+et+de+la+sainte.langFR

[17] Histoire de l’hérésie des Albigeois et de la sainte guerre entreprise contre eux (de l’an 1203 à l’an 1218) Pierre des Vaulx-de-Cernay, Brière, Paris 1824. (Chapitre LX, page 183).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1122310/f4.item.r=Histoire+de+l’h%C3%A9r%C3%A9sie+des+Albigeois+et+de+la+sainte.langFR

[18] https://archive.org/details/LaCroisadeContreLesAlbigeoisLafon/mode/2up (Page 133).

[19] Il est à signaler que les deux premiers traducteurs de la Canso (Claude Fauriel et Jean-Bernard Mary-Lafon) n’ont pas la même interprétation de ces vers que les deux suivants (Paul Meyer et Eugène Martin-Chabot). Ces derniers se seraient aperçus (par déduction) de la perte, par le scribe (du manuscrit conservé aujourd’hui à la BnF) de quelques syllabes, ce qui aurait donc entrainé un sens tout différent à ce que voulait, d’après eux, exprimer originellement le poète (Guillaume de Tudèle). Voilà pourquoi Michel Roquebert nous dit que Guiraud de Pépieux évacue Castelsarrasin par la grève de la Garonne – vraisemblablement pour gagner Toulouse : « L’épopée Cathare, 1198-1212, l’invasion » tome I, par Michel Roquebert, éditions Privat, 1992, page 481.

[20] « L’épopée Cathare, mourir à Montségur », tome IV par Michel Roquebert, éditions Privat, 1990, page 300.

[21] https://www.academia.edu/39008838/Identifier_la_Roca_de_Buc_pour_une_r%C3%A9vision_de_l_itin%C3%A9raire_de_l_exp%C3%A9dition_de_Jean_de_Beaumont_dans_la_s%C3%A9n%C3%A9chauss%C3%A9e_de_Carcassonne_automne_1240_ (Page 94).

Castelnaudary

1-1-Tourisme culturel
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Castelnaudary

Castelnaudary, est une petite ville située au Nord-Ouest du département de l’Aude. On la considère depuis le XIVème siècle, à la suite de Laurac (-le-Grand [11]), comme la capitale du Lauragais. Elle se trouve au cœur de la vaste plaine du Sud-Est du Toulousain, entre les premiers contreforts de la Montagne Noire, et les collines de la Piège ; c’est un carrefour sur les axes Toulouse-Carcassonne, et Tarn-Ariège. Au cours du Moyen-âge, elle a été, comme toutes les localités alentour, un important foyer du catharisme, où de marquants évènements se sont déroulés lors de la fameuse « affaire Albigeoise » (1208-1329).

En 1211, pour éviter qu’elle ne serve de base et d’étape aux troupes croisées, la ville sera évacuée puis incendiée par Raymond VI qui tentera ainsi de freiner l’avance de l’ost catholique vers Toulouse. Cependant, Simon de Montfort, mesurant la valeur stratégique du bourg, s’emparera de celui-ci et en fera réédifier les murs afin d’y établir une garnison. À la fin de l’été de la même année, suite à l’échec, fin juillet, du siège de Toulouse par l’armée francilienne, la coalition occitane passera à la contre-attaque. Ce faisant elle viendra faire le siège de Castelnaudary où ses troupes et machines de guerre camperont en un lieu (aujourd’hui le quartier Mauléon) non loin du castrum ; ce dernier était alors occupé par la garnison de la place et les soldats croisés qui avaient abandonné Montferrand (11). La population de la cité, quant à elle, devant le danger, préfèrera fuir la ville et rejoindra l’armada languedocienne. Simon de Montfort, depuis Carcassonne, voulant en découdre au plus vite, fit route à marche forcée vers la ville qui subissait un vague blocus, et n’était pas, faute de plan de la part des occitans, réellement attaquée. Le comte français, dans l’attente de secours qu’il avait envoyé mander, décida, par choix tactique, de s’y laisser enfermer. Commença dès lors une guerre de positions. À la nouvelle que le comte de Monfort était, pensait-on, emprisonné dans le castrum assiégé, toute la région environnante se souleva et se libéra (pour quelques mois cependant) du joug des croisés. C’est alors que les renforts arrivant de Lavaur (81), seront  interceptés par le comte de Foix. La bataille eut lieu (aujourd’hui signalée par un panneau didactique) entre les communes de Saint-Martin-Lalande (11) et Lasbordes (11), à quelques kilomètres de la cité chaurienne. Tournant dans un premier temps à l’avantage des coalisés, elle s’achèvera, après une intervention de chevaliers menés par l’intrépide chef catholique venus à la rescousse du convoi, sans vainqueur, ni vaincu. Presqu’aussitôt le comte de Toulouse, mettra un terme au siège, et par là même, à la contre-offensive qui l’avait amené sous les murs de la cité lauragaise, laissant ainsi Montfort maître de la place. Presque deux ans plus tard, Castelnaudary sera l’écrin d’un événement d’importance pour la famille de Monfort. Selon son souhait Amaury, son fils, y sera armé chevalier. Sous une grande tente dressée sur une vaste prairie qui s’étendait aux pieds des remparts regardant les Pyrénées (aujourd’hui, le grand bassin du Canal du Midi), le fils sera adoubé par son père le 24 juin 1213, jour de la Saint-Jean. Mais Amaury et Simon ne chevaucheront que peu d’années ensemble. Le 25 juin 1218 le chef de l’ost croisé sera tué au siège de Toulouse, laissant Amaury désemparé, et désormais chargé de la préservation des terres conquises ainsi que de la poursuite de la croisade contre les cathares. Cependant depuis 1216, les temps ont changé, les possessions des Montfort sont contestées par le jeune Raymond VII qui combat pour récupérer les domaines de ces ancêtres. C’est dans ce contexte de reconquista qu’au printemps 1220, ce dernier marche sur Castelnaudary et l’investit. Amaury de Montfort va réagir en venant assiéger la cité, dont il s’était auparavant retiré. et dans laquelle se trouve de nombreux hérétiques (chrétiens cathares) qui s’y étaient réinstallés. Parmi eux se trouvaient le célèbre hérésiarque (évêque cathare) Guilhabert de Castres, et le diacre du Sabarthès, Raymond Agulher, qui seront évacués par des chevaliers croyants, au vu du risque encouru pour l’Église cathare s’ils venaient à être capturés. Au cours d’un des combats, qui n’ont pas manqué d’émailler ces huit mois de siège, fut mortellement blessé le chevalier et croyant cathare Raymond de Roqueville, qui recevra le consolament des mourants (baptême cathare) par deux parfaits (chrétiens consolés) accourus à sa demande. En février 1221, de guerre lasse, Amaury lèvera le camp, pour se replier à nouveau sur Carcassonne. Cinq années passèrent. En 1226, le roi Louis VIII, décidant de rentrer à Paris, après avoir renoncé à prendre Toulouse, fit halte à Castelnaudary. Le bayle du comte de Toulouse d’alors, Pierre Marty, qui avait défendu la place lors du siège d’Amaury de Montfort, prit de panique, demandera l’asile à Bernard-Othon de Niort, qui le cachera quelques jours à Laurac, puis au donjon de Besplas. Il y rejoindra Guilhabert de Castres et quelques parfaits qui s’étaient cachés là dès l’annonce de l’arrivée de la croisade royale. Puis la guerre contre les Albigeois se terminera en 1229 par la signature du traité de Paris. Les clauses de celui-ci prévoyaient la démilitarisation du comté de Toulouse. Certaines de ses places fortes devaient être démantelées, les autres, dont Castelnaudary, devaient être neutralisées. Pour son compte, la cité chaurienne sera occupée par des troupes royales pendant dix ans. Dix-huit mois plus tard la ville servira cette fois de lieu d’entrevue entre l’évêque de Tournai, Gauthier de Marnis et Raymond VII. Le nouveau légat du pape Honorius III, y rappellera pour lors fermement au comte de Toulouse ses manquements dans l’observance les modalités, concernant la lutte contre les hérétiques, du traité qu’il avait pourtant signé quelques mois plus tôt. L’année 1233, suite à l’échec de l’Inquisition épiscopale établie en 1229, verra l’instauration de l’Inquisition papale confiée aux ordres mineurs. C’est au cours de leur tournée inquisitoriale en Lauragais, en janvier 1242, que les frères Guillaume Arnaud et Étienne de Saint-Thibéry, s’arrêteront à Castelnaudary. Ils se trouveront devant un véritable mur du silence de la part de la noblesse locale, qui avait pour s’assurer le mutisme de la population, lancé des menaces de mort à l’encontre de tout éventuel délateur qui serait démasqué. Malgré l’assassinat des inquisiteurs à Avignonet (28 mai 1242), Castelnaudary sera le théâtre, à Pâques 1243, du bûcher, sur condamnation de frère Ferrer, d’un homme et de son petit-fils, deux hérétiques cathares de Montgaillard (31). Cependant, la ville et la région ne comptaient pas seulement que des hérétiques ; l’inquisiteur Hugues Amiel, qui officia dans la seconde moitié du XIIIème siècle, était lui aussi natif du bourg. Enfin le nom de Castelnaudary apparaîtra une dernière fois dans « l’affaire Albigeoise ». En 1319, une partie du procès du révolté moine franscicain Bernard Délicieux, accusé d’avoir soulevé le peuple contre l’Inquisition au cours de « la rage carcassonnaise », se tiendra dans la future capitale du Lauragais…

Dans une tournée du Catharisme en Lauragais, Castelnaudary est une étape importante. Il faut pour ressentir l’ambiance qui régnait entre ses murs avant la croisade, se promener dans le quartier de la Baffe, où se trouvaient les ateliers tenus par les bons-hommes tisserands (métier de prédilection des cathares revêtus), qui dispensaient, tout en travaillant, l’enseignement de la « nouvelle » croyance. Puis votre déambulation dans la vieille ville, vous mènera peut-être près de l’endroit où la noble et célèbre bonne-femme Blanche de Laurac (11) administrait en personne une maison hérétique dans laquelle des novices féminines se préparaient à recevoir, au bout d’un long cheminement spirituel, le consolament d’ordination. Au contraire, se balader du côté du Présidial, c’est flâner où se dressait le château médiéval, c’est alors imaginer la fièvre, l’âpreté et la violence des sièges et des combats. Avoir aperçu les vestiges des remparts, c’est avoir eu la vision des affrontements et des assauts où tant d’occitans se battirent pour la défense de leur liberté, de leurs terres, de leur civilisation… mais aussi, pour certains, de leur foi.

Le bassin du port est le second en taille, après le lac de Saint-Ferréol, qui assure le niveau d’approvisionnement du canal du Midi. Vous pourrez y louer des pénichettes sans permis pour une promenade au rythme de l’eau, non sans avoir auparavant dégusté le cassoulet, dont la cité chaurienne considère qu’elle en est la créatrice.

Publié le 26/06/2023 par Bruno Joulia

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Verdun-Lauragais

1-1-Tourisme culturel
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Verdun-Lauragais

Toujours dans le Lauragais, à huit kms à l’Est de Labécède se trouve planté sur une presqu’ile rocheuse, à l’instar de Minerve (34) et de Montolieu (11), cernée par la petite rivière le Tenten au Nord-Est et le ruisseau la Goutine au Sud-Ouest, le village de Verdun-Lauragais. Il se situe à 315 mètres d’altitude sur le flan méridional de la Montagne Noire, face aux Pyrénées et dominant la vaste plaine de Castelnaudary. Son relatif isolement n’empêchera nullement de le préserver de l’ancrage du catharisme lors des XIIème et XIIIème siècles, en faisant même, au contraire, un des derniers saillants de celui-ci en Lauragais au tout début du siècle suivant.

Ce n’est qu’en 1152 que les fils d’Hugues de Saissac, annoncent à leur suzerain Raymond Trencavel (le vicomte d’Albi, Carcassonne, Béziers) avoir pris la décision de la fondation d’un castrum au lieu de Verdun. Le site est alors entouré de remparts et pourvu de deux portes (que l’on devine encore de nos jours), la porte d’aval et la porte du Cers.

Le castrum aura, comme tous les castrums du Lauragais de cette époque, sa maison d’hérétiques cathares, où les jeunes gens du bourg venaient apprendre à tisser et s’instruire en religion.

L’opération militaire contre les albigeois (1209-1229) ne génèrera aucun événement à Verdun. Malgré les instaurations successives des inquisitions épiscopales (1229) et dominicaines (1233), il faudra attendre le début des années 1240, pour que le nom du castrum soit par l’entremise de son bayle, cité pour un acte de violence. Sur incitation de ce dernier et du collecteur de dimes, une dizaine d’habitants de Caraman tendront une embuscade au curé de Vitrac (81) et son clerc. Le prêtre parviendra à s’enfuir, mais le clerc sera assassiné et jeté dans un puits. Nous ne savons rien sur les suites (s’il y en a eu) de cette affaire. Faute d’informations, nous ne pouvons que supposer la quiétude du village et de ses abords immédiats, pour les quelques années qui ont suivi cet événement vengeur…

Néanmoins, nous apprenons, qu’en l’an 1254, Raymond Donati, de son nom en religion Montouty, diacre cathare de Toulouse, prêchait dans un bois proche de Verdun. La même année, peut-être à seulement quelques jours ou semaines de distance des prédications, hasard ou coincidence ?, l’inquisition perquisitionne le castrum. C’est alors, en ces tragiques moments, que des croyantes de Dreuilhe et de Verdun vont annoncer, aux parfaits du lieu qui se cachaient au bord de la rivière le Tenten, leur départ imminent pour l’Italie afin de s’y faire ordonner ; le Lauragais ne disposant plus à cet instant de diacre pour conférer le sacrement.
L’opération terminée, trois des « héréticus perfectus » qui s’étaient préservés de l’intervention inquisitoriale, sachant ne plus pouvoir retourner chez les croyants, seront cachés et ravitaillés pendant deux mois dans les environs du castrum. Puis l’un d’eux se terrera encore quelques temps au lieu-dit les Pierres Blanches, tout près du bourg. Il s’appelait Guillaume Carrère. Après avoir mené une douzaine d’années durant, la vie clandestine d’un parfait de son temps, découragé, il finira par abjurer volontairement sa foi hérétique auprès de l’inquisition.

La pression du tribunal de la foi s’accentuant, nombre de verdunois et verdunoises choisiront l’option d’aller chercher refuge en Lombardie, à l’exemple du natif du castrum, le parfait Bernard Ollier vu en la ville de Pavie, et que l’on retrouvera avec rang d’évêque, à Sirmione par la suite. Pour l’anecdote, il avait été de ceux qui avaient soutenu Guillaume Carrère, quand celui-ci se cachait dans les bois du village.

En 1305, une nouvelle et grande rafle sera ordonnée par l’inquisiteur Geoffroy d’Ablis, elle aboutira à l’envoi de dix-huit habitants du castrum au mur (prison inquisitoriale) de Carcassonne. Elle permettra également à l’enquête de se mettre sur la piste de l’église des frères Authier, dont les membres avaient rendu de fréquentes visites aux bons croyants et bonnes croyantes du bourg.
Quatre ans plus tard, la traque des disciples de Pierre Authié se poursuivant, c’est l’arrestation de l’un d’eux, Amiel de Perles, dans une borde dans les environs de Verdun. Parmi les soutiens actifs des bons chrétiens de la dernière église cathare occitane des frères Authié, figuraient trois fidèles issus du castrum, Guilhem Falquet, Pèire Bernier et sa femme Serdane, preuve, s’il en est, de la résistance de la population verdunoise à la répression inquisitoriale. Pèire Bernier, sera quant à lui, après avoir été arrêté et condamné comme relaps, les inquisiteurs disaient « comme un chien retourne à son vomi », un des cinq brûlés originaires de Verdun, des 25 cathares exécutés à Toulouse entre 1308 à 1321.

Verdun, nous venons de le voir, de par son histoire, est une étape incontournable pour qui voudrait sillonner « les routes du catharisme » en Lauragais. Sur place, vous pourrez y constater la configuration remarquable du castrum, dont les contours sont parfaitement adaptés à la topographie du lieu. L’hérésie albigeoise y a été particulièrement présente et ses adeptes singulièrement fervents. De grands noms du Catharisme, y ont séjournés, y ont prêché, y ont consolé, s’y sont réfugiés… 800 ans plus tard, l’endroit transpire encore leur présence. C’est un haut lieu du catharisme qu’il faut absolument visiter.

Bruno Joulia – Peyrens (11400) ©2023 (texte et photos)

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