Sur mon chemin

Informations du site

14 vue(s)

Sur mon chemin

L’œuvre majeure de la conscience consiste à épurer l’idée de Dieu jusqu’à la transparence¹. Cette phrase de Yves Maris agit comme un véritable déclencheur pour moi; c’est elle qui m’a donné le courage ou la lucidité de reconnaître l’existence de ma conscience spirituelle, d’accepter l’immanence innommée. Je me suis rappelé les «joutes» philosophiques lycéennes sous l’égide du prof, au sujet de l’existence de Dieu, et ai senti renaître instantanément ce sentiment furtif, indéfinissable, indicible et vite gommé par la raison, d’une part d’Amour en soi qui nous transcende. Pour moi, c’est cette immanence qu’on appelle «étincelle divine». Puis je découvris par la lecture, l’exemplaire vie de personnes qui, au Moyen-Âge, suivirent la voie apostolique de Jésus-Christ. C’est par l’exemple de ces personnes que Christ prit alors pour moi, toute sa réalité.
La découverte philosophique du «Livre des deux principes» laissa des traces indélébiles dans mon «inconscient» spirituel jusqu’à ce que, dévastée par la mort de mon père, ce sentiment d’Amour universel s’impose de manière tout à fait claire. Cet éveil spirituel, que je ne pouvais plus nier, eut évidemment le visage du catharisme.

Dieu est et restera indéfinissable, car l’idée de Dieu m’est «transparente». Le divin est totalement contenu dans le principe du Bien qui définit l’Être unique dont émanent toutes nos «étincelles divines» (ou  âmes spirituelles, ou encore esprits saints). Toute  image cosmogonique ne m’intéresse plus aujourd’hui, comme il  ne m’intéresse plus de m’interroger sur le comment et le pourquoi du Mal sur  la terre ou de la responsabilité de Dieu dans tout ça, puisque Dieu est principe.

«Quand nous nous éveillons à la connaissance de notre état, nous entamons notre chemin et la route qui s’ouvre devant nous est un cheminement de concert avec le Christ et le Père sous la guidance du Paraclet ²». Dans le seul but d’éclairer mon propre chemin en toute liberté de conscience, je réécris cette phrase de Guilhem en changeant un seul mot. J’enlève ce nom «Père» qui trouble ma vision; «La route devant [moi] est un cheminement de concert avec le Christ, et le [Bien] sous la guidance du Paraclet». Le besoin de définir ma foi me fait passer par des étapes de «purification» des concepts . Tout comme il peut paraître plus juste de parler de l’idée de Dieu plutôt que de sa représentation, le concept de Père me heurte profondément. Le sens premier d’engendrement attaché à ce substantif est forcément réducteur  du divin (étranger au monde corruptible). Il y a, de plus, dans ce terme un reliquat de paganisme tout aussi dérangeant: tous ces dieux tout-puissants, ces déesses- mères du panthéon mythologique sont par trop humanisés. Il est un postulat cathare très démystifiant pour moi: Dieu n’étant pas créateur de ce monde je ne peux l’appeler «Père». De toute façon, si mon engagement spirituel avait nécessité la représentation d’un créateur, rien ne m’aurait empêché de choisir plutôt l’Amour d’une Mère, telle la Pachamama³.

M’interrogeant régulièrement sur mon cheminement, je me suis imposé aujourd’hui d’exprimer mes sentiments, de préciser ma vision de cette voie  empruntée maintenant depuis quatre ans, inquiète de ma légitimité à ce beau et pur idéal. Mais  je garde toujours chevillées à ma «tunique d’oubli» et à mon âme mondaine, cette quête du Bien et cette foi dans l’Amour universel.  Amitiés.

Chantal.


  1. Yves Maris. La résurgence cathare le Manifeste. Le Mercure Dauphinois 2007
  2. Guilhem de Carcassonne. Commentaire de l’Évangile selon Jean, dimanche de la Pentecôte.
  3. Pachamama: Terre- Mère en Quechua. Elle correspond à la déification de la Terre dans la cosmogonie andine précolombienne, elle est considérée comme la mère de tous les êtres vivants. Figure très forte chez les indiens Quechuas et Aymaras, elle continue d’être respectée et vénérée par l’ensemble de la population andine.

Faites connaître cet article à vos amis !

Informations du site