Ascension du Seigneur

Informations du site

2 776 vue(s)

Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Ascension du Seigneur

L’ascension, fêtée quarante jours après Pâques depuis le 4esiècle, est destinée à donner une apparence de cohérence à l’approche judéo-chrétienne de la mission christique. En effet, si l’on décide que Jésus est un homme envoyé par Dieu, impossible de le laisser mourir après l’avoir fait ressusciter. Il devient dès lors très encombrant. Il ne peut demeurer, car nul n’a jamais vu un être de chair vivre éternellement ; il ne peut disparaître sans témoins, car cela fragiliserait l’argument de sa venue. Il fallait donc le laisser partir de façon miraculeuse.

Le côté juif transparaît clairement dans le choix des quarante jours qui sont récurrent dans l’Ancien Testament. On le trouve dans le déluge, dans l’attente des tables de la loi, dans l’errance du peuple juif dans le désert, etc. Après sa résurrection Jésus agit de façon magique et donc son départ obéit à la même règle. Cela ne peut surprendre, mais ce qui étonne c’est qu’il ait fait de même dans le temps de son incarnation. Rares sont ceux — et les cathares en furent — qui considèrent que cela justifie de penser qu’il ne fut jamais incarné. C’est pourtant l’approche la plus cohérente dans un monde où la réalité de l’existence de l’homme Jésus ne pouvait être mise en cause.

Aujourd’hui il en va autrement. Nous savons que rien ne prouve l’existence d’un individu bien précis ayant mené une action comparable à celle présentée dans les textes, même si rien ne prouve le contraire. Le seul élément qui pourrait emporter notre décision est le fait que Paul ne s’est jamais référé à Jésus à titre personnel, mais s’est contenté de parler de Christ. Les nombreuses, et parfois imparfaites, interpolations des textes qui lui sont attribués montrent bien cela.

Si l’on abandonne l’idée d’une incarnation, il est clair que celle de l’ascension n’a plus de raison d’être.

1relecture :

Actes des apôtres : 1, 1-11

1 – Mon premier livre, ô Théophile, traitait de tout ce que Jésus a commencé de faire, et aussi d’enseigner,
2 – jusqu’au jour où, ayant donné par l’Esprit saint ses ordres aux apôtres qu’il avait choisis, il leur a été enlevé,
3 – eux à qui, après avoir souffert, il s’était présenté vivant et avec beaucoup de preuves en se faisant voir d’eux quarante jours durant et en leur parlant du règne de Dieu.

Mon analyse :
La parenté avec l’Évangile selon Luc est évidente à en lire cette entame. Luc, disciple de Paul serait donc l’auteur ce qui permet de valider tout ce qui sera dit ensuite, y compris si c’est contre Paul. Mais, comme dans l’Évangile selon Thomas, ce style narratif destiné à valider une thèse ne saurait nous tromper. Demeurons donc prudent sur ce point.

4 – Or, un jour qu’il était avec eux, il leur ordonna de ne pas quitter Jérusalem mais d’y attendre la promesse du Père : Celle dont je vous ai parlé,
5 – car Jean a immergé dans l’eau, mais vous serez immergés dans l’Esprit saint d’ici peu de jours.
6 – Assemblés, donc, ils lui demandèrent : Seigneur, est-ce le temps où tu rétablis le règne d’Israël ?
7 – Il leur dit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a établis de son propre pouvoir,
8 – mais le Saint Esprit surviendra sur vous et vous en recevrez de la puissance et serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’au bout de la terre.
9 – Ce disant et sous leurs regards il fut élevé et une nuée le déroba à leurs yeux.
10 – Comme ils avaient les yeux fixés vers le ciel, pendant qu’il s’en allait, voilà que deux hommes en habits blancs se présentèrent à eux
11 – et leur dirent : Galiléens, pourquoi rester là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé au ciel reviendra de la même manière que vous l’avez vu se rendre au ciel.

Mon analyse :
La répétition de la fin de l’évangile vise là encore à renforcer le lien entre les deux auteurs.

Psaumes : 47 (Vulgate 46), 2-3, 6-7, 8-9

2 – Battez des mains, peuples, vous tous acclamez Élohim, au bruit des cris de joie,
3 – car Iahvé, le Très-Haut, est terrible, c’est un grand roi par toute la terre !
6 – Élohim monte en fanfare, Iahvé, au son du cor.
7 – Psalmodiez pour Élohim, psalmodiez, psalmodiez pour notre roi, psalmodiez,
8 – car Élohim est roi de toute la terre, psalmodiez doctement !
9 – Élohim règne sur les nations, Élohim siège sur son trône de sainteté.

Mon analyse :
Outre le fait que Dieu est présenté comme un roi terrestre devait être considéré à l’époque, notamment dans sa violence potentielle : terrible ! ce qui interroge dans ce psaume c’est la pluralité attribuée à Dieu. En effet, nous voyons se côtoyer Élohim — dont je rappelle qu’il s’agit d’un pluriel —  et Iahvé. On a même l’impression que Iahvé est une partie d’Élohim qui serait alors un groupe auquel on pourrait sans doute joindre également Adonaï. On comprend mieux pourquoi certains précurseurs du catharisme, comme Ménandre par exemple, attribuaient ce monde à des anges déchus.

2e lecture :

Lettre de Paul aux Éphésiens : 1, 17-23

17 – pour que le Dieu de notre seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de dévoilement qui vous le fasse connaître
18 – en éclairant les yeux de votre cœur pour que vous sachiez à quelle espérance il vous appelle, quelle richesse de gloire il vous fait hériter parmi les saints,
19 – et l’extraordinaire grandeur de sa puissance envers nous qui avons foi. Cette énergie de sa force dominatrice,
20 – il l’a mise en œuvre dans le Christ en le relevant d’entre les morts et en le faisant asseoir à sa droite dans les cieux
21 – au-dessus de toute principauté, pouvoir, puissance et seigneurie, et de tout nom nommable non seulement dans cet âge-ci mais dans l’autre ;
22 – et il a tout mis sous ses pieds et l’a donné pour chef suprême à l’église,
23 – laquelle est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tout.

Mon commentaire :
Cette fin d’introduction marque son caractère judéo-chrétien en faisant de christ un chef suprême, ce qui tranche chez Paul plutôt empreint d’humilité.

Évangile selon Matthieu : 28, 16-20

16 – Quant aux onze disciples, ils allèrent en Galilée, à la montagne que Jésus leur avait désignée.
17 – À sa vue, ils se prosternèrent, mais ils doutaient.
18 – Jésus s’approcha, leur parla et dit : On m’a donné tout pouvoir au ciel et sur la terre.
19 – Allez donc à toutes les nations, faites-en des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,
20 – enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Et voilà que moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des âges.

Mon commentaire :
Les disciples ne sont toujours pas convaincus mais Jésus les envoie quand même en mission. Il annonce que sa prédication s’adresse à toute l’humanité et non pas aux seuls juifs. Cela conforte la position de Paul et invalide celle des disciples. En fait cet évangile est loin d’être aussi monolithique que l’on pourrait le croire vue la source dont il se réclame. Cela peut plaider en faveur de remaniements dans l’écriture.

Voici comment je reçois ces textes.

Guilhem de Carcassonne.

Faites connaître cet article à vos amis !

Informations du site

Contenu soumis aux droits d'auteur.