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2 – 2 – Paul, Marcion et les autres

5-2-Histoire du christianisme
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Paul, Marcion et les autres

Nous allons aborder une période extrêmement compliquée à appréhender de l’histoire du proto-christianisme et du début du christianisme, en raison de la pauvreté et du manque de fiabilité des sources disponibles. L’histoire n’est ni une science exacte, ni une science honnête. L’absence d’outils de cadrage et l’obligation de se référer à des documents forcément subjectifs obligent à faire preuve d’une grande prudence dans nos analyses. Bien entendu, cela est valable pour nos propres analyses qui sont soumises à notre subjectivité personnelle.

Le « christianisme » du premier siècle

Les 30 premières années de l’ère commune

Que sait-on de vérifiable sur cette période en Palestine ? Rien, ou à peu près rien. En effet, la plupart des informations disponibles dans les textes chrétiens du Nouveau Testament ne sont pas superposables à des récits émanant d’autres sources. Quand certains points sont conformes à d’autres données historiques, ces dernières sont suffisamment vagues pour n’être en aucune façon décisives. À titre d’exemple, le fait qu’un romancier décrive dans son livre un lieu précis, en respectant scrupuleusement les données connues sur ce lieu, ne permet pas d’affirmer que les événements qu’il y place aient eu lieu.

Si l’ère commune commence à l’an 0, il ne se trouve plus aujourd’hui grand monde pour affirmer qu’il corresponde à la date précise de la naissance de Jésus. Même l’Église catholique reste floue sur la date précise, voire l’année de sa naissance. Pour d’autres, c’est le fait même de sa naissance, donc de son existence qui est sujette à de nombreux doutes.

Mais il faut bien démarrer quelque part. Alors voyons ce qui s’est passé dans ces premières années de notre ère.

Il est indéniable que des individus de religion juive ont propagé un message qui fut attribué à un être de chair qu’ils ont assimilé au messie davidique des écrits de la Torah. Mais la compréhension de ce message fut très diversement interprétée, allant de ceux qui voyait dans ce message un complément au judaïsme justifiant la mise en place d’une énième secte juive jusqu’à ceux qui y voyait en réalité une rupture et un rejet du judaïsme comme religion de Dieu.

Si l’on connaît assez bien le développement du groupe rattachant le message christique au judaïsme, il en va tout autrement du groupe qui rejetait cette idée.

Le principal document utilisable sur ce sujet est le livre Actes des apôtres dont il est clair qu’il est fortement orienté, à la fois pour rattacher au courant majoritaire les éléments qui l’arrangent ou qui peuvent le valoriser et, pour dénigrer directement ou pas ceux qui ne vont pas dans son sens.

Trois personnages sont à distinguer dans cette période.

Étienne, représentant du pagano-christianisme ?

Étienne, présenté comme un jeune diacre de la communauté judéo-chrétienne qui blasphème le Dieu des juifs et est exécuté par lapidation.

Son comportement est intéressant à double titre :

  • Il fait partie du second cercle, nommé à l’occasion d’une querelle entre juifs chrétiens (Hébreux) et juifs hellénisants (diaspora) ;
  • Il blasphème le Dieu des juifs, comme le fit Jésus, et est exécuté par lapidation, ainsi que le prévoit la loi juive, alors que jésus aurait été crucifié.

La querelle, qui occasionna la mission d’Étienne au service des dirigeants de la communauté, met en avant un comportement des Hébreux qui correspond à l’attitude habituelle des juifs de Jérusalem vis-à-vis des juifs de la diaspora (vivant à distance du Temple de Jérusalem). Si les premiers sont avant tout des juifs cherchant à établir une secte faisant de Jésus leur référence, les seconds sont plus éloignés du judaïsme le plus orthodoxe.

Le comportement d’Étienne nous fait comprendre qu’il est forcément, et au mieux, issu du groupe hellénisant. Pourtant ses idées sont plus radicalement anti-juive que la plupart des autres, ce qui révèle l’existence d’une fracture au sein de ce groupe. Cette fracture porte sur le rejet de la Torah, voire de Iahvé comme référence. En cela, ce groupe préfigure le courant pagano-chrétien. D’ailleurs, après la mort d’Étienne, les Actes nous disent qu’une grande persécution eut lieu contre l’église de Jérusalem. Mais c’est faux ! En effet, si tous les membres furent dispersés, les apôtres sont demeurés. Cela montre qu’aux yeux des juifs il y a bien deux catégories de sectateurs de Jésus : ceux qui l’intègrent au judaïsme et ceux qui en font le pilier d’une nouvelle religion.

Simon le mage, caricature de Paul ?

Dès le chapitre 8 les Actes mettent l’accent sur ceux que les judéo-chrétiens considèrent comme des ennemis. Paul, qui sera appelé Saul jusqu’au chapitre13, y est présenté sous un jour sombre, mais en accord avec sa mission d’alors. Par contre, un nouveau personnage fait son apparition. Il s’agit de Simon que l’on dit capable de magie et qui semble causer des troubles chez les samaritains, juifs considérés comme hérétiques par ceux de Jérusalem. Il reçoit le baptême d’eau de Philippe, mais pas le baptême par imposition des mains. Considérant ce baptême comme supérieur, il demande à en recevoir la compétence de transmission contre de l’argent[1].

Plusieurs auteurs et chercheurs ont cru voir dans la juxtaposition des critiques envers Paul et dans l’histoire de Simon, une volonté de dénigrement de Paul, plus ou moins assimilé à ce personnage dont l’existence réelle n’est pas attestée.

Paul de Tarse

Pour Paul nous avons plusieurs documents pour étayer son existence. Les Actes des apôtres posent problèmes, car ils semblent chercher à donner de Paul une image conforme à la volonté judéo-chrétienne d’amoindrir son influence au profit de celle de Pierre. Les Épitres qui lui sont attribuées sont manipulées, modifiées, remaniées, voire carrément inventées. Trier dedans pour tenter de restituer sa pensée est un véritable travail de… romain !

Les apocryphes sont intéressants, mais forcément entachés de doute.

Si Paul n’a pas créé le groupe des juifs qui se sont éloignés de la « parenté » juive, au point de rejeter Iahvé et la Torah, il l’a rejointe à Damas et en est devenu le porte-parole au point que son travail missionnaire est sans aucun doute à l’origine du premier schisme intervenu en 49 entre judéo-chrétiens et pagano-chrétiens, même si ces qualificatifs n’existaient pas encore.

Il est très difficile d’analyser la vie de Paul à cette époque, parce que les témoignages qui nous sont parvenus sont loin d’être uniformes. D’un côté nous avons un récit attribué à Luc, médecin et un temps ami de Paul, mais cela semble être une ruse, car son contenu est loin d’être celui d’un proche. En effet, on n’y trouve aucune mention des lettres que Paul adressa à des communautés qui s’appuyaient sur son apostolat. De même, on remarque des divergences entre les lettres de Paul et le récit attribué à Luc, notamment concernant la reconnaissance du statut d’apôtre de Paul et la date de sa venue à Jérusalem. Enfin, ce texte (Les Actes des apôtres) ne reconnaît le statut romain de Paul qu’à partir du chapitre 13, alors qu’il est citoyen romain de naissance. Sans parler des épisodes destinés à mettre Paul en difficulté vis-à-vis des communautés chrétiennes. De l’autre côté nous avons les lettres de Paul, appelées Épitres par l’Église romaine, dont nous savons très clairement qu’elles ont été manipulées de diverses façons. Certaines ont été constituées à partir de plusieurs écrits différents (Lettre aux Romains par exemple), toutes ont été partiellement falsifiées par l’ajout d’interpolations de scribes judéo-chrétiens destinées à amoindrir le caractère jugé « hérétique » des écrits pauliniens jusqu’à la mise en place de la compilation appelée Nouveau Testament. Deux autres documents nous sont parvenus, sans être validés par l’Église officielle. Ces apocryphes sont une vie de Paul figurant dans les Actes de Pierre et de Simon et un échange de correspondance avec Sénèque, précepteur de Néron. Il en ressort principalement que Paul fut libéré de prison vers 64 en raison d’un vice de procédure — ses accusateurs juifs ne s’étaient pas présentés devant le tribunal de peur d’être mis en accusation —, et qu’il partit pour un quatrième voyage missionnaire qui le mena de Rome en Espagne et ensuite dans la zone orientale de l’Empire. C’est là qu’il fut de nouveau arrêté et ramené à Rome où il fut exécuté vers 68, sans doute sur ordre de l’empereur Néron, soucieux de se disculper dans les accusations populaires relatives à l’incendie de Rome.

On retrouve dans la correspondance de Paul de nombreux éléments doctrinaux et de praxis qui jalonneront les groupes religieux qui suivront et ce jusqu’aux bogomiles et aux cathares. Le lien doctrinal est indiscutable.

Le « christianisme » du deuxième siècle

Les gnostiques

Ce nom, clairement donné par l’Église catholique de Jérusalem, puis de Rome, à ceux qui refusaient de se plier au dogme catholique, regroupe en fait des personnalités et des « écoles » de pensée très diverses, dont certaines ne furent sans doute pas chrétiennes.

Simon, Apollos et Cérinthe

Si Simon le mage dont nous venons de parler a existé, il est clairement le premier des gnostiques et, sans doute pas chrétien. Par contre Apollos de Corinthe[2], qui vivait à Alexandrie avant d’en être ramené et d’être baptisé par imposition des mains à Corinthe, est clairement un chrétien. On connaît de lui sa grande éloquence qui fit de l’ombre à Paul qu’il ne croisa que de façon épisodique. Cependant, installé dans des communautés pauliniennes, il y poussa les théories du maître si loin qu’il semble bien que Paul s’en soit inquiété. Le travail d’Apollos à Corinthe fut si intense que certains chercheurs pensent que le gnostique appelé Cérinthe pourrait bien n’être personne d’autres qu’Apollos et ses théories firent penser à d’autres qu’il pourrait bien être l’auteur de l’Évangile selon Paul, si cher aux cathares. Apollos semble avoir avancé sur l’exclusion de Iahvé comme Dieu des chrétiens et sur le docétisme, c’est-à-dire sur la double nature de Jésus, à la fois Dieu et homme.

Ménandre et Satornil (Saturnin)

Ménandre semble avoir été le premier à proposer que Dieu ne serait pas le créateur du monde, doctrine que son disciple Satornil va faire évoluer jusqu’à proposer que Iahvé serait un ange devenu mauvais. Dieu est par ces théories séparé du démiurge et innocent de ce monde imparfait et mauvais. Ménandre avait proposé que le monde soit la création de sept anges. Cette hypothèse est intéressante quand on se rappelle que le Dieu des juifs est souvent appelé Élohim qui est terme pluriel alors que Iahvé est un singulier.

Cette séparation crée un second schisme, après celui de Paul, et met durablement en place une seconde voie christique, avant même que le mot chrétien ne soit inventé.

Basilide et Carpocrate

Cet autre disciple de Ménandre semble avoir introduit la philosophie platonicienne et aristotélicienne. C’est lui introduit le concept grec de Nous (Intellect, Sagesse) pour désigner le christ. Il partage avec Satornil l’idée du salut par la foi. Il semble bien qu’il ait ouvert la voie à Valentin et au néoplatonisme.

Proche de Satornil pour le rejet de la Torah, Carpocrate n’est pas adepte du docétisme et ne voit en Jésus qu’un homme. Il croit en la puissance de chacun dans sa résistance au Mal. Cela est sans doute à l’origine de l’idée qu’il aurait autorisé ses disciples à se laisser aller à toutes les turpitudes, puisque ces dernières ne concernent que le corps. C’est sans doute une interprétation de leurs opposants.

Valentin

Disciple de Basilide, il se réfère beaucoup à la philosophie grecque et rejette la loi mosaïque. Il n’associe pas le Dieu de la Torah au démiurge et valorise Jacques le mineur, dit frère de Jésus, contrairement aux autres gnostiques. Cette approche peut expliquer à la fois le recentrage de Valentin sur Jésus et son éloignement des racines juives. Ce sont les raisons qui font que certains chercheurs voient en Valentin l’auteur de l’Évangile selon Thomas et que ces disciples ont fini par abandonner le christianisme au profit d’une nouvelle religion qu’ils ont créée, le gnosticisme.

Marcion et le marcionisme

Disciple de Satornil, il appartient clairement à ce courant hétérogène appelé gnostique, mais il va constituer une doctrine chrétienne fidèle aux origines et à la pensée de Paul.

Issu d’une famille christianisée de Sinope (sur la côte sud de la Mer Noire), il semble avoir développé une approche chrétienne jugée hérétique, puisqu’il fut rejeté par la communauté dont son père était l’évêque. Descendu à Rome en 140, il renfloua les caisses de l’Église catholique qui lui permit de travailler quatre ans à l’étude des textes. Mais, ses conclusions rejetant les textes de la Torah, la plupart des autres textes juifs et faisant de Iahvé, non seulement le démiurge créateur du monde, mais aussi Dieu du Mal, firent hurler les responsables judéo-chrétiens locaux. Si l’on ajoute qu’il reprit toutes les lettres de Paul, dénonçant les falsifications, les ajouts et les forgeries et qu’il remania l’Évangile selon Luc pour en faire un évangile de Paul, on comprend aisément qu’il également exclu de l’Église romaine qui préféra lui rembourser ses 200 000 sesterces.

Grâce à sa richesse personnelle liée à son activité d’armateur, il décida de fonder des communautés adeptes de ses théories. Cette nouvelle Église chrétienne prit une telle ampleur qu’elle était considérée au 3e siècle comme la plus importante du monde, avant l’Église de Rome ! Et cette opinion est celle d’un des Pères de l’Église de Rome ! Après sa mort, survenue vers 160, son Église se répandit sur tout le continent, souvent à proximité ou en remplacement des communautés paulinienne. Les marcionites furent si présent qu’au 2e siècle, quad le mot chrétien fut inventé à Antioche de Syrie, c’est à des marcionites qu’il fut appliqué. De même, à Édesse, ce sont les marcionites qu’on appelait chrétiens, alors que les judéo-chrétiens étaient nommés palutiens, du nom de leur évêque Palut.

Quand l’empereur Théodose rendit le christianisme catholique religion d’État et donna à ses cadres le pouvoir de justice religieuse, les choses changèrent. Les marcionites durent entrer dans la clandestinité et furent poursuivi durement, mais à la fin du premier millénaire on trouve encore des récits citant des communautés marcionites clandestines.


[1] C’est de là que vient le terme de simonie qui désigne le fait de monnayer les actes rituels de la religion.

[2] Le nom de la ville accolé au nom de l’apôtre désigne la ville où fut baptisé l’intéressé, selon le rite de l’imposition des mains.

Deuxième lettre de Jean

4-2-Bible
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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Deuxième lettre de Jean

bi-11-jo2-61 – L’ancien, à la dame élue et à ses enfants que j’aime dans la vérité, et non seulement moi, mais tous ceux qui ont connu la vérité,
2 – à cause de la vérité qui demeure en nous et qui sera avec nous pour toujours.
3 – Grâce, miséricorde et paix seront avec nous de par Dieu le Père et Jésus Christ le Fils du Père, dans la vérité et l’amour.
4 – Je me suis fort réjoui de trouver de tes enfants en marche dans la vérité selon le commandement que nous avons reçu du Père.
5 – Maintenant je te demande, ô dame, que nous nous aimions les uns les autres et je ne t’écris pas là un commandement nouveau, mais celui que nous avons eu dès le principe.
6 – L’amour est de marcher selon ses commandements, et le commandement tel que vous l’avez entendu dès le principe est de marcher dans l’amour.

Mon analyse :
L’auteur se place en qualité d’ancien, c’est-à-dire d’une autorité de l’Église qui a la charge d’une ou plusieurs communautés. La dame élue et à rapprocher de la femme de l’Apocalypse, c’est-à-dire Jérusalem. L’auteur nous signale qu’une partie des habitants a rejoint la communauté (v. 4) et met en avant le commandement d’amour de Jésus.

7 – Car beaucoup d’égareurs sont sortis en ce monde, ceux qui n’avouent pas que Jésus Christ est venu en chair. C’est là l’égareur et l’antéchrist.
8 – Veillez sur vous pour ne pas perdre nos travaux et pour recevoir le plein salaire.
9 – Quiconque va de l’avant et ne demeure pas dans la doctrine du christ n’a pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine a le Père et le Fils.
10 – Si quelqu’un vous vient sans apporter cette doctrine, ne le recevez pas à la maison, ne lui dites pas bonjour.
11 – Celui qui lui dit bonjour s’associe à ses œuvres mauvaises.

Mon analyse :
Mais, l’auteur change d’attitude en vitupérant contre ceux qu’il considère comme des égareurs parce qu’ils ne suivent pas la doctrine judéo-chrétienne de l’incarnation de Jésus. Il les rejette de la communauté chrétienne et commande de les rejeter aussi dans la vie courante. On voit bien la guerre doctrinale qui a eu lieu au deuxième siècle, notamment avec Marcion qui affirmait que Christ était venu en apparence de chair.

12 – J’ai beaucoup à vous écrire, mais je ne veux pas le faire avec le papier et l’encre. J’espère être chez vous et vous parler de vive voix pour que notre joie soit complète.
13 – Les enfants de ta sœur élue te saluent.

Mon analyse :
Enfin, il termine en insistant sur la nécessité de sa venue car pour convaincre les membres de la communauté la parole était plus efficace que les écrits. La sœur élue pourrait bien être la communauté d’Éphèse, ce qui accréditerait le fait que l’auteur puisse être Jean le presbytre.

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Évangile selon Luc – Chapitre 4

4-2-Bible
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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.Read more

Les conciles

5-2-Histoire du christianisme
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Les judéo-chrétiens, puis les catholiques organisaient des réunions visant à préciser les dogmes de la religion chrétienne.
Ces 21 conciles sont dits œcuméniques car ils réunissent tous les évêques, mais ils deviennent spécifiques à l’église catholique après le schisme avec l’église chrétienne d’Orient et excluent les protestant à compter de la séparation d’avec l’église réformée.Read more

Catharisme médiéval : glossaire

5-1-Histoire du catharisme
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Noms donnés aux cathares selon les régions

Albanistes (Albanenses en latin) : cathares absolus de l’église de Desenzano, près du lac de Garde (Italie). Jean de Lugio — auteur du Livre des deux principes — en fut évêque en 1230.

Albigeois : nom donné aux cathares, dès la fin du XIIe siècle, dans l’ensemble du midi de la France.

Bagnolistes : cathares italiens de la région de Milan (partisans d’Otton de Bagnolo) dont la foi se serait situé entre celle des absolus et celle des mitigés.

Bogomiles : nom attribué aux hérétiques du royaume de Bulgarie et de l’empire Byzantin dès le Xe siècle siècle.

Bougre : initialement destiné à désigner les bulgare, ce terme fut très vite utilisé comme synonyme de débauché et sodomite pour désigner les hérétiques en Occident.

Cathares : nom donné par un moine rhénan, Eckbert de Schönau, aux hérétiques. Ce terme serait péjorativement destiné à les assimiler aux «chatiers» ou «chatistes» – adorateur du diable représenté sous la forme d’un chat blanc ailé — dont la traduction allemande donnait «Katers». On pense aussi qu’il pourrait s’agir de les assimiler à une secte manichéenne appelée «catharistes» ou «cathaphrygiens» dont les membres se déclaraient «purs», ce qui se dit «catharos» en grec.

Chrétiens : seul nom sous lequel les bogomiles et les cathares se désignaient entre-eux. Ce terme était réservé aux seuls baptisés. Les croyants n’étaient pas considérés comme chrétiens et n’avaient aucune des obligations de ces derniers.

Garatistes (Garatenses en latin) : cathares italiens de l’église de Concorezzo, près de Milan (Italie). Fondée autour de l’évêque Garatus, elle prêche un catharisme mitigé, moins opposé sur certains point au christianisme officiel du XIIIe siècle.

Parfaits : nom donné aux cathares baptisés par l’Inquisition afin de les assimiler aux manichéens et aux gnostiques, qui se revendiquaient tels, et pour désigner le plus haut degré possible dans l’hérésie.

Patarins : nom donné aux cathares d’Italie du nord mais initialement porté par des révoltés de soulèvements populaires contre les abus des prélats.

Phoundagiagites (porteurs de besace) : nom donné aux bogomiles d’Asie Mineure au début du XIe siècle.

Piphles (joueur de flute ?) : nom injurieux donné aux cathares des Flandres et, plus largement, du nord de la France.

Publicains (Publicani ou Popelicani en latin) : terme péjoratif désignant les cathares de Champagne et de Bourgogne. Nom possiblement en rapport avec les agents du fisc (publicains) évoqués dans le Nouveau Testament.

Revêtus : terme employé dans les archives inquisitoriales pour désigner les cathares (en référence à leur robe noire) et les différencier des simples croyants.

Tisserands : terme péjoratif utilisé pour désigner les hérétiques, d’abord dans le nord puis dans toute la France, en référence aux ariens. On pense aussi qu’il pouvait rappeler que les cathares pratiquaient souvent cette activité artisanale, notamment dans le sud.

Les textes cathares

L’Interrogatio Johannis, habituellement appelé La cêne secrète, est le plus ancien document attribué aux bogomiles.

Le livre des deux principes est attribué à Jean de Lugio évêque cathare italien de l’église de Desenzano.

Le rituel de Dublin contenant l’église de Dieu et la glose du pater.

Le rituel occitan de Lyon, en ajout à la Bible en langue occitane des cathares.

Le rituel de Florence en latin.

Le traité cathare anonyme.

Les pratiques cathares

Amélioration (melhorier ou melhorament) : rite de demande de bénédiction du croyant à un Bon-Chrétien ou d’un Bon-Chrétien à un ministre.

Service (aparelhament ou servici) : cérémonie de pénitence collective mensuelle réalisée par l’ancien de la communauté devant le diacre et en présence de croyants.

Baiser de paix (caretas) baiser réalisé entre Bons-Chrétiens et croyants de même sexe intervenant en clôture des rituels cathares.

Consolation (consolament ou consolamentum) : baptême d’esprit réalisé par imposition des mains.

Bénédiction du pain : cérémonie rappelant la dernière cène du Christ sans aucun rapport avec la transsubtantiation judéo-chrétienne.

Carême : période de jeûne ou d’abstinence rituelle. Les cathares observaient trois carêmes annuels. La première semaine est jeunée de façon stricte, les autres écartent tout corps gras et les friandises.

Convenence (convenenza) : pacte passé par un croyant auprès d’un Bon-Chrétien pour se voir accordé la Consolation en cas d’incapacité majeure du récipiendaire le moment venu.

Endura : période de jeûne au pain et à l’eau — généralement d’au moins trois jours (trépassement) — suivant la Consolation. Interprétée à tort comme un suicide des cathares des dernières années de la répression.

Jeûne : abstinence alimentaire permettant aux cathares de marquer leur détachement du monde.

Adoration (veniae) : génuflexions rituelles effectuées par les cathares devant leur hiérarchie en signe de pénitence lors du rituel ou du service ou par les croyants devant les cathares en signe d’humilité lors de l’Amélioration.

Organisation de l’église

L’église cathare est une ecclesia chrétienne par excellence, c’est à dire une communauté d’hommes et de femmes engagés dans un même chemin.

Toute société humaine se fonde sur des valeurs communes et s’organise en conséquence. L’Église cathare ne fait pas exception mais exclue toute notion de hiérarchie au sens où ce terme est généralement entendu de nos jours et même au sein d’autres communautés ecclésiales.

Rien ne distingue un Bon-Chrétien d’un autre, si ce n’est sa fonction dans l’Église.
Les énoncés ci-dessous, tentant de classifier les divers états ou fonctions de l’Église cathare, sont arbitraires mais tentent simplement, dans la mesure du possible, de coller au vocable que les cathares utilisèrent eux-mêmes, ou du moins, de donner un équivalent évocateur.

Ce que les cathares appelaient tout simplement sous le nom de chrétien ou de chrétienne recouvrait des distinctions induites qui mérite d’être relevé.

Auditeur : Personne sympathisante du catharisme mais qui n’y adhère pas encore, elle l’écoute mais sans plus. Elle ne fait pas partie de l’Église. Cela est visible au fait qu’elle n’effectue pas le « melhiorer ». Elle ne participe pas non plus à la fraction du « pain béni ».

Croyant : Personne convaincue de la validité de la foi cathare et qui accepte d’en recevoir l’enseignement. Cela correspond au catéchumène, elle se prépare à devenir un jour chrétien à son tour. Elle fait donc partie de l’Église, le « melhiorer » en est le signe visible. Avec la foi grandissante, elle prend une part de plus en plus active au soutien de l’Église et par étapes successives se voit acceptée au partage du « pain béni », et même en stade ultime, à la prière collective avec les Parfaits.

Novice : Croyant affermi qui désire devenir Chrétien et qui suit un stage probatoire et de parachèvement de sa formation de son futur état de Chrétien. La formation ne peut pas être inférieure à trois carêmes (un an), mais n’a pas de limite de durée.
Il vit comme un Bons-Chrétiens, à leur côté, mais sans l’être encore.

Compagnon (en occitan socius) : Après son noviciat, le Bon-Chrétien qui vient d’être reconnu comme tel par le baptême de l’imposition des mains, la Consolation (appelée consolament en occitan), est associé à un Ministre confirmé qui va parachever sa formation. Par décision de l’ancien, du diacre ou de l’évêque, il sera le « second » de plusieurs Chrétiens pour qu’il puisse être enrichi par la pratique de chacun d’entre eux.
Si le compagnon est un Chrétien à part entière, mais il n’est pas encore reconnu comme « Ministre » de l’Église, c’est-à-dire quelqu’un capable de catéchiser, de prêcher ou de baptiser, bien qu’il est en droit de le faire en cas de nécessité extrême.

Ministre : Si un Bon-Chrétien est reconnu comme apte à catéchiser, prêcher et baptiser, il est autorisé à le faire par l’évêque ou son représentant, le diacre. Cette nouvelle fonction dans l’Église est signifiée par une nouvelle imposition des mains. On lui adjoint alors un autre Bon-Chrétien qui sera son compagnon, son socius.

Ancien : Il est l’autorité responsable de la cellule de base de l’Église, c’est-à-dire la maisonnée, qui regroupe en un même lieu de vie communautaire une douzaine de Bons-Chrétiens tout au plus. Si son élection semble avoir été collégiale, il en était toutefois confirmé par l’imposition des mains du diacre ou de l’évêque.

Diacre : Il est le représentant de l’évêque et gère le suivi spirituel de plusieurs maisonnées dans un même secteur géographique. Cette fonction au sein de l’Église était également signifié par une l’imposition des mains de l’évêque. C’est probablement lui, avec l’accord des anciens, qui veillaient à la bonne formation et à la répartition des paires de Bons-Chrétiens, et bien entendu au bon équilibre de chaque maisonnée. Comme particularité, il avait l’autorité pénitentielle, le service (appelé apparelhament ou servici en occitan) qu’il était d’usage de faire une fois par mois dans chaque maisonnée.
Comme les autres, il ne se déplaçait pas seul, mais accompagné de son compagnon.
Comme les autres Bons-Chrétiens, il devait vivre de ses mains au sein d’une communauté. Sa maisonnée était celle tenue par l’évêque, dont les membres étaient composés des diacres et de leurs seconds, mais il était en fait plus souvent sur les routes et les maisons de son district qu’auprès de son évêque.

Évêque : C’est un responsable désigné pour servir au sein d’une zone géographique plus étendue. Il est assisté de deux futurs remplaçants dans sa mission d’organisation et de cohésion de l’évêché considéré. L’un appelé fils majeur, l’autre fils mineur.
Si à la constitution des Églises occitanes, les évêques furent élus collégialement par la suite, il fut procédé autrement : le fils majeur était le successeur désigné de l’évêque.
À la succession, le fils mineur devenait majeur et on choisissait un autre fils mineur, un diacre en principe.