loi mosaïque

Mon frère n’est pas mon prochain

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Mon frère n’est pas mon prochain

Qui doit-on aimer ?

Aimer son prochain

Si le livre de l’Exode (20, 2-18) et le Deutéronome (5, 6-21) qui détaillent le Décalogue (les dix commandements) ne le précisent pas aussi clairement, le Lévitique, lui, le précise clairement (19, 17) : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Matthieu (22, 39) et Marc (12, 31) reprennent ce point et en font le deuxième commandement le plus important.

Mais qui est mon prochain ? Le Lévitique le précise clairement : il s’agit des fils de ton peuple, c’est-à-dire les membres de la communauté juive ; les coreligionnaires.

Donc, pour les juifs l’amour doit être sélectif et ne peut concerner que les proches, et encore, les proches qui sont dans les petits papiers de Iahvé. Car, je vous rappelle les propos du livre de l’Exode (32, 10, 26, 28, 33, 35) où l’on voit Iahvé désireux d’exterminer les juifs. Moïse accomplit cette mesure avec l’aide des fils de Lévi et fait tuer environ 3 000 juifs, adorateurs du veau d’or. Ensuite, Iahvé valide ce comportement et le poursuit lui aussi.

Bien entendu, s’agissant des autres peuples, la question ne se pose pas. Les juifs, aidés de Iahvé, les exterminent jusqu’au dernier, incluant parfois les femmes, les enfants, les vieillards, voire les animaux.

Les chrétiens doivent-ils suivre Matthieu et Marc et n’appliquer que la loi de Iahvé ?

Aimez-vous les uns les autres

Dans Jean (13, 34), Jésus énonce ce qu’il appelle un commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, vous aussi vous aimer les uns les autres. »

Est-ce que ce nouveau commandement est en opposition avec le vieux commandement de la Torah ? Cela dépend comment on le comprend. Si l’on se place dans le contexte local qui est décrit, une réunion entre Jésus et ses disciples, on pourrait croire ce commandement limité à ce groupe. Si l’on tient compte du contenu de la phrase : « …comme je vous ai aimés… », il est clair que Jésus n’a fixé aucune limite à son amour qu’il a dispensé très largement au-delà du cercle intime et même vers des populations considérées comme étrangères (samaritaine, officier romain, etc.).

Donc, on peut raisonnablement penser que Jésus va au-delà du commandement de Iahvé et élargi l’amour dû aux autres à tout le monde. C’est pour cela qu’il annonce que la loi de Moïse est accomplie. Comme toute tâche qui est accomplie, la loi ne s’applique plus aux hommes, selon Jésus qui va en proposer une autre, différente et parfois opposée.

Mais qu’en est-il des cas particuliers, comme ceux qui ne nous aiment pas ?

Matthieu (5, 43-48) confirme le rejet de la loi mosaïque au profit d’une loi d’amour universelle : « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous poursuivent. »

Luc (6, 27-28) confirme cela aussi : « Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous insultent. »

Là on est clairement dans une opposition totale avec la loi de Iahvé et avec la tradition humaine. Qui peut citer un peuple, à quelque période que ce soit, qui ai pratiqué ainsi ? Personne évidemment ! On comprend mieux que les judéo-chrétiens aient conservé la mauvaise habitude de la loi juive, le plus souvent renforcée par la loi du talion (œil pour œil, dent pour dent, etc.) issue du code d’Hammourabi[1] (paragraphes 196 et suivants).

Pourtant aucun chrétien ne devrait s’abstenir de suivre la loi d’Amour universel, que je préfère appeler Bienveillance pour éviter les mauvaises interprétations. Mais cette obligation de Bienveillance universelle interdit-elle de mettre en place des gradations dans sa pratique ? Ai-je le droit de préférer ma femme à mon cousin, mon cousin à mon voisin, mon voisin à un étranger, etc. ? En clair existe-t-il des critères de préférence qui pourraient venir contredire les critères sociaux hérités de notre animalité ?

Qui doit-on aimer préférentiellement ?

Après avoir remis en question la loi d’appartenance sociale et religieuse de la Torah, Jésus va également s’en prendre à la loi d’appartenance familiale. Dans Matthieu (12, 48-49) et Marc (3, 33-34) il rejette la filiation et la parenté au profit de l’adhésion spirituelle : « Qui est ma mère ? Et mes frères ? Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. »

Là encore, le judéo-christianisme refuse d’appliquer cette parole, préférant largement en rester aux concepts de la loi mosaïque qui favorise le prochain à l’étranger. C’est pour cela que l’on bénit les canons, que l’on organise des croisades et que l’on brûle les hérétiques.

Mais le vrai chrétien doit savoir que sa Bienveillance ne peut s’autoriser de préférences. Elle doit s’appliquer à tous, de la même façon et avec la même intensité, c’est-à-dire autant qu’on le peut. Il n’est pas étonnant que les chrétiens qui ont mis cela en avant aient eu des problèmes. Dans l’histoire moderne, seul Gandhi a appliqué ce principe, allant jusqu’à confectionner des pantoufles pour le directeur de la prison où il était retenu indûment.

Qu’en est-il des relations sociales dans le christianisme ?

Le chrétien vit détaché du monde

On le voit, la stricte et simple application du commandement d’Amour de Christ et sa conception des liens sociaux remettent en cause ce que les hommes considéraient comme la norme avant lui.

Mais cela est-il limité à certains moments de la vie ou bien faut-il l’appliquer en permanence, y compris dans les temps particuliers des liens sociaux ?

Nous pouvons répondre à la question avec cette anecdote que vous trouverez dans Matthieu (8, 22). Alors qu’il s’apprête à partir avec ses disciples, Jésus est interpelé par l’un d’entre eux qui est requis pour l’enterrement de son père. Il lui répond : « Suis-moi et laisse les morts ensevelir leurs morts. ». S’il est un temps social majeur, c’est bien celui où le fils marque sa filiation et sa position sociale en participant activement aux obsèques de ses géniteurs. Or, Christ désigne cela comme une pratique mortifère pour le croyant. En effet, celui qui enterre un mort montre son attachement à l’idée que cela est nécessaire au devenir du mort dans l’au-delà. Cette pratique marque le passage entre l’animal et l’homme. Comme je l’ai expliqué dans de précédentes publications, les anthropologues ont observé l’apparition de l’ensevelissement rituel chez les homo-neanderthalensis et les homo-sapiens dans une période située entre 40 000 et 100 000 ans avant l’ère commune. Cette pratique marquerait le début de la religion chez les hommes. Cela rejoint le point de vue de René Girard[2].

Paradoxalement, s’il vit détaché du monde pour ce qui est des relations sociales, le chrétien est pleinement en communion avec les hommes en raison de sa nature à pratiquer la Bienveillance.

Nous sommes tous frères

Tous les chrétiens considèrent être des « créations » divines. Notre présence sur terre est la conséquence d’un événement fâcheux : la faute originelle pour les judéo-chrétiens ; la chute des anges pour les autres.

Les cathares ont poussé ce concept cosmogonique dans sa logique évidente : les hommes sont des parcelles divines tombées dans le monde par la faute du démiurge qui a « divisé » l’Esprit unique pour l’incorporer dans les corps de matière, les tuniques d’oubli, où ils sont à la fois prisonniers pour ne pas avoir la volonté de fuir ce monde, et pour servir d’outil permettant la persistance d’un monde qui est forcément limité dans le temps, alors que les parcelles divines, que j’appelle volontiers les esprits-saints, sont logiquement éternelles.

Cette idée est certes assez différente des autres, mais elle n’a rien d’excessif, si l’on se rappelle les vers de Lamartine : « L’homme est un Dieu tombé qui se souvient des cieux. »[3].

Donc, non seulement les cathares considèrent que les esprits-saints sont en fait des parcelles d’un même tout, ce qui en fait des entités parfaitement égales entre elles, des frères, mais ils rejettent toutes sortes de distinctions entre les esprits-saints tombés et ceux qui sont restés dans l’empyrée divin, fut-ce le Saint-Esprit consolateur ou le Christ.

Nous sommes donc détachés du monde mais liés en ce monde à nos frères de captivité et en attente de rejoindre l’Esprit unique par ce que les cathares appellent le mariage mystique. C’est pour cela que les cathares rejettent toute idée de différenciation entre les hommes (terme neutre incluant les femmes) y compris dans le cadre de responsabilités à assumer.

C’est pour cela que l’Église cathare dispose d’une hiérarchie fonctionnelle qui est totalement différente de la hiérarchie de pouvoir de l’Église catholique, même si les titres sont les mêmes. L’évêque cathare n’exerce aucune autorité de pouvoir sur les consolés qui dépendent de son diocèse, mais il est choisi par ces derniers pour administrer l’Église en plus de ses obligations de consolé. Le choix se porte sur celui que l’on considère comme le plus avancé dans le cheminement spirituel, car les obligations de la charge ne doivent pas empêcher la progression spirituelle.

Le rapport au monde

Le cheminement spirituel passe par un éveil de la part prisonnière : l’esprit-saint. Cet éveil vise à lui donner la capacité à surmonter la prégnance qu’exerce la part mondaine : l’âme mondaine, qui use de tous les moyens pour maintenir l’esprit-saint dans l’oubli de sa nature. Il est donc nécessaire qu’il soit capable d’agir malgré cette prégnance. Pour cela il doit se confronter au monde et non s’en cacher. Pour les cathares le consolé doit vivre dans le monde et non se cacher dans un monastère ou vivre en anachorète ou en ermite.

Il doit également agir en égal de tous les autres esprits-saints prisonniers ici-bas et non s’octroyer une situation sociale favorable. C’est pour cela qu’il doit gagner sa vie par son travail, même s’il a des charges ecclésiales à assumer en plus. Si au Moyen-Âge les femmes étaient exclues de fonctions nécessitant des déplacements hors des maisons cathares, c’est pour des raisons de sécurité, car les routes étaient dangereuses — y compris pour des hommes. Aujourd’hui cela n’a plus de raison d’être.

Mais comment le consolé peut-il mettre en accord sa foi et les obligations du monde ?

Comme c’est souvent le cas pour des pratiquants de religions, le cathare devra respecter les lois du pays où il vit et devra chercher des adaptations pour les lois qui s’opposent trop fortement à ses convictions. Heureusement, ces cas sont assez rares. L’obligation de non-violence conduira le consolé à refuser de participer à des activités violentes, comme les activités liées à la mise à mort d’animaux et, bien entendu, aux activités militaires. L’obligation d’humilité le conduira à refuser de participer à des activités pouvant le conduire à porter un jugement sur autrui. Il devra également s’abstenir de jurer ou de prêter serment. En fait, cela le conduira à rejet bon nombre de métiers en lien avec l’État.

Au final, il n’aura pas plus de mal à se fondre dans le monde actuel que les cathares médiévaux n’en avaient à le faire dans le monde de leur époque.

Conclusion

L’homme est un animal social, mais le cathare n’est plus complètement un homme. Si la Bienveillance le pousse à apporter son soutien aux autres hommes sans aucune distinction d’aucune sorte, l’engagement du consolé peut l’amener à privilégier sa foi aux règles sociales.

Pour simplifier, le cathare n’a que des frères et pas de prochain.

Guilhem de Carcassonne (15/09/2024)


[1] Roi de Babylone (environ 2000 ans avant l’ère commune) qui a fait installer des bornes aux limites de son royaume indiquant la loi qui devait y être respectée et les peines encourues. https://remacle.org/bloodwolf/erudits/amourabi/code.htm

[2] Des choses cachées depuis la fondation du monde – éditions Grasset & Fasquelle 1978.

[3] L’homme in Méditations poétiques – édition du Livre de poche

La Bienveillance

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La Bienveillance

« Aimez-vous les uns les autres »

« Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés, vous aussi vous aimer les uns les autres. Par là, tous sauront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Évangile selon Jean (13, 34-35)

Ces phrases, anodines de nos jours, étaient presque anarchiques à leur époque. D’abord par la présentation qui en est faite. Présentée comme un commandement nouveau, elle affirme qu’une telle proposition est nouvelle, donc que la Torah et ses dix commandements sont incomplets puisqu’ils ne prévoient pas ce cas. Or, on y trouve pourtant, dans l’Exode et le Deutéronome[1], l’amour dû à Dieu et, dans le Lévitique[2], l’amour du prochain.

La loi mosaïque

Le prochain, pour les juifs, désigne celui dont on était proche d’un point de vue ethnique et spirituel ; le congénère et le coreligionnaire. L’amour filial étant dans les dix commandements, il ne peut s’agir d’une redite.

En effet, dans les dix commandements : la loi mosaïque, dite également loi positive, il y a plusieurs points fixant des obligations préférentielles :
1 – Obligation d’avoir Iahvé comme seul Dieu puisqu’il a libéré le peuple juif d’Égypte ;
2 – Interdiction de toute idolâtrie et, également iconoclasme (image), car Iahvé est un Dieu jaloux se vengeant sur les fils des fautes des pères ;
3 – Utilisation parcimonieuse et justifiée du nom de Iahvé ;
4 – Observation du septième jour, le Sabbat, totalement réservé à honorer Iahvé en souvenir de la libération d’Égypte ;
5 – Respect envers les parents ;
6 – Proscription du meurtre, sans précision ;
7 – Proscription de l’adultère ;
8 – Proscription du vol ;
9 – Proscription du faux témoignage contre le prochain ;
10 – Proscription de toute atteinte aux biens du prochain, y compris en pensée.

La loi du talion

La loi du talion[3]prévoit également une réciprocité équivalente envers celui qui cause un tort à son semblable. Cela va du remboursement d’une bête tuée sous les coups (âme pour âme) à la mise à mort pour un meurtre, en passant par la réciprocité des blessures (fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent). Il semble que la loi du talion adoptée par les juifs soit héritée des mésopotamiens puisqu’on la trouve dans le code d’Hammurabi[4], prône la réciprocité : «  § 196 : Si quelqu’un a crevé un œil à un notable, on lui crèvera un œil. § 197 : S’il a brisé un os à un notable, on lui brisera un os. § 200 : Si quelqu’un a fait tomber une dent à un homme de son rang, on lui fera tomber une dent. »

La non-violence absolue

Christ se positionne clairement en opposition à ces lois positives, comme cela nous est rapporté chez Matthieu et Luc :
Matthieu (5, 43-44) : « Vous avez entendu qu’on a dit : Tu aimeras ton proche et détesteras ton ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous poursuivent ; alors vous serez fils de votre père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les mauvais et sur les bons et pleuvoir sur les justes et les injustes. »
Luc (6, 27-28) : « Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent,  bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous insultent. »

Luc et Matthieu ajoutent même une partie qui fait penser à une loi du talion inversée :
Luc (6, 29-30) : « Celui qui te tape sur une joue, présente-lui aussi l’autre ; et celui qui te prends ton manteau, ne l’empêche pas non plus de prendre ta tunique. »
Matthieu (5, 38-41) : « Vous avez entendu qu’on a dit : Œil pour œil, dent pour dent. Et moi je vous dis de ne pas vous opposer au mauvais. Mais quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre ; et celui qui veut de faire juger pour prendre ta tunique, laisse-lui aussi le manteau. Quelqu’un te requiert pour un mille, fais-en deux avec lui. »

Il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien d’un commandement nouveau. Il a deux sens connexes. D’abord, il signe une absence dans les lois antérieures. La Torah est donc une loi incomplète. De ce fait, il indique que la loi d’Amour vient prendre le pas sur la loi mosaïque. Cela ne nous étonne pas puisque la loi mosaïque est accomplie sans qu’on ne lui retire ne serait-ce qu’un iota, c’est-à-dire comme toute action que l’on a accomplie, elle est terminée et manifestement incomplète, voire contraire à la loi que vient édicter Christ.

L’amour demandé n’est pas rien. En effet, il se base sur l’exemple de celui que Christ à offert à l’humanité ; c’est donc un amour absolu, sans limites et sans la moindre attente de retour. Ce corps de phrase est d’ailleurs intéressant, car il fait la bascule entre les deux autres à qui il sert de conclusion et d’entame. La première partie est une demande normale, alors que si l’on commence la lecture avec : « comme je vous ai aimé », elle devient forte et insistante.
En fait, cette phrase marque la séparation entre le judaïsme et le christianisme. Le premier prône l’amour et la soumission à son Dieu quand le second met en avant l’amour universel. Mélanger les deux pose problème.

On voit bien que celui qui veut suivre Christ est obligé d’effacer les lois antérieures pour repartir sur une seule loi : la loi d’Amour, c’est-à-dire la Bienveillance ou, comme le dit Paul, la charité qui est le seul Évangile de Christ.

Le commandement des cathares

Il est désormais bien clair que les cathares, hautement respectueux d’appliquer à la lettre cet unique commandement de christ, ne pouvaient qu’en faire la pierre d’angle, le faîte de leur doctrine.
C’est pourquoi ils vont organiser leur doctrine en veillant à ce que chaque point la constituant respecte absolument ce commandement.

La Bienveillance était effectivement considérée comme le signe que son porteur était sur le bon chemin, celui qui le mènerait vers sa bonne fin. On le voit bien dans les dépositions faites devant l’Inquisition. Par exemple, Arnaud Sicre[5], fils d’une bonne croyante, décidé à dénoncer et faire capturer des bons-chrétiens, indique dans sa déposition qu’arrivé à San Mateo, en Aragon, il rencontre une femme qui se dit de Saverdun, mais qu’il identifie comme étant de Prades ou de Montaillou. Il s’agit de Guillemette Maury, dont la tête est mise à prix. La première chose qu’elle lui demande est : « As-tu “Entendement de Be ?” », ce qui signifie l’entendement (la connaissance) du Bien. Par extension, elle propose à Arnaud de rencontrer le Be (Bien), c’est-à-dire un bon-chrétien, en l’occurrence, Guillaume Bélibaste.
Il est donc clair que, pour les cathares, le Bien est le point suprême de leur foi et de leur doctrine.

Je vous présenterai en détail tous les éléments de la doctrine, afin que chacun puisse vérifier la validité de mes propos, avec un maximum de références. Cela sera disponible dans l’espace abonné pour ne pas surcharger cette zone de découverte.

En attendant et pour conclure, je voudrais confirmer que nous ne pouvons pas envisager la résurgence du catharisme, si nous ne mettons pas nous aussi la Bienveillance en tête de la doctrine, non pas comme élément fondamental, mais bel et bien, comme fondement.

Il ne saurait y avoir d’Église cathare de France qui accepte la moindre entorse à ce sujet.

Éric Delmas, 14 juin 2019.


[1]Décalogue : Exode (20, 1-17) et Deutéronome (5, 6-21)

[2]Lévitique (19, 18) : « Tu ne te vengeras pas, tu ne garderas pas de rancune envers les fils de ton peuple, mais tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

[3]Lévitique (24, 17-21) et Deutéronome (19, 21)

[4]Roi de Babylone qui a régné de 1792 à 1750 avant notre ère.

[5]Version française de Jean Duvernoy du Registre d’Inquisition de Pamiers devant Jacques Fournier. Déposition 65, tome 3, pp 751 et suivantes.

Première lettre de Paul à Timothée – 1

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Première lettre à Timothée

Chapitre 1

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Évangile selon Luc – Chapitre 19

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON LUC

CHAPITRE 19

1 – Il entra dans Jéricho et parcourut la ville.
2 – Et voilà qu’un homme appelé Zachée, qui était percepteur en chef, et même riche,
3 – cherchait à voir qui était Jésus, mais ne le pouvait pas, à cause de la foule, car il était petit.
4 – Il courut en avant et monta sur un sycomore pour le voir, car il devait passer par là.
5 – Arrivé en ce lieu, Jésus le regarda et lui dit : Zachée, dépêche-toi de descendre, car aujourd’hui il faut que je demeure dans ta maison.
6 – Il se dépêcha de descendre et l’accueillit avec joie.
7 – Tous, à cette vue, murmuraient ; on disait qu’il était entré loger chez un pécheur.
8 – Et Zachée, debout, dit au Seigneur : Voilà, seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens et, si j’ai fait du tort à quelqu’un je lui rends le quadruple.
9 – Jésus lui dit qu’aujourd’hui sa maison était sauvée et que lui aussi était un fils d’Abraham ;
10 – le fils de l’homme est venu, en effet, chercher et sauver ce qui avait péri.

Mon analyse :
Jésus montre qu’il n’y a pas d’impur ou de pécheur par principe ; il ne juge pas sur la mine comme l’impose la loi mosaïque. Ce qui compte c’est la foi et la volonté de bien faire. Les actions doivent être en accord avec la foi.

11 – Pendant qu’on l’écoutait il ajouta une parabole parce que, comme il était près de Jérusalem, il leur semblait que le règne de Dieu allait tout de suite apparaître.
12 – Il dit donc : Un homme de la noblesse est allé dans un pays lointain recevoir un règne et revenir.
13 – Il a appelé dix de ses esclaves, leur a donné dix mines et leur a dit : Faites des affaires, le temps que je revienne.
14 – Mais ses concitoyens le détestaient ; ils ont envoyé une ambassade pour dire : Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous.
15 – Quand il a été de retour, ayant reçu ce règne, il a fait appeler les esclaves à qui il avait donné l’argent, pour savoir quelles affaires chacun avait faites.
16 – Le premier est arrivé en disant : Seigneur, ta mine a rapporté dix mines.
17 – Il lui a dit : C’est bien ! bon esclave ; puisque tu as été fidèle dans les moindres choses, reçois pouvoir sur dix villes.
18 – Le second est venu en disant : Ta mine, seigneur, a fait cinq mines.
19 – Il lui a dit aussi : Et toi, sois à la tête de cinq villes.
20 – Et l’autre est venu en disant : Seigneur, voilà ta mine, je l’avais en réserve dans un mouchoir ;
21 – car je te craignais, tu es un homme dur, tu prends ce que tu n’as pas déposé et moissonnes ce que tu n’as pas semé.
22 – Il lui dit : Je te juge par ta bouche, mauvais esclave. Tu savais que je suis un homme dur, prenant ce que je n’ai pas déposé, moissonnant ce que je n’ai pas semé ;
23 – et pourquoi n’as-tu pas donné mon argent à la banque ? moi, à mon arrivée, je l’aurais retiré avec un intérêt.
24 – Et il a dit à ceux qui se tenaient là : Prenez-lui sa mine et donnez-la à celui qui a les dix mines.
25 – Ils lui ont dit : Seigneur, il a dix mines !
26 – Je vous le dis, on donnera à celui qui a ; mais à celui qui n’a pas on prendra même ce qu’il a.
27 – Et quant à mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et égorgez-les devant moi.

Mon analyse :
Cette parabole comprise à l’envers par les judéo-chrétiens est pourtant claire. Le Seigneur parti s’approprier un territoire est mauvais comme le prouve sa réponse au troisième esclave et son comportement envers ceux qui ont demandé à ce qu’il ne règne plus sur eux. Le troisième esclave l’a compris et s’est comporté justement ; ce que lui a donné ce mauvais maître ne pouvait être utilisé pour en tirer profit mais devait être rendu tel quel. Le refus de se soumettre à la volonté d’expansion de ce maître est ce que nous devons faire envers le démiurge. Ce qu’il nous impose, de notre prison de chair à notre position dans le monde ne doivent ni être détruits ni être valorisés. Nous lui rendrons tout à notre mort et nous quitterons ce monde.

28 – Cela dit, il passa devant pour monter à Jérusalem.
29 – Comme il approchait de Bethphagé et de Béthanie, près du mont dit des Oliviers, il envoya deux de ses disciples
30 – et dit : Allez-vous-en à ce bourg en face. En y entrant vous trouverez un ânon attaché, sur lequel jamais personne ne s’est assis ; déliez-le et amenez-le moi.
31 – Et si quelqu’un vous demande pourquoi vous le déliez, vous direz que le seigneur en a besoin.
32 – Les envoyés s’en allèrent et trouvèrent ce qu’il leur avait dit.
33 – Comme ils déliaient l’ânon, ses seigneurs leur dirent : Pourquoi déliez-vous cet ânon ?
34 – Et ils dirent : Parce que le seigneur en a besoin.
35 – Ils l’amenèrent à Jésus et, jetant leurs vêtements sur l’ânon, y firent monter Jésus.
36 – Et sur son passage, les gens garnissaient le chemin avec leurs vêtements.
37 – Déjà il approchait de la descente du mont des Oliviers quand toute la multitude réjouie des disciples commença à louer Dieu à grande voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus.
38 – Ils disaient : Béni, celui qui vient, lui, le Roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire dans les hauteurs !
39 – Quelques pharisiens dans la foule lui dirent : Maître, tance tes disciples !
40 – Il répondit : Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront.

Mon analyse :
Jésus singe une entrée en majesté dans Jérusalem pour montrer l’inanité de la tradition mosaïque, mais il le fait sur un ânon pour que tous comprennent le message. Malheureusement, la foule ne le comprend pas, les disciples non plus et même les pharisiens s’en exaspèrent. Cependant, Jésus leur dit que ce qui doit être dit le sera de toutes façons.

41 – Comme il approchait, il vit la ville et pleura sur elle;
42 – il dit : Si tu connaissais, toi aussi, en ce jour, ce qui mène à la paix ! Mais maintenant, cela a été caché à tes yeux.
43 – Il t’arrivera des jours où tes ennemis t’environneront de tranchées, t’encercleront et te presseront de partout ;
44 – ils t’écraseront, toi et tes enfants en toi, et ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu l’instant de ta Visitation.
45 – Il entra dans le temple et commença à chasser ceux qui vendaient ;
46 – il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière ; et vous en avez fait un antre de bandits.
47 – Chaque jour, il enseignait dans le temple. Les grands prêtres et les scribes cherchaient à le perdre ; les premiers du peuple aussi ;
48 – mais ils ne savaient que faire, car tout le peuple était pendu à l’écouter.

Mon analyse :
Jésus prophétise la chute de Jérusalem qui sera en grande partie due aux dissensions internes juives. Il s’oppose de nouveau violemment aux pratiques sacerdotales et rituelles qui dénaturent le message divin en le rabaissant à des futilités matérielles.

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