Verdun-Lauragais

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Verdun-Lauragais

Toujours dans le Lauragais, à huit kms à l’Est de Labécède se trouve planté sur une presqu’ile rocheuse, à l’instar de Minerve (34) et de Montolieu (11), cernée par la petite rivière le Tenten au Nord-Est et le ruisseau la Goutine au Sud-Ouest, le village de Verdun-Lauragais. Il se situe à 315 mètres d’altitude sur le flan méridional de la Montagne Noire, face aux Pyrénées et dominant la vaste plaine de Castelnaudary. Son relatif isolement n’empêchera nullement de le préserver de l’ancrage du catharisme lors des XIIème et XIIIème siècles, en faisant même, au contraire, un des derniers saillants de celui-ci en Lauragais au tout début du siècle suivant.

Ce n’est qu’en 1152 que les fils d’Hugues de Saissac, annoncent à leur suzerain Raymond Trencavel (le vicomte d’Albi, Carcassonne, Béziers) avoir pris la décision de la fondation d’un castrum au lieu de Verdun. Le site est alors entouré de remparts et pourvu de deux portes (que l’on devine encore de nos jours), la porte d’aval et la porte du Cers.

Le castrum aura, comme tous les castrums du Lauragais de cette époque, sa maison d’hérétiques cathares, où les jeunes gens du bourg venaient apprendre à tisser et s’instruire en religion.

L’opération militaire contre les albigeois (1209-1229) ne génèrera aucun événement à Verdun. Malgré les instaurations successives des inquisitions épiscopales (1229) et dominicaines (1233), il faudra attendre le début des années 1240, pour que le nom du castrum soit par l’entremise de son bayle, cité pour un acte de violence. Sur incitation de ce dernier et du collecteur de dimes, une dizaine d’habitants de Caraman tendront une embuscade au curé de Vitrac (81) et son clerc. Le prêtre parviendra à s’enfuir, mais le clerc sera assassiné et jeté dans un puits. Nous ne savons rien sur les suites (s’il y en a eu) de cette affaire. Faute d’informations, nous ne pouvons que supposer la quiétude du village et de ses abords immédiats, pour les quelques années qui ont suivi cet événement vengeur…

Néanmoins, nous apprenons, qu’en l’an 1254, Raymond Donati, de son nom en religion Montouty, diacre cathare de Toulouse, prêchait dans un bois proche de Verdun. La même année, peut-être à seulement quelques jours ou semaines de distance des prédications, hasard ou coincidence ?, l’inquisition perquisitionne le castrum. C’est alors, en ces tragiques moments, que des croyantes de Dreuilhe et de Verdun vont annoncer, aux parfaits du lieu qui se cachaient au bord de la rivière le Tenten, leur départ imminent pour l’Italie afin de s’y faire ordonner ; le Lauragais ne disposant plus à cet instant de diacre pour conférer le sacrement.
L’opération terminée, trois des « héréticus perfectus » qui s’étaient préservés de l’intervention inquisitoriale, sachant ne plus pouvoir retourner chez les croyants, seront cachés et ravitaillés pendant deux mois dans les environs du castrum. Puis l’un d’eux se terrera encore quelques temps au lieu-dit les Pierres Blanches, tout près du bourg. Il s’appelait Guillaume Carrère. Après avoir mené une douzaine d’années durant, la vie clandestine d’un parfait de son temps, découragé, il finira par abjurer volontairement sa foi hérétique auprès de l’inquisition.

La pression du tribunal de la foi s’accentuant, nombre de verdunois et verdunoises choisiront l’option d’aller chercher refuge en Lombardie, à l’exemple du natif du castrum, le parfait Bernard Ollier vu en la ville de Pavie, et que l’on retrouvera avec rang d’évêque, à Sirmione par la suite. Pour l’anecdote, il avait été de ceux qui avaient soutenu Guillaume Carrère, quand celui-ci se cachait dans les bois du village.

En 1305, une nouvelle et grande rafle sera ordonnée par l’inquisiteur Geoffroy d’Ablis, elle aboutira à l’envoi de dix-huit habitants du castrum au mur (prison inquisitoriale) de Carcassonne. Elle permettra également à l’enquête de se mettre sur la piste de l’église des frères Authier, dont les membres avaient rendu de fréquentes visites aux bons croyants et bonnes croyantes du bourg.
Quatre ans plus tard, la traque des disciples de Pierre Authié se poursuivant, c’est l’arrestation de l’un d’eux, Amiel de Perles, dans une borde dans les environs de Verdun. Parmi les soutiens actifs des bons chrétiens de la dernière église cathare occitane des frères Authié, figuraient trois fidèles issus du castrum, Guilhem Falquet, Pèire Bernier et sa femme Serdane, preuve, s’il en est, de la résistance de la population verdunoise à la répression inquisitoriale. Pèire Bernier, sera quant à lui, après avoir été arrêté et condamné comme relaps, les inquisiteurs disaient « comme un chien retourne à son vomi », un des cinq brûlés originaires de Verdun, des 25 cathares exécutés à Toulouse entre 1308 à 1321.

Verdun, nous venons de le voir, de par son histoire, est une étape incontournable pour qui voudrait sillonner « les routes du catharisme » en Lauragais. Sur place, vous pourrez y constater la configuration remarquable du castrum, dont les contours sont parfaitement adaptés à la topographie du lieu. L’hérésie albigeoise y a été particulièrement présente et ses adeptes singulièrement fervents. De grands noms du Catharisme, y ont séjournés, y ont prêché, y ont consolé, s’y sont réfugiés… 800 ans plus tard, l’endroit transpire encore leur présence. C’est un haut lieu du catharisme qu’il faut absolument visiter.

Bruno Joulia – Peyrens (11400) ©2023 (texte et photos)

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