Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.
Première lettre de Pierre
Chapitre 3
1 – Femmes, soyez de même soumises chacune à votre mari pour que ceux qui seraient rétifs à la parole soient gagnés sans paroles par la conduite de leur femme
2 – en s’apercevant de la pure conduite que vous donne la crainte.
3 – Vous n’avez pas au-dehors à vous parer de cheveux tressés, de cercles d’or et de vêtements ajustés,
4 – mais, dans le secret du cœur, avec l’indestructibilité d’un esprit calme et doux, ce qui a du prix devant Dieu.
5 – C’est ainsi que se paraient jadis les saintes femmes
lui espéraient en Dieu et se soumettaient à leur mari.
6 – Telle fut Sara qui obéissait à Abraham et l’appelait son seigneur, elle dont vous êtes devenues les enfants pour faire le bien sans craindre aucune épouvante.
7 – Maris, habitez de même intelligemment chacun avec votre femme comme avec un être plus faible et honorez-la comme cohéritière de la grâce de vie, pour que rien n’empêche vos prières.
Mon analyse :
Pierre consacre quatre versets à expliquer aux femmes leur situation et leurs obligations quand il n’en consacre qu’un aux hommes. Pour tant ce qu’il dit est acquis dans la société de son siècle. Mais en fait, il leur donne une importance issue de l’expérience. Les femmes sont plus à même d’influencer leur mari sur le plan spirituel. On remarque qu’au Moyen Âge, ce sont les femmes qui ont semblé être les plus avancées dans la diffusion du catharisme d’avant la croisade. Mais culturellement, elles étaient considérées comme inférieures aux hommes — certains textes de l’Inquisition prêtent même à certains cathares, l’idée qu’elles ne pourraient être sauvées qu’en renaissant une dernière fois dans un corps d’homme. Ici, elles sont chargées d’orienter et d’affermir la foi de leur mari et d’avoir une conduite irréprochable à l’extérieur mais vouée à Dieu à l’intérieur. Cet appel à la modération pouvait aussi être destiné à éviter toute répression de la part du monde juif.
8 – Enfin soyez tous unanimes, compatissants, fraternels, bienveillants, humbles.
9 – Ne rendez pas le mal pour le mal, ni insulte pour insulte ; bénissez, au contraire, puisque vous êtes appelés à hériter de la bénédiction.
10 – En effet : Qui veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu’il garde sa langue du mal et ses lèvres des paroles rusées.
11 – Qu’il s’écarte du mal et fasse le bien, qu’il cherche la paix, qu’il la poursuive.
12 – Car le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l’oreille à leurs demandes, mais la face du Seigneur est contraire aux malfaisants.
13 – Qui vous fera du mal si vous avez du zèle pour le bien ?
Mon analyse :
Ici il adresse à tous un message d’humilité et de bienveillance. Un message difficile à toutes les époques mais un message essentiel pour qui veut avancer dans la voie tracée par Christ. Il termine par une remarque qui laisse entendre que l’exemplarité est la meilleure façon de prêcher.
14 – Mais vous êtes magnifiques si vous souffrez pour la justice. Ne craignez pas ce qu’ils craignent, ne vous troublez pas,
15 – et sanctifiez dans votre cœur le seigneur Christ. Quiconque vous demande la raison de votre espérance, soyez toujours prêts à lui répondre,
16 – mais avec douceur, crainte et bonne conscience pour que vos calomniateurs aient honte de diffamer votre bonne conduite dans le Christ.
17 – Mieux vaut en effet souffrir, si le veut la volonté de Dieu, en faisant le bien qu’en faisant le mal
18 – puisque le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de vous mener à Dieu. Il est mort dans sa chair, mais il a été revivifié par l’Esprit.
19 – Il est même allé, avec cet Esprit, prêcher aux esprits en prison.
20 – Ceux-ci avaient jadis été rétifs quand Dieu temporisait patiemment aux jours où Noé construisait l’arche dans laquelle peu de personnes, c’est-à-dire huit, furent sauvées par l’eau.
21 – La réplique de cette eau est maintenant l’immersion qui vous sauve aussi ; non qu’elle ôte la crasse de la chair, mais elle demande à Dieu une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ,
22 – lui qui est allé au ciel, s’y est soumis les anges, les pouvoirs et les puissances et est à la droite de Dieu.
Mon analyse :
Pierre exhorte à supporter le mal en offrant en échange le bien. Mais il laisse apparaître sa culture juive qui vient pervertir le message christique. Dieu aurait la volonté de nous faire souffrir ? Ce serait contraire à son état divin. Et Noé fut sauvé par les eaux ? Il semble qu’en fait il s’est sauvé des eaux qui ont tué la population terrestre. Enfin, il assimile le baptême d’eau à ce souvenir. Cette lecture est inacceptable pour les cathares. Pour nous, le mal ne peut venir que du Mal et non de Dieu et les souffrances endurées par Jésus le furent pour dénoncer la loi de Iahvé, en apparence de chair, et non en réalité. Quant au baptême, le seul qui ait un lien avec Dieu, c’est le baptême d’esprit.