Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.
Lettre aux Corinthiens
Chapitre 9
1 – Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre seigneur ? N’êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur ?
2 – Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, du moins pour vous je le suis, car vous êtes dans le Seigneur le sceau de ma mission.
Mon analyse :
Ces deux versets semblent incontestablement de Paul. Ils mettent en évidence la discrimination dont il est victime de la part des autres communautés qui se réfèrent à Jésus et qui lui dénient le titre d’apôtre.
3 – Voici ma réponse quand on m’interroge.
4 – N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ?
5 – N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous, pour femme, une sœur, tout comme les autres apôtres et les frères du Seigneur et Képhas ?
6 – Est-ce que moi seul et Barnabé nous n’avons pas le droit de ne pas travailler ?
7 – Qui fait jamais campagne à ses frais ? Qui plante une vigne et n’en mange pas le fruit ? Qui fait paître un troupeau et ne se nourrit pas du lait du troupeau ?
8 – Est-ce que je parle en homme ? Est-ce que la Loi n’en dit pas autant ?
9 – car il est écrit dans la Loi de Moïse : Tu ne muselleras pas le bœuf au battage. Est-ce que Dieu se soucie des bœufs ?
10 – N’est-ce pas toujours pour nous qu’il parle ? C’est bien pour nous qu’il est écrit que le laboureur au labour doit espérer et le batteur espérer sa part.
Mon analyse :
Là on sent poindre la main du correcteur judéo-chrétien. Il y a incohérence entre les propos visant à se reconnaître le droit de travailler, et Paul le fait puisqu’il vit de son travail de réparateur de tentes et de voiles, et ceux laissant entendre qu’il vivrait aux frais de la communauté qu’il enseigne (v. 7). De même, les trois versets suivants n’ont pas leur place ici.
11 – Si nous avons semé pour vous du spirituel, est-ce trop que de moissonner de vous du charnel ?
12 – Si d’autres ont ce pouvoir sur vous, ne l’avons-nous pas plus ? Nous n’avons pourtant pas usé de ce pouvoir, mais nous supportons tout pour ne pas rogner sur l’évangile du Christ.
13 – Ne savez-vous pas que ceux qui travaillent au temple vivent du temple et que ceux qui servent à l’autel ont part à l’autel ?
14 – De même le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l’évangile de vivre de l’évangile.
15 – Mais moi je n’en ai pas profité, et ce que j’en écris n’est pas pour le réclamer : plutôt mourir et que personne ne me prive de cette vanterie ;
16 – car si j’évangélise, il n’y a pas de quoi me vanter, c’est une nécessité qui m’incombe. Malheur à moi si je n’évangélisais pas !
17 – Car si c’est moi qui l’avais voulu, j’aurais un salaire, mais si ce n’est pas moi, c’est qu’on m’a confié une gestion.
18 – Quel est alors mon salaire ? C’est d’évangéliser gratis sans profiter du pouvoir que me donne l’évangile.
Mon analyse :
Paul montre que les autres apôtres s’appuie sur des évangiles falsifiés qui disent qu’ils peuvent vivre de leurs prêches et ne pas gagner leur pain à la sueur de leur front (Matth. X, 7-10). Paul considère au contraire que transmettre la parole de Christ est un don qui ne peut pas se monnayer. Il se démarque ainsi d’un habitude héritée du judaïsme qui veut que les prêtres soient nourris par la communauté via les offrandes.
19 – Et libéré de tout, je me suis asservi à tous pour en gagner un plus grand nombre.
20 – Et je me suis fait juif avec les Juifs pour gagner les Juifs : soumis à la Loi avec ceux qui sont sous la Loi, moi qui ne suis pas sous la Loi, pour gagner ceux qui sont sous la Loi.
21 – J’ai été sans loi avec ceux qui sont sans loi, moi qui ne suis pas sans loi de Dieu, puisque sous la loi du Christ, pour gagner les sans-loi.
22 – Je me suis fait faible avec les faibles pour gagner les
faibles ; je me suis fait tout à tous pour en sauver du moins quelques-uns.
23 – Et je fais tout pour l’évangile, pour y avoir part.
24 – Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le
stade courent tous mais qu’un seul reçoit le prix ? Courez
de façon à l’obtenir.
25 – L’athlète se prive de tout, mais c’est pour recevoir une couronne périssable, et nous, une impérissable.
26 – Moi, c’est ainsi que je cours, non pas à tâtons ; c’est ainsi que je lutte, non pas en battant l’air.
27 – Mais je mate mon corps, je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché aux autres je ne sois moi-même réprouvé.
Mon analyse :
Il termine en signalant qu’il s’est donné corps et âme à sa mission, s’adaptant à toutes les situations, entièrement dévoué et néanmoins toujours soucieux de rester lui-même dans une démarche personnelle de recherche du salut.