Première lettre de Paul aux Corinthiens – 7

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Corinthiens

Chapitre 7

1 – Quant à ce que vous m’avez écrit, il est bon pour l’homme de ne pas s’attacher de femme.
2 – Mais par crainte de la prostitution, que chacun ait sa femme et chacune son mari.
3 – Que le mari rende à la femme son dû et de même la femme, à son mari.
4 – Ce n’est pas la femme qui a pouvoir sur son propre corps, c’est son mari ; et de même, ce n’est pas le mari qui a pouvoir sur son propre corps, c’est sa femme.
5 – Ne vous privez pas l’un de l’autre, sinon d’un commun accord et pour un instant, pour vaquer à la prière ; et remettez-vous ensemble de peur que le Satan ne vous éprouve par votre incontinence.
6 – Ce que je vous dis est une concession et non un ordre.
7 – Je voudrais que tous les hommes soient comme moi, mais chacun a de Dieu son propre don : qui ceci, qui cela.

Mon analyse :
Paul répond à une question sur un point crucial pour son époque. Le célibat était très mal vu dans la société de l’époque et pourtant Paul rappelle qu’il est l’état idéal du croyant. Une telle position est hautement révolutionnaire, voire anarchiste, car elle est une menace pour le développement de la société. Cependant Paul n’interdit pas le mariage à celles et ceux qui en ressentent le besoin car, pour lui, célibat veut dire continence sexuelle. De même il rappelle que le mariage doit être exclusif pour éviter un vagabondage sexuel qui serait une régression spirituelle. Les Cathares ne disaient pas autrement.

8 – Je dis aux célibataires et aux veuves qu’il leur est bon de demeurer comme moi.
9 – Mais s’ils ne se dominent pas, qu’ils se marient. Mieux vaut se marier que brûler.
10 – À ceux qui sont mariés, j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur : que la femme ne se sépare pas de son mari.
11 – Et si elle se sépare, qu’elle demeure seule ou qu’elle se réconcilie avec son mari ; et que le mari ne laisse pas sa femme.
12 – Quant aux autres je leur dis, moi et non pas le Seigneur : si un frère a pour femme une mécréante et qu’elle se complaise à habiter avec lui, qu’il ne la laisse pas.
13 – Si une femme a pour mari un mécréant et qu’il se complaise à habiter avec elle, qu’elle ne laisse pas son mari.
14 – Car le mari mécréant est sanctifié par sa femme et la femme mécréante est sanctifiée par le frère ; autrement vos enfants seraient impurs, alors que de fait ils sont saints.
15 – Mais si le mécréant se sépare, qu’il se sépare ; en ce cas le frère ou la sœur ne sont pas asservis, et Dieu vous a appelés à la paix.
16 – Car que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari, et que sais-tu, homme, si tu sauveras ta femme ?

Mon analyse :
Si Paul est strict envers les membres de la communauté mariés entre eux, comme le veut la tradition, il ajoute un point non prévu dans les règles sociales de l’époque, la fidélité à un conjoint mécréant. En effet, en supprimant les barrières sociales érigées par la religion juive, il crée un cas de figure inédit. Aussi précise-t-il qu’il s’agit de sa prescription et non de celle du Seigneur.

17 – Par ailleurs, que chacun marche tel que le Seigneur lui a fait sa part, chacun tel que Dieu l’a appelé. C’est ce que je prescris dans toutes les églises.
18 – Quelqu’un était-il circoncis lors de son appel ? qu’il ne se refasse pas. Était-il prépucé lors de son appel ? qu’il ne se fasse pas circoncire.
19 – La circoncision n’est rien, le prépuce non plus, mais de garder les commandements de Dieu.
20 – Que chacun demeure dans l’état où l’appel l’a trouvé.
21 – Étais-tu esclave lors de ton appel, ne t’en soucie pas, profites-en plutôt quand bien tu pourrais devenir libre.
22 – Car celui qui était esclave lors de son appel par le Seigneur est un affranchi du Seigneur, de même celui qui était libre lors de son appel est un esclave du Christ.
23 – Vous avez été achetés comptant ; ne vous rendez pas esclaves des hommes.
24 – Frères, que chacun demeure devant Dieu tel qu’il était lors de son appel.

Mon analyse :
Ce passage est intéressant. L’appel ne doit pas nous conduire à vouloir effacer ce qui nous vient de notre vie d’avant l’éveil. Il n’importe pas d’avoir eu une vie lisse mais d’avoir une vie correspondant à l’état spirituel dans lequel nous sommes aujourd’hui. Je dirai comme Paul, qu’il n’est pas justifié, pour quelqu’un qui se sentirait attiré par le Catharisme, de faire annuler son baptême catholique ou tout autre situation réglementée antérieure liée à une autre religion. Ce qui marque la rupture c’est la façon de se comporter et d’être.

25 – Quant à ceux qui sont vierges, je n’ai pas d’ordre du Seigneur, mais je donne mon avis en homme à qui le Seigneur a fait la grâce d’être fidèle.
26 – Je crois qu’il est bon, dans la détresse présente, oui, il est bon pour l’homme d’être ainsi.
27 – Es-tu lié à une femme ? ne cherche pas à te détacher. N’es-tu pas attaché à une femme ? ne cherche pas de femme.
28 – Si pourtant tu te maries, tu ne pèches pas, et si une vierge se marie, elle ne pèche pas, mais ils sont affligés dans leur chair, ce que moi je vous épargne.
29 – Je vous dis, frères, le temps se fait court. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient pas ;
30 – ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas ; ceux qui se réjouissent comme s’ils ne se réjouissaient pas ; ceux qui achètent, comme s’ils n’acquéraient pas ;
31 – ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient pas, car la figure du monde passe.
32 – Je veux que vous soyez sans inquiétude. Le célibataire s’inquiète des affaires du Seigneur et comment plaire au Seigneur,
33 – mais l’homme marié s’inquiète des affaires du monde et comment plaire à sa femme,
34 – et il est partagé. De même la femme célibataire ou la vierge s’inquiète du Seigneur pour être sainte de corps et d’esprit ; mais celle qui est mariée s’inquiète des affaires du monde et comment plaire à son mari.
35 – Je le dis pour votre profit et non pour vous tendre un piège, pour que vous soyez convenables et assistiez le Seigneur sans distraction.

Mon analyse :
Paul revient sur l’état de célibat auquel il donne clairement sa préférence. Il conseille même à ceux qui sont mariés de vivre ensemble comme des célibataires, c’est-à-dire de s’abstenir de relations sexuelles. Par contre il insiste sur l’importance de l’engagement envers l’autre. Les Cathares faisaient de même et demandaient à leurs croyants de ne pas rompre unilatéralement les liens d’une union car cela aurait été une forme de violence.

36 – Si quelqu’un croit indécent que sa fille passe l’âge nubile et qu’il faut la marier, qu’il fasse ce qu’il veut, ne pèche pas : qu’il la marie.
37 – Mais si d’un cœur ferme, sans contrainte, de plein gré, il juge bon dans son cœur de la garder vierge, il fait bien.
38 – De sorte que celui qui marie sa fille fait bien, celui qui ne la marie pas fait mieux.
39 – Une femme est liée aussi longtemps que vit son mari. Si son mari meurt, elle est libre de se marier à qui elle veut, mais seulement dans le Seigneur.
40 – Elle est pourtant plus heureuse, à mon avis, si elle demeure comme elle est. Et je pense avoir moi aussi l’esprit de Dieu.

Mon analyse :
Cette dernière partie pourrait venir d’un scribe judéo-chrétien. Cependant elle est acceptable de Paul, compte tenu de l’époque et des mœurs établies.

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