Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.
Lettre aux Philippiens
Chapitre 2
1 – Si donc il y a quelque consolation dans le Christ, s’il y a quelque réconfort d’amour, s’il y a quelque société de l’Esprit, s’il y a quelque tendresse et compassion,
2 – remplissez-moi de joie en tendant à l’unanimité, en ayant même amour, même âme, et en tendant à une seule chose :
3 – rien par rébellion, rien par vaine gloire ; estimez, au contraire, avec humilité, que les autres vous sont supérieurs,
4 – chacun veillant, non à son intérêt, mais chacun à l’intérêt d’autrui.
5 – Tendez à l’unanimité entre vous et avec le christ Jésus
6 – qui, possédant forme de dieu, n’a pas regardé comme une prérogative d’être égal à Dieu,
7 – mais s’est anéanti en prenant forme d’esclave, en devenant pareil aux hommes. Et quand il a eu figure humaine,
8 – il s’est abaissé à obéir jusqu’à mourir et mourir en croix.
9 – Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il accordé le nom qui est au-dessus de tout nom,
10 – pour qu’au nom de Jésus tout genou plie, dans les deux, sur terre et sous terre,
11 – et que toute langue avoue que Jésus Christ est seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
Mon analyse :
Paul appelle les Philippiens à l’unité et à l’unanimité spirituelle. C’est sans doute lié aux dangers évoqués dans le premier chapitre. Il indique le comportement à suivre incluant l’humilité car c’est un sentiment très dévalorisé dans l’Antiquité… comme de nos jours. L’hymne au Christ (v. 5 – 11) pose la question du statut de Christ. Les Judéo-chrétiens s’interroge sur sa divinité alors que pour nous ce passage est clair. Le terme « possédant forme de Dieu » veut dire qu’il est consubstantiel à Dieu, comme nous le sommes aussi car Dieu ne crée pas ; il laisse émaner de lui ce qui a les mêmes qualités substantielles que lui, dont l’éternité.
12 – Ainsi, mes chers, comme vous m’avez toujours obéi, travaillez avec crainte et tremblement à votre salut non seulement comme en ma présence mais beaucoup plus maintenant que je ne suis pas là ;
13 – car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et l’œuvre, pour son bon plaisir.
14 – Faites tout sans murmures ni raisonnements,
15 – pour devenir irréprochables et purs, enfants de Dieu sans reproche au milieu d’une génération tortueuse et pervertie où vous brillez comme des luminaires dans le monde,
16 – et attentifs à la parole de vie, pour que j’aie à me vanter, au jour du Christ, de n’avoir pas couru en vain et de ne m’être pas fatigué en vain.
17 – Mais même si je sers de libation pour le sacrifice et le service de votre foi, je m’en réjouis avec vous tous.
18 – Et vous de même, réjouissez-vous, et réjouissez-vous avec moi.
Mon analyse :
Maintenant Paul appelle les Philippiens à suivre l’exemple de Christ, non pas dans la crainte de Dieu, comme certains exégètes ont pu le discerner au v. 12, mais dans l’humilité due à la connaissance de leur condition mondaine. Car c’est le doute et l’inquiétude d’échouer qui doit nous pousser à faire preuve des qualités qui nous donneront accès à la grâce divine. Nous ne sommes pas des pantins qui laissent agir l’autre sans rien faire, mais des acteurs de notre salut par l’approfondissement de notre foi et sa mise en œuvre au quotidien. La foi sauve et non les œuvres mais la foi induit les actes qui en sont le marqueur visible.
19 – J’espère, dans le seigneur Jésus, vous envoyer vite Timothée, pour me rassurer en sachant où vous en êtes.
20 – Car je n’ai personne qui soit d’accord pour sincèrement s’inquiéter d’où vous en êtes :
21 – car tous cherchent leur intérêt et non celui du christ Jésus.
22 – Vous connaissez son mérite : comme un enfant avec son père il s’est asservi avec moi à l’évangile.
23 – J’espère donc vous l’envoyer dès que j’aurai vu où j’en suis ;
24 – et je suis sûr, dans le Seigneur, que moi aussi je vais venir vite.
25 – J’ai estimé nécessaire de vous envoyer Épaphrodite, mon frère, mon collaborateur et compagnon d’armes que vous m’avez dépêché pour m’assister dans le besoin,
26 – car il languissait de vous tous et se tourmentait que vous ayez entendu dire qu’il avait été malade.
27 – Et en effet il a été malade et à l’article de la mort ; mais Dieu a eu pitié de lui, et pas seulement de lui mais de moi aussi, pour que je n’aie pas tristesse sur tristesse.
28 – Je m’efforce donc de vous l’envoyer pour que vous vous réjouissiez de le revoir et que moi aussi je sois moins triste.
29 – Accueillez-le donc dans le Seigneur en toute joie, et ayez de tels hommes en estime,
30 –car c’est à cause de l’œuvre du Christ qu’il a été près de mourir, risquant sa vie pour suppléer à vôtre assistance qui me manquait.
Mon analyse :
Paul annonce l’envoi de Timothée qui semble lui être cher car soucieux des souhaits de Paul vis-à-vis de la mission apostolique. Il critique d’ailleurs les autres disciples proches de lui qui ne semblent pas aussi assidus. L’envoi de Timothée est retardé jusqu’à ce que Paul en sache plus sur son sort qu’il espère être positif, au point d’être innocenté et libéré pour venir lui-même à Philippes. En attendant, il fait porter cette lettre à un Philippien, Épaphrodite, envoyé autrefois pour aider Paul ; peut-être était-ce lui qui porta le soutien financier dont Paul parle aux Éphésiens.