Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.
Lettre aux Hébreux
Chapitre 11
1 – La foi est la substance de ce qu’on espère, la preuve de ce qu’on ne voit pas.
2 – Elle valut en effet aux anciens le témoignage qu’ils ont reçu.
Mon analyse :
Ce chapitre va nous montrer à travers la Genèse et l’Exode que la foi fut au centre des préoccupations de ceux qui ont fait le Judaïsme.
3 – Par la foi, nous comprenons que les siècles sont produits par la parole de Dieu de sorte que ce qui se voit ne vient pas de ce qui paraît.
4 – Par la foi, Abel a offert à Dieu un meilleur sacrifice que Caïn et, à cause d’elle, il fut proclamé juste, Dieu lui-même attestant ses offrandes. À cause d’elle aussi, bien que mort, il parle encore.
5 – Par la foi, Hénoch fut transféré pour ne pas voir la mort et ne fut plus trouvé parce que Dieu l’avait transféré. Avant son transfert en effet, on avait attesté qu’il était au gré de Dieu.
6 – Or, sans foi, impossible d’être agréé. Pour approcher de Dieu, on doit croire qu’il est et qu’il paiera ceux qui le cherchent.
7 – Par la foi, Noé, averti de ce qui ne se voyait pas encore, craignit Dieu et, pour sauver sa maison, construisit l’arche par laquelle il condamnait le monde et héritait de la justice qui vient de la foi.
8 – Pair la foi, Abraham obéit à l’appel et partit pour le lieu dont il allait hériter. Il partit sans savoir où il allait.
9 – Par la foi, il séjourna en terre promise comme dans une terre étrangère et habita dans des abris avec Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse.
10 – Il attendait en effet la ville qui a des fondations et dont Dieu est l’architecte et le bâtisseur.
11 – Par la foi aussi, Sara eut pouvoir d’enfanter malgré son grand âge parce qu’elle estima fidèle celui qui promettait.
12 – C’est pourquoi, d’un seul homme, qui était comme déjà mort, sont nés des hommes aussi nombreux que les étoiles du ciel, innombrables autant que le sable des rivages marins.
Mon analyse :
Tout d’abord c’est d’Abel à Abraham qu’est illustrée la puissance de la foi. Abel représente le peuple Hébreu alors que Caïn représente le peuple des plaines, les Cananéens. Adam est oublié puisqu’il a péché contre Dieu.
13 – Ils sont tous morts dans la foi sans avoir bénéficié des promesses, mais ils les ont vues et saluées de loin et ont avoué qu’ils étaient des étrangers et des passants sur la terre.
14 – Or ceux qui parlent ainsi montrent bien qu’ils cherchent une patrie.
15 – Et s’ils songeaient à celle d’où ils venaient, ils avaient le temps d’y retourner,
16 – mais voilà, ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte de s’appeler leur Dieu. Il leur a en effet préparé une ville.
Mon analyse :
L’auteur nous montre que ces personnages étaient conscient que rien en ce monde ne pouvait leur convenir et que leur patrie était céleste, comme celle qui descendra dans l’Apocalypse.
17 – Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac. Ayant reçu les promesses, il offrit son fils unique
18 – dont on lui avait dit : C’est par Isaac que tu auras une semence de ton nom.
19 – Mais il compta que Dieu pouvait même le relever d’entre les morts. De là qu’il le recouvra et ce fut une parabole.
20 – Par la foi aussi, Isaac bénit Jacob et Ésaü en vue de l’avenir.
21 – Par la foi, Jacob mourant bénit chaque fils de Joseph et se prosterna sur le bout de son bâton.
22 – Par la foi, Joseph, à sa fin, mentionna l’exode des fils d’Israël et donna des ordres au sujet de ses ossements.
23 – Par la foi, les parents de Moïse, à sa naissance, le cachèrent trois mois parce qu’ils virent que l’enfant était agréable et ils ne craignirent pas l’ordre du roi.
24 – Par la foi, Moïse, devenu grand, renonça à passer pour fils de la fille de Pharaon ;
25 – il préféra le malheur du peuple de Dieu au plaisir temporaire du péché
26 – et estima plus l’opprobre du Christ que la richesse des trésors d’Égypte, car il regardait le paiement.
27 – Par la foi, il quitta l’Égypte sans craindre la fureur du roi, car il était ferme comme s’il voyait l’invisible.
28 – Par la foi, il fit la pâque et l’aspersion du sang pour que l’exterminateur ne touchât plus aux premiers-nés.
29 – Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, mais les Égyptiens qui s’y risquèrent furent engloutis.
30 – Par la foi, les murailles de Jéricho tombèrent quand on en eut fait le tour sept jours.
31 – Par la foi, la prostituée Rahab, ayant accueilli pacifiquement les espions, ne périt pas avec les indociles.
Mon analyse :
Si Abraham agit, y compris de façon paradoxale, en vue de la promesse d’une descendance, Isaac le sacrifié est lui le symbole de la promesse eschatologique : Si tu sacrifie ce que tu as de plus important, je t’en donnerai plus encore. Moïse illustre le renoncement aux promesses et au bonheur terrestre en vue d’un plus grand que fait pressentir la foi. Enfin, les événements sont cités sans explication jusqu’à la conquête de la terre d’Israël.
32 – Que dire encore ? car le temps me manquerait si je parlais de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephté, de David et de Samuel et des prophètes.
33 – Par la foi, ils conquirent des royaumes, pratiquèrent la justice, obtinrent l’accomplissement des promesses, fermèrent la gueule des lions,
34 – éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant du sabre, surmontèrent leur faiblesse, furent vaillants à la guerre, repoussèrent l’assaut de l’étranger.
35 – Des femmes reçurent leurs morts ressuscités. Des torturés refusèrent la délivrance pour obtenir une résurrection meilleure.
36 – D’autres furent éprouvés de moqueries et de fouets ou de chaînes et de prison,
37 – furent lapidés, tourmentés, sciés, moururent sous le sabre, vagabondèrent en peau de mouton, en peau de chèvre, indigents, affligés, maltraités,
38 – eux dont le monde n’était pas digne, errants dans les déserts, dans les montagnes, dans les antres et les trous de la terre.
Mon analyse :
Enfin, c’est dans les Rois, les Juges et les Prophètes que nous sont proposés des exemples de foi invincible malgré les événements. D’abord ceux qui par la fois réussirent leur mission, puis ceux qui supportèrent la mort, les supplices et la captivité plutôt que de perdre la foi.
39 – Et tous reçurent témoignage de leur foi mais sans bénéficier de la promesse,
40 – car Dieu qui nous réservait mieux ne les a pas voulu parfaits sans nous.
Mon analyse :
La rupture avec le Judaïsme est notée dans le fait que la promesse faite autrefois n’est pas valable, puisque tous n’en ont pas bénéficié, mais surtout parce que aujourd’hui il y a mieux que la promesse, c’est-à-dire le salut assuré par Christ.