Lettre de Paul aux Galates – 2

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Lettre aux Galates

Chapitre 2

1 – Ensuite, au bout de quatorze ans, je suis encore monté à Jérusalem, avec Barnabé ; j’avais même pris Tite avec moi.
2 – J’y suis monté d’après un dévoilement. Et l’évangile que je prêche aux nations, je l’ai exposé en privé aux notables, de peur; de courir ou d’avoir couru en vain ;
3 – mais Tite, qui était avec moi et qui est Grec, n’a pas été forcé de se faire circoncire.
4 – Tout cela à cause d’intrus, de faux frères qui étaient intervenus pour épier la liberté que nous avons dans le christ Jésus et nous réduire en esclavage.
5 – Mais pas une seconde nous ne leur avons cédé jusqu’à nous soumettre, car il fallait que pour vous la vérité
de l’évangile demeure.
6 – Et quant à ceux qui passaient pour être quelque chose (ce qu’ils étaient alors, peu m’importe, Dieu ne juge pas sur la mine) ces notables, donc, ne m’ont rien conseillé ;
7 – bien au contraire, voyant que l’évangile m’était confié pour les prépucés, de même qu’à Pierre pour les circoncis
8 – (car celui qui a fait de Pierre l’apôtre des circoncis a fait de moi l’apôtre des nations),
9 – et connaissant la grâce qui m’a été donnée, Jacques, Képhas et Jean, qui passent pour être les colonnes, nous ont donné la main, à moi et à Barnabé, pour une association où nous serions, nous pour les nations, et eux pour les circoncis;
10 – nous n’avions qu’à nous souvenir des pauvres ; ce que
je me suis efforcé de faire.

Mon analyse :
Nous constatons clairement que Paul nous offre un récit chronologique totalement différent de celui qui figure dans les Actes rédigés par Luc. Après avoir attendu trois ans de pratique apostolique pour faire un passage éclair à Jérusalem où il ne rencontre que Pierre et Jacques, Paul s’éloigne à nouveau pendant environ treize ans. S’il revient à Jérusalem ce n’est pas pour faire allégeance mais plutôt pour demander des explications sur les interventions judéo-chrétiennes auprès des communautés des nations qu’il a évangélisées, comme celle des Galates. Et la décision de séparer les communautés vient de là. En fait, on peut voir dans cette démarche, celle qui servira d’exemple à Marcion quand il décidera d’aller proposer à l’Église de Rome une réorientation doctrinale et qu’il sera excommunié.

11 – Mais quand Képhas est venu à Antioche, je lui ai
résisté en face, car il était à blâmer.
12 – En effet, avant que soient venus des gens de Jacques, il mangeait avec les nations ; mais quand ils sont venus, il s’est dérobé et s’est mis à part, craignant les circoncis.
13 – Et les autres Juifs ont joué la même comédie, en sorte que Barnabé même s’est laissé entraîner par leur comédie.
14 – Alors, quand j’ai vu qu’ils n’allaient pas droit à la vérité de l’évangile, j’ai dit à Képhas devant tous : Si toi qui es Juif tu vis en païen et non en Juif, comment forces-tu les nations à judaïser ?
15 – Nous qui sommes Juifs de nature et non de ces pécheurs des nations,
16 – mais qui savons que l’homme n’est pas justifié en fonction des œuvres de la Loi s’il ne l’est pas par la foi au christ Jésus, nous nous sommes fiés au Christ pour être justifiés en fonction de la foi au Christ et non des œuvres de la Loi ; parce qu’en fonction des œuvres de la Loi aucune chair ne sera justifiée.
17 – Et si, alors que nous cherchons à être justifiés dans le Christ, on nous trouve pécheurs, est-ce que le Christ est au service du péché ? Que non !
18 – Car si je rebâtis ce que j’avais défait, je confirme ma transgression.
19 – Car par la Loi je suis mort à la Loi afin de vivre pour Dieu. Je suis crucifié avec le Christ ;
20 – et si je vis ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi.
21 – Je ne rejette pas la grâce de Dieu. Car s’il y a une justice par la Loi, le Christ est donc mort pour rien ?

Mon analyse :
Une fois cet accord acquis, donc sans crise majeure, Paul nous raconte l’épisode d’Antioche où Pierre marque une distance doctrinale avec Paul. La crise se déclenche et la rupture est consommée. Il s’agit bien d’un premier schisme interne à la communauté dite chrétienne.
Ce schisme est d’autant plus irréconciliable qu’il porte sur les fondements même de la foi. En effet, Paul montre à Pierre et aux Juifs que la Loi mosaïque est porteuse de transgression, donc de péché alors que la foi en Christ est porteuse de vie éternelle. Le verset 19 est exemplaire ! Si l’on se fie à la loi positive on ne peut que commettre des péchés, donc on meurt face au jugement de cette loi et ce d’autant plus si l’on suit le commandement de Christ car il conduit à transgresser la loi positive. Il y a donc incompatibilité majeure entre la loi juive et la loi d’Amour. Et vouloir suivre la loi mosaïque revient à considérer que Christ est mort pour rien. Nous pouvons considérer, à juste titre, que la rupture entre le courant judéo-chrétien et le courant pagano-chrétien date de ce moment, non par un accord plus ou moins tacite, mais par une crise théologique majeure. Cela confirme qu’il est impossible de rattacher le Catharisme à Paul si l’on considère qu’il est une dissidence catholique. Or, par son essence doctrinale, le Catharisme est clairement paulinien.

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