Évangile selon Matthieu – Chapitre 27

Informations du site

2 000 vue(s)

Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON MATTHIEU

Chapitre vingt-sept

1 – Le matin venu, tous les grands prêtres et anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir.
2 – Ils le lièrent et l’emmenèrent pour le livrer à Pilate le gouverneur.
3 – Alors Judas, qui l’avait livré, le voyant condamné se repentit, retourna les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens
4 – et dit : J’ai péché, j’ai livré un sang innocent. Mais ils répondirent : Que nous importe ? À toi de voir !
5 – Et il rejeta l’argent dans le sanctuaire, se retira et s’en alla se pendre.
6 – Les grands prêtres prirent l’argent et dirent : On n’a pas le droit de le jeter aux offrandes puisque c’est le prix du sang.
7 – Ils tinrent conseil et achetèrent avec cela le champ du potier pour la sépulture des étrangers.
8 – Voilà pourquoi ce champ aujourd’hui encore s’appelle le champ du sang.
9 – Alors fut remplie cette parole du prophète Jérémie : Et ils ont pris les trente pièces d’argent, le prix de celui qui a été mis à prix, celui que les fils d’Israël ont mis à prix,
10 – et ils les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’a prescrit.

Mon analyse :
On remarque la volonté de dénigrement des Juifs qui sont présentés comme totalement motivés par la mise à mort de Jésus. Judas n’est pas entendu mais se repent, lui.

11 – Or Jésus se tenait devant le gouverneur; et le gouverneur le questionna, il dit : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus dit : Tu le dis.
12 – Mais, aux accusations des grands prêtres et des anciens, il ne répondit rien.
13 – Alors Pilate lui dit : N’entends-tu pas comme ils témoignent contre toi ?
14 – Et Jésus ne répondit à aucune question, de sorte que le gouverneur fut très étonné.

Mon analyse :
Le procès est réduit à sa plus simple expression. Pilate pose une question à laquelle Jésus ne répond pas vraiment, se contentant de la retourner en affirmation. Il dédaigne tout ce qui vient des Juifs, accentuant l’accusation des Juifs, comme ci-dessus.

15 – À chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que voulait la foule.
16 – On avait alors un prisonnier fameux appelé Barabbas
17 – Et comme ils étaient rassemblés, Pilate leur dit : Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas, ou Jésus appelé le Christ ?
18 – Car il savait qu’on l’avait livré par envie.
19 – Et comme il était assis au tribunal, sa femme lui envoya dire : Rien entre toi et ce juste ! Car aujourd’hui il m’a beaucoup fait souffrir en songe.
20 – Mais les grands prêtres et les anciens persuadèrent aux foules de demander Barabbas et de perdre Jésus.
21 – Le gouverneur leur répondit : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Ils dirent : Barabbas.
22 – Pilate leur dit : Que vais-je donc faire de Jésus appelé le Christ ? Ils disent tous : Qu’il soit crucifié !
23 – II dit : Quel mal a-t-il donc fait ? Mais ils criaient de plus belle : Qu’il soit crucifié !

Mon analyse :
Là encore on essaie de nous convaincre que les Juifs agissent par haine ; en fait ils appliquent leur loi mosaïque puisque Jésus a blasphémé. L’intervention de la femme de Pilate sert d’argument pour expliquer son comportement à suivre.

24 – Pilate vit que rien ne servait à rien mais que cela tournait plutôt au tumulte; il prit de l’eau, se lava les mains devant la foule et dit : Je suis innocent de ce sang. À vous de voir.
25 – Et tout le peuple répondit : Sur nous son sang, et sur nos enfants.
26 – Alors il leur relâcha Barabbas ; quant à Jésus il le fit flageller et le livra pour le crucifiement.
27 – Alors les soldats du gouverneur prirent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la cohorte.
28 – Puis ils le dévêtirent et lui mirent une casaque écarlate,
29 – puis ils tressèrent une couronne d’épines, la lui posèrent sur la tête, et un roseau dans la main droite ; et ils tombaient à genoux devant lui et disaient pour le moquer : Bonjour ! roi des Juifs !
30 – puis ils crachaient sur lui, ils prenaient le roseau et lui tapaient sur la tête.

Mon analyse :
Pilate se dégage de la responsabilité de cette mort qu’il n’a pas voulu, mais grâce à la phrase sur sa femme cela devient de la prudence et non de la lâcheté. La remarque des Juifs fait encore plus peser sur eux la responsabilité de la mise à mort. Nous voyons bien là les germes de l’antisémitisme judéo-chrétien. On remarque que ce sont les soldats romains qui humilient Jésus.

31 – Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils le dévêtirent de la casaque et le revêtirent de ses vêtements, puis ils l’emmenèrent pour le crucifier.
32 – En sortant ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon ; ils le requirent de prendre la croix.
33 – Arrivés au lieu-dit Golgotha, c’est-à-dire le lieu du crâne,
34 – ils lui donnèrent à boire une mixture de vin et de fiel ; il y goûta mais ne voulut pas boire.
35 – Quand ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort ;
36 – puis ils s’assirent là pour le garder.
37 – Et on posa au-dessus de sa tête le motif écrit : CELUI-CI EST JÉSUS, LE ROI DES JUIFS.
38 – Deux bandits sont alors crucifiés avec lui : un à droite et un à gauche.

Mon analyse :
Le processus de crucifixion se déroule incluant la phase de l’eau et du fiel. Il semble qu’il s’agisse en fait d’eau et de myrrhe destinée à atténuer les souffrances des suppliciés.

39 – Et les passants le blasphémaient, hochaient la tête,
40 – ils disaient : Toi qui défais le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es fils de Dieu, et descends de la croix.
41 – Pareillement, les grands prêtres se moquaient, avec les scribes et les anciens, ils disaient :
42 – Il a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-.même ! Il est roi d’Israël ! Qu’il descende de la croix maintenant, et nous nous fierons à lui.
43 – Il s’est confié à Dieu ; qu’il le délivre, maintenant, s’il veut de lui ; car il a dit : Je suis fils de Dieu.
44 – De même les bandits crucifiés avec lui l’injuriaient.

Mon analyse :
Les injures pleuvent à nouveau de tous bords, y compris des deux autres condamnés. Cela sert à renforcer le caractère sacrificiel puisque Jésus est censé mourir pour le salut de cux qui l’insultent.

45 – Depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
46 – Vers la neuvième heure Jésus clama à grande voix : Eli Eli lema sabacthani ? c’est-à-dire : mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
47 – Quelques-uns de ceux qui se tenaient là disaient en l’entendant : Il appelle Élie.
48 – Aussitôt l’un creux courut prendre une éponge, il l’emplit de vinaigre et la mit au bout d’un roseau pour lui donner à boire.
49 – Mais les autres disaient : Laisse, qu’on voie si Élie vient le sauver.
50 – Et Jésus cria encore à grande voix et rendit l’esprit.

Mon analyse :
Pour confirmer que ces ténèbres sont surnaturelles, elles sont situées en pleine journée (entre midi et trois heures). Le vinaigre est certainement la boissons des soldats, à savoir du vin acidulé et le roseau un javelot. Le cri de jésus pose la question de l’intention de l’auteur. Il est ambigu, comme si Jésus doutait que Dieu allait le sauver. En fait il fait référence au Psaume XXII.

51 – Et voilà que le rideau du sanctuaire se fendit en deux du haut en bas, la terre fut secouée, les roches se fendirent,
52 – les tombeaux s’ouvrirent et beaucoup de corps de saints dormants se relevèrent ;
53 – ils sortirent des tombeaux après sa résurrection, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à beaucoup.
54 – Or à la vue de la secousse et de ce qui arrivait, le centurion et ceux qui gardaient Jésus avec lui furent fort effrayés et dirent : Celui-ci était vraiment fils de Dieu.

Mon analyse:
Les signes attestent du caractère exceptionnel de celui qui vient de mourir mais seuls les romains en tirent la bonne conclusion. Des résurrections se produisent mais les apparitions attendront la résurrection de Jésus.

55 – Beaucoup de femmes étaient là qui observaient de loin ; elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour être à son service.
56 – Il y avait parmi elles Marie Madeleine, Marie mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
57 – Le soir venu, un homme riche d’Arimathie nommé Joseph, qui lui aussi était disciple de Jésus,
58 – s’approcha de Pilate et demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui rende.
59 – Joseph prit le corps, l’enveloppa d’un linceul pur
60 – et le mit dans le tombeau neuf qu’il s’était fait tailler dans la roche ; puis il roula une grande pierre contre la porte du tombeau et s’en alla.
61 – Il y avait là Marie Madeleine et l’autre Marie, assises en face du sépulcre.

Mon analyse:
Les trois Marie citées semblent être, Marie Madeleine qui n’est présentée jusque là que comme une femme de passage, Marie la mère des frères de Jésus dont seuls deux sont nommés et Marie mère des deux premiers disciples après Pierre. Marie Madeleine est encore là après la mise au tombeau. On comprend qu’elle ait pu être considérée comme un personnage important au plan familial et au plan spirituel.

62 – Le lendemain, c’est-à-dire après la Préparation, les grands prêtres et les pharisiens se rassemblèrent chez Pilate
63 – et dirent : Seigneur, il nous souvient que, de son vivant, cet égareur a dit : Au bout de trois jours je me relève.
64 – Ordonne donc qu’on s’assure du sépulcre jusqu’à ce troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent le dérober et ne disent au peuple : Il s’est relevé d’entre les morts. Ce dernier égarement serait pire que le premier !
65 – Pilate leur dit : Vous avez une garde. Allez, assurez-vous-en comme vous l’entendez.
66 – Ils allèrent donc s’assurer du sépulcre, ils scellèrent la pierre et mirent la garde.

Mon analyse:
Cette indication est là pour rendre véridique la résurrection et interdire toute supposition.

Revenir au sommaire

Faites connaître cet article à vos amis !

Informations du site

Contenu soumis aux droits d'auteur.