Évangile selon Matthieu – Chapitre 22

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON MATTHIEU

Chapitre vingt-deux

1 – Jésus leur dit encore à part, en paraboles :
2 – Le règne des cieux est pareil à un roi qui a fait des noces à son fils.
3 – Il a envoyé ses esclaves appeler aux noces ceux qui y étaient appelés. Ils n’ont pas voulu venir.
4 – Il a envoyé encore d’autres esclaves, il leur a dit : Dites aux appelés : Voilà, j’ai apprêté le déjeuner, immolé taureaux et bêtes grasses, tout est prêt. Ici donc, aux noces.
5 – Mais négligents ils s’en sont allés qui à son champ, qui à son négoce,
6 – les autres se sont saisis de ses esclaves, les ont outragés et tués.
7 – Le roi en colère a envoyé ses armées perdre les meurtriers et incendier leur ville.
8 – Alors il a dit à ses esclaves : La noce est prête, mais les appelés n’en ont pas été dignes,

Mon analyse :
Cette parabole permet à Jésus de montrer qu’il ne suffit pas de se croire peuple élu de Dieu mais qu’on peut aussi être rejeté si on n’est pas prêt à son appel et, pire encore si l’on rejette ses prophètes. L’image est conforme à l’idée juive selon laquelle Dieu peut-être vengeur et meurtrier.

9 – allez donc sur les chemins et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez.
10 – Ces esclaves sont sortis sur les chemins et ils ont rassemblé tous ceux qu’ils ont trouvés, mauvais et bons, et la salle a été remplie de convives.
11 – En entrant pour observer les convives, le roi a vu là un homme qui n’avait pas revêtu le vêtement de noce.
12 – Il lui a dit : Camarade, comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de noce ? L’homme a été muselé.
13 – Alors le roi a dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et chassez-le dans les ténèbres extérieures. Là il y aura le sanglot et le grincement de dents.
14 – Car il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus.

Mon analyse :
Là le message est clair, tous ceux qui le veulent et le peuvent peuvent être appelés. C’est l’opinion de Paul contre celle des autres disciples. Surprenant donc que Matthieu le mette en valeur. Mais il ne suffit pas d’avoir été appelé, encore faut-il s’être bien préparé pour recevoir la grâce. Sinon, on est encore une fois rejeté comme l’homme mal habillé. Il y a beaucoup d’appelés ; en fait nous sommes tous appelés, mais peu d’entre nous réussissent à chaque appel. Cela ne contredit pas le fait qu’à la fin des temps nous serons tous sauvés.

15 – Alors les pharisiens s’en allèrent et tinrent conseil ; pour le prendre au piège dans sa parole.
16 – Ils lui envoient leurs disciples avec les hérodiens pour lui dire : Maître, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes le chemin de Dieu avec vérité et que tu ne te soucies de personne, car tu ne regardes pas à la face des gens.
17 – Dis-nous donc ce qu’il t’en semble : A-t-on ou non le droit de payer l’impôt à César ?
18 – Jésus connut leur lâcheté, il leur dit : Pourquoi me mettez-vous à l’épreuve, comédiens ?
19   Montrez-moi la monnaie de l’impôt. Ils lui présentèrent un denier.
20 – Il leur dit : De qui est cette image, et l’inscription ?
21 – Ils disent : De César. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
22 – Étonnés d’entendre cela, ils le laissèrent et s’en allèrent.

Mon analyse :
Le message est clair, ne nous attachons pas à ce qui relève de ce monde mais ne nous opposons pas non plus à ses règles tant qu’elles ne mettent pas en jeu notre foi. Ce qui est du monde reste dans le monde et ce qui est de Dieu doit lui revenir, c’est-à-dire l’esprit saint prisonnier que nous sommes.

23 – Ce jour-là, des sadducéens, qui disent qu’il n’y a pas de résurrection, s’approchèrent de lui, ils le questionnèrent,
24 – ils dirent : Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfant, son frère épousera sa veuve et lui suscitera une descendance.
25 – Or il y avait parmi nous sept frères. Le premier s’est marié, est mort et, comme il n’avait pas de descendance, il a laissé sa femme à son frère ;
26 – pareillement le deuxième, le troisième, et ainsi des sept.
27 – Après eux tous la femme est morte.
28 – Lors de la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme, puisque tous l’ont eue ?
29 – Jésus leur répondit : Vous vous égarez, vous ne connaissez ni les écritures ni la puissance de Dieu.
30 – Car, à la résurrection, on ne se marie plus, on ne marie plus, mais on est comme des anges dans le ciel.

Mon analyse :
Contrairement aux Juifs qui ont tendance à imaginer l’au-delà comme une réplique de ce monde, Jésus explique que le salut nous ramène dans un monde spirituel où aucune des règles en vigueur ici-bas n’a plus de valeur. Il reproche aux saduccéens de n’avoir pas compris leurs écritures et de penser pouvoir mettre Dieu, c’est-à-dire son envoyé, en défaut.

31 – Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu cette parole de Dieu qui vous dit :
32 – Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? Ce n’est pas là un Dieu des morts mais des vivants.
33 – À ces paroles les foules furent frappées de son enseignement.

Mon analyse :
Là Jésus les met en difficulté en leur rappelant que la mort en ce monde n’est pas la mort. La mort c’est de ne pas connaître Dieu et de n’être pas connu de lui. Quand on va vers Dieu on va vers la vie.

34 – Les pharisiens entendirent qu’il avait muselé les sadducéens. Ils se rassemblèrent
35 – et l’un d’eux, un légiste, lui demanda pour le mettre à l’épreuve
36 – Maître, quel est le grand commandement de la Loi ?
37 – Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta vie et de tout ton esprit.
38 – Tel est le grand et premier commandement.
39 – Le second lui est pareil : Tu aimeras ton proche comme toi-même.
40 – À ces deux commandements toute la Loi est suspendue, et les Prophètes.

Mon analyse :
Jésus répond à la demande du commandement de la Loi, mais il précise aussitôt que c’est le commandement de la loi positive et que ces commandements sont les fondamentaux de la Loi et des prophètes reconnus par les Juifs. Cela ne veut pas dire qu’il s’agit de ses commandements à lui, dont nous savons qu’ils sont différents.

41 – Comme les pharisiens étaient rassemblés, Jésus les questionna,
42 – il dit : Que vous semble-t-il du christ ? De qui est-il fils ? Ils lui dirent : De David.
43 – Il leur dit : Comment donc David l’appelle-t-il Seigneur, quand l’Esprit lui fait dire :
44 – Le Seigneur dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que je mette tes ennemis sous tes pieds.
45 – Si David l’appelle Seigneur, comment est-il donc son fils ?
46 – Personne ne put lui répondre un mot. Et de ce jour-là nul n’osa plus le questionner.

Mon analyse :
Après avoir répondu de façon indiscutable à ses détracteurs, Jésus les met à son tour à l’épreuve et Matthieu nous montre qu’il peut les coincer, y compris dans un domaine où ils sont censés maîtriser leur sujet. Il en profite pour rejeter l’idée que le christ est le messie davidique.

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