Évangile selon Matthieu – Chapitre 10

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON MATTHIEU

Chapitre dix

1 – Puis il appela ses douze disciples et leur donna pouvoir sur les esprits impurs pour les chasser et pour soigner toute maladie et toute langueur.
2 – Et voici les noms des douze apôtres : d’abord Simon appelé Pierre, et son frère André ; Jacques fils de Zébédé, et son frère Jean ;
3 – Philippe et Barthélémy ; Thomas et Matthieu le percepteur ; Jacques fils d’Alphée et Thaddée ;
4 – Simon le Cananéen, et Judas l’Iscariote, celui qui le livra.
5 – Ces douze, Jésus les envoya en leur ordonnant ceci : Ne prenez pas le chemin des nations ; n’entrez pas dans une ville de Samaritains ;
6 – allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.

Mon analyse :
Ce chapitre annonce la couleur. Le caractère judéo-chrétien va le dominer de part en part. Douze disciples en référence aux douze tribus d’Israël, refus de prêcher aux païens et rejet des Samaritains. On est loin de l’évangile que nous a livré Jean. On peut même penser qu’il s’agit d’une pique envers Paul qui lui prêchera aux nations.

7 – Où vous passez, proclamez que le règne des cieux approche.
8 – Soignez les malades, faites lever les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratis, donnez gratis.
9 – Ne possédez ni or ni argent ni monnaie, dans vos ceintures ;
10 – pas de besace pour le chemin, ni de deuxième tunique, ni de chaussures, ni de bâton. L’ouvrier est bien digne de sa nourriture.

Mon analyse :
La prédication y est présentée comme venant s’appuyer sur des actes miraculeux. Là où les cathares faisaient appel à l’intelligence des hommes et à leur capacité de raisonnement, on nous propose le schéma du miracle qui sera toujours utilisé ensuite dans le système judéo-chrétien pour valider le discours ou l’tat de sainteté (comme dans les procès en canonisation). Ce qui est positif c’est la notion selon laquelle le prédicateur doit mériter sa subsistance.

11 – Où que vous entriez, ville ou bourg, cherchez-y quelqu’un qui soit digne, et demeurez là jusqu’à votre départ.
12 – En entrant dans la maison, saluez-la.
13 – Si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous.
14 – Et si on ne vous accueille pas et qu’on n’écoute pas vos paroles, sortez de cette maison en secouant la poussière de vos pieds.
15 – Oui je vous le dis, le jour du jugement sera plus supportable pour le pays de Sodome et de Gomorrhe que pour cette ville.

Mon analyse :
Là encore on sent la prégnance de l’approche juive qui met en avant le couple récompense-punition. L’Amour absolu est absent ; si l’on est bien reçu la ville reçoit la paix en récompense, si l’on est mal reçu, elle est vouée aux gémonies.

16 – Voilà que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc sensés comme les serpents et purs comme les colombes.
17 – Prenez garde aux hommes : ils vous livreront aux sanhédrins, ils vous fouetteront dans leurs synagogues ;
18 – et à cause de moi vous serez amenés devant des gouverneurs et des rois, en témoignage devant eux et les nations.
19 – Quand ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de ce que vous direz ni comment, car ce que vous direz vous sera donné à l’heure même ;
20 – car ce n’est pas vous qui parlerez ; c’est l’Esprit de votre père qui parlera en vous.
21 – Le frère livrera son frère à la mort et le père, son enfant ; et les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mourir.
22 – Et vous serez détestés de tous à cause de moi. Mais celui qui résistera jusqu’à la fin sera sauvé.
23 – Quand ils vous poursuivront dans telle ville, fuyez dans une autre. Puis je vous le dis, vous n’aurez pas fini avec les villes d’Israël, que le fils de l’homme viendra.

Mon analyse :
À cette époque la vision futuriste est apocalyptique ; pas étonnant que Matthieu le soit, comme Paul le fut. Par contre, deux notions affleurent : les disciples n’auront pas la compétence directe pour s’exprimer face à leurs accusateurs, à moins qu’il s’agisse d’une conception visant à laisser entendre que leurs paroles seront inspirées par leur foi, et la seconde parousie est si proche que la prédication n’aura pas eu le temps d’en finir avec les villes d’Israël. La réalité est autre.

24 – Le disciple n’est pas au-dessus du maître ni l’esclave au-dessus de son seigneur.
25 – Il suffit au disciple d’être comme son maître et à l’esclave d’être comme son seigneur. S’ils ont traité de Belzéboul le maître de maison, combien plus les gens de sa maison !
26 – Ne les craignez donc pas ; car il n’y a rien de voilé qui ne doive être dévoilé, ni de secret qui ne doive être connu.
27 – Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce que entendez à l’oreille, proclamez-le sur les terrasses.
28 – Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer la vie ; craignez plutôt celui qui peut perdre et le corps et la vie dans la géhenne.
29 – Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou ? Et pas un d’entre eux ne tombe à terre à l’insu de votre père.
30 – Mais vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
31 – Ne craignez donc pas : vous valez plus que beaucoup de moineaux.

Mon analyse :
Ce passage vise à prévenir les disciples qu’ils n’auront pas de meilleur sort que Jésus, ce que l’on retrouve chez les cathares dans le récit des disciples demandant un pouvoir à Jésus ; mais il les rassure aussi sur le soutien qui leur sera accordé.

32 – Quiconque donc m’avouera devant les hommes, je l’avouerai moi aussi devant mon père qui est dans les cieux ;
33 – mais celui qui me renie devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon père qui est dans les cieux.
34 – Ne croyez pas que je suis venu mettre la paix sur la terre ; je ne suis pas venu mettre la paix mais le sabre.
35 – Car je suis venu diviser l’homme d’avec son père, la fille d’avec sa mère, la bru d’avec sa belle-mère,
36 – et que l’homme ait pour ennemis les gens de sa maison.
37 – Qui aime père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi, et qui aime fils ou fille plus que moi n’est pas digne de moi.
38 – Qui ne prend pas sa croix à ma suite n’est pas digne de moi.
39 – Qui trouve sa vie la perdra ; et qui perd sa vie à cause de moi la trouvera.
40 – Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé.
41 – Qui accueille un prophète en qualité de prophète recevra un salaire de prophète ; et qui accueille un juste en qualité de juste recevra un salaire de juste.
42 – Et quiconque donne à boire à un seul de ces petits, en qualité de disciple, seulement une coupe d’eau fraîche, oui je vous le dis, il ne perdra pas son salaire.

Mon analyse :
Là encore, si le fond est indiscutable, la forme est clairement axée sur l’approche juive où la menace plane toujours.

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