Évangile selon Marc – Chapitre 8

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON MARC

Chapitre huit

1 – Ces jours-là, comme il y a encore une grosse foule et qu’on n’a pas de quoi manger, il appelle les disciples et leur dit :
2 – Cette foule m’émeut, car voilà déjà trois jours qu’ils restent avec moi et ils n’ont pas de quoi manger.
3 – Si je les renvoie à jeun dans leur maison ils défailliront en chemin ; et certains d’entre eux sont de loin.
4 – Ses disciples lui répondirent : D’où pourra-t-on les rassasier de pains ici dans un désert ?
5 – Il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Ils, dirent : Sept.
6 – Et il ordonne à la foule de s’étendre par terre. Il prit les sept pains et, rendant grâces, il les rompit; et il les donnait à ses disciples pour qu’ils les proposent; et eux les proposèrent à la foule.
7 – On avait même quelques petits poissons. Il les bénit et dit de les proposer aussi.
8 – Ils mangèrent et furent rassasiés; et on enleva les restes : sept paniers.
9 – Or ils étaient environ quatre mille. Et il les renvoya.

Mon analyse :
Dans le premier miracle des pains c’est le chiffre douze qui est mis en avant, comme les douze tribus d’Israël et les douze disciples. Cette fois c’est le chiffre sept, chiffre le plus chargé de symbolisme. En numérologie, c’est le symbole de l’esprit, chez les païens il symbolise l’univers, l’union de l’homme et de la femme, donc l’humanité), chez les Juifs c’est le jour de la bénédiction après la création, etc. On peut donc considérer qu’il s’agit de la parole de Dieu transmise à l’humanité, la multitude étant renforcée par le nombre énorme de quatre mille.

10 – Aussitôt il entra dans le bateau avec ses disciples et vint dans la province de Dalmanoutha.
11 – Les pharisiens sortirent et commencèrent à discuter avec lui : on lui demandait un signe du ciel ; pour le mettre à l’épreuve.
12 – Il gémit dans son esprit et dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? Oui je vous le dis, on ne donnera pas de signe à cette génération.
13 – Il les laissa et se rembarqua pour aller sur l’autre rive.
14 – Et ils oublièrent d’emporter du pain ; ils n’avaient qu’un pain avec eux dans le bateau.
15 – Et il insistait auprès d’eux : Attention ! prenez garde à la levure des pharisiens et à la levure d’Hérode.
16 – Ils raisonnaient entre eux : C’est que nous n’avons pas de pain.
17 – Il le sut et leur dit : Pourquoi raisonnez-vous que vous n’avez pas de pain ? Vous ne comprenez pas encore ? êtes-vous donc sans intelligence ? Avez-vous le cœur endurci ?
18 – et des yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre ? Vous ne vous souvenez pas,
19 – quand j’ai rompu les cinq pains aux cinq mille, combien vous avez enlevé de corbeilles pleines de restes ? Ils lui disent : Douze.
20 – Et le jour des sept pains aux quatre mille, combien avez-vous enlevé de paniers remplis de restes ? Ils disent : Sept.
21 – Et il leur disait : Vous ne comprenez pas encore ?

Mon analyse :
Nous voyons l’isolement de Jésus dans sa démarche ; isolement face aux Juifs qui cherchent à lui imposer une forme de manifestation dans l’espoir de le voir échouer et isolement face aux disciples qui ne comprennent rien à son message et semblent même parfois moins éveillés que la foule.

22 – Ils viennent donc à Bethsaïde. Et on lui amène un aveugle, on fait appel à lui pour qu’il le touche.
23 – Il prit l’aveugle par la main, l’emmena hors du bourg et, lui crachant dans les yeux, il posa les mains sur lui et lui demanda : Vois-tu quelque chose ?
24 – Et lui de regarder en haut, il disait : Je vois des hommes, car je vois comme des arbres qui marchent.
25 – Ensuite Jésus posa encore les mains sur ses yeux, et il vit et fut rétabli, il voyait tout distinctement.
26 – Et Jésus l’envoya dans sa maison, il lui dit : Ne rentre pas dans le bourg.

Mon analyse :
La salive était parée de vertus thérapeutiques, surtout si elle était émise à jeun ; d’ailleurs son usage était interdit pendant le sabbat. La guérison se fait en deux temps : dans le premier il voit des choses partielles qui peuvent être comprises comme une vision dénuée des artifices. En effet, ces arbres qui marchent ne pourraient-ils pas être les hommes qui ne reçoivent pas le message, qui sont dur comme du bois à l’entendement ?

27 – Jésus et ses disciples sortirent vers les bourgs de Césarée de Philippe. Et en chemin il questionnait ses disciples, il leur disait : Qui suis-je, au dire des hommes ?
28 – Ils lui dirent : Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes.
29 – Il leur demanda : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répond : Tu es le christ.
30 – Et il leur enjoignit de ne parler de lui à personne.
31 – Il commença à leur enseigner que le fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, trois jours après, ressusciter.
32 – Il disait le mot franchement. Pierre le prit à part et commença à le tancer.
33 – Mais lui se retourna et, voyant ses disciples, il tança Pierre, il dit : Va-t’en de moi, Satan ! car tu ne tends pas vers Dieu mais vers les hommes.
34 – Et il appela ensemble la foule et les disciples ; il leur dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive.
35 – Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’évangile la sauvera.
36 – À quoi sert à l’homme de gagner le monde entier au détriment de sa vie ?
37 – Que donnera l’homme en échange de sa vie ?
38 – Car celui qui aura honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le fils de l’homme aussi aura honte de lui quand il viendra dans la gloire de son père avec les anges saints.

Mon analyse :
Voilà encore une action-réaction en deux temps. D’abord Jésus obtient une réponse valable et l’on pense que les disciples sont sur la bonne voie mais, ensuite, celui-là même qui avait montré des signes d’éveil va retomber dans sa boue d’ignorance. Ce que Pierre ne peut accepter c’est que Jésus soit dissocié de la lignée juive, qu’il ne soit pas le messie davidique venu sauver son peuple. Cet attachement à Iahvé n’est pas étonnant puisque l’essentiel de l’Église chrétienne va faire de même. Jésus fait alors l’apologie de lâcher prise, du renoncement à ce monde, ce qui difficile à entendre si l’on croit que Dieu est créateur de ce monde.

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