Évangile selon Marc – Chapitre 6

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON MARC

Chapitre six

1 – En sortant de là il vient dans sa patrie et ses disciples le suivent.
2 – Quand ce fut le sabbat il commença à enseigner dans la synagogue ; et la plupart étaient frappés de l’entendre, ils disaient : D’où tient-il cela ? et quelle est cette sagesse qui lui est donnée ? et tous ces miracles qui se font par ses mains ?
3 – N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude, de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? Et ils se scandalisaient de lui.
4 – Et Jésus leur disait : Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents, dans sa maison.
5 – Et il ne put faire là aucun miracle sauf de soigner quelques malades en posant les mains sur eux.
6 – Et il s’étonnait de leur méfiance. Et il parcourait les bourgs à la ronde en enseignant.

Mon analyse :
Ce passage comporte plusieurs points intéressants. D’abord, il nous donne le nombre exact de frères de Jésus, à savoir quatre, et nous laisse entendre qu’il avait plusieurs sœurs. Ensuite, le point le plus important est la réaction des gens vis-à-vis de lui ; ils refusent d’admettre qu’il puisse être devenu ce qu’ils voient. Effectivement, ceux qui vous ont connu dans un état donné et qui voient en vous un changement important, ont du mal à l’admettre car cela reviendrait à admettre qu’ils vous ont mal évalué. On le voit quand la presse interroge des proches de personnes ayant commis des crimes. Jésus semble avoir du mal à comprendre cela, ce qui est peu probable vu sa nature divine non altérée ; il est plus probable qu’il s’agisse là du jugement de ceux qui le suivent. Ce n’est donc pas de ceux qui nous sont étrangers que nous avons le plus à craindre si nous suivons la voie de l’éveil, mais ce sont nos proches qui risquent de ne pas l’accepter.

7 – Et il appelle les douze. Et il commença à les envoyer deux à deux et il leur donna pouvoir sur les esprits impurs ;
8 – et il leur ordonna de ne prendre pour le chemin qu’un bâton, et ni pain, ni besace, ni monnaie dans la ceinture,
9 – mais de se chausser de sandales, et ne revêtez pas deux tuniques !

Mon analyse :
Nous avons là la description type de l’apôtre. Il ne chemine pas seul, il n’emporte que le strict nécessaire et il n’anticipe pas sur demain.

10 – Et il leur disait : Où que vous entriez dans une maison, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de là.
11 – Et si un lieu ne vous accueille pas, si on ne vous écoute pas, sortez de là et, en témoignage, secouez la poussière de dessous vos pieds.

Mon analyse :
Il n’y a pas de mépris dans cette remarque. Simplement, là où le message ne peut pas encore être reçu, il ne faut rien modifier de ce qui était et ne tirer aucun profit de son passage.

12 – Ils sortirent proclamer qu’on se convertisse,
13 – et ils chassaient beaucoup de démons, et ils oignaient d’huile beaucoup de malades et ils les soignaient.
14 – Le roi Hérode l’entendit, car le nom de Jésus devenait manifeste, et il disait : Jean Baptiste s’est relevé d’entre les morts et c’est lui qui fait les miracles.
15 – D’autres disaient : C’est Élie. D’autres disaient : C’est un prophète comme les prophètes.
16 – Quand Hérode entendait cela il disait : Ce Jean que j’ai fait décapiter s’est relevé.
17 – Car Hérode avait lui-même envoyé se saisir de Jean, et l’avait fait lier en prison à cause d’Hérodiade, la femme de Philippe son frère, avec laquelle il s’était marié ;
18 – car Jean disait à Hérode : Tu n’as pas le droit d’avoir la femme de ton frère.
19 – Hérodiade en avait contre lui, elle voulait le tuer et elle ne le pouvait pas,
20 – car Hérode craignait Jean, il le savait homme juste et saint, et il le sauvegardait et, tout embarrassé de l’entendre, il l’écoutait avec plaisir.
21 – Il y eut un jour propice quand, pour son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses grands, pour les chefs et les premiers de la Galilée,
22 – et que la fille de cette Hérodiade entra, dansa et plut à Hérode et aux convives. Le roi donc dit à la fillette : Demande-moi tout ce que tu veux, je te le donnerai ;
23 – et il le lui jura : Tout ce que tu demanderas je te le donnerai, même la moitié de mon règne.
24 – Elle sortit et dit à sa mère : Qu’est-ce que je vais demander ? Elle dit : La tête de Jean Baptiste.
25 – La fillette s’empressa aussitôt de rentrer chez le roi et demanda : Je veux qu’à l’instant tu me donnes sur un plat la tête de Jean Baptiste.
26 – Le roi devint triste mais, à cause des serments et des convives, il ne voulut pas la repousser.
27 – Aussitôt le roi envoya un garde en lui commandant d’apporter la tête. L’homme s’en alla décapiter Jean dans la prison,
28 – il apporta la tête sur un plat et la donna à la fillette ; la fillette la donna à sa mère.
29 – À cette nouvelle, ses disciples vinrent enlever le cadavre et le mirent au tombeau.

Mon analyse :
On met ici en opposition l’attitude exemplaire des disciples qui réalisent l’œuvre demandée par Jésus et l’attitude barbare d’Hérode, soumis à la dictature de sa sensualité, dont le résultat a provoqué la mort de Jean. Cette crainte qu’il soit revenu d’entre les morts est déjà un début de remords.

30 – Les apôtres se rassemblent donc auprès de Jésus et lui annoncent tout ce qu’ils ont fait, tout ce qu’ils ont enseigné.
31 – Il leur dit : Ici, vous autres ! Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. Il y avait en effet beaucoup d’allées et venues et ils n’avaient même pas le temps de manger.
32 – Ils s’en allèrent en bateau vers un lieu désert à l’écart.
33 – On les vit s’en aller, beaucoup les reconnurent et, à pied, de toutes les villes, on y courut, et on les devança.
34 – En sortant, il vit une grosse foule, il s’en émut parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il commença à leur enseigner beaucoup de choses.
35 – Comme l’heure était déjà très avancée, ses disciples s’approchèrent de lui, ils disaient : Le lieu est désert, l’heure est déjà très avancée ;
36 – renvoie-les, pour qu’ils s’en aillent dans les campagnes et les bourgs à la ronde acheter de quoi manger.
37 – Il leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui disent : Va-t-on acheter deux cents deniers de pain pour leur donner à manger ?
38 – Il leur dit : Combien de pains avez-vous ? allez voir. Dès qu’ils le savent ils disent : Cinq. Et deux poissons.
39 – Il leur commanda de faire étendre tout le monde, bande par bande, sur l’herbe verte.
40 – Ils s’étendirent par carrés de cent et carrés de cinquante.
41 – Puis il prit les cinq pains et les deux poissons et, regardant vers le ciel, il bénit, rompit les pains, et il les donnait aux disciples pour qu’ils les proposent aux gens. Il partagea aussi les deux poissons entre tous.
42 – Tous mangèrent et furent rassasiés,
43 – et on enleva douze corbeilles remplies de restes de pain et de poisson.
44 – Ils étaient cinq mille hommes à avoir mangé les pains.

Mon analyse :
Ce passage figure très exactement dans Matthieu notamment. Il symbolise la puissance du message divin et les restes, au nombre exact des disciples, montrent qu’il y a encore de quoi transmettre à d’autres quand Jésus ne sera plus là.

45 – Aussitôt il força ses disciples à entrer dans le bateau et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.
46 – Et après s’être séparé d’eux, il s’en alla prier dans la montagne.
47 – Le soir venu, le bateau était au milieu de la mer ; et lui, seul à terre.
48 – Les voyant se tourmenter à ramer, car le vent était contraire, vers la quatrième veille de la nuit il vient vers eux en marchant sur la mer. Il voulait les dépasser.
49 – Et eux, à le voir marcher sur la mer, pensèrent que c’était un fantôme, ils hurlèrent ;
50 – car ils le voyaient tous et étaient troublés. Aussitôt il parla avec eux, il leur dit : Courage ! c’est moi, ne vous effrayez pas.
51 – Il monta auprès d’eux dans le bateau, et le vent tomba. Ils furent encore plus hors d’eux-mêmes ;
52 – car ils n’avaient pas compris l’affaire des pains ; ils avaient plutôt le cœur endurci.
53 – Après la traversée ils touchèrent terre à Gennésareth et abordèrent.
54 – Dès qu’ils furent sortis du bateau, on le reconnut,
55 – on parcourut tout le pays, on commença à transporter sur leurs lits les mal-portants, là où on entendait dire qu’il était.
56 – Partout où il entrait, dans les bourgs, les villes, les campagnes, on mettait les malades sur la place et on faisait appel à lui pour toucher seulement la frange de son manteau. Et tous ceux qui le touchaient étaient sauvés.

Mon analyse :
On nous le dit sans détours, les disciples sont encore mal dégrossis et n’arrivent pas à comprendre ce que fait Jésus et qui il est vraiment. Ils n’ont pas encore une foi solide alors que d’autres ont une telle foi qu’ils se contentent d’un simple contact en sachant que cela suffira à les sauver.

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