Évangile selon Jean – Chapitre 4

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON JEAN

Chapitre IV

1 – Quand le Seigneur sut qu’on rapportait aux pharisiens que Jésus faisait et immergeait plus de disciples que Jean,
2 – bien que ce ne fut pas Jésus qui immergeât mais ses disciples,
3 – il quitta la Judée et retourna en Galilée.

Mon analyse :
Ce passage contredit celui du chapitre précédent qui dit que Jésus s’attardait à immerger avec ses disciples. Est-ce une tentative maladroite pour rappeler que jésus immerge dans l’esprit et le feu et non dans l’eau matérielle ? Peu importe en fait car Jésus s’adapte au monde où il se trouve. Il se peut très bien qu’il pratique le baptême de Jean car les personnes qui viennent se faire baptiser auraient pu se sentir lésées s’il ne l’avait pas fait ainsi.

4 – Il devait traverser la Samarie.
5 – Il vient à une ville de Samarie, nommée Sychar, près du domaine que Jacob avait donné à son fils Joseph.
6 – Là était la source de Jacob. Jésus, fatigué du chemin, s’était assis contre la source. C’était vers la sixième heure.
7 – Une femme de Samarie vient puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire.
8 – Car ses disciples étaient allés à la ville acheter de la nourriture.
9 – La Samaritaine lui dit : Comment toi qui es Juif me demande-tu à boire à moi qui suis Samaritaine ?

Mon analyse :
Ce passage manifeste que Jésus ne respecte pas les prescriptions de la loi juive qui considère que les Samaritains ne sont pas des Juifs fréquentables. Non seulement, il ne fait pas de distinction mais en plus, il va montrer sa préférence pour eux.

10 – Jésus lui répondit : Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive.
11 – Elle lui dit : Seigneur, tu n’as rien pour puiser et le puits est profond. D’où as-tu de l’eau vive ?
12 – Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits ? et il y a bu avec ses fils et son bétail.
13 – Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif,
14 – mais qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif et l’eau que je lui donnerai sera en lui une source d’eau qui jaillira en vie éternelle.
15 – La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n’aie plus soif et ne vienne plus puiser ici.

Mon analyse :
Dans un premier temps la femme semble ne pas comprendre ce que Jésus lui dit, et c’est normal. Mais quand il propose une eau désaltérante éternelle, elle réagit avec sa simplicité et en demande sans réfléchir de façon logique comme elle le faisait au verset 11.

16 – Il lui dit : Va appeler ton mari et reviens.
17 – La femme lui répondit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu dis bien : Je n’ai pas de mari,
18 – car tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari, tu dis vrai.
19 – La femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es prophète.

Mon analyse :
Jésus révèle à la femme sa prescience et elle le reconnaît comme prophète.
Pour autant il ne porte aucun jugement sur elle et sur son mode de vie.

20 – Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous dites que c’est à Jérusalem qu’on doit adorer.
21 – Jésus lui dit : Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
22 – Vous ne savez pas ce que vous adorez, nous savons ce que nous adorons, car le salut vient des Juifs,
23 – mais l’heure vient, et c’est maintenant, où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le père cherche de tels adorateurs.
24 – Dieu est esprit et ceux qui adorent doivent adorer en esprit et en vérité.

Mon analyse :
Là encore, profitant d’un des motifs de division entre Juifs et Samaritains, Jésus oppose les croyances des Juifs en vue du salut et la véritable croyance en un Dieu spirituel. Ce faisant il invalide le temple et tout ce qui matérialise la foi juive.

25 – La femme lui dit : Je sais que vient le messie, c’est-à-dire le christ. Quand il sera venu, il nous annoncera tout.
26 – Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle.
27 – Là-dessus, ses disciples vinrent et ils s’étonnaient qu’il parlât avec une femme. Personne pourtant ne dit : Que cherches-tu ? ou : Pourquoi parles-tu avec elle ?
28 – Alors la femme laissa sa cruche et courut à la ville dire aux gens :
29 – Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le christ ?
30 – Ils sortirent de la ville et ils venaient vers lui.
31 – Entre-temps, les disciples lui demandaient : Rabbi, mange.
32 – Mais il leur dit : J’ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas.
33 – Les disciples se disaient entre eux : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ?
34 – Jésus leur dit : Mon aliment est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de finir son œuvre.
35 – Ne dites-vous pas : Encore quatre mois et ce sera la moisson ? Et bien, je vous dis : Levez les yeux et voyez que les champs sont déjà blancs pour la moisson.
36 – Le moissonneur reçoit le salaire et amasse du fruit pour la vie éternelle, pour que le semeur se réjouisse avec le moissonneur.
37 – Le proverbe a cela de vrai qu’autre est le semeur, autre le moissonneur.
38 – Je vous ai envoyé moissonner où vous n’avez pas travaillé. D’autres ont travaillé et vous êtes entré dans leur travail.

Mon analyse :
Après s’être révélé à la femme qui va avertir les hommes du bourg, Jésus s’adresse aux disciples qui semblent moins compréhensifs que ne l’était la femme samaritaine.
Concernant la nourriture, ils sont comme la femme concernant l’eau ; ils pensent matériel quand Jésus parle spirituel. Jésus leur explique sa mission : moissonner ici-bas pour le compte de Dieu. De même il annonce aux disciples leur futur apostolat : moissonner auprès de peuples qu’ils ne connaissent pas. N’est-ce pas une prédiction de l’apostolat envers les nations (les païens) ?

39 – Beaucoup de Samaritains de cette ville se fièrent à lui sur ce témoignage de la femme : Il m’a dit tout ce que j’ai fait.
40 – Une fois près de lui, les Samaritains lui demandèrent de demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
41 – Et beaucoup plus eurent foi sur sa parole.
42 – Ils disaient à la femme : Ce n’est plus sur tes dires que nous avons foi, car nous l’avons entendu et nous savons qu’il est vraiment le sauveur du monde.

Mon analyse :
Les Samaritains sont présentés comme plus aptes à croire en Jésus que ne le sont les Juifs. C’est une critique du système extrêmement normé que les Juifs ont mis en place, dont les codes et les règles finissent par tuer la foi.

43 – Après ces deux jours, il partit pour la Galilée.
44 – Et Jésus attesta lui-même qu’un prophète n’est pas honoré dans sa patrie.
45 – Quand il vint en Galilée, les Galiléens l’accueillirent. Ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête, car ils étaient aussi venus à la fête.

Mon analyse :
Manifestement la prédication ne semble pas avoir atteint ses objectifs en Galilée et pourtant, le dernier verset donne une version positive. Est-ce pour dire que les Galiléens ne se sont arrêtés qu’au côté miraculeux de son action ?

46 – Et il revint à Cana de Galilée où il avait fait que l’eau fut du vin. Or à Capharnaüm il y avait un fonctionnaire royal dont le fils était malade.
47 – Quand il entendit que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il vint vers lui et lui demanda de descendre guérir son fils qui se mourait.
48 – Jésus lui dit : N’aurez-vous pas foi à moins de voir des signes et des prodiges ?
49 – Le fonctionnaire lui dit : Seigneur, descends avant que mon enfant ne meure.
50 – Jésus lui dit : Va, ton fils est vivant. L’homme se fia à la parole que Jésus lui avait dite et s’en alla.
51 – Et comme il était déjà en train de descendre, ses esclaves le rencontrèrent. Ils lui dirent que son garçon était vivant.
52 – Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent que la fièvre l’avait laissé la veille à la septième heure.
53 – Alors le père connut que c’était l’heure où Jésus lui avait dit : Ton fils est vivant. Et il eut foi, lui et toute sa maison.
54 – Jésus fit ce deuxième signe quand il revint de Judée en Galilée.

Mon analyse :
Dans ce récit Jésus va montrer son pouvoir d’agir à distance, confirmant bien que ce n’est pas par des compétences mondaines qu’il agit, mais qu’il agit grâce au Père qui peut tout. Dans ce cas, l’homme demande à Jésus de se déplacer, persuadé que sa présence auprès de son fils est nécessaire. Mais quand Jésus lui annonce la guérison de son fils, l’homme a foi en sa parole et accepte de partir sans certitude. La preuve viendra plus tard et l’analyse de l’heure montrera que cela est bien concomitant.

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