Évangile selon Jean – Chapitre 20

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

ÉVANGILE SELON JEAN

Chapitre XX

1 – Le premier jour de la semaine, à l’aube, comme il y avait encore des ténèbres, Marie Madeleine vient au tombeau et voit la pierre enlevée du tombeau.
2 – Alors elle court, et elle arrive près de Simon Pierre et de l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : Ils ont enlevé du tombeau le Seigneur et nous ne savons pas où ils l’ont mis.

Mon analyse :
Comme il est de coutume, dès que le sabbat se termine, les femmes vont réaliser les actes de thanatopraxie nécessaire à l’ensevelissement du corps. Mais là, c’est Marie Madeleine qui s’en charge. Or, elle n’est pas de la famille. Comment ne pas voir dans ce texte la reconnaissance d’une place particulière attribuée à Marie ? pour autant, elle est respectueuse des usages et de sa place de femme dans la société juive : elle n’entre pas et va rendre compte à l’autorité de la communauté, c’est-à-dire Pierre.

3 – Pierre sortit avec l’autre disciple pour venir au tombeau.
4 – Ils couraient tous deux ensembles, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
5 – Il se pencha et vit les bandelettes par terre, mais il n’entra pas.
6 – Simon Pierre qui le suivait arrive alors et entre dans le tombeau. Il voit les bandelettes par terre,
7 – et le suaire de la tête non pas par terre avec les bandelettes, mais roulé dans un lieu à part.
8 – Alors l’autre disciple qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi, regarda et eut foi.
9 – Car ils ne savaient pas encore l’écriture, c’est-à-dire qu’il devait ressusciter d’entre les morts.
10 – Et les disciples s’en retournèrent chez eux.

Mon analyse :
Cette partie montre Jean sous un jour favorable. Jean arrive le premier au tombeau. Est-ce en raison d’une meilleure forme physique, car il est manifestement plus jeune ? Est-ce parce qu’il est porté par une foi plus grande ? Cependant, il respecte l’ancien et le laisse entrer en premier malgré le fait qu’il a constaté l’absence du corps de Jésus. Dès qu’il entre, contrairement à Pierre qui n’a fit que constater la situation, il comprend et il a foi. Puis, ils repartent laissant Marie sur place.

11 – Marie se tenait en pleurs près du tombeau. Tout en pleurs elle se pencha dans le tombeau.
12 – Et elle voit deux anges en blanc, assis, l’un à la tête et l’autre aux pieds, où avait été le corps de Jésus.
13 – Ils lui disent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis.
14 – Sur ces mots, elle se retourna. Et elle voit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.
15 – Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle pense que c’est le jardinier et elle lui dit : Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis et je l’enlèverai.
16 – Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourne et lui dit en hébreu : Rabbouni ! (c’est-à-dire maître).
17 – Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père, mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu.
18 – Marie Madeleine vient annoncer aux disciples qu’elle a vu le Seigneur et ce qu’il lui a dit.

Mon analyse :
Encore une fois, Marie est mise en avant. Elle n’est pas entrée dans le tombeau mais elle communique avec deux anges et avec Jésus qu’elle ne reconnaît pas. Ce dernier ne tarde pas à se dévoiler verbalement. Cela nous dit que si Jésus est impossible à reconnaître physiquement parce qu’il est encore en phase de résurrection, sa voix — qui est le verbe de Dieu — est toujours la même. Cependant, l’auteur met Marie un pas en arrière de Jean qui a compris sans avoir ni vu ni entendu Jésus. Jésus envoie Marie comme émissaire auprès des disciples. Si l’on en croit les dernières études, cet évangile ne serait pas de jean mais d’Apollos, membre de la communauté de Paul. Ce dernier se serait plaint (voir le Lettre aux Corinthiens) qu’Apollos aurait dépassé son enseignement et se serait davantage éloigné du judaïsme que Paul lui-même. On peut imaginer qu’il aurait aussi poussé encore plus loin que Paul le concept d’égalité des sexes en émettant l’hypothèse que « le disciple que Jésus aimait » était Marie et non Jean. Et qu’en plus Marie aurait pu être une vraie disciple à qui Jésus pouvait confier une mission aussi importante que l’annonce de sa résurrection.

19 – Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, Jésus vint où les disciples, par crainte des Juifs, se tenaient, portes fermées. Et debout au milieu d’eux, il leur dit : Paix à vous.
20 – Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Et les disciples se réjouirent de voir le Seigneur.
21 – Il leur dit encore : Paix à vous. Je vous envoie comme le Père m’a envoyé.
22 – Après cette parole, il leur souffla dessus et leur dit : Recevez l’Esprit saint.
23 – Les péchés seront remis à qui vous les remettrez, retenus à qui vous les retiendrez.
24 – Thomas, un des douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux quand vint Jésus.
25 – Les autres disciples lui dirent : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Je ne le croirai pas à moins de voir à ses mains la marque des clous, de mettre mon doigt à la place des clous et de mettre ma main dans son côté.
26 – Huit jours après, les disciples se tenaient encore à l’intérieur et Thomas avec eux. Jésus vint, portes fermées et dit, debout au milieu d’eux : Paix à vous.
27 – Puis il dit à Thomas : Avance ton doigt ici, voici mes mains. Avance ta main, mets-la dans mon côté. Et ne sois pas méfiant, mais fidèle.
28 – Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu.
29 – Jésus lui dit : Tu as foi parce que tu me vois. Magnifiques ceux qui ont foi sans voir.
30 – Jésus à encore fait, devant ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 – Mais on a écrit ceux-ci pour que vous croyiez que Jésus est le christ, le Fils de Dieu, et qu’ainsi vous ayez vie en son nom.

Mon analyse :
Par contraste cette partie montre comment Jésus, le jour même vient auprès des disciples assemblés et se fait reconnaître d’eux, non pas du simple fait d’être entré en un lieu, au mieux secret, voire totalement fermé, et de leur avoir parlé — comme ce fut le cas avec Marie — mais en leur montrant ses stigmates. Cela en dit long sur le peu de cas qu’il semble faire de leur capacité à croire. Comme pour adoucir leur cas, on nous montre Thomas tout aussi incrédule, mais en réalité, pas plus que les autres. En effet, eux aussi ont cru après avoir vu, alors que Marie croit sur la foi d’une parole. Pourquoi Thomas est-il ainsi mis à part ? Peut-être pour signifier que la communauté chrétienne de l’époque où fut rédigé ce texte ne voyait plus en lui un membre adhérent. Cela expliquerait la découverte d’un évangile qui lui est spécifiquement attribué, comme il en existe un attribué à Marie. Pour autant, ce qui est valorisé c’est la foi sans preuves matérielles. On notera que le baptême d’esprit, réalisé par Jésus est unique dans les évangiles et sera repris dans les Actes mais par le Saint-Esprit cette fois, ne concerne pas Thomas. Est-il baptisé par Jésus lors de la seconde apparition ? Le sera-t-il par les autres disciples ? C’est un mystère. Marie est-elle présente ? On n’en sait rien non plus.

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