Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.
Apocalypse de Jean
Chapitre 12
1 – Et on a vu un grand signe dans le ciel, une femme vêtue de soleil, avec la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur sa tête.
2 – Elle est enceinte, elle crie dans les douleurs en tourment d’enfanter.
Mon analyse :
Chez les prophètes de l’Ancien Testament la femme enceinte souffrant dans l’enfantement est identifiée à Israël restée fidèle à Dieu. Cette femme est donc l’humanité fidèle à Dieu et les douze étoiles symbolisent le zodiaque. C’est vraisemblablement à partir de cette image que, vers les IVe-Ve siècles, fut instaurée la piété mariale. Cela nous rappelle aussi que pour les cathares, Marie est assimilée à l’Église, c’est-à-dire à la communauté des croyants, fidèles à Dieu.
3 – Et on a vu un autre signe dans le ciel : voici un grand dragon rouge avec sept têtes et dix cornes et, sur ses têtes, sept diadèmes.
4 – Sa queue traîne le tiers des étoiles du ciel et il les a jetées sur la terre. Le dragon se tient devant la femme qui va enfanter pour dévorer son enfant quand elle enfantera.
5 – Et elle a enfanté un fils mâle qui va faire paître toutes les nations avec une trique de fer, et cet enfant a été enlevé vers Dieu et vers son trône.
Mon analyse :
Le dragon, ennemi de la femme, donc de Dieu, porte des attributs royaux. Il n’est pas de Dieu, donc il est légitime de penser qu’il provient d’un autre pouvoir. Pour autant ce pouvoir est inférieur à celui de Dieu puisque le dragon ne peut pas s’attaquer à la femme et doit attendre qu’elle enfante. Nous retrouvons là tous les éléments de la cosmogonie cathare. Le dragon, c’est Satan, l’envoyé du Mal et le Mal lui-même, comme Christ est l’envoyé du Bien et le Logos (parole et raison) du Bien. Il entraîne le tiers des étoiles du ciel, c’est-à-dire le tiers des esprits saints de Dieu (ou leur tierce partie selon les compréhensions), et les jette sur terre où le démiurge les emprisonnera dans les tuniques d’oubli, les corps de boue. Le Christ annoncé par Jean est conforme à la mystique juive ; c’est l’Emmanuel d’Isaïe (7, 14), le messie davidique venu renforcer la lignée messianique affaiblie qui mène son troupeau d’une main de fer. Nous sommes loin du Christ de Paul et des cathares. L’enlèvement de l’enfant est évocateur de la mort et de la résurrection de Jésus.
6 – Et la femme s’est enfuie au désert où elle a, de Dieu, un lieu prêt pour être nourrie mille deux cent soixante jours.
Mon analyse :
Le désert symbolise un lieu loin de Dieu et protecteur du diable. L’Église est loin de Dieu mais elle reste protégée par celui-ci. Après la Pâques, la lutte entre le Bien et le Mal se poursuit aussi bien dans les cieux que sur terre. C’est une idée judéo-chrétienne.
7 – Ç’a été une guerre dans le ciel. Michel et ses anges ont fait la guerre au dragon et le dragon et ses anges ont fait la guerre
8 – et n’ont pas été les plus forts, et on n’a plus trouvé leur lieu dans le ciel.
9 – Il a été jeté le grand dragon, l’antique serpent qu’on appelle le diable et le Satan, lui qui égare tout le séjour, il a été jeté sur la terre et ses anges ont été jetés avec lui.
10 – Et j’ai entendu une grande voix dans le ciel, elle disait : C’est maintenant le salut, la puissance et le règne de notre Dieu et le pouvoir de son Christ, car il a été jeté l’accusateur de vos frères qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu.
11 – Eux, ils l’ont vaincu par le sang de l’agneau et par la parole de leur témoignage et ils ont méprisé leur âme jusqu’à mourir.
12 – Exultez donc, deux et vous qui vous y abritez. Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu chez vous avec grande fureur sachant qu’il a peu d’instants.
13 – Quand le dragon a vu qu’il était jeté sur la terre, il a poursuivi la femme qui avait enfanté le mâle.
Mon analyse :
À la fin de cette lutte, le Mal est défait et Satan jeté sur terre où il poursuit sa lutte contre l’Église.
14 – Et les deux ailes du grand aigle ont été données à la femme pour s’envoler au désert, à son lieu, là où elle est nourrie un instant, des instants et moitié d’un instant loin de la face du serpent.
15 – Le serpent a jeté de sa bouche, derrière la femme, de l’eau comme un fleuve pour la faire emporter par le fleuve.
16 – La terre a secouru la femme, la terre a ouvert sa bouche et englouti le fleuve que le dragon jetait de sa bouche.
17 – Le dragon s’est mis en colère contre la femme et s’en est allé faire la guerre au reste de sa descendance, ceux qui gardent les commandements de Dieu et ont le témoignage de Jésus.
18 – Et il s’est tenu sur le sable de la mer.
Mon analyse :
L’Église, protégée de Dieu reste néanmoins sous la menace du diable qui attend son heure et ses troupes.