Actes des apôtres – Chapitre 24

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Actes des apôtres

Chapitre 24

1 – Cinq jours plus tard, le grand prêtre Ananie descendit, avec quelques anciens et un orateur, un certain Tertullus, et ils firent un rapport contre Paul, auprès du gouverneur.
2 – Paul fut appelé, et Tertullus commença ainsi son accusation : La paix profonde où nous sommes grâce à toi, et les réformes que cette nation doit à ta providence,
3 – noble Félix, nous les accueillons, en tout et partout, en toute gratitude.
4 – Bref, et pour ne pas t’importuner davantage, je te prie de nous écouter avec ta modération.
5 – Nous avons trouvé cette peste d’homme en train de fomenter des insurrections chez tous les Juifs du monde : c’est le chef de la secte des nazaréens,
6 – et il a même tenté de profaner le temple ; nous nous sommes donc saisis de lui, et nous voulions le juger selon notre loi
7 – quand, passant par là, le tribun Lysias nous l’a arraché des mains avec beaucoup de violence,
8 – et il a ordonné à ses accusateurs de venir devant toi. Tu peux l’interroger, tu reconnaîtras tout ce dont nous l’accusons.
9 – Et les Juifs s’empressèrent d’affirmer qu’il en était ainsi.

Mon analyse :
Le parti juif présente son accusation de façon logique. D’abord il fait allégeance au gouverneur représentant des forces d’occupation, puis il fait de Paul le chef des Nazaréens car c’est lui qui agit de façon la plus visible dans tout le monde où l’on trouve des Juifs. Ils l’accusent de profanation car à leurs yeux il était devenu impur à force de fréquenter des non Juifs. Leurs accusations sont donc recevables du point de vue Juif.

10 – Sur un signe du gouverneur, Paul répondit : Comme je sais que tu es juge de cette nation depuis des années, c’est de bon cœur que je me disculpe.
11 – Tu peux reconnaître qu’il n’y a pas plus de douze jours que je suis monté me prosterner à Jérusalem.
12 – Or, ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni en ville on ne m’a trouvé en train de débattre avec quelqu’un ou d’ameuter la foule ;
13 – et ils ne peuvent pas prouver non plus ce dont maintenant ils m’accusent.
14 – Je te jure qu’en suivant cette voie qu’ils appellent une secte je sers le Dieu ancestral ; je me fie à tout ce qu’il y a dans la Loi et à ce qui est écrit dans les Prophètes,
15 – et j’ai en Dieu l’espérance, comme ils l’ont eux-mêmes, qu’il va y avoir une résurrection des justes et des injustes.
16 – C’est pourquoi moi aussi je m’applique à avoir toujours, devant Dieu et les hommes, une conscience qui ne bronche pas.
17 – Après bien des années, je suis venu faire des aumônes à ma nation et présenter des offrandes.
18 – Sur ce, ils me trouvent dans le temple ; j’étais purifié et il n’y avait pas de foule, pas de tumulte.
19 – Mais ce sont certains Juifs d’Asie qui devraient être là devant toi et m’accuser, s’ils en avaient après moi !
20 – Ou alors, à ceux-ci de dire quelle injustice ils ont trouvée en moi quand j’ai comparu devant le Sanhédrin !
21 – À moins qu’il ne s’agisse de cette seule parole que j’ai criée, debout parmi eux : C’est sur la résurrection des morts qu’on me juge aujourd’hui devant vous !

Mon analyse :
La défense de Paul est habile. D’abord il rappelle qu’il n’est à Jérusalem que depuis peu de temps et qu’il a vécu loin pendant plusieurs années. Cela permet de démonter l’accusation d’être le chef des Nazaréens, dont tous les Juifs savent que c’est Jacques à qui ils n’ont rien à reprocher sur le plan de l’orthodoxie juive. Ensuite, il affirme qu’il respecte la Loi et les prophètes, mais il s’abstient de préciser quelle Loi et quels prophètes. Cela fait penser à la défense qu’adopteront plus tard certains chefs Pauliciens et Bogomiles quand ils seront interrogés par les autorités catholiques et qu’ils seront libérés. En effet, vu de loin, l’orthodoxie de Paul ressemble à celle des Juifs comme celle des Cathares ressemblait à celle des Catholiques.

22 – Félix les ajourna. Et sachant très exactement ce qu’il en était de cette voie, il dit : Quand le tribun Lysias descendra, je m’informerai de votre affaire.
23 – Puis il donna des instructions au centurion pour que Paul soit gardé mais qu’on le laisse tranquille et qu’on n’empêche aucun des siens de le servir.
24 – Quelques jours plus tard, Félix, arrivant avec sa femme Drusille, qui était juive, vint mander Paul et l’entendit au sujet de sa foi au christ Jésus.
25 – Et comme Paul parlait de justice, de tempérance, et du jugement qui vient, Félix, effrayé, répondit : Il est temps de t’en aller, je te rappellerai quand j’aurai un moment.
26 – Il espérait en outre que Paul lui donnerait de l’argent, et c’est pourquoi il le faisait venir fréquemment pour s’entretenir avec lui.
27 – Deux ans passèrent et Félix eut pour successeur Porcius Festus ; mais voulant faire une faveur aux Juifs, Félix laissa Paul en prison.

Mon analyse :
Paul reste prisonnier pendant deux ans. On peut considérer qu’il est en résidence surveillée car il est libre de recevoir. Cependant, aucun autre responsable Nazaréen n’est inquiété, ce qui prouve que Paul est bien celui dont la théologie est considérée comme la plus blasphématoire. Cela renforce la réalité du schisme validé à Jérusalem. Ce sont bien déjà deux religions différentes qui se revendiquent de Christ : l’une Juive chrétienne, celle des Nazaréens et l’autre, Chrétienne, celle des Pauliniens.

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