Actes des apôtres – Chapitre 15

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Ce texte est tiré du Nouveau Testament publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Introduction de Jean Grosjean, textes traduits, présentés et annotés par Jean Grosjean et Michel Léturmy avec la collaboration de Paul Gros.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.

Actes des apôtres

Chapitre 15

1 – Des gens descendus de Judée enseignaient aux frères : Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage mosaïque, vous ne pouvez pas être sauvés.
2 – Paul et Barnabé s’insurgèrent, eurent avec eux une discussion assez vive, et on décida que Paul et Barnabé et quelques autres des leurs monteraient à Jérusalem auprès des apôtres et des anciens, à propos de cette question.
3 – Quand l’église leur eut fait cortège, ils parcoururent donc la Phénicie et la Samarie et, racontant le retournement des nations, ils causaient une grande joie à tous les frères.
4 – Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’église, les apôtres et les anciens, et racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.
5 – Mais quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient la foi, s’élevèrent pour dire : Il faut les circoncire et leur ordonner de garder la loi de Moïse!
6 – Les apôtres et les anciens se rassemblèrent pour examiner l’affaire.
7 – Et comme il y avait une grosse discussion, Pierre se leva et leur dit : Frères, vous savez que dès les jours anciens, Dieu m’a choisi parmi vous pour que les nations entendent de ma bouche la parole de l’évangile et qu’elles aient la foi.
8 – Et le Dieu qui connaît les cœurs a témoigné pour elles en leur donnant l’Esprit saint, tout comme à nous,
9 – et il n’a fait aucune distinction entre nous et elles, quand il a purifié leurs cœurs par la foi.
10 – Maintenant, donc, pourquoi mettez-vous Dieu à l’épreuve en imposant sur la nuque des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ?
11 – N’est-ce pas à la grâce du seigneur Jésus que nous nous fions pour être sauvés de la même manière qu’eux ?
12 – Et toute la multitude se tut. Ils écoutaient Barnabé et Paul raconter tous les signes et les prodiges que Dieu avait faits par eux parmi les nations.

Mon analyse :
L’épisode du schisme entre la voie judéo-chrétienne et la voie paulinienne est racontée ici avec beaucoup d’atténuation par rapport à ce qu’en dit Paul lui-même. Ici, il ne s’agit que d’une petite divergence de point de vue, vite calmée par Pierre. Il est douteux que cela se soit passé aussi simplement, surtout quand on voit la violence envers l’approche pagano-chrétienne qui s’en est suivie, et qui dure toujours à notre époque. Ce qui est intéressant c’est que Pierre évoque un point qui est central pour Paul : c’est la foi qui sauve.

13 – Et quand eux aussi se turent, Jacques répondit : Frères, écoutez-moi.
14 – Syméon a raconté comment Dieu a d’abord visité les nations pour y prendre un peuple à son nom.
15 – Et ceci est en harmonie avec les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit :
16 – Après cela je reviendrai et je rebâtirai l’abri de David, qui était tombé; je rebâtirai ses ruines et le redresserai,
17 – afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, toutes ces nations sur lesquelles mon nom a été invoqué, dit le Seigneur qui fait ces choses
18 – connues depuis les âges.
19 – C’est pourquoi je juge qu’il n’y a pas à inquiéter des nations qui se retournent vers Dieu ;
20 – il n’y a qu’à leur écrire qu’ils s’abstiennent des souillures des idoles, de la prostitution, des viandes étouffées et du sang.
21 – Car depuis les générations anciennes Moïse a dans chaque ville ses prêcheurs, puisqu’on le lit chaque sabbat, dans les synagogues.
22 – Alors les apôtres et les anciens, avec toute l’église, crurent bon d’envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabé, des hommes choisis parmi eux : Jude, surnommé Bar-sabbas, et Silas, deux chefs parmi les frères,
23 – et ils leur remirent en main cette lettre : Les apôtres et les anciens, vos frères, à ceux des frères d’Antioche, de Syrie et de Cilicie qui viennent des nations, salut !
24 – Ayant appris que quelques-uns des nôtres vous ont troublés par des paroles et ont, sans mandat de notre part, bouleversé vos âmes,
25 – nous avons cru bon, à l’unanimité, de vous envoyer des hommes de choix avec nos chers Barnabé et Paul,
26 – ces hommes qui ont livré leur vie à cause du nom de notre seigneur Jésus Christ.
27 – Nous avons donc envoyé Jude et Silas qui, de vive voix, vous annonceront la même chose.
28 – L’Esprit saint et nous-mêmes, en effet, avons cru bon de ne vous imposer aucune charge en plus du strict nécessaire :
29 – s’abstenir des idolothytes, du sang, des viandes étouffées et de la prostitution. De quoi vous ferez bien de vous garder. Portez-vous bien.
30 – On les renvoya donc et ils descendirent à Antioche où, après avoir rassemblé la multitude, ils donnèrent la lettre.
31 – On la lut et on se réjouit de cette consolation.
32 – Et Jude et Silas, qui eux aussi étaient prophètes, parlèrent beaucoup pour exhorter les frères et pour les raffermir.
33 – Et au bout de quelque temps, les frères les renvoyèrent en paix vers ceux qui les avaient envoyés.
34 – Mais Silas crut bon de demeurer, et Jude partit seul.
35 – Paul et Barnabé s’attardèrent à Antioche, à enseigner et à annoncer, avec beaucoup d’autres, la parole du Seigneur.

Mon analyse :
Alors que Pierre s’est positionné comme chef moral, on voit que c’est Jacques qui dirige puisque c’est lui qui tranche définitivement le débat. L’argument mosaïque peut faire sourire puisqu’il est évident qu’avant que le peuple élu existe, il était par définition païen vis-à-vis du judaïsme. Cependant, sont maintenues quelques obligations alimentaires et iconoclastes. Paul, Barnabé repartent en ayant ainsi actée la séparation entre le groupe juif-chrétien et sont accompagné de Jude et Silas venus attester cet accord schismatique. Cependant, Silas préfèrera rester près de Paul quand Jude rentrera à Jérusalem. Il deviendra un compagnon de Paul et c’est son nom que choisira le premier Paulicien, Constantin de Mananalis comme nom de baptême.

36 – Quelques jours après, Paul dit à Barnabé : Retournons voir comment vont les frères, dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur.
37 – Barnabé voulait aussi qu’on prenne Jean, appelé Marc.
38 – Mais Paul ne jugeait pas convenable de prendre quelqu’un qui les avait quittés depuis la Pamphylie et qui n’avait pas été à l’œuvre avec eux.
39 – On s’exaspéra, en sorte que chacun se retira de son côté : Barnabé prit Marc et s’embarqua pour Chypre ;
40 – et Paul, ayant choisi Silas, partit, et les frères le confièrent à la grâce du Seigneur.
41 – Il parcourut la Syrie et la Cilicie en raffermissant les églises.

Mon analyse :
Barnabé, qui lui aussi avait été envoyé à Paul par les responsables de Jérusalem se sépare de lui sur le choix de s’adjoindre ou non Marc. Cela nous indique la séparation de plus en plus franche entre les tenants de l’Église de Jérusalem et ceux de l’Église d’Antioche. La séparation est consommée et ne sera jamais réduite.

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