Quelques notes sur les Cathares et le Catharisme
Voici un an, Bertran de La Farge m’adressait ce courrier :
« Bonjour Eric,
Je continue à patauger dans les em… ments, avec quelques hauts et beaucoup de bas ! J’essaye d’émerger. Tu trouveras ci-joint une note que j’avais commencée il y a quelques mois. Elle reflète simplement mes pensées sur les éternels semeurs de zizanies et d’anathèmes dont la devises est : « Moi, j’suis contre ! » Cette note se termine par une copieuse liste, volontairement en vrac, de personnes régulièrement visées par les habituels agresseurs pathologiques. J’ai dû involontairement oublier quelques noms « d’amis » et volontairement « oublier » quelques autres… Vérifie quand même cette liste.
Bertran de La Farge »
Voici donc cette note qui retrouve encore plus d’actualité au vu des événements de ces derniers mois.
« Depuis le début de notre XXIe siècle, quelques chercheurs, essentiellement français, s’efforcent de convaincre le public que les Cathares n’ont jamais existé !
Aussi, qu’il me soit permis de porter à leur connaissance un très intéressant document bibliographique, parmi d’autres qui semblent leur faire défaut alors que de tels documents sont archiconnus et authentifiés depuis pas mal de temps (!), par plusieurs générations « d’historiographes ».
Qui a dit ? : « qui de damnata Catharorum heresi sunt vehementer suspecti et graviter infamati » ?
Premier indice : ce document fut rédigé le 21 novembre 1202…
Deuxième indice : son auteur a écrit d’autres missives traitant du même sujet avec le même vocabulaire. Et, qui plus est, à la même époque, il ne fut pas le seul. Ce qui devrait nous conduire à déduire que sept années avant la sinistre Croisade (des) Albigeois, l’usage pouvait être d’identifier, de manière indélébile, certains « hérétiques » par le nom de Cathares !
Troisième indice : l’auteur de ces missives rédigées en latin, en 1202, fut un certain Giovanni Lotario de Segni, plus connu sous l’appellation d’Innocent III, 176e Pape, de 1198 à 1216, qui fut, en particulier, tout simplement, l’instigateur de la Croisade (contre) les Albigeois (!) et qui, d’une part, devait savoir de qui et de quoi il parlait et qui, d’autre part, n’avait aucune raison de s’abstenir d’utiliser personnellement, pendant les dix-huit annnées de son pontificat, le mot Cathare (issu du grec et de sa traduction en latin). »
MAIS IL Y A D’AUTRES RAISONS PRINCIPALES, plus anciennes et hautement pertinentes, qui sont tout simplement issues de la langue utilisée par les rédacteurs et les traducteurs des évangiles, en particulier à partir des versions rédigées en grec par les quatre évangélistes et par quelques disciples du Christ. L’important n’est pas le nom donné à ce courant du Christianisme que nous appelons « Catharisme » ou « Christianisme cathare ». L’important est son contenu, Peu importent les noms qui lui sont donnés. Les premières écritures Saintes furent essentiellement rédigées en grec et il coulait de source que chaque fidèle vivant à cette époque s’exprimait alors en grec, ne serait-ce qu’afin de situer le niveau spirituel qu’il souhaitait atteindre ou qu’il avait atteint lors des étapes de l’enseignement de l’Évangile.
C’est ainsi que ce sont des mots grecs qui furent utilisés comme mots clés et comme codes, destinés à jalonner les importants « fils rouges » majeurs de l’Enseignement du Christ (La Bonne Nouvelle ; l’Évangile). L’un de ces CODES MAJEURS est destiné à l’enseignement du thème de la Purification de chacun. Le mot « pur », en français, est la traduction du mot grec « katharos ». Dans le Nouveau Testament, initialement en grec, quatre mots sont dérivés de katharos : katharizo, katharis, katharismos, katharotes (purifier, purification, etc.). Tout lecteur, tout disciple de l’Évangile, en grec, trouvera ce vocabulaire de 5 mots répartis 60 fois dans 60 versets, souvent liés à d’autres mots clés pertinents, comme kardia (cœur), téléios (parfait), ce dernier désignant celui qui a atteint le Salut, l’apothéose de la purification de tout son être et son retour en Dieu.
C’est ainsi, et entre autres, que, pendant les 3 premiers siècles de l’évangélisation, les disciples chrétiens qui étudiaient et pratiquaient la purification de l’être (corps, âme et esprit) étaient qualifiés, en grec, de « katharoï » (« purs ») et de « téléios » (parfaits), en français. C’est ainsi qu’en français, tout comme en anglais et dans d’autres langues, le mot « pur » (« pure ») a été progressivement transformé en un néologisme familier : « Cathare », « Cathar », etc.) d’où quelques siècles plus tard, les appellations de « Cathares », de « Parfaits » et de leurs dérivés.
DU GREC AU LATIN ET AUX LANGUES VERNACULAIRES. Pendant les premiers siècles de notre ère, l’écriture, l’enseignement et la pratique de l’évangile furent essentiellement dispensés en langue grecque. (accompagnés d’écrits en araméen-syriaque et en copte). L’usage quotidien des mots grecs katharos, katharoî et katharismos (cathare, cathares et catharisme) n’a rien d’exceptionnel. Quant au mot grec Téléios signifiant « Parfait », il éclaire significativement l’utilisation de « Pur» et de « Purification » dans 17 versets du Nouveau Testament. Lorsque le latin et d’autres langues vernaculaires vinrent remplacer le grec, les mots de katharos et de katharoï, cessèrent progressivement d’être utilisés et furent remplacés par leurs traduc- tions en diverses langues vernaculaires. Les premières traductions en langue latine apparurent timidement lors du IIe siècle et surtout lors du IVe siècle (Vetus Latina, de Stridon et Vulgate, de Jérôme). Mais d’autres mots prirent leurs places, en d’autres langues, Aussi est-il tendancieux et injustifié de s’acharner, aujourd’hui, contre les mots cathare et catharisme, Mais il est tout à fait acceptable d’utiliser d’autres définitions synonymes qui éclairent la signification de Cathares et de Catharisme, telles que Bons Chrétiens, Bonshommes, Bonnes Dames, ou Amis de Dieu, etc.
Le Catharisme, aujourd’hui et au cours des premiers siècles de la Chrétienté, est et fut un Courant du Christianisme. Mais de grâce, épargnons aux Cathares de tous temps les appellations et contre-sens malveillants et souvent calomnieux d’hérétiques et de dissidents car ils ne le sont ni ne le furent ! En effet les Chrétiens cathares, tout comme les Chrétiens catholiques, ont toujours affirmé leur Christianisme dont ils ne furent et ne sont ni les hérétiques ni les dissidents ! « Mais… qui veut tuer son chien, ne l’accuse-t-il pas de la rage ?! » Hélas !
Enfin, à ceux qui affirment obstinément que les mots Cathare et Catharisme sont des artefacts inventés au cours du XXe siècle par des farfelus qui n’ont aucune compétence en cette matière, nous rappellerons qu’en fait, le mot cathare et la plupart de ses synonymes ont, par exemple, été abondamment répertoriés et utilisés pour signifier : « on les appelait Cathares, c’est-à-dire Purs » (7 occurrences) par Bossuet (1627-1704) et, par quelques milliers de fois par des centaines d’autres chercheurs, théologiens, écrivains et historiens, de 1700 à… aujourd’hui, sans interruption, pendant 3 siècles ! Quant aux offensives actuelles contre le bien-fondé de ces mots, elles prennent, hélas, la forme de curieuses entreprises révisionnistes, négationnistes et même « complotistes » (puisque tout « cela » aurait été fomenté, selon eux, par l’Église catholique elle-même !) Machiavel n’est pas loin !
Rendons plutôt, ci-dessous, hommage aux hommes et aux femmes remarquables : historiens, chercheurs, religieux, philosophes, artistes, militants et romanciers qui, au cours des XIXe, XXe et XXIe siècles, par leur passion, leur foi, leur enthousiasme, leur persévérance, leurs travaux, leurs écrits et diverses réalisations, nous ont permis, nous permettent aujourd’hui et nous permettront demain, de connaître le « vrai visage des Cathares » :
« Déodat Roché, René Nelli, Jean Duvernoy, Michel Roquebert, Zoé Oldenbourg, Anne Brenon, Francis Loubatières, Ylva Hagman, Beverly M. Kienzle, Maurice Magre, José Dupré, Lucienne Julien, Christine Thouzellier, Michel Jas, Jordi Ventura i Subirats, Flocel Sabaté, Francesco Zambon, Jordi Savall, Jean-François Laffont, Simone Weil, Édouard de Laportalière, Simone Hannedouche, Jordi Passerat, Marvyn Roy Harris, Peter T. Ricketts, Yvan Roustit, Peter Wunderli, Pilar Jimenez, Edina Bozoky, Krystel Maurin, Peter Vogt, M. le Duc de Lévis-Mirepoix, Bertran de La Farge, Henri Gougaud, Muriel Batbie-Castell, Olivier Cébe, Gérard Le Vot, Annie Cazenave, Jean-Philippe de Tonnac, Franjo Sanjek, Ernst Ulrich Grosse, Magali Husson, David Zbiral, Daniela Müller, Suzanne Nelli, Denis Crépin, Raoul Manselli, Jean Blum, Philippe Contal, Fabrice Chambon, Jean Clergue, Christian Salès, Georges d’Humières, Yves Rouquette, Dominique Baudis, Patrick Lasseube, Claude Sicre, Yves Maris, Fernand Niel, Fernand Costes, Emmanuel Le Roy-Ladurie, Claude Marti, Jean Villotte, Henri Corbin, Charles Delpoux, Alexandre Rougé, Raimonde Reznikov, Philippe Martel, Philippe Roy, Jean Blanc, Prosper Estieu, Stym-Popper, Enrico Riparelli, Roberto Berretta, Gilles-Henri Tardy, Napoléon Peyrat, Antonin Gadal, Auguste Teulié, Georgi Semkov, Arthur Guirdham, Malcolm D. Lambert, Yuri Stoyanov, James McDonald, Paul Lecour, Richard Loiret, Éric Delmas, Jean-Louis Gasc, Alèm Surre-Garcia, Jacques Berlioz, Arno Borst, Ruben Sartori, Martin Aurell, Monique Vidal, José Vidal Tolosa, Marie-Élise Gardel, André Czeski, Charles Schmidt, Roland Poupin, Werner Rhis, Uwe Brunn, Stephen O’Shea, Andrew Phillip Smith, René Weis, Malcolm Barber et bien d’autres (Selon un tri stochastique des listes passées, présentes et à venir, non exhaustives et non limitatives). »