« Les Cathares, une idée reçue » – Réactions diverses

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« Les Cathares, une idée reçue », l’exposition qui démonte « le mythe » des Cathares

C’est sous ce titre que le quotidien L’Indépendant publie, le 5 octobre dernier, une entrevue avec une étudiante en histoire de l’université de Montpellier qui organise une exposition pour montrer que le catharisme n’a jamais existé en Occitanie.

Bien entendu, cette « hérésie » intellectuelle a immédiatement provoqué de nombreuses réactions des plus éminents spécialistes du sujet, tant elle contient d’erreurs et de démonstrations que son auteure n’a pas étudié le sujet. À moins bien entendu qu’il ne s’agisse que d’un épisode supplémentaire de l’entreprise de désinformation menée par l’université de Montpellier via un groupe appelé GIS HEPOS qui fait de ce comportement sa marque de fabrique. Il faut dire qu’il compte en son sein la fine fleur des révisionnistes du catharisme, en leur temps étrillés par Jean Duvernoy et Michel Roquebert, mais qui tentent de reprendre du poil de la bête maintenant que ces autorités ont soit disparues, soit pris un peu de distance.

Grâce au réseau de veille sur le catharisme composé notamment de personnalités de la recherche sur le catharisme et des associations : Rencontres de Montségur, Église cathare orientale, Culture et Études Cathares, etc., voici quelques unes des réactions que cet article a suscitées :


Michel Roquebert, historien du catharisme et de la croisade albigeoise, Président d’honneur de l’Association d’études cathares – René Nelli.

Il n’est pas très difficile de répondre à une telle ignorance des sources.
Le vocable de cathares est dû à un bénédictin allemand, Eckbert de Schönau, qui désigna ainsi, vers 1163, les hérétiques rhénans, dont il dénonçait la théologie, et en premier lieu sa racine dualiste.
Or on ne manque pas de sources attestant la rapide extension de l’appellation cathare hors de l’Allemagne et son application aux hérétiques languedociens. En premier lieu le canon 27 du IIIe Concile œcuménique du Latran, réuni en mars 1179 : « Dans la Gascogne albigeoise, le Toulousain, et en d’autres lieux, la damnable perversion des hérétiques dénommés par les uns cathares (catharos), par d’autres patarins, publicains, ou autrement encore, a fait de si considérables progrès…1 ».
Le 21 avril 1198, le pape Innocent III écrit aux archevêques d’Aix, Narbonne, Auch, Vienne, Arles, Embrun, Tarragone, Lyon, et à leurs suffragants : « Nous savons que ceux que dans votre province on nomme vaudois, cathares (catari), patarins2». Or cette bulle pontificale s’adresse à des prélats qui sont tous en exercice au sud de la Bourgogne ; il est bien évident, comme le notent d’ailleurs les plus récents éditeurs allemands de la correspondance d’Innocent III, que le mot de catari est dès cette époque une Allgemeinbezeichnung für die Häretiker des 12. und 13. Jh., une appellation générique pour désigner les hérétiques des XIIe et XIIIe siècles3, et appliquée ici à ceux du pays d’oc.
Entre 1194 et 1202, le théologien catholique Alain de Lille écrit à Montpellier – donc en Languedoc – sa « Somme en quatre parties, ou De la foi catholique contre les hérétiques4 ». Absolument rien ne dit que les catari qui apparaissent à diverses reprises au cours de son texte seraient les hérétiques rhénans ou italiens, et non ceux de son pays d’adoption.
Mais l’argument décisif se trouve assurément dans le Liber contra Manicheos, le « Livre contre les Manichéens » attribué à Durand de Huesca. Chef de file des disciples de Valdès qui étaient venus en Languedoc y répandre l’hérésie des « Pauvres de Lyon »,  Durand revint au catholicisme romain à la faveur de la conférence contradictoire tenue à Pamiers en 1207 et se mit, dès lors, à écrire contre les autres hérétiques languedociens. Son ouvrage est peu ordinaire : c’est la réfutation d’un ouvrage hérétique que l’auteur du Liber prend soin de recopier et de réfuter chapitre après chapitre ; l’exposé, point par point, de la thèse hérétique est donc présenté, et immédiatement suivi de la responsio de Durand. Or le treizième chapitre du Liber est tout entier consacré à la façon dont les hérétiques traduisent, dans les Ecritures, le mot latin nichil (nihil en latin classique) ; les catholiques y voient une simple négation : rien ne… Ainsi le prologue de l’évangile de Jean : Sine ipso factum est nichil, « sans lui [le Verbe], rien n’a été fait ». Les hérétiques, en revanche, en font un substantif et traduisent : « Sans lui a été fait le néant », c’est-à-dire la création visible, matérielle et donc périssable. Preuve, au passage, de leur dualisme. Mais ce n’est pas ce qui nous importe ici.  Laissons la parole à Durand : « Certains estiment que ce mot ‘nichil’ signifie quelque chose, à savoir quelque substance corporelle et incorporelle et toutes les créatures visibles ; ainsi les manichéens, c’est-à-dire les actuels cathares qui habitent dans les diocèses d’Albi, de Toulouse et de Carcassonne5… »

Une éclatante confirmation, à la fois, de l’emploi du mot cathare à propos des hérétiques languedociens, et de sa signification générique, puisqu’il s’adresse aussi aux cathares d’Italie et « de France », se trouve dans la Summa de Rainier Sacconi ; après avoir dénoncé les erreurs de l’Eglise des Cathares de Concorezzo, l’ancien dignitaire cathare repenti, entré chez les Frères Prêcheurs, titre un des derniers paragraphes de son ouvrage : Des Cathares toulousains, albigeois et carcassonnais, Il savait de quoi il parlait.  Il enchaîne : « Pour finir, il faut noter que les Cathares de l’Eglise toulousaine, de l’albigeoise et de la carcassonnaise tiennent les erreurs de Balesmanza et des vieux Albanistes6 » etc.
Bref, l’usage du mot cathares pour désigner les hérétiques du sud du   royaume de France est attesté, tant en Languedoc et en Italie qu’à la Curie romaine, dès le dernier tiers du XIIe siècle, et son usage perdura au XIIIe.
Il est donc tout à fait légitime de s’en servir encore au XXIe siècle. D’autant que, pas plus que Rainier Sacconi, nul n’ignore aujourd’hui, quand il rencontre ce mot, de qui il s’agit…
Quant à penser que la lutte contre l’hérésie ne fut qu’un faux prétexte pour lancer la conquête française, c’est ignorer que le roi Philippe Auguste a refusé de s’engager dans la croisade et que, s’il n’a pu l’empêcher, il a quand même réussi à la retarder de dix ans. Il suffit de lire sa correspondance avec  le pape Innocent III… Si la « guerre sainte » qu’avait voulue le pape a rapidement dégénéré en pure et simple guerre de conquête, c’est parce qu’elle a inévitablement provoqué un grave conflit entre le droit canonique et le droit féodal… Ce n’est pas très difficile à comprendre.

SOURCES

[1] Texte dans J. D. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, t. XXII, 231. Traduction française par Raymonde Foreville dans Histoire des conciles œcuméniques, Paris, L’Orante, 1965, t. VI, p. 222.
[2] Texte dans Migne, Patrologie latine, t. 214, col. 82, et dans O. Hageneder et A. Haidacher, Die Register Innozens’III, vol. I, Graz/Cologne, 1964, bulle n° 94, p. 135-138.
[3]  Die Register Innocenz’III,   p. 136, note 4.
[4] Summa quadrapartita  ou De fide catholica contra haereticos , Manuscrit à la Bibliothèque Vaticane, Vatic. Lat. 903 ; édité par Migne, Patrologie latine, t.210, col. 305 et suiv. Cf. notamment la col. 366, passage où l’auteur tente de donner l’étymologie du mot cathare.
[5] Quidam estimant hoc nomen ‘nichil’ aliquid significare, scilicet aliquam substantiam corpoream et incorpoream et omnes visiblies creaturas, ut manichei, id est moderni kathari qui in  albiensi et tolosanensi et carcassonensi diocesibus commorantur. Texte édité par Christine Thouzellier, Une somme anti-cathare : le Liber contra manicheos de Durand de Huesca, Louvain, 1964, p.217.
[6] Ultimo notendum est quod Cathari ecclesiae tholosanae, et albigensis et carcassonensis tenent errores Belezinansae. …  (Summa de Catharis, édit. FranjoSanjek, Archivum Fratrum Praedicatorum, n° 44, 1974.)

Roquebert Michel


Annie Cazenave, chercheur en histoire médiévale, docteur en histoire et chercheuse au CNRS (aujourd’hui à la retraite).
« L’indépendant vient de nous offrir une interview assez réjouisante, et même carrément drôle, par l’annonce d’une exposition sur un sujet qui n’existe pas.
Alessia Trivallone a été l’étudiante d’une étudiante de R. Manselli, auteur de « L’eresia de Male » — l’hérésie du Mal. Quel Mal ? que signifie-t-il pour lui. et pour A.Trivallone ?
Rien de neuf dans ce qu’elle dit ; on repère les auteurs, constate les lacunes et remarque les incohérences.
Puisqu’elle croit que les Bons Hommes sont des notables, on va la décorer du titre de Bona femina, terme qu’elle ignore, ce qui est dommage, ne serait-ce que pour la parité.
Elle prétend que les sources sont trop biaisées pour être crédibles. Si, on peut les étudier, ça s’appelle la critique des sources. Mais alors, il y a des sources ? Elle le nie. On présume donc qu’elle ne connait que l’inquisition.
L’explication par l’anticléricalisme date d’avant 1905 et la querelle à propos de la Séparation. L’argument social a été repris par Morghen dans les années 50.
Michel Jas et Michel Roquebert ont remarquablement pointé les erreurs on doute que ce lui soit utile.
On la remercie de nous apprendre que le Moyen-Âge est une époque différente, quant à une « vision plus large et globale » on ne saurait trop lui conseiller de la mettre en application en l’étudiant.
Le P. Dondaine s’exclamait : « il faut lire les textes pour en parler ». Vous savez, le P. Dondaine, l’éditeur du Liber de duobus principiis — Livre des deux principes —, source « hérétique » superbement ignorée.
On peut aussi finir par une autre citation : « ce qui est excessif est insignifiant ». Nous avons connu de grands professeurs à l’Université de Montpellier. Que lui arrive t’il ?

Annie Cazenave


Roland Poupin, pasteur, docteur en théologie, docteur en philosophie

L’article dans lequel vous donnez la parole à Mme Alessia Trivellone m’a été communiqué par un ami de votre région qui connaît mon travail sur les cathares (deux thèses universitaires, deux livres, quelques dizaines d’articles dans des revues diverses et participation à divers colloques internationaux).
Ayant utilisé pour mes recherches les textes (qui sont loin d’être rares !) issus des cathares eux-mêmes, quelle n’est pas ma surprise de lire que selon Mme Trivellone « ces mystérieux « hérétiques » ne nous ont laissé aucune source de leur côté… » (sic !) Surprenant de lire un tel propos asséné par une historienne travaillant au XXIe siècle ! Une telle affirmation eût été à la limite recevable au XVIIIe siècle, quand les sources découvertes depuis la fin XIXe jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle étaient inconnues. Mais de nos jours ! La liste est longue des sources hérétiques – incontestées ! – découvertes depuis : une traduction en langue d’Oc du Nouveau Testament (début XIVe ; redécouvert en 1883 et édité en 1887) ; deux traités de théologie : le Livre des deux Principes (XIIIe s. ; redécouvert et édité en 1939) ; plus un traité reproduit pour réfutation, le « traité anonyme » (attribué à Barthélémy de Carcassonne, daté du début XIIIe ; redécouvert et édité en 1961) cité dans un texte attribué à Durand de Huesca (cité avant d’être réfuté, comme cela se pratique depuis haute époque – pour ne donner qu’un seul autre exemple : on ne connaît Celse que par ses citations par Origène) ; plus trois rituels, dits : de Lyon, annexé au Nouveau Testament occitan ; de Florence, annexé au Livre des deux Principes ; de Dublin (redécouvert et édité en 1960) — avec éléments d’accompagnement, ou de préparation, en l’occurrence une glose du Pater, outre notamment une Apologie de la vraie Église de Dieu. Or ces textes émanent bien, depuis différents lieux, de ceux que les sources catholiques appellent cathares : des rituels équivalents suite à un Nouveau Testament et suite à un traité soutenant le dualisme ontologique, tout comme le soutient aussi le traité cathare anonyme donné dans un texte catholique contre les cathares !… Textes suffisamment éloignés dans leur provenance (Occitanie, Italie), et dont la profondeur de l’élaboration implique un débat déjà nourri antécédemment au début XIIIe où apparaît le « traité anonyme ». Et puis apparaissent aussi deux versions latines de la fameuse Interrogatio Iohannis (XIIIe s., avec fragments bulgares du XIIe s.), une conservée à Vienne (témoin le plus ancien, édité depuis 1890) annexée à un Nouveau Testament en latin, l’autre trouvée à Carcassonne (éditée dès 1691).
Excusez du peu !
Mme Trivellone affirme avoir bâti sa conviction sur le livre de 1998 Inventer l’hérésie ?, actes du colloque de Nice, dont l’objet était de s’interroger sur l’authenticité de la « charte de Niquinta ». Sans compter qu’une inauthenticité de ce seul texte n’aurait pas d’incidence décisive sur l’existence de l’hérésie en terre d’Oc (il y a abondance d’autres sources), Mme Trivellone semble ignorer que le colloque de Nice ne pouvant trancher sur la question traitée avait décidé de s’en remettre à l’expertise philologique de l’historien Jacques Dalarun et du philologue spécialisé en paléographie latine Denis Muzerelle, qui concluaient… en faveur de l’authenticité du document !
Le seul point sur lequel on peut s’accorder avec les propos assénés par Mme Trivellone est son affirmation que les hérétiques ne se nommaient pas eux-mêmes « cathares ». C’est loin d’être un scoop ! C’est un point acquis depuis des décennies et mis en lumière définitivement par Jean Duvernoy en 1978 ! Mais de là à extrapoler de cet acquis pour aller jusqu’à dire que « les Cathares ne sont mentionnés que dans un très petit nombre de sources aux XIIe et XIIIe siècles dans de rares sources de l’Empire germanique, dans les années 1160, puis brièvement dans des documents pontificaux, et en Italie au cours du XIIIe siècle » ! Quand on sait que parmi lesdits documents pontificaux, il y a l’usage du mot « cathares » pour qualifier l’hérésie médiévale fait par le pape Innocent III désignant l’hérésie dans le Midi de la France (contre lequel il lancera la croisade), et ce sur la base des canons du IIIe concile de Latran (1179), visant lui aussi sous ce terme « cathares » les mêmes hérétiques du Midi de la France, après que le cistercien Alain de Lille les ait désignés lui aussi sous ce terme depuis l’université de Montpellier, suite à ce que les polémistes rhénans (chez qui on trouve le premier usage connu du terme) aient correspondu sur le problème de l’hérésie dualiste / « manichéenne » / « cathare » donc, avec le cistercien Bernard de Clairvaux prêchant dans le Midi, on est fondé à être interrogé par cette minimisation des sources (« rares », « brièvement » – sic) : que faut-il de plus ?
Et il y a plus dans la dénonciation des « manichéens » (i.e. « cathares ») du Midi de la France, jusqu’à la fondation de l’ordre des dominicains, puis à leur œuvre de prédication, puis d’inquisition, dont on comprend bien qu’on doive être prudent en en lisant l’abondante production. Ce pourquoi j’ai préféré fonder mes recherches sur les sources issues des cathares eux-mêmes… Ce qui permet toutefois de constater que les Inquisiteurs et polémistes, certes de façon négative et donc caricaturale, ont tout de même au-delà de leurs a priori négatifs – forcément ! – une connaissance finalement assez fiable de l’hérésie qu’ils décrivent comme « manichéenne ».
Gageons qu’un travail plus poussé sur les sources (car, à nouveau, elles sont loin d’être rares !) ramènera un peu de raison dans ce débat devenu décidément bien passionnel.

Roland Poupin, pasteur, docteur en théologie, docteur en philosophie


Michel JAS, pasteur – auteur, entre autre, de Braises cathares

Six inexactitudes dans  l’article présentant Alessia Trivelonne et son exposition « LES CATHARES UNE IDEE RECUE » (l’indep du Vendredi 5 octobre 18) :

  1. autour du terme « cathare » : il fut utilisé par les condamnations papales qui visaient le Midi et par Alain de Lille descendu à Montpellier pour les contredire .
  2.  autour d’une prétendue extrapolation à partir de certains registres de l’Inquisition ( revus à la baisse et travaillé, de façon universitaire donc brillante, mais incomplète par M.-G. Pegg, repris par Théry et encore ici par Trivellone ) qui permettraient de voir une Eglise Hérétique Organisée ( Jean Duvernoy, meilleur connaisseur des registres de l’Inquisition, avait, encore une fois, avant sa mort, répondu à Pegg et plus récemment Peter Biller, Shelagh Sneddon et Caterina Bruschi, éditant en 2010 les sources ignorées par Pegg  dans «  Inquisitors and Heretics in Thirteenth-Century Languedoc : Edition and Translation of Toulouse Inquisition Depositions, 1273-1282 »)
  3. l’ignorance des sources hérétiques (« cathares ») : trois rituels, deux ou trois traités  (j’ai personnellement travaillé les originaux cathares sorte de compte rendu, coté occitan hérétique, du colloque de Montréal)
  4. Alessia Trivellone reprend la thèse de Pegg sur les « boni homines » (sécularisant l’expression pour nier le fait hérétique) sans recul critique depuis les réponses aux erreurs de Pegg (cf mon point 2)
  5. Les historiens, plus jeunes, usant d’approche critique (en fait ce n’est plus de la critique mais de la démolition hypercritique ) auraient le mauvais rôle. C’est tout le contraire  (confer “The invention of the invention”: archeology or ideology?, Gabrièle Wersinger-Taylor : “ On constate l’« inflation », dans les milieux des sciences humaines et de l’anthropologie, de publications récentes dont le titre contient le mot invention : L’invention du sujet moderne ; L’invention de Dieu ; L’invention du monde ; L’invention de la culture (Environ 710 titres de l’Année philologique portent cette mention avec une croissance nette ). Aucune notion ne semble aujourd’hui échapper à son invention » etc.)
  6. La Charte de Niquinta (Nicétas) qui serait un faux : Mme Trivellone fait semblant d’ignorer les publications  qui ont répondu à ce soupçon !

Heureusement la page incriminée de l’indépendant présente en bas de page la mention du colloque « Aux sources du catharisme »  Carcassonne 25 octobre – Mazamet 27 octobre qui dira tout le contraire des affirmations de Mme Trivellone .
Mais la pagination met cette annonce sous le titre « À Montpellier et l’an prochain à Fanjeaux » qui concerne l’exposition de Mme Trivellone, ce qui prête à confusion .

Michel JAS, pasteur


Éric Delmas, Président de Culture et études cathares, gestionnaire de ce site et auteur de Catharisme d’aujourd’hui

Patrick du Côme, de l’association Rencontres de Montségur, m’a signalé une exposition à Montpellier sur la thématique de la non-existence des cathares.
Effectivement, le mouvement négationniste anti-cathare est en pleine effervescence sous l’impulsion d’universitaires du sud de la France et, bien entendu, du microcosme d’historiens affiliés aux Cahiers de Fanjeaux.
Un des arguments avancé est que le mot cathare n’a jamais été utilisé au Moyen Âge et que c’est donc une invention tardive.
Puisqu’il paraît que ces gens sont des chercheurs, professionnels de surcroît, je soumets à leur attention un document qui a dû leur échapper, en raison de sa faible importance sans doute : le 27e canon du Concile œcuménique de l’Église catholique de Latran III (1179) qui nous dit : « Quoique l’Église, suivant que le dit saint Léon, rejette les exécutions sanglantes, elle ne laisse pas d’être aidée par les lois des princes chrétiens, en ce que la crainte du supplice corporel fait quelquefois recourir au remède spirituel ; c’est pourquoi nous anathématisons les hérétiques nommés cathares, patarins ou publicains, les albigeois et autres qui enseignent publiquement leurs erreurs, et ceux qui leur donnent protection ou retraite, défendant, en cas qu’ils viennent à mourir dans leur péché, de faire des oblations pour eux, et de leur donner la sépulture entre les chrétiens. »
Retrouver à cette époque — qui je crois fait bien partie du Moyen Âge — une phrase on ne peut plus officielle mêlant cathares, patarins et albigeois, me semblent infirmer ce que disent ces messieurs-dames. Comme quoi la profession d’historien n’a rien d’une garantie de perspicacité.


Gilles-Henri Tardy, au nom de l’église Bogomilo-Cathare (Communauté cathare orientale) (Athènes) :
« Sous l’impulsion de groupuscules hyper-catholiques qui se font l’écho d’ordres inquisitoriaux, la recrudescence de plus en plus virulente d’une rumeur veut que les Cathares n’aient jamais existé.
Avant tout, il semble utile de rappeler que le catharisme est une spiritualité ou si l’on préfère, un courant de la religion chrétienne. Ce courant puise dans le christianisme paulinien et la tradition des églises d’Orient.
Le catharisme est chrétien !
Certains universitaires, probablement en mal de reconnaissance vis à vis d’une certaine église ou plus précisément de certains corps de cette église, avancent hardiment que le catharisme est de création récente et que les cathares ne sont qu’un mythe.
Dans la mesure où ces universitaires auraient pu approfondir leurs recherches en utilisant les outils de l’herméneutique et de la sémiologie, ils auraient pu répondre à notre place.
Cela n’a pas été fait, cette présentation est donc incomplète et frôle le mensonge (par omission). Cependant, comprenons bien que la bonne foi de ces chercheurs n’est pas en cause, c’est le matériau utilisé et la manière dont il est utilisé qui est en cause ; il est en cause par l’approche biaisé voulu par des clercs qui influencent les travaux et qui le font par peur de devenir « victime émissaire ». Or, il n’en est rien. Ces clercs sont passéistes et se meuvent dans un autre âge… très avancé… et qui ne peut plus appréhender les faits avec détachement, sérénité et honnêteté. Il est fort dommage que Mme Alessia Trivellone soit tombé dans le piège de l’obscurantisme ; peut être retrouvera-t-elle avec bonheur la voie de la recherche et rétablira, au moins pour elle-même, sinon une vérité du moins une réalité en parcourant les textes de l’inquisition, les témoignages des notaires royaux, les manuscrits de Leyrins et plus récemment la thèse de doctorat de Stéphanis Drakopoulos, prélat de l’église orthodoxe de Grèce. Nous souhaitons cela à Mme Trivellone, de grand cœur et avec respect.
L’incompétence n’est pas une faute en soi, nous sommes tous incompétents en dehors des domaines que nous ne maitrisons pas nous rappelle le « principe de peter ». Ce qui est grave c’est de produire au public des sources erronées et de soustraire celles qui ne conviennent point à l’entendement d’un groupe clérical.
Ce qui importe ce ne sont pas les noms et les diverses appellations dont, au fil des siècles, ont été « affublés les « Bons Chrétiens », les «Bons Hommes», et «Amis de Dieu» que nous appelons malgré tout « Cathares » ; ce qui importe, ce sont d’une part leurs actes, leurs pensées, et leurs enseignements et d’autres part, les critiques et les violences de leurs adversaires persécuteurs-éradicateur.
Ces appellations ont varié à travers les siècles, à la faveur d’une part des langues utilisées et d’autre part à celle de la loi du plus fort du moment. Cathares est un terme générique pour un ensemble d’hérésies (heresae, dans le sens noble du terme).
J’invite le lecteur à s’imprégner des Ecritures Cathares et de se rapprocher, au travers des multiples conférences, des communautés cathares existantes, qui n’ont rien de folkloriques mais restent des centres d’études ouverts sur le monde et l’Histoire, faisant fi de l’adage que « l’Histoire est écrite par les vainqueurs ».
L’écoute, le partage et le respect en disent plus long que des arguties développées par manque de sources.
(Gilles-Henri Tardy, Master of Arts, (Histoire, sciences sociales et culturelles françaises, NYU) ».


Joël Lafaille, Pieusse

Il ne manquait qu’une négationniste à nos martyrs. Pour ma part, elle pense et dit ce qu’elle pense, donc aucune polémique. Les bûchers, l’odeur des corps, les cris de la chair qui renâcle ne sont pas ceux des bons chrétiens, nous dit elle, mais d’hérétiques lambdas. Je suis triste que l’on salisse notre puissant passé.

En écrivant ces lignes je pensais  à ce poème lu à la stèle dans le début des années 80 , Olivier Cèbe était présent je pense et Lucienne Julien absente mais en vie:  » seul immobile face à ce passé puissant, à l’heure où lancinante une chouette Ulule ,je regarde éperdu l’immense crépuscule embraser Montségur dans des flammes de sang » ce texte est resté en moi  et ce soir je pense aux victimes de l’intolérance de la barbarie à nos frères de Monségur mais aussi  à  ceux de Treblinka  et à ceux qui  mouront demain pour la liberté , pour moi ils font parti de la même cohorte , oui une grande tristesse a traversé mon être
A leu Patrick


Dominique Dhenry, Pdt de Catharisme et Paratge Foix 09

Merci de ce message.
J’ai visionné une conférence (début 2018) donnée à Montségur par Claire Colombi (Ecole des chartes).
Ses considérations vont dans le même sens avec parfois des affirmations ahurissantes :
– Parce que Déodat Roché était franc-maçon, rose-croix et affilié à la théosophie, ses propos ne peuvent être considérés comme scientifiques… (Isaac Newton s’adonnait à l’alchimie, B Franklin était FM…)
– Ce sont les communistes, qui, au lendemain de la guerre, ont poussé à la roue pour faire surgir de l’histoire le catharisme (pour les communistes : ni dieu… ni maître, il faut le rappeler. On voit mal des communistes favoriser la résurgence d’une religion !),
– Zoé Oldembourg n’a pas écrit ses livres sur le catharisme, elle était en fait le factotum d’un groupe secret qui tenait sa plume,
– le Catharisme était, somme toute, un phénomène « extrêmement » marginal…
Etc…

Ce qui apparaît nettement : tout cela apparaît coordonné ! Ce ne peut être le fait de coïncidences… Certains redoutent une « résurgence » du catharisme !
Une info, la vidéo est disponible sur un site ou intervient ….Alain Soral !!! c’est tout dire !!!
Je pense que des réponses doivent être apportées. On devrait en discuter lors de notre prochaine réunion du 14 octobre prochain.

Amistat

Dominique Dhenry, Pdt de Catharisme et Paratge Foix 09

La réaction qui suit est issue de la page Facebook du Musée du catharisme de Mazamet. Les deux personnes qui interviennent sont bien connues et sont les fondatrices du CIRCAED (collectif co-organisateur du colloque des 25 et 27 octobre prochains).

Anne Brenon archiviste paléographe, historienne du catharisme, etc. et Pilar Jimenez docteur en histoire (université de Toulouse)

« À propos des cathares, on a pu constater récemment qu’on joue « habilement » de ambiguïté du mot (cathare) et de la réalité. Que les « hérétiques » dits « cathares » ne (se) soient pas appelés cathares dans le Midi est aujourd’hui admis de tous les historiens. En réalité, si l’usage abusif du nom cathare remonte au XIXe siècle, le voilà aujourdhui utilisé comme prétexte pour affirmer que les « hérétiques » en question ne se sont jamais organisés en communautés, en Eglise – opinion/position défendue par A. Trivallone dans son entretien du 5 octobre à l’Indépendant…
Pourtant, les sources médiévales témoignent longuement et abondamment du contraire, tant les registres de l’Inquisition que les sources cathares, pardon, les sources provenant des « hérétiques » eux-mêmes. Peut-on balayer leur existence d’un revers de main ?
Contrairement à cette prise de position infondée, les sources documentant les « hérétiques » dits « cathare » sont nombreuses, riches et diversifiées. Le chantier historien ne peut se situer par rapport au faux problème de l’existence ou non de ces sources, mais porte, restons sérieux, sur leur étude critique. C’est ce à quoi s’emploient les médiévistes internationaux, spécialistes des textes médiévaux, qui viendront du 25 au 27 octobre prochain, à Carcassonne et Mazamet, faire un point actualisé de leur recherche sur les Sources cathares. Nous sommes heureux de vous convier à ces rencontres, librement ouvertes à tous, lieu d’un débat scientifique, constructif – et courtois. »

Anne Brenon et Pilar Jimenez

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