L’Église catholique d’Ariège demande pardon à Dieu
En ce dimanche ensoleillé du 16 octobre, le petit village de Montségur a vu sa population gonfler subitement jusqu’à dépasser les 500 âmes, elle qui n’en compte qu’une centaine habituellement.
Cette affluence était due à un événement historique, puisque l’évêque de Pamiers et Cousserans, Monseigneur Eychenne, avait décidé de célébrer une cérémonie pénitentielle. Elle visait à demander pardon, au nom des chrétiens catholiques de son diocèse pour leurs ancêtres qui avaient gravement péché contre l’Évangile quand ils s’étaient alliés au pouvoir temporel royal et avaient fait périr par le feu les 225 Chrétiens cathares faits prisonniers lors de la reddition de la citadelle de Montségur le 16 mars 1244.
Cet événement local, qui s’inscrit dans l’année de la miséricorde voulue par le Vatican, n’engage certes que cet évêque et les Catholiques de ce diocèse, mais on imagine mal qu’il soit sans répercussion partout en France où des Cathares furent pourchassés et massacrés.
La presse ne s’y est pas trompée puisque, grâce à l’Agence France Presse, le récit de cet événement fait aujourd’hui son apparition dans de nombreux médias nationaux et régionaux.
Ainsi la presse d’Occitanie en parle comme de juste. Nous trouvons un article dans La Dépêche du Midi, l’Indépendant (version web) et Midi Libre. France 3 Midi-Pyrénées en parle aussi, ainsi que Sud-Radio et France Bleu Roussillon.
Mais le sujet échappe à la région Occitanie et touche des médias nationaux. Ainsi, l’hebdomadaire Le Point et l’Express, le quotidien Le Parisien, les journaux d’information continue comme France 24, 20 minutes, France TV info, TV5 monde, mais aussi quelques titres régionaux comme Paris Normandie, l’Écho républicain d’Eure-et-Loir et l’Yonne, la presse catholique comme La Croix et la presse étrangère comme Madagascar News qui cite l’Express, ou 5 minutes Radio Télé Luxembourg.
Que devons-nous retenir de cette très large couverture médiatique ?
Nos frères catholiques ont souffert pendant des siècles de cette tâche portée à leur foi par des comportements dramatiquement opposés à ce qui fait le fondement unique du Christianisme : l’Amour inconditionnel et absolu envers toute l’humanité que nous a enseigné Jésus. Aujourd’hui, ils ont eu le courage d’affronter cette réalité et de la dire clairement, sans renier ceux qui ont péché mais sans occulter qu’ils l’ont fait au nom de la même religion qu’eux. Même si pour nous, les croyants Cathares, ce pardon n’a pas de sens, car nous sommes dans la Bienveillance, qui exclut tout pardon au profit de la rémission intégrale des péchés, cette démarche nous touche dans ce qu’elle a d’humain et nous espérons qu’elle apaisera les Catholiques et ouvrira une nouvelle période de paix entre eux et nous.
Monseigneur Eychenne, que j’ai rencontré à Montségur, m’a dit combien il souhaitait que nous puissions nous rencontrer en tête à tête bientôt, à Carcassonne ou à Pamiers, afin de jeter les bases d’un dialogue constructif et bienveillant entre nous. Je lui ai dit combien je pensais cela important et nécessaire.
Éric Delmas – 17/10/2016