Le croyant cathare, ce révolutionnaire !

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Le croyant cathare, ce révolutionnaire !

Le texte qui va suivre risque de provoquer un choc émotionnel et une grave crise de foi. Je vous invite donc à la plus grande prudence avant de poursuivre votre lecture.

Le catharisme est un virus

En effet le catharisme ne vit pas par lui-même — comme les virus —, il infecte un être sain au regard des critères du monde qui l’entoure — comme un virus —, il le conduit à détruire tout ce qui a été sa nature propre jusque là — comme un virus — et il finit par tuer en lui tout qui justifiait sa vie antérieure — comme un virus.

Qui est l’homme confronté au catharisme ?

Lorsque l’on m’a inoculé le virus du catharisme, j’étais comme vous. J’acceptais les principes sociaux issus du judéo-christianisme — surtout les congés de Pâques, l’ascension, Pentecôte, Noël —, j’utilisais sans m’interroger le calendrier grégorien, je croyais que le christianisme se résumait au catholicisme et à ses mouvements dissidents (Orthodoxie, Protestantisme), je pensais ce monde possiblement améliorable et je détestais ces hommes qui faisaient tant d’efforts pour le détruire.

J’étais comme vous, vous dis-je !

La vie de l’homme est de plus en plus facile sur le plan intellectuel de nos jours. Il étudie peu, il se fabrique une novlangue qui limite son expression à 6 000 mots, là où il y a un siècle il savait en utiliser entre 30 000 et 50 000, il dispose de plus en plus de temps pour reposer son cerveau si peu sollicité (on appelle cela les publicités télévisuelles), il se révolte contre les démocraties et conspue les dictatures qu’il provoque quand ses révoltes ont été trop efficaces, il énonce des concepts fondés sur rien, mais forcément indiscutables puisqu’émanant de lui et quand on le lui fait remarquer il s’énerve.

En fait il ressemble comme deux gouttes d’eau à cet homme lambda que nous a si bien décrit George Orwell dans son roman 1984.

Et tout cela pourrait continuer jusqu’à sa mort physique, qui surviendra obligatoirement après sa mort intellectuelle quasiment déjà acquise.

Que provoque le catharisme ?

Quand l’homme de ce monde découvre le catharisme, il passe grossièrement par deux étapes :

  • Il découvre le catharisme dans ses dimensions historiques, sociales, voire philosophiques que lui présentent des personnes qui ne sont pas des cathares.
  • S’il veut aller plus loin, il va découvrir ce que le catharisme est véritablement.

Dans la première étape, l’homme va bien voir que le catharisme est très particulier, qu’il émet des thèses très différentes de celle que notre culture nous fait considérer comme seules valables et qu’il propose des solutions pour le moins radicales. Cela peut provoquer de l’indifférence, du rejet ou de l’intérêt.

Dans le cas où l’homme ressent de l’intérêt, de la sympathie, voire de la compassion pour ces pauvres cathares, il va généralement devenir un érudit du sujet et fera moult[1] conférences, publications d’articles, voire écritures de blogs, livres et thèses sur ce sujet qu’il ne connaît en fait pas du tout.

Jusque là on peut dire qu’il joue avec le virus, mais parvient à lui échapper, comme quand vous sortez en plein blizzard sans écharpe alors que vous n’êtes pas vacciné contre la grippe.

Mais certains inconscients, un peu anarchistes et surtout révolutionnaires, semblent détecter dans le catharisme quelque chose de plus profond et susceptible de servir leur dessein anticonformiste. Et ils tombent dans la seconde catégorie. Je les comprends, cela m’est arrivé.

L’infection virale se déclenche alors.

Le sujet va s’immerger dans les études afin de trier dans tout ce qui lui est proposé, histoire de trouver le fil qui débute la pelote de la religion cathare. Pour ma part j’ai dû faire ce travail pendant très longtemps, car je n’ai trouvé aucun guide pour me prendre par la main.

Il va comprendre à quel point le catharisme rend clair ce qui était obscur, démontre que nous sommes les victimes de supercheries qui remontent parfois bien au-delà du premier siècle, combien le monde d’aujourd’hui continue à les valoriser, y compris de la part de personnes qui se croient athées. En effet, l’inaction favorise la réussite du plus fort, comme lors d’élections, l’abstention ou le vote blanc permettent de réduire le nombre de voix nécessaires pour obtenir la majorité. Il fait beau ensuite critiquer l’élu en lui rappelant qu’il ne représente qu’un quart du corps électoral alors qu’on lui a permis d’atteindre la majorité des suffrages exprimés en votant blanc.

À ce point l’infection menace sa vie. Soit il s’arrête en chemin et deviendra un malade porteur du virus, mais qui n’en mourra pas tout en restant atteint par cette maladie, soit il sombre et fonce tête baissée dans le piège viral.

En effet, s’il continue il va se convaincre que la vérité telle qu’il la conçoit est là et pas ailleurs. Plus il étudiera et plus il sera submergé par les merveilles que lui révéleront ses découvertes. Un peu comme ces hallucinations fiévreuses qui vous font voir des successions d’images stroboscopiques[2]. Et alors il deviendra un croyant !

Le croyant : malade et heureux de l’être

Le croyant est atteint de la maladie cathare qui fait rejeter tout ce que n’importe qui considère comme normal, voire évident :

  • Ce monde est un leurre destiné à nous cacher la prison qui nous retient ;
  • Le Dieu des Écritures est un diable au service d’un principe absolument mauvais ;
  • Pour le vrai et seul Dieu, principe du Bien, n’existent ni le temps ni l’espace ;
  • Nous sommes des parcelles émanant de Lui momentanément détachées en cet enfer ;
  • Christ nous a apporté le message qui permet de s’éveiller à la vérité ;
  • Si nous le comprenons, nous pourrons casser ce cycle infernal ;
  • Vivre pour Dieu, c’est forcément vivre en se détachant du monde ;
  • Ce monde est mauvais et ne peut pas être amélioré ;
  • Les principes du monde sont : pouvoir, égoïsme, survie à tout prix, violence ;

Ces quelques symptômes suffisent à vous faire ressentir la gravité de la maladie. Celui qui en est atteint aspire à tout perdre en ce monde — le fou ! – pour un espoir extrêmement faible de réussir à rejoindre l’empyrée divin dont il ne sait rien — quel malade !

Heureusement il est difficile d’être vraiment malade

En effet, ce monde lutte âprement contre ce virus, comme le vaccin atténue les effets de la maladie virale.

La plupart de ceux qui se pensent croyants ne le sont pas vraiment. Ils sont touchés, ils ne pourront jamais guérir, mais ils n’atteindront pas non plus le niveau infectieux nécessaire à la chute fatale.

Ils vont rester dans un entre-deux où ils reconnaîtront et accepteront certains symptômes tout en rejetant les autres. Ils vont s’enkyster dans une situation qui ne leur permettra pas d’aller plus loin par peur de ne pouvoir atteindre le bout du chemin, par sursaut d’égotisme[3] ou par lassitude.

La maladie impose de telles contraintes vis-à-vis du confort mondain que beaucoup renâclent devant l’obstacle.

Certes on peut rester croyant toute sa vie et réussir son passage, mais c’est très difficile, car il faut accepter de faire le travail sans soutien ou avec si peu. Il est clair que le noviciat et la vie de Bon-Chrétien offre des perspectives plus avenantes.

Pourtant, certains grands malades perdent tout sens de la mesure.

Le malade suicidaire

Franchement, j’ose à peine vous en parler. Heureusement ils sont très peu nombreux.

Imaginez un patient hospitalisé pour des hémorragies, chez qui on découvre une hémophilie[4] grave et qui passe son temps à s’entailler avec le couteau du petit déjeuner. Que peut-on faire pour lui ? Rien en fait, laissez-le tranquille.

Le croyant cathare qui a parfaitement accepté tout ce que le catharisme veut dire en termes de vision de ce monde, d’abandon de toute volonté d’y vivre les yeux fermés et qui attend la mort physique avec impatience tout en s’interdisant de la rechercher est sans espoir. Si en plus il suit un noviciat et reçoit sa Consolation, il devient dangereux.

Quoi de pire me direz-vous qu’un malade conscient et heureux de l’être ? Rien !

Cette volonté de rejeter l’ordre établi et de vouloir saper les fondements d’une société millénaire est clairement révolutionnaire. Or, ce n’est même pas pour la remplacer par autre chose ; non c’est du rejet pur et simple.

Si vous reconnaissez chez vous des symptômes comparables à ceux que j’ai décrit, il est peut-être temps de revenir à de meilleurs sentiments. Rejoignez l’Église catholique, voire devenez moine ou moniale.

Si vous les voyez chez un ami ou un proche, agissez vite sinon vous allez le perdre.

Mais si vous en êtes quasiment au dernier stade de la maladie, je ne vois pour vous qu’une seule solution, même si elle est terrible… Rejoignez-moi !

Guilhem de Carcassonne – 21/07/2021


[1] Adverbe faisant partie de ces milliers de mots qui se sont sans doute perdus et qui veut dire beaucoup.

[2] Encore un mot compliqué. Laissez tomber ce n’est pas grave.

[3] Je vous avais prévenus

[4] Celui-là je vous le pardonne, c’est un terme médical désignant un déficit en facteurs de la coagulation, ce qui provoque des hémorragies.

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