Melhorier

Pratique de l’Amélioration aujourd’hui

8-3-ecf- Rituels
324 vue(s)

L’étude de l’Amélioration

Je vous ai présenté ce rituel, dans la connaissance que nous en avons de sa pratique au Moyen Âge dans l’article publié sur le site[1]. C’est le rituel initial qui marque la cohésion de la communauté ecclésiale. Il est pratiqué par les croyants, les novices et les chrétiens consolés qui se tournent vers le chrétien cathare le plus ancien présent à ce moment.

Aujourd’hui je voudrais préciser quelques points afin de proposer une version moderne de ce rituel qui ne retire rien à celui de nos anciens et qui soit adapté à nos conceptions modernes.

La pratique

La gestuelle n’a pas besoin d’être modifiée, car rien n’est obsolète dans sa mise en œuvre.
La gestuelle est dirigée vers le chrétien consolé[2] qui officie, c’est-à-dire le plus ancien dans la foi. Le croyant ou le chrétien moins ancien — que j’appellerai pratiquant —, joint ses deux mains, paume contre paume et doigts serrés, contre sa poitrine, baisse la tête et courbe le dos en référence à ce que représente le chrétien plus ancien, c’est-à-dire à la présence du Saint-Esprit consolateur, seul intermédiaire entre le bon principe et celui qui effectue l’Amélioration. Il n’y a en effet aucune confusion pour les participants entre le rôle du chrétien, intermédiaire neutre, et celui à qui s’adresse en fait le croyant, le Saint-Esprit Consolateur.

Déroulé du rituel

Révérence
Salutation

Le pratiquant commence par joindre les mains, puis incline la tête et enfin plie le buste. Cette phase muette s’enchaîne directement avec la suivante et ne dure donc que quelques secondes. Elle permet au croyant de se mettre en préparation psychologique et spirituelle de ce qui va suivre.

Agenouillement
Génuflexion
Ensuite le pratiquant va s’agenouiller, soit directement au sol, soit en posant les genoux sur un oreiller (ou un coussin)[3], soit en appuyant ses mains sur un banc. Ce dernier cas semble être prévu pour les personnes ayant des difficultés physiques à s’agenouiller directement. Aujourd’hui on peut imaginer de remplacer le banc par un prie-Dieu adapté, c’est-à-dire avec une tablette surbaissée de façon à permettre la prosternation complète.

C’est dans cette position que le pratiquant fait sa demande :

Chrétien (ou Chrétienne), la bénédiction de Dieu, de l’Église et la vôtre ![4]

Bénédiction
Bénédiction

Le chrétien répond à son attente en étendant une main au-dessus de la tête du pratiquant sans la toucher.
Bien entendu, et particulièrement lorsque le ministre et le pratiquant sont de sexe différent, il n’y a pas de contact physique entre la main du premier et la tête du second.
Le chrétien répond ensuite à la demande du croyant en utilisant le pluriel afin de ne pas personnaliser sa réponse :

Recevez-la de Dieu, de l’Église et de nous.[5]

Adoration
Prosternation
Il se prosterne ensuite en appuyant ses deux mains à plat sur le sol ou le support situé devant sa tête et se relève immédiatement en revenant à la position agenouillée. Il peut soit poser son front entre les deux mains, soit en l’appuyant sur les mains ainsi posées au sol. C’est typiquement la description de la veniæ décrite dans la pratique de l’Oraison.

 

Après cette réponse, le pratiquant se prosterne à nouveau et se redresse et renouvelle sa demande une deuxième fois dans les mêmes termes. Le chrétien lui répond de même et le pratiquant recommence une troisième fois, mais il modifie sa demande de la façon suivante :

Priez pour nous pécheurs, afin qu’il fasse de nous des chrétiens et qu’il nous conduise à une bonne fin.

Le chrétien répond cette fois :

Que Dieu vous bénisse. Dieu veuille faire de vous des chrétiens, et qu’il vous conduise à une bonne fin.

Le croyant se relève alors et l’Amélioration se termine, comme la plupart des autres rituels, par les caretas, c’est-à-dire le Baiser de Paix (ou la Paix).

Cette façon de faire et les formulations sont celles adoptées par l’Église cathare de France d’aujourd’hui afin d’en faciliter la mémorisation par toutes et tous.

Analyse de la pratique

Les critères de la réalisation

Ce rituel est intime, c’est-à-dire qu’il n’est pas accessible au public. Il se réalise entre croyants et chrétiens. Quand cette condition n’était pas réunie, celui qui s’en apercevait avertissait les autres afin que le rituel s’interrompe. La question qui se pose aujourd’hui où nous sommes si peu nombreux est de savoir si l’on doit accepter des spectateurs en la personne des sympathisants qui le désireraient. Bien entendu dans l’hypothèse positive, ils devraient demeurer strictement immobiles et silencieux. Cela aurait un côté motivant pour eux dans leur volonté d’atteindre l’éveil afin de pouvoir participer. Ils seraient ainsi enclins à parfaire leur connaissance du catharisme afin de se mettre dans les meilleures conditions possibles pour s’éveiller. Dans l’hypothèse négative où le rituel resterait strictement réservé aux croyants et aux chrétiens, il serait possible d’expliquer aux sympathisants qu’ils sont à la porte de l’ecclésia et qu’il ne tient qu’à eux d’aller plus loin.

Les différentes phases

On note plusieurs étapes essentielles qu’il convient d’expliquer.

La salutation est la première phase au cours de laquelle le pratiquant manifeste son humilité par une attitude de pénitent qui combine la réunion des deux mains mises à plat devant la poitrine et l’inclinaison de la tête et du buste.

La génuflexion est la deuxième phase au cours de laquelle le pratiquant se met à genou en conservant les caractéristiques précédentes, ce qui marque sa prière, c’est-à-dire la demande qu’il va faire à travers le chrétien consolé.

L’adoration manifeste l’attitude la plus humble que peut offrir le pratiquant juste avant de formuler sa demande. Il se prosterne comme le font les chrétiens et les novices lors du rituel de l’Oraison.

Le chrétien qui dirige le rituel étend le bras et la main au-dessus de la tête du pratiquant ou au centre du demi-cercle qu’ils forment s’ils sont plusieurs. C’est la matérialisation du lien qu’il constitue entre le pratiquant et le Saint-Esprit Paraclet.

Le Baiser de paix

Ce rituel ponctue plusieurs rituels et peut même se pratiquer entre croyants en l’absence d’un chrétien consolé. Le détail de ce rituel figure dans l’article qui lui est consacré.

La glose

Ce rituel est assez pauvre en termes de langage, mais il faut insister sur certains points :

Chrétien

C’est le terme unique pour désigner un croyant en Christ qui a reçu le sacrement du baptême, seul sacrement institué par Christ. Galvaudé par la comédie mensongère des baptêmes d’enfants, ce terme reste néanmoins fondamental pour définir celui ou celle qui a choisi de vivre dans le respect du commandement de Bienveillance. Pour les cathares cela est essentiel et l’enseignement qui mène à la Consolation permet au chrétien d’être en pleine possession de la gnose qui le rend à la fois en mesure de cheminer vers son salut et responsable de toute faute ou manquement commis, puisque maintenant il a l’entendement du Bien.

Ce terme se suffit à lui-même et n’a besoin d’aucun qualificatif tant il est déjà au-dessus de tout qualificatif qui ne peut être, au mieux que redondant, au pire dégradant. L’appellation Bons-hommes, Bonnes-dames est elle aussi problématique, même si l’intention qui la porte est bienveillante, car comme il est rappelé dans les évangiles, ce qualificatif est réservé à Dieu qui est seul en mesure de l’endosser :

L’Évangile selon Jean nous rappelle que l’on peut parler de Dieu comme étant le bon berger (X, 11).

Ce qualificatif est également rejeté par Christ dans les évangiles de Matthieu (XIX, 17) qui l’attribue aux actes à faire et Marc (X, 18) et Luc XVIII, 19) où le qualificatif lui est appliqué. Jean pour sa part omet ce passage.

Le problème du terme chrétien est qu’il ne permet pas de discriminer les membres des différentes Églises qui se réclament de Christ. C’est pourquoi, quand on veut éviter l’amalgame le terme chrétien consolé ou revêtu est approprié.

La bénédiction de Dieu, de l’Église et la vôtre

Rien n’est sans raison dans cette déclamation.

La bénédiction n’est qu’une forme de soutien à l’effort fourni par le croyant pour tenter de se hisser, par ses propres moyens, dans l’avancement vers son salut. Il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’une assistance morale et une reconnaissance de la volonté d’agir dans le bon sens.

Ensuite viennent les trois niveaux auxquels est demandé cette assistance spirituelle, en partant du niveau spirituel (Dieu) et en finissant par les deux niveaux mondains dans l’ordre de leur importance, à savoir l’ecclésia et le chrétien consolé à qui on s’adresse. Cela rappelle que, en ce monde ce qui compte c’est l’ecclésia, c’est-à-dire la réunion des croyants et des chrétiens. En effet, pour que lien se fasse entre le niveau spirituel et le niveau mondain, une seule personne ne suffit pas quel que soit sont niveau d’avancement. Christ le dit : « Car là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, suis au milieu d’eux. » (Math. XVIII, 20).

S’il ne fait pas de doute que le dernier niveau est bien celui du chrétien consolé, n’oublions pas qu’il est vu comme l’apparence mondaine du Saint-Esprit paraclet successeur du Christ pour nous accompagner dans notre cheminement. L’emploi du pluriel rappelle que c’est à la communauté évangélique de l’on s’adresse et non pas à tel ou tel chrétien consolé. Il n’y a pas de hiérarchie élective dans le catharisme.

Recevez-la de Dieu, de l’Église et de nous

Le chrétien consolé n’émet pas d’avis personnel, car à partir du moment où celui qui s’exprime est considéré comme croyant — sur la base de ses affirmations et sans preuve du contraire —, il ne lui revient pas de décider d’octroyer la bénédiction de façon discriminatoire à tel ou tel croyant qui la demande. Il n’est qu’un intermédiaire.

Priez pour nous pécheurs…

Il s’agit là de la vision des croyants et non de celle des chrétiens. En effet, si le croyant commet des fautes et des manquements sur le plan moral et dans sa relation aux autres, il n’est pas considéré comme pécheur, car il n’a pas la connaissance intime du Bien. Celle-ci s’acquiert au cours du noviciat et devient irrévocable par la Consolation. Donc, seul le chrétien consolé peut commettre un péché du point de vue cathare. Là encore, nous sommes perturbés par l’approche judéo-chrétienne qui, en baptisant des enfants, déplace artificiellement la notion de péché vers des personnes qui n’ont pas pu se former à la connaissance du Bien et qui ont été baptisées contre leur gré avant de subir un endoctrinement sélectif qui en fait des chrétiens contraints.

… Afin qu’il fasse de nous des chrétiens…

Nous sommes là au cœur de ce rituel.

Il s’agit pour tout croyant de rappeler que sa foi ne peut le mener qu’à une seule issue : devenir un chrétien consolé pour accéder au salut avec la plus grande espérance d’y parvenir.

… et nous mène à bonne fin

Dans la logique imparable qui pousse les croyants à faire leur Amélioration, cette dernière rappelle l’objectif final de tout membre de l’ecclésia : faire sa bonne fin, c’est-à-dire se mettre en condition d’être accessibles à la grâce de Dieu et bénéficier du salut qu’il nous octroiera. On retrouve ici l’humilité du fils prodigue (Lc XV, 11-32). On note aussi la similitude de la volonté des croyants et des chrétiens à faire l’effort d’être accessibles à la grâce divine, comme dans la parabole des jeunes vierges à la lampe de Matthieu (XXV, 1-13) que nous explique clairement Luc (XII 35-38 et XIII 24-27). Le pluriel de ces trois éléments de phrase tient lui aussi à la conviction que nous sommes tous unis dans l’Esprit unique et que personne ne peut prétendre à un meilleur sort qu’un autre, contrairement aux deux fils de Zébédée qui dans Marc demandent un traitement préférentiel (X 35-40).

Que Dieu vous bénisse. Dieu veuille faire de vous des chrétiens, et qu’il vous conduire à une bonne fin.

La réponse du chrétien consolé est calquée sur la demande à laquelle il ne peut ajouter ni retrancher quoi que ce soit compte tenu de sa position d’intermédiaire.


[1] https://www.catharisme.eu/3-la-religion/3-2-r-praxis/lamelioration/

[2] Le terme chrétien consolé me semble préférable à celui de bon-chrétien, afin de respecter la parole prêtée à Christ : « Personne n’est bon que Dieu seul. » (Mc X, 18)

[3] Doat XXIII. Déposition de Pierre Maury.

[4] Version de la déposition de Pierre Maury, cf note ci-dessus.

[5] La réponse du chrétien ne veut pas dire qu’il accorde la bénédiction, mais qu’il se fait le relais. Mais il ne fait qu’appliquer ce que Matthieu rapporte dans son évangile : « Oui je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Matt. 18, 18 – voir aussi Matt. 16, 19.

L’Amélioration au Moyen Âge

8-3-ecf- Rituels
5 328 vue(s)

L’Amélioration

Présentation

Rituel d’entrée en Catharisme

La réalisation de ce rituel signe l’entrée d’un auditeur (sympathisant) en vie chrétienne et en fait dès lors un croyant, c’est-à-dire une personne qui chemine sur la voie qui mène au baptême, la Consolation. Il est donc le premier de tous les rituels que pratiquera un croyant face à un Bon-Chrétien (un cathare ayant reçu la Consolation).

On l’appelle Melhiorer ou Melioirer en occitan — melhoramentum[1] dans les registres d’Inquisition — ce qui signifie Amélioration. C’est ce terme que je préfère conserver, car effectivement, par ce rituel le croyant va demander à s’améliorer en vue d’une bonne fin chrétienne et il le fait par l’entremise d’un Bon-Chrétien dont l’état d’avancement signe qu’il est en lien avec le Saint-Esprit et promet une meilleure transmission du souhait exprimé. Pour autant, comme dans tous les rituels cathares, l’intermédiaire humain n’est aucunement celui qui confère ce qui est demandé, car cela ne peut relever que d’un intervenant qui n’est pas soumis à ce monde. La référence est donc le saint Esprit consolateur (Paraclet).

C’est le Bon-Chrétien qui va demander à un auditeur — c’est-à-dire un sympathisant qui répond favorablement à l’enseignement (la catéchèse) — de réaliser sa première Amélioration en lui en indiquant la procédure. Auparavant, le Bon-Chrétien évalue si le postulant éventuel est en mesure de le pratiquer. C’est également une marque de la relation qui unit la communauté ecclésiale croyante et la communauté évangélique chrétienne.

Ce rituel se pratique également entre les Bons-Chrétiens d’une maison cathare, à l’intention de l’ancien de la maison, le matin et le soir. C’est également le cas de tout Bon-Chrétien envers un autre détenteur d’une mission importante : diacre, fils mineur ou majeur, évêque.
Comme pour tous les rituels et sacrement cathare, l’officiant (Bon-Chrétien, ancien, diacre, fils, évêque) doit être en état d’assumer sa charge, c’est-à-dire sans péché majeur au moment du rituel. Sinon, son incapacité à tenir sa charge invaliderait le rituel ou le sacrement.

Rituel intime

Le croyant ne peut pas refuser cette demande du Bon-Chrétien sauf à lui signifier discrètement un empêchement généralement lié par exemple à la présence de personnes apparemment extérieures à la communauté qui se trouveraient à proximité[2]. En effet l’Amélioration n’est pas un rituel public, mais un échange intime entre le pratiquant et le Bon-Chrétien. C’est pour cela que le Bon-Chrétien parle à voix basse, ce qui fit dire à bon nombre de témoins que les propos du Bon-Chrétien étaient inaudibles.

Cette pratique doit demeurer discrète. Le Traité sur les hérétiques d’Anselme d’Alexandrie[3] précise qu’un croyant arrivant en un lieu où se trouvent des Bons-Chrétiens s’enquière premièrement de la situation des personnes présentes par une phrase codée. S‘il obtient la réponse voulue, il peut faire son Amélioration, sinon il s’en abstient.

Je ne vais pas faire ici un historique et un recensement des textes traitant de ce sujet ; Ruben Sartori l’a réalisé de façon tout à fait convaincante dans un document publié sur le site des Amis du Sabartés[4]. Ce travail très complet est particulièrement intéressant et je ne peux que vous inviter à le consulter. Pour autant je ne partage pas l’avis de l’auteur sur un ou deux points de détail ; mais nous en reparlerons.

Description

La gestuelle que Ruben Sartori pro­pose, d’après ses recherches, me semble tout à fait correcte. On la trouve dans divers témoignages issus de plusieurs registres qu’il convient parfois de compiler, car les descriptions des notaires de l’Inquisition sont souvent sommaires.
La voici présentée de façon illustrée.

Révérence
© Monique Vidal

La gestuelle est dirigée vers le Bon-Chrétien qui officie, c’est-à-dire le plus ancien dans la foi. Le croyant ou le Bon-Chrétien moins ancien joint ses deux mains, paume contre paume et doigts serrés, contre sa poitrine, baisse la tête et courbe le dos en référence à ce que représente le Bon-Chrétien, c’est-à-dire à la présence du Saint-Esprit consolateur, seul intermédiaire entre le bon Principe et celui qui effectue l’Amélioration. Il n’y a en effet aucune confusion pour les participants entre le rôle du Bon-Chrétien, intermédiaire neutre, et celui à qui s’adresse en fait le croyant, le Saint-Esprit Consolateur.

Le croyant commence par joindre les mains, puis incline la tête et enfin plie le buste. Cette phase muette s’enchaîne directement avec la suivante et ne dure donc que quelques secondes. Elle permet au croyant de se mettre en préparation psychologique et spirituelle de ce qui va suivre.

Agenouillement
© Monique Vidal

Ensuite le croyant va s’agenouiller, soit directement au sol, soit en posant les genoux sur un oreiller (ou un coussin)[5], soit en appuyant ses mains sur un banc. Ce dernier cas semble être prévu pour les personnes ayant des difficultés physiques à s’agenouiller directement. Aujourd’hui on peut imaginer de remplacer le banc par un prie-Dieu adapté, c’est-à-dire avec une tablette surbaissée de façon à permettre la prosternation complète. C’est dans cette position que le croyant fait sa demande :

Bon-chrétien (ou Bonne-Dame), la bénédiction de Dieu et la vôtre ![6]

Dans une version collective la phrase se limite à : Bénissez-nous[7]

 

Bénédiction
© Monique Vidal

Selon les sources, cette bénédiction, effectuée par l’ancien, peut se faire à une ou deux mains. Aujourd’hui on observe régulièrement que les bénédictions se font plus souvent à une main. On peut donc raisonnablement retenir cette pratique. Bien entendu, et particulièrement lorsque le ministre et le croyant sont de sexe différent, il n’y a pas de contact physique entre la main du premier et la tête du second.

C’est à ce moment que Bon-Chrétien répond à la demande du croyant :

La bénédiction de Dieu et la nôtre.[8]

Dans la version de Schmidt, la réponse est : Que Dieu vous bénisse.

 

Adoration
© Monique Vidal

Après cette réponse, le croyant met les mains à plat sur le sol (ou sur le banc) et se prosterne en touchant ses mains avec le front. Certains témoignages disent qu’il baise ses mains ainsi disposées. C’est typiquement la description de la veniæ décrite dans la pratique de l’Oraison.
Il se redresse tout en demeurant à genoux et renouvelle sa demande une deuxième fois dans les mêmes termes. Le Bon-Chrétien lui répond de même et le croyant se prosterne à nouveau.
La troisième fois, le croyant modifie sa demande de la façon suivante (version Schmidt) :

Priez pour nous pêcheurs, afin qu’il fasse de nous de Bons-Chrétiens et qu’il nous conduise à bonne fin.

Le Bon-Chrétien répond alors :

Que Dieu vous bénisse. Dieu veuille faire de vous de Bons-Chrétiens, et vous conduire à une bonne fin.

Dans la déposition de Pierre Maury la formulation est quasi identique :

Dieu vous bénisse, Dieu vous amène à bonne fin, et Dieu vous fasse Bon-Chrétien.

Cependant, dans cette déposition cette phrase est prononcée trois fois, ponctuant chaque accolade du Baiser de Paix qui est donc simultané dans ce cas.

Le croyant se relève alors et l’Amélioration se termine, comme la plupart des autres rituels, par les caretas, c’est-à-dire le Baiser de Paix (ou la Paix).

Nous comprenons que si l’esprit et la forme de ce rituel sont bien définis, les formules prononcées peuvent légèrement varier pour peu qu’elles reprennent les mêmes éléments de terminologie.


[1]. La religion des cathares, Le catharisme t. 2, Jean Duvernoy, édition Privat (1976)

[2]. Dans sa déposition, Pierre de Luzenac signale qu’il refuse l’Amélioration qui lui est demandée au motif qu’il pourrait être vu d’un témoin indésirable. Geoffroy d’Ablis et les Cathares du comté de Foix. Annette Palès-Gobillard. Éditions du CNRS (Paris).

[3]. Tractatus de hereticis. Ms. Budapest, Musée national, lat. 352 par Anselme d’Alexandrie in La hiérarchie cathare en Italie. Antoine Dondaine O. P. Archivum Fratrum Praedicatorum, volumen XX (1950). Traduction française par Ruben Sartori dans Catharisme d’aujourd’hui (http://www.Catharisme.eu/Catharisme-europe/tractatus-hereticis/)

[4]. http://www.occitanie-cathare.eu/le-rite-du-melioramentum-1ere-partie

[5]. Doat XXIII. Déposition de Pierre Maury.

[6]. Version de la déposition de Pierre Maury, cf note ci-dessus.

[7]. Doat XXII. Déposition du f° 110b d’après Charles Schmidt, Histoire et doctrine des Cathares. Éditions Harriet 1983 (Bayonne). Première édition 1849-1849.

[8]. La réponse du Bon-Chrétien ne veut pas dire qu’il accorde la bénédiction, mais qu’il se fait le relais. Mais il ne fait qu’appliquer ce que Matthieu rapporte dans son évangile : «Oui je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.» Matt. 18, 18 – voir aussi Matt. 16, 19.

Contenu soumis aux droits d'auteur.