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Comment se sont créés les évangiles ?

3-1-Doctrine cathare
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Comment se sont créés les évangiles ?

Initialement, la prédication des apôtres se faisait de manière strictement orale. Ils avaient toute latitude pour se déplacer et enseigner à travers tout le pays sans rien d’autre à craindre que le sanhedrin, le tribunal juif, qui veillait à l’orthodoxie et qui luttait contre le blasphème.

Mais un événement terrible va venir perturber cela. La guerre des juifs, comme l’a appelée Flavius Josèphe, va aboutir à la chute et à la destruction du temple de Jérusalem, ainsi qu’au massacre de milliers de juifs. Une terrible répression va ensuite se mettre en place pour de nombreuses années. Cela eut deux conséquences : le juifs ne pouvait plus se rendre au temple qui était le centre de leurs cultes, et les prédicateurs avaient beaucoup de mal à transmettre la tradition orale, avec le risque de la voir se disloquer dans son contenu en raison des difficultés de communication entre les centre de prêche.
Les juifs vont s’adapter en transférant le centre religieux qu’était le temple dans les synagogues, ce que l’on appelle la diaspora et les futurs chrétiens vont mettre par écrit leur tradition orale.

Pourtant un cas d’espèce particulier existait depuis 50 environ ; c’était Paul. De part son érudition personnelle d’une part, et en raison de la nature éparpillée de son auditoire d’autre part, il avait utilisé l’écrit en appui de sa prédication orale pour préparer les foules avant sa venue et pour renforcer sa prédication quand il partait pour de longs mois et même plusieurs années.

C’est pour cela que les écrits pauliniens sont largement antérieurs à tous les écrits judéo-chrétiens. Les évangiles synoptiques sont le reflet de cette mise par écrit d’une tradition orale. Comme le fit beaucoup plus récemment Tolkien, ce qui fut mis par écrit était une histoire parlée que l’on voulait conserver dans une certaine unité. L’auteur de Bilbo le hobbit le fit pour enrichir son récit qu’il racontait à ses enfants, les prédicateurs judéo-chrétiens le faisaient pour conserver une relative cohérence à leurs prêches. Cela explique également les convergences entre les textes et les corrections apportées pendant près de trois siècles.

À la fin du premier siècle, d’autres écrits furent produits et cela dura encore jusqu’à la mise en forme du Nouveau Testament.
Mais ces textes, qui n’avaient connu aucune tradition orale préalable, s’adressaient à des personnes averties. Ainsi l’Évangile selon Jean comportait de nombreuses idées philosophiques et des remises en cause de la tradition juive qui n’auraient jamais pu exister 50 ans plus tôt. Même Paul était beaucoup plus modéré et cela lui a pourtant valu plusieurs menaces de mort. Au deuxième siècle, ces écrits se sont multipliés, notamment en raison de la prise de pouvoir du judéo-christianisme des prédicateurs de Jérusalem qui rejetaient les autres courants pagano-chrétiens, dans l’appellation de gnostiques, de façon à les différencier et de les dénigrer.
Ces écrits, sans tradition orale, avaient besoin de toucher un public plus érudit et devaient donc aller plus loin dans la sollicitation intellectuelle. C’est pour cela qu’ils prirent une forme plus ésotérique et une présentation moins narrative. L’Évangile selon Thomas est de cette veine.
Est-ce que l’évangile attribué à Jean est de la main d’Apollos et celui attribué à Thomas de celle de Valentin ? Je pense que les experts continueront d’en discuter dans plusieurs siècles. Mais il est vrai que la forme de ces textes correspond bien aux étapes que je viens de décrire.

Pour autant, il ne faut pas tomber dans le piège de la validation par l’antériorité. Ce n’est pas parce qu’un texte est plus ancien qu’un autre qu’il est plus authentique et plus valable. Paul qui n’a jamais connu celui que nous appelons Jésus et qui n’a même pas cherché à connaître ceux qui prétendaient l’avoir connu vivant, a écrit sur la base de l’inspiration reçue de christ. Et en matière de foi, c’est cela qui importe.

Chacun de nous est libre de suivre telle ou telle foi, mais en matière de recherche il ne faut fermer aucune porte et explorer toutes les pistes, même celles qui ne vont pas dans le sens de notre foi.

Éric Delmas, 20 novembre 2019.

Les cathares se sont-ils nommés ainsi eux-mêmes ?

5-1-Histoire du catharisme
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Les cathares se sont-ils nommés ainsi eux-mêmes ?

Le fond de la question

Les différents avis

Dans un courriel récent, Ruben Sartori, chercheur et exégète de qualité, nous rappelle sa position personnelle quant à l’origine du mot « cathare » attribué à ces chrétiens opposés sur le plan doctrinal aux judéo-chrétiens, que l’on a désigné un peu partout en Europe sous diverses appellations, le plus souvent locales. Je vous propose de la lire directement puisée dans ce courriel :

En ce qui concerne le mot cathares, et j’en terminerai là, beaucoup a été dit mais ce n’est pas la bonne piste à mon sens. Cathares est un mot bien connu qui appartient à littérature et à l’histoire chrétienne. Il désignait ceux qui au temps des persécutions romaines n’avaient pas abjurés la foi, ne l’avaient pas trahie. Il est donc bien normal que les cathares eux-mêmes se soient référés à ces illustres devanciers. Ils n’avaient pas trahie la vraie foi mais au contraire l’avaient courageusement maintenue en dépit des persécutions et des anathèmes. Cathares ou bons chrétiens, c’est le même sens et il n’est donc guère étonnant que les bons chrétiens se soient eux-mêmes désignés sous le terme de cathares comme l’attestent certaines sources.

Je rappelle qu’il s’agit du mot « catharos », qui signifie « purs » dont nous parle Ruben.

Cette opinion fait l’objet d’une controverse entre Christine Thouzellier — qui comme Ruben cite cette origine ancienne — et Jean Duvernoy qui valide la thèse du moine rhénan Eckbert de Schönau.
Je vous invite à la lire sur le site de Persée, car elle pose des problèmes non négligeables.
Notons cependant que cette interprétation est reliée systématiquement à des mouvement schismatiques judéo-chrétiens : les novatiens et les montanistes.

Deux autres sources nous sont connues à travers des textes qui nous sont parvenus.

La première et la plus connue, est due à un moine rhénan Eckbert de Schönau qui, dans un courrier adressé à l’archevêque de Cologne et chancelier de l’Empire, Rainald de Dassel, reprend un nom déjà connu à l’époque pour différencier une secte d’hérétiques d’une autre qu’il désigne comme les « partisans d’Hartwin1 » . Eckbert relate des éléments déjà connus par la révélation d’Évervin de Steinfeld. Il y eut bien deux groupes d’hérétiques, les premiers étaient des cathares et les seconds, sans doute des ancêtres ou une variante des vaudois.

Analyse de l’appellation

Ce que révèlent les sources c’est que ce nom n’a rien de savant. Eckbert de Schönau le dit clairement : « Ce sont eux qu’en langue vulgaire on appelle “cathares”… »

L’évêque de Cambrai parle lui de l’hérésie des Katter, que Jean Duvernoy propose de traduire par chats (cattorum) . Il poursuit sur le fait que ce mot ne dérive pas du latin, mais de l’allemand populaire. Initialement nommé Ketter, par Eckbert, il se dégrade en Ketzer, comme le Katte de l’évêque de Cambrai est devenu Katze.

Cette référence au chat ne doit rien au hasard, car le diable était alors désigné comme un chat blanc de la taille d’un veau.
Alain de Lille nous en donne l’explication : « Cathares, d’après catus, car, à ce qu’on dit, ils baisent le derrière d’un chat, sous la forme duquel, dit-on, leur apparaît Lucifer. » Il propose aussi deux autres étymologies, plutôt fantaisistes : une dérivée de « catha » qui voudrait dire écoulement, car le vice s’écoule d’eux comme le pus et « cathari » parce qu’ils se font chastes et justes.

Pour éviter tout rapprochement avec les novatiens, Eckbert proposait l’appellation « catharistes », nom d’une secte africaine combattue par Augustin d’Hippone.

Enfin, Jean Duvernoy précise clairement que de son point de vue, ni le corpus hérésiologique médiéval occidental, ni les cathares eux-mêmes n’ont compris ce mot comme signifiant « purs ». Ce terme est régulièrement employé par les polémistes catholiques et même par le pape Innocent III. Cela devrait nous convaincre qu’il ne peut s’agir d’un terme glorifiant, car on imagine mal leurs pires ennemis les parer d’un terme qui aurait pu les valoriser de quelque manière que ce soit.


Notes :

 

  1. Jean Duvernoy, La religion des cathares, in Les cathares, édition Privat 1976 (Toulouse), p. 14.
  2. Jean Duvernoy, ibid, p. 303

 

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7-Culture & études cathares
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