5e Dimanche de Pâques

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Messe du 5e dimanche de Pâques

1re lecture :

Actes des apôtres : 9, 26-31

26 – Arrivé à Jérusalem il tenta de se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient, sans croire qu’il fût disciple.
27 – Barnabé cependant le prit et le mena vers les apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il avait parlé franchement au nom de Jésus.
28 – Il allait et venait avec eux, dans Jérusalem, et parlait franchement au nom du Seigneur ;
29 – il parlait même aux Hellénisants et discutait avec eux ; et ce sont eux qui entreprirent de le supprimer ;
30 – les frères, sachant cela, le ramenèrent à Césarée et le renvoyèrent à Tarse.

Mon commentaire :
Comme Jésus et Étienne, Paul est menacé de mort par les Juifs, ce qui n’est pas le cas des autres apôtres et disciples. Cela indique que sa théologie est plus radicale que la leur. Après sa fuite de Damas et son retour à Jérusalem, Paul est menacé également par les Juifs Hellénisants, c’est-à-dire ceux de la diaspora dont font partie Pierre et Jean, ne l’oublions pas. Dans ses lettres Paul nie être retourné à Jérusalem dès sa conversion ce qui peut laisser penser que ce texte vise à en faire un inféodé aux responsables de Jérusalem.

31 – L’église avait donc la paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se bâtissait et marchait dans la crainte du Seigneur et, par la consolation du Saint Esprit, elle s’amplifiait.

Psaumes :22 (Vulgate 21), 26b-27, 28-29, 31-32

Eli, Eli, lamma sabactani.
26 – Par toi est inspiré mon chant de louange dans la grande assemblée, je vais accomplir mes vœux devant ceux qui le craignent.
27 – Les humbles mangeront et seront rassasiés, ceux qui cherchent Iahvé le loueront ; que leur cœur vive à jamais !
28 – Que se souviennent et que reviennent à Iahvé tous les confins de la terre et que devant sa face se prosternent toutes les familles des nations !
29 – Car à Iahvé appartient la royauté, il domine sur les nations.
30 – Devant lui seul se prosternent tous ceux qui dorment dans la terre, devant lui s’agenouillent tous ceux  qui  descendent dans la poussière. Mais pour lui vit mon âme
31 – et ma postérité le servira ; on parlera d’Adonaï à la génération qui vient,

Mon commentaire :
Ce chapitre 21, de la Vulgate car l’original ne compte pas autant de versets, est celui qui a servi largement de référence à la construction de la passion de Jésus. Son titre est d’ailleurs la phrase attribuée à Jésus dans les évangiles selon Matthieu et Marc, mais ni dans celui de Luc ni de Jean, qui comportent néanmoins des repères à ce psaume : « Éli, Éli, Iamma sabactani » (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?).
Que nous révèle ce texte ? Si l’homme juif s’adresse à Dieu et implore son aide, ce dernier reste muet, presque insensible à sa supplique. Il y a dans cet abandon à un dieu insensible des traces de la religion sumérienne dont le Judaïsme est un des héritiers.
Cela nous confirme donc que la passion n’est pas un récit littéral mais une évocation fortement interpolée par la culture juive. Or, on le sait, le récit de la passion était au cœur de la tradition orale du christianisme initial. Il faut donc s’interroger sur les motifs de cet emprunt au texte ci-dessus. On peut y voir un attachement culturel à un engagement aveugle et contre nature en quelque sorte, si l’on en juge par la réaction des témoins. Ce que le christianisme va apporter de plus à cet engagement c’est la motivation. Là où le Juif s’abandonne sans autre motif que le martyre, le judéo-chrétien y voit un Jésus qui se sacrifie pour le laver de ses propres fautes et le cathare y voit un Christ qui entérine l’invalidation de la loi mosaïque. C’est donc, une rupture, plus ou moins consommée, entre christianisme et judaïsme.

2e lecture :

Première lettre de Jean : 3, 18-24

18 – Petits enfants, n’aimons pas en parole avec la langue, mais en œuvre avec vérité.
19 – Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité et nous persuaderons devant lui notre cœur,
20 – si notre cœur nous blâme, que Dieu est plus grand que notre cœur et qu’il connaît tout.
21 – Chers, si notre cœur ne nous blâme pas, nous avons de la franchise envers Dieu,
22 – et quoi que nous demandions, nous le recevrons de lui parce que nous gardons ses commandements et faisons ce qui lui plaît.
23 – Et son commandement est de nous fier au nom de son Fils Jésus Christ et de nous aimer les uns les autres comme il nous en a donné commandement.
24 – Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu et Dieu en lui. Et nous connaissons qu’il demeure en nous à l’Esprit qu’il nous a donné.

Mon commentaire :
Enfin, l’amour revient au premier plan. Le verset 13 figure en entame du sermon de Pierre Authier à Pierre Maury dans les archives de l’Inquisition de Pamiers. C’est bien l’amour qui nous fait enfants de Dieu. Et cet amour se manifeste en actes au quotidien. Et cela est le seul commandement de Christ.

Évangile selon Jean : 15, 1-8

1 – Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron.
2 – Il enlève en moi tout sarment qui ne porte pas de fruit et il purifie tout sarment qui porte du fruit pour qu’il en porte davantage.
3 – Vous êtes déjà purs à cause de la parole que je vous ai dite.
4 – Demeurez en moi et moi en vous. Le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure pas dans la vigne, et vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
5 – Je suis la vigne, vous, les sarments. Qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire.
6 – Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il sèche. On les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent.
7 – Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et vous l’aurez.
8 – Cela glorifie mon Père que vous portiez beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples.

Mon commentaire :
Ce passage, extrêmement répétitif, fait penser à une technique d’enseignement que l’on apprenait autrefois en pédagogie. Elle visait à inculquer une notion dans un esprit plutôt réfractaire en la présentant sous différentes formes. Je sens dans cette façon de faire, l’annonce faite par Jésus de la prochaine dérive des chrétiens du premier siècle sous la houlette de Jacques le mineur et de Pierre, ainsi qu’une adresse faite à des élèves dont l’enseignant sait la piètre compétence à apprendre et comprendre. Cette mise en bouche est nécessaire à l’annonce du message central qui va venir.

Voici comment je reçois ces textes.

Guilhem de Carcassonne.

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