Solstice d’hiver – Natalis Solis

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Solstice d’hiver – Natalis solis

Sol invictus

Cette nuit, peu après minuit, la lumière reprendra son cycle vainqueur sur les ténèbres, inaugurant la période positive du cycle de ce monde, dans son hémisphère nord bien entendu.

Cette célébration correspondait, à l’époque où Jules César élabora son calendrier, au 25 décembre. Cette renaissance solaire est en fait une continuation du culte solaire indo-européen qui est à l’origine de toutes les religions du monde connu à l’époque. C’est ainsi que ce dieu soleil indo-européen (Sawel ou SuHel selon les sources) devint le dieu Sol chez les romains, Surya en Inde, Sòl dans la zone germanique, Saulè chez les lithuaniens et même Sauelios chez les gaulois. On note que le dieu du ciel diurne (de la lumière donc) est Dyeus qui donnera le peu connu dieu albanais Dielli et le très célèbre Zeus. Sawel est le fils de Dyeus tout comme Apollon (dieu assimilé à Helios) est fils de Zeus et Surya est fils de Dyaus. Le soleil est donc fils du dieu du ciel diurne. Tout comme Apollon a supplanté Helios, le dieu de la lumière est également remplacé dans les autres cultures : Belenos en Gaule, Dazbog chez les Slaves et, chez les indo-iraniens, Mitra (Inde) plus connu sous le nom de Mithra (Iran), figure majeure du Zoroastrisme.

C’est par une confusion de plusieurs cultures, le Mithra iranien hellénisé, le dieu sémitique Baal Shamin et le vieux dieu romain Sol indiges qu’apparu le dieu Sol invictus. Le culte de Mithra, introduit en 80 avant notre ère en Italie était une religion très répandue et, naturellement, son nouveau dieu syncrétique, Sol invictus, devint le concurrent naturel de Jésus, au point que Ernest Renan dit à son propos : « Si le christianisme eut été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eut été mithriaste ».

Le calendrier julien avait le défaut de ne pas tenir compte des onze minutes supplémentaires qui chaque année venaient perturber sa régularité, malgré le rattrapage des six heures effectué tous les quatre ans. De fait, quand le concile de Nicée décida de fixer la date de Pâques (en 325), le décalage fait tomber l’équinoxe le 21 mars au lieu du 25 ! Aucune correction n’étant effectuée, en 1582, l’équinoxe tombe le 11 mars, ce qui pousse le pape Grégoire XIII à réformer le calendrier julien en retirant quelques jours tous les quatre siècles. Cela ramène bien Pâques au 21 mars mais le solstice d’hiver tombe toujours le 21 décembre et non le 25. Par souci de ne pas invalider le concile de Nicée, le pape décide de laisser les choses ainsi.

Ce 25 décembre est donc dû à une erreur de calcul calendaire et c’est bien la naissance du soleil que l’on fête, d’où le nom de ce jour, dies natalis solis inuicti, qui donnera Noël.

Jésus, le Mithra judéo-chrétien ?

Une fois invalidée la fable de la naissance du fils du Dieu qui fit la lumière, il faut s’interroger sur sa réalité historique. Je ne reviendrais pas sur mon analyse publiée dans mon livre que je vous invite à consulter. Ce qui est certain c’est que les similitudes entre Jésus et Mithra sont loin d’être anecdotiques. Tous deux naissent le même jour dans une grotte, sont fils de Dieu et s’incarnent pour racheter les péchés de l’humanité. Sacrifié pour racheter les hommes, ils avaient douze disciples et échappèrent à leur tombeau. Leurs baptêmes, dans le sang d’un taureau pour Mithra et dans l’eau pour Jésus, se ressemblent et l’on retrouve même chez les deux une eucharistie à base de pain et d’eau.

Il est difficile de ne pas considérer que le Jésus judéo-chrétien fut mis en avant pour contrer le culte de Mithra encore fortement implanté dans les esprits des Romains christianisés de fait par un édit de Théodose Ier. Cette manœuvre finit par réussir puisqu’aujourd’hui plus personne ne parle de Mithra et tout les monde, ou presque, est convaincu par le récit judéo-chrétien.

Pour autant, cela ne suffit pas à totalement invalider l’existence d’un personnage remarquable appelé Jésus. Par contre, vu ce que je viens de dire, vu l’absence de récit concordant sur sa naissance dans les Évangiles et vu la quasi absence de récits le citant chez les auteurs juifs ou romains de l’époque, il est clair que si Jésus a existé, il n’a pas eu l’existence que les récits judéo-chrétiens lui accordent.

Qu’en pense le catharisme ?

De prime abord on pourrait penser que tout cela est bien loin des préoccupations des cathares. C’est vrai, mais si les Bons-Chrétiens ne devaient pas se sentir très concernés par cette date, ils avaient au moins appris des erreurs de leurs coreligionnaires judéo-chrétiens. C’est pourquoi la période de Noël était l’occasion de prêches de leur part.

Il est difficile également de ne pas remarquer que la période, que l’on pourrait considérer comme active de l’année telle qu’ils l’avaient organisée, semble se concentrer entre le solstice d’hiver et celui d’été. En effet, le carême de la régénération se termine le vendredi précédant le solstice d’hiver et le carême de la Consolation se déroule essentiellement avant le solstice d’été. La période de décroissance solaire est dénuée d’activité à l’exception du carême de la régénération qui la clôt.

Il est fort probable que l’organisation de l’année calendaire chez les cathares était prévue pour faire de la période positive, sur le plan de la croissance de la période diurne, la période la plus active. Ainsi, les croyants étaient-ils  amenés à y voir une analogie avec le catharisme dont le caractère positif semblait vouloir se situer pleinement dans cette période mondaine favorable et laissant la période négative au Néant.

Si cela peut sembler un peu tiré par les cheveux, il ne faut pas oublier qu’au Moyen Âge la population était encore imprégnée de paganisme et que le niveau culturel moyen rendait les gens sensibles à ce genre de symbolique. De nos jours, il est plus facile d’expliquer les choses clairement. Les cycles lumineux mondains ne sont en rien une extrapolation de la façon dont nous concevons les rapports entre le Bien et le Mal. Ce monde ne représente pas la lutte du Bien contre le Mal, puisque le Bien n’a pas de mal à opposer au Mal. Nous subissons simplement les cycles comme une des nombreuses vicissitudes de ce monde imparfait. Par contre, sur le plan allégorique, et dans l’objectif d’aider la compréhension de personnes qui n’en sont qu’au début de leur cheminement, l’utilisation du retour à la lumière est une façon pratique pour faire entendre des concepts un peu plus ardus.

C’est pourquoi il est acceptable de proposer aux sympathisants le symbole d’un renouveau de la lumière céleste comme une allégorie de l’éveil de l’esprit saint prisonnier du corps de boue. Le solstice d’hiver est donc particulièrement adapté à la diffusion de l’enseignement cathare envers le plus large public.

Éric Delmas, le 21 décembre 2014

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