Adam, mythe ou réalité ?

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Adam, mythe ou réalité ?

Mythes et réalités sont-ils inconciliables ?

D’une façon habituelle, mythe et réalité sont des antonymes. En effet, le mythe est l’opposé de la réalité car il désigne une hypothèse contredite par la réalité. Pourtant, certains préfèrent croire des hypothèses mythiques alors que la réalité qui nous est proposée est toute autre.

L’opposition entre créationnisme et évolutionnisme est un exemple concret de cette opposition entre mythe et réalité. En effet, le créationnisme suppute que Dieu a créé l’univers et l’homme de sa propre volonté alors que l’évolutionnisme nous enseigne que notre univers, la Terre et l’homme sont des phénomènes apparus progressivement par modification ou adaptation d’éléments existant antérieurement. Cette opposition, apparemment irréductible, empêche chaque camp de noter que leur propre théorie comporte des points flous ou incohérents. En étudiant ces points de discordance dans chacune des théories, peut-on les rapprocher au point de proposer une hypothèse nouvelle qui semble plus cohérente ? C’est ce que j’essaie de faire ici, non pour prétendre que mon hypothèse est une nouvelle vérité, mais plutôt pour montrer qu’elle devient un possible tout à fait défendable.

Et si la Genèse nous apportait un élément de réponse ?

Ainsi que je l’ai déjà signalé, les deux premiers chapitres de la Genèse comportent des informations apparemment redondantes, voire contradictoires.

Dans le premier chapitre, au verset 26 nous lisons : Élohim dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance… …Élohim créa donc l’homme à son image, à l’image d’Élohim il le créa… »

Comment comprendre ces phrases ? Tout d’abord, Élohim est un pluriel, ce qui semble être confirmé par le pluriel de faire qui suit (faisons). Cela nous rappelle qu’une des théories chrétiennes classées dans le gnosticisme faisait de la création du monde l’œuvre d’anges malins, parmi lesquels le démiurge était le plus important. Pour la suite, rien à redire, il s’agit bien d’une création ex nihilo, telle qu’on l’imagine.

Dans le chapitre 2, au verset 7, on lit : Alors Iahvé Élohim forma l’homme, poussière provenant du sol, et il insuffla en ses narines une haleine de vie et l’homme devint âme vivante.

Comme nous le voyons, les choses sont bien différentes. D’abord le pluriel Élohim devient Iahvé Élohim. Comme si l’on voulait différencier, au sein d’un groupe, un élément qui en est membre mais qui agit indépendamment des autres membres. Comparé au chapitre précédent, on peut comprendre cela comme, soit la description d’une des créations réalisée par un des membres du groupe multiple, soit comme une création réalisé par un élément extérieur au groupe qui prétend en faire partie. Mais peut-on réellement parler de création ? En effet, il s’agit plutôt de confection réalisée à partir de la poussière du sol, suivie d’une animation par le moyen d’un souffle. En fait c’est le souffle qui semble importer le plus. Cela nous rappelle cette compréhension des cathares mitigés qui considéraient que le démiurge avait façonné l’homme mais, que ne pouvant le doter de la moindre compétence comparable à la création divine, il avait imploré Dieu d’animer sa créature ce à quoi ce dernier avait consenti tout en imposant de conserver le contrôle de la créature ainsi formée.

On peut donc envisager que la première création soit en fait la véritable création divine, c’est-à-dire réalisée sans support matériel et ayant toutes les caractéristiques du modèle. Ainsi les cathares disant que nous sommes des esprits consubstantiels à leur créateur seraient dans la droite ligne de cette conception. La seconde création serait, toujours dans l’esprit des cathares, une imitation de la création divine, imparfaite et incomplète, finalisée selon les groupes cathares, soit par introduction d’une part divine par le démiurge, soit par insufflation de cette part divine par le créateur lui-même.

Et si l’évolutionnisme laissait de la place à l’interprétation ?

Dans la théorie évolutionniste l’univers apparaît par le biais du Big Bang et l’homme évolue lentement du primate à l’homo sapiens par des bonds successifs.

D’abord, le concept du Big Bang, même si nous savons qu’il s’agit d’une simplification destinée au grand public, est critiquable. En effet, pour qu’il se produise et se développe l’univers doit obéir à des lois physiques qui sont présentent avant que l’univers n’apparaisse. Cela s’oppose à l’idée que le Big Bang soit le début de tout. Il y aurait donc eu quelque chose avant. De même, l’étude de l’évolution de l’homme montre des progrès constants de chaque groupe ayant conduit à l’homme, comme l’indique le tableau ci-dessous. Ces évolutions sont dictées par l’intérêt de survie de l’espèce à l’exception d’un seul, la capacité d’abstraction. En effet, l’abstraction n’apporte rien de concret à l’homme et ne constitue pas un saut évolutionniste dans l’espèce puisqu’elle apparaît à la fin des néanderthaliens et alors que les sapiens sont largement en place depuis longtemps.

Je ne connais pas de théorie scientifique qui place cette évolution comme logique dans le développement humain, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un cas unique dans le monde animal, du moins avec cette amplitude.

Est-ce que ces failles dans chacune des théories évoquées peuvent servir à les unifier partiellement ? C’est ce que je vais tenter de faire maintenant.

Et si l’homme et Adam étaient compréhensibles par les deux théories ?

En effet, alors que l’évolution recherche très loin le fameux chaînon manquant, marquant la rupture entre le primate et l’homme, peut-être que celui-ci serait en fait beaucoup plus récent et différencierait en réalité l’homme mondain, création du démiurge, de l’homme spirituel composé d’un corps créé par le démiurge emprisonnant un esprit saint issu de la création divine ; l’Adam de la Bible.

La Genèse nous relaterait dans son premier chapitre, la création divine, productrice d’esprits saints consubstantiels au bon principe. Cet épisode est logiquement ignoré de l’évolutionnisme puisqu’il ne se passe pas dans l’univers visible. Dans le deuxième chapitre, cet esprit saint — représenté par le souffle de vie — est incorporé dans un être façonné avec de la poussière. Dès lors, cet être frustre et manifestement peu conforme à l’idée de son créateur initial acquiert un statut très différent. C’est là que l’évolutionnisme rejoint, au moins partiellement, le créationnisme. En effet, ce dernier décrit ce qui se passe dans l’univers visible tout en laissant la place à l’idée que cela n’est pas tout ce qui peut logiquement exister, notamment l’avant Big Bang et l’espace dans lequel l’univers s’étend. De même l’homme se développe comme le reste de la nature et des autres animaux en développant des capacités, certes plus importantes que les autres espèces, mais néanmoins strictement pragmatiques vis-à-vis de son intérêt de survie. Or, tout à coup, sans raison apparente, une nouvelle compétence apparaît au sein d’une espèce déjà bien implantée et totalement dépourvue de cette compétence auparavant. La théorie évolutionniste qui est totalement observatrice ne peut aller plus que de constater ce fait et le créationnisme dans sa lecture mythique, ne peut accepter de placer deux créations simultanées dont une serait une évolution de la précédente.

Mais pour les cathares cela serait tout à fait acceptable. Ainsi, l’homme créé dans l’univers visible, l’Adam de la Genèse, serait le composé entre l’homme terrestre et l’esprit saint spirituel. Et l’on comprend mieux en fait le message de Jésus qui nous invite à séparer l’Adam de sa prison charnelle pour faire resurgir le Christ qu’il renferme puisque Christ n’est rien d’autre qu’un esprit saint en mission dans notre univers.

Et c’est pourquoi il faut laisser l’Adam mourir en nous pour permettre l’émergence de Christ, c’est à dire libérer l’esprit de la prison charnelle que représente l’homme mondain d’avant l’apparition de l’abstraction.

Éric Delmas – 09/03/2015

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