Mercredi des cendres

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Mercredi des cendres

Institué en vue de la préparation à la fête de Pâques, le carême est une période où sont mis en avant, le jeûne, la pénitence et les offrandes. Pour marquer son début, les catholiques romains ont institué à la fin du 6e siècle une cérémonie au cours de laquelle le prêtre marque les croyants d’une croix de cendres sur le front. Ces cendres bénites, obtenues à partir des rameaux brûlés l’année précédente lors de la fête du même nom, sont conservées pour cet usage. Les filles née ce mercredi de début de carême furent longtemps baptisée du prénom de Cendrine.

Le carême se voulait une remémoration des 40 jours passés dans le désert par Jésus. Les cathares faisaient donc 40 jours de carême lors des trois temps forts de l’année : avant l’équinoxe de printemps, après la Consolation de Pentecôte et avant le solstice d’hiver. Celui qui suit Pentecôte rappelle que le consolé doit demeurer aussi pur que possible après la cérémonie, qui était d’ailleurs suivie d’une endura — c’est-à-dire trois jours et trois nuit de jeûne total —, souvent confondue avec un suicide rituel par les observateurs extérieurs. En effet, lors des Consolations données aux mourants, ce jeûne pouvait hâter la fin, même si certains témoignages attestent des cas où le patient s’en remettait, sans doute que le mal ayant fait craindre la mort était lié à un trouble intestinal. Le rajout de quelques jours au carême chez les judéo-chrétiens est-il une façon de compenser l’abandon des deux autres carêmes, ou bien s’agit-il d’une pratique dont la motivation s’est perdue ?

1re lecture :

Joël : 2, 12-18

12 – Dès maintenant — oracle de Iahvé — revenez jusqu’à moi de tout votre cœur, par le jeûne, par les pleurs, par la lamentation.
13 – Déchirez votre cœur et non vos vêtements, revenez à Iahvé, votre Dieu, car il est clément et miséricordieux, longanime et abondant en grâce, se repentant devant le malheur.
14 – Qui sait ? Il reviendra et se repentira, il laissera après lui une bénédiction ! Oblation et libation à Iahvé, votre Dieu !
15 – Sonnez du cor dans Sion, consacrez un jeûne, convoquez une réunion,
16 – assemblez le peuple, consacrez le rassemblement, groupez les vieillards, assemblez les petits enfants et ceux qui sucent les mamelles ! Que le nouveau marié sorte de sa chambre et la nouvelle mariée de son pavillon !
17 – Entre le vestibule et l’autel, que les prêtres pleurent, eux, les ministres de Iahvé, et qu’ils disent : Épargne ton peuple, ô Iahvé, et ne livre pas à l’opprobre ton héritage, pour que les nations se moquent d’eux ! Pourquoi dirait-on parmi les peuples : Où est leur Dieu ?
18 – Or Iahvé fut plein de zèle pour sa terre et il eut pitié de son peuple.

Mon commentaire :
Joël, prophète pré ou post exilique (6ou 4siècle avant notre ère), selon les sources, est considéré comme le prophète de la pénitence. Son livre, daté du 4ou du 2siècle avant notre ère semble être destiné à la lecture publique. Ses références apocalyptiques donnent à penser à une écriture post exilique où la nation juive veut se repentir des tribulations vécues à Babylone. Ici, la recherche de rédemption est claire et fait appel au jeûne et à la contrition. Iahvé y est présenté comme se repentant des maux infligés aux hébreux et l’appel du prophète vise à rétablir l’alliance privilégiée entre Iahvé et son peuple. En fait, la faiblesse est des deux côtés et la repentance aussi. Les judéo-chrétiens ne retiendront pas la faute de Dieu et les cathares rejettent toute faute sur le démiurge.

Psaumes : 51 (Vulgate 50), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14. 17

Le ‘Miserere’ attribué à David
3 – Aie pitié de moi, Élohim selon ta grâce, selon ta grande miséricorde efface mes forfaits !
4 – Lave-moi complètement de ma faute, et de mon péché purifie-moi,
5 – car, moi, je reconnais les forfaits et mon péché est sans cesse devant moi.
6 – C’est contre toi seul que j’ai péché et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux,
12 – Crée en moi un cœur pur, Élohim, et rénove en mon sein un esprit ferme ;
13 – ne me rejette pas de devant toi et ne m’enlève pas ton esprit saint,
14 – rends-moi l’allégresse de ton salut et soutiens-moi par un esprit de noblesse,
15 – que je puisse enseigner tes voies aux transgresseurs et que les pécheurs reviennent à toi !
16 – Délivre-moi du sang, Élohim, Dieu de mon salut, ma langue acclamera ta justice.
17 – Adonaï, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange.

Mon commentaire :
Comme toujours dans les psaumes, l’homme est incapable d’agir et seul son Dieu peut le purifier et le sauver. Cependant, on trouve des accents que les cathares n’auraient pas renié.

2e lecture :

Deuxième lettre de Paul aux Corinthiens : 5, 20 – 6, 2

20 – Nous sommes ambassadeurs du Christ, comme si Dieu exhortait par nous. Soyez réconciliés avec Dieu, nous vous le demandons pour le Christ.
2 – car il est dit : Je t’ai exaucé au moment favorable, et au jour du salut je t’ai secouru. Le voici le moment favorable, le voici le jour du salut.

Mon commentaire :
Le bricolage de ces deux chapitres cache le message essentiel de Paul au profit d’un mélange entre Christ et l’AT.

Évangile selon Matthieu : 6, 1-6. 16-18

1 – Prenez garde à ne pas faire les justes devant les hommes pour en être remarqués ; sinon vous n’aurez pas de salaire auprès de votre Père qui est dans les cieux.
2 – Quand tu fais l’aumône ne le trompète donc pas comme font ces comédiens dans les synagogues et dans les rues, pour tirer gloire des hommes ; oui je vous le dit, ils ont reçu leur salaire.
3 – Toi, quand tu fais l’aumône, que ta gauche ignore ce que fait ta droite,
4 – pour que ton aumône reste dans le secret ; et ton père qui regarde dans le secret te le rendra.

Mon commentaire :
Jésus est clair, il n’est pas profitable pour l’esprit de faire du bien en se faisant remarquer. Ceux qui font du bien de façon ostensible le font d’abord pour leur propre profit. Le croyant cathare ne refuse son aide à personne quand il perçoit un besoin, mais il le fait discrètement et sans avoir besoin de structure organisée. S’il ne peut le faire lui-même il donne des moyens à ceux qui peuvent le faire. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir d’œuvre caritative cathare, comme on en voit dans d’autres religions.

5 – Et quand vous priez, vous ne serez pas comme ces comédiens qui aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des rues pour paraître aux yeux des hommes ; oui je vous le dit ; ils ont reçu leur salaire.
6 – Toi, quand tu pries, entre dans ta resserre, ferme ta porte, et prie ton père qui est dans le secret et ton père qui voit dans le secret, te le rendra.

Mon commentaire :
De la même façon, la prière doit être un moment d’humilité et de discrétion. Les cathares ne prient pas en public. Au quotidien, il convient donc de prier dans un lieu retiré et calme.

16 – Quand vous jeûnez, ne soyez pas sombres, comme ces comédiens qui rongent leur face pour que leur jeûne paraisse aux yeux des hommes ; oui je vous le dis, ils ont reçu leur salaire.
17 – Toi, quand tu jeûnes, oins-toi la tête et lave ta face,
18 – pour que ton jeûne paraisse non aux yeux des hommes mais à ton père, qui est dans le secret ; et ton père qui voit dans le secret, te le rendra.

Mon commentaire :
Là encore, le chrétien ne doit pas rechercher la gloire auprès des hommes pour les actions qu’il pratique au nom de sa foi. Tout ce que l’on fait pour servir Dieu doit être fait dans la discrétion. Notre action n’est pas méritoire car nous sommes des serviteurs inutiles à Dieu. Nous agissons par Bienveillance, comme nous espérons être, nous aussi, traités avec Bienveillance. Le jeûne n’a rien d’extraordinaire, aussi doit-il être vécu et pratiqué comme n’importe quelle autre activité.

Voici comment je reçois ces textes.

Guillhem de Carcassonne.

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