Dédicace de la basilique Saint Jean de Latran

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Messe de la Dédicace de la basilique Saint Jean de Latran

La basilique Saint-Jean-de-Latran est la première et l’une des quatre basiliques majeures de Rome, édifiée sur le mont Latran. Son titre exact est basilique du Très-Saint-Sauveur et des saints Jean Baptiste et Jean l’Évangéliste, au Latran.
Construite à partir de 320, elle est l’église cathédrale de l’évêque de Rome, le pape. Elle porte le titre, inscrit sur le fronton, de « omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput », qui signifie « mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde ».
Première église à être publiquement consacrée — le 9 novembre 324 par le pape Sylvestre Ier — elle prit progressivement (à partir du XIIe siècle) le nom de basilique Saint-Jean par association à son important baptistère voisin, dédié à saint Jean-Baptiste, le plus ancien de Rome.>
Pendant plus de dix siècles, les papes (évêques de Rome) résidèrent dans le palais du Latran voisin. Dans les murs de la basilique se réunirent plus de 250 conciles, dont les cinq conciles œcuméniques du Latran.

C’est lors du 11e concile œcuménique qui s’y tint en trois sessions : les 5, 7 (ou 14) et 19 (ou 22) mars 1179, que les 200 pères conciliaires prirent le canon n° 27 ainsi rédigé :
Quoique l’Église, suivant que le dit saint Léon, rejette les exécutions sanglantes, elle ne laisse pas d’être aidée par les lois des princes chrétiens, en ce que la crainte du supplice corporel fait quelquefois recourir au remède spirituel ; c’est pourquoi nous anathématisons les hérétiques nommés cathares, patarins ou publicains, les albigeois et autres qui enseignent publiquement leurs erreurs, et ceux qui leur donnent protection ou retraite, défendant, en cas qu’ils viennent à mourir dans leur péché, de faire des oblations pour eux, et de leur donner la sépulture entre les chrétiens. Le concile ordonne de dénoncer excommuniés, dans les églises, les jours de dimanches et de fêtes, les brabançons, les cotteraux, etc., qui portaient la désolation partout. Il permet même de prendre les armes contre eux, et reçoit ceux qui les attaqueront sous la protection de l’Église, comme ceux qui visitent le saint sépulcre. Ces cotteraux ou roturiers étaient des troupes ramassées dont les seigneurs se servaient pour leurs guerres particulières, et qui vivaient sans discipline et sans religion. Labb. X ; Anal. des conc.

Mon commentaire :
Comme on le voit, avant même l’arrivée à la tête de l’Église de Rome de innocent III, les cathares étaient dans la ligne de mire des Catholiques. Notons au passage que, contrairement à ce qu’affirment aujourd’hui certains historiens, le terme cathare est bien employé à l’époque et mis en parallèle avec d’autres termes désignant les mêmes « hérétiques », comme patarins et publicains.

Le quatrième concile de Latran (douzième dans l’ordre œcuménique) s’y tint en trois séances solennelles, les 11, 20 et 30 novembre 1215 sur l’initiative du pape Innocent III dans le but de prêcher la croisade et de parler de la réforme de l’Église. Ainsi, la bulle d’indiction du concile, Vineam Domini Sabaoth, est publiée le 19 avril 1213, le même jour que celle de croisade (Quia major nunc). Il renforce les mesures contre les hérésies et notamment le Catharisme en destituant Raymond Vi, comte de Toulouse et en renforçant le pouvoir des évêques.

1re lecture :

Ézéchiel 47, 1-2. 8-9. 12

1 – Il me ramena à l’entrée de la Maison et voici que de l’eau sortait de dessous le seuil de la Maison, vers l’orient ; la façade de la Maison était, en effet, à l’orient. L’eau descendait par en dessous du côté sud de la Maison, au sud de l’autel.
2 – Puis il me fit sortir par l’itinéraire de la porte nord et me fit faire le tour par l’itinéraire extérieur jusqu’à la porte extérieure qui fait face à la direction de l’orient, et voici que l’eau coulait du côté méridional.
8 – Il me dit : « Cette eau s’en va vers le district oriental ; elle descend dans la Arabah, débouche dans la mer, dans l’eau nauséabonde et l’eau sera assainie.
9 – Tout animal vivant qui foisonne vivra partout où le torrent parviendra ; le poisson sera très nombreux quand cette eau parviendra là ; et [l’eau de mer] sera assainie ; il y aura de la vie partout où parviendra le torrent.
12 – Près du torrent, sur ses rives, de part et d’autre, pousseront toutes sortes d’arbres fruitiers dont le feuillage ne se flétrira pas et dont les fruits ne s’épuiseront pas : chaque mois ils produiront de nouveaux fruits, car leurs eaux proviennent du sanctuaire ; leurs fruits serviront de nourriture et leur feuillage de remède.

Mon commentaire :
Le prophète décrit la vision au cours de laquelle Iahvé donne ses ordres concernant l’organisation de la vie en Israël. Après les obligations décrites plus tôt dans le texte, voici la récompense promise. Les eaux sacrées coulant du sanctuaire assainissent la Mer morte et lui rendent la vie. C’est le système contractuel que nous connaissons bien.

Mais la liturgie nous propose un autre texte au choix :

Première lettre de Paul aux Corinthiens : 3, 9c-11. 16-17

9 – Car nous sommes les collaborateurs de Dieu. Vous, vous êtes le labour de Dieu, la bâtisse de Dieu.
10 – Selon la grâce que Dieu m’a donnée j’ai, en bon architecte, établi les fondations, un autre bâtit dessus ; à chacun de voir comment il bâtit.
11 – Car nul ne peut établir d’autres fondations que celles qui sont, c’est-à-dire Jésus Christ.

Mon commentaire :
Ce choix, qui astucieusement joue lui aussi sur le thème de la maison, montre Paul en train de critiquer Apollos dont la prédication le gêne. D’abord, il commence par une approche humble : nous sommes tous deux des serviteurs. Il indique quand même son antériorité en précisant que c’est lui qui a planté. Le verset 10 fait de Paul quelqu’un de plus important (l’architecte) et d’Apollos un simple constructeur. Et encore, Paul introduit un doute sur la qualité de sa construction. Ensuite, il semble se contredire en précisant que les fondations sont déjà préexistantes, ce qui revient à dire que lui n’a pas établi de fondations, tout au plus les a-t-il révélées.

16 – Ne savez-vous pas que vous êtes le sanctuaire de Dieu et que l’esprit de Dieu habite en vous ?
17 – Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint ; c’est ce que vous êtes.

Mon commentaire :
Le verset 17, remanié par le scribe comme le rappelle Paul-Louis Couchoud, fait de Dieu un vengeur alors que la version de Marcion dit simplement : « Il sera détruit » et non : « Dieu le détruira ». Paul dit simplement que ceux qui pervertissent les hommes en train de suivre la voie de Christ commettent un péché si grave que le salut leur sera refusé. C’est une accusation à demi-mot contre Apollos que Paul accuse de pervertir son message.

Psaumes : 46 (Vulgate 45), 2-3, 5-6, 8-9a. 10

2 – Élohim est pour nous un refuge, une force, un secours qu’on trouve toujours dans les angoisses.
3 – C’est pourquoi nous n’avons pas peur, si la terre change, si les montagnes s’ébranlent au sein de la mer,
5 – D’un fleuve les canaux réjouissent la cité d’Élohim, la plus sainte des demeures du Très-Haut.
6 – Élohim est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée, Élohim la secourt à l’approche du matin.
8 – Iahvé des armées est avec nous, le Dieu de Jacob est une citadelle pour nous.
9 – Venez voir les œuvres d’Élohim,
10 – Il fait cesser les guerres jusqu’au bout de la terre, il brise l’arc et rompt la lance, il brûle les chars par le feu.

Mon commentaire :
Outre l’apparent polythéisme (Élohim, Iahvé), on note le choix de présenter ce dieu sous un aspect positif en retirant du texte initial tout ce qui peut choquer.

2e lecture :

Évangile selon Jean : 2, 13-22

13 – La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem.
14 – Il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et changeurs installés.
15 – Faisant un fouet avec des cordes, il les expulsa tous du temple, et les brebis et les bœufs, et il renversa la monnaie des changeurs et retourna leurs tables.
16 – Et il dit aux vendeurs de colombes : Enlevez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon père une maison de négoce.
17 – Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : Le zèle de ta maison me dévore.

Mon commentaire :
Cette version est une des moins violente de celles qui nous sont parvenues. Je note que Jésus chasse manuellement les vendeurs d’offrandes les plus chères (bœufs et brebis) ainsi que ceux qui manipulent directement l’argent mais qu’il se contente du raisonnement pour faire partir ceux qui vendent les offrandes modestes (colombes) aux plus pauvres. Ce faisant, ce n’est pas seulement aux vendeurs qu’il s’en prend mais à la classe sacerdotale des lévites et des prêtres qui sont rémunérés exclusivement par une part prise sur les ventes des offrandes. On comprend pourquoi les cathares attachaient de l’importance à gagner eux-mêmes leur subsistance et à ne pas dépendre d’une forme quelconque de mendicité. En supprimant le recours à l’argent, il replace la prière simple et personnelle au centre de la relation spirituelle.

18 – Alors les Juifs lui demandèrent : Quel signe nous montres-tu pour agir de la sorte ?
19 – Jésus leur répondit : Défaites ce sanctuaire, et dans trois jours je le relèverai.
20 – Les Juifs lui dirent : Voilà quarante-six ans qu’on bâtit ce sanctuaire, et toi, tu le relèves dans trois jours ?
21 – Mais il parlait du sanctuaire de son corps.
22 – Quand il fut relevé d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il en avait parlé et ils se fièrent à l’écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Mon commentaire :
Cet épisode semble plus là pour rattacher Jésus à la tradition juive qu’autre chose. Par contre, il est clair que les disciples ne sont pas plus avisés que les autres Juifs. Ils ne comprennent les paroles de Jésus que a posteriori.

Voici comment je reçois ces textes.

Guilhem de Carcassonne.

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