Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
Messe du 8e dimanche du temps ordinaire
1re lecture :
Genèse : 2, 7-9 ; 3, 1-7a
7 – Alors Iahvé Élohim forma l’homme, poussière venant du sol, et il insuffla en ses narines une haleine de vie et l’homme devint âme vivante.
Mon commentaire :
Comment ! En 1.27, Dieu crée l’homme et la femme et là, il recommence !
En outre, il ne le crée plus de sa seule volonté, mais à partir de matière et il l’anime en y insufflant quelque chose.
Voilà une façon de faire peut compatible avec l’image d’un dieu tout puissant.
Comment ne pas imaginer que ce que ce dieu insuffle dans la matière façonnée puisse être étranger à la création de ce dieu ?
Ce qui semble incohérent dans l’optique judéo-chrétienne est parfaitement cohérent dans celle du Christianisme cathare.
Ce dieu — que l’on peut appeler comme on veut (Satan, Lucifer, etc.) — est le mauvais principe, ou son démiurge, en train de mettre en place une création qu’il veut comparable à celle de Dieu. Ce qu’il insuffle est la part de l’Esprit divin dérobé à la création divine et amoindri pour en faire son serviteur, l’Adam primordial !
Effectivement, cette présentation des choses explique que les ténèbres préexistent sur la lumière et que l’homme soit fait de deux pièces, une issue de la matière et l’autre un souffle (un esprit dérobé à la création divine).
8 – Iahvé Élohim planta un jardin en Éden, à l’Orient, et il y plaça l’homme qu’il avait formé.
9 – Iahvé Élohim fit germer du sol tout arbre agréable à voir et bon à manger, ainsi que l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la science du bien et du mal.
Mon commentaire :
Bizarre. Cet arbre va causer bien des problèmes à ce dieu qui malgré tout le met en place. Quelle surprenante vision de sa toute-puissance, lui qui ne peut s’empêcher de semer la graine qui va détruire son édifice.
1 – Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs qu’avait faits Iahvé Élohim. Il dit à la femme : « Est-ce que vraiment Élohim a dit : Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin ? »
2 – La femme dit au serpent : « Du fruit des arbres du jardin nous pouvons manger,
3 – mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Élohim a dit : « Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, de peur que vous ne mouriez. »
Mon commentaire :
Si cet animal est une création de ce dieu, son comportement est bizarre. Il semble être le seul animal à pouvoir s’adresser à la femme et est déjà très indépendant de son créateur. Mais on pourrait aussi imaginer qu’il ne soit pas de cette création, ou qu’il soit investi d’un « esprit » issu d’une autre création. Ce pourrait être, à l’instar du Christ, un esprit non tombé au pouvoir du mal qui aurait pris l’apparence du serpent pour informer l’homme de la situation.
4 – Le serpent dit à la femme : Vous n’en mourrez pas,
5 – mais Élohim sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux se dessilleront, et que vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal.
Mon commentaire :
Ce serpent en sait long pour une simple créature terrestre. Et ce dieu est bien craintif et bien puéril, en plus de ses autres qualités.
6 – La femme vit que l’arbre était bon à manger et qu’il était agréable aux yeux et que l’arbre était plaisant à contempler. Elle prit de son fruit et en mangea, elle en donna aussi à son mari qui était avec elle et il en mangea.
7 – Alors se dessillèrent leurs yeux, à tous deux, et ils surent qu’ils étaient nus. Ils cousirent donc des feuilles de figuier et se firent des ceintures.
Mon commentaire :
Donc, le serpent avait raison et le dieu avait tort !
Ils ont mangé de l’arbre de la connaissance et n’en sont pas morts.
Cela leur a révélé leur véritable état – ils sont nus – alors qu’avant ils l’ignoraient, aveuglés qu’ils étaient par ce dieu.
Ce même dieu qui est incapable de faire en sorte que l’arbre de la connaissance et le serpent n’existent, qui leur ment et n’est pas capable de les contrôler.
Que d’impuissance chez un tout-puissant.
En réalité, il faudrait voir les choses autrement. Ce vil imitateur de la création divine est un bricoleur du dimanche. Incompétent (il s’y reprend à plusieurs fois pour un même usage), incapable de maîtriser la situation, il ne peut que laisser éclater sa colère et chasser ses créatures de l’enclos où il les avait parqués.
Psaumes : 51 (Vulgate 50), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14. 17
Le « Miserere » attribué à David
3 – Aie pitié de moi, Élohim, selon ta grâce, selon ta grande miséricorde efface mes forfaits !
4 – Lave-moi complètement de ma faute, et de mon péché purifie-moi,
5 – car, moi, je reconnais mes forfaits et mon péché est sans cesse devant moi.
6 – C’est contre toi seul que j’ai péché et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux, pour que tu sois juste, quand tu édictes, que tu sois sans faute, quand tu juges.
12 – Crée en moi un cœur pur, Élohim, et rénove en mon sein un esprit ferme ;
13 – ne me rejette pas de devant toi et ne m’enlève pas ton esprit saint,
14 – rends-moi l’allégresse de ton salut et soutiens-moi par un esprit de noblesse,
15 – que je puisse enseigner tes voies aux transgresseurs et que les pécheurs reviennent à toi !
17 – Adonaï, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange.
Mon commentaire :
Là encore, le juif reste passif, se contentant de se charger de toutes les fautes et espérant de son Dieu l’action purificatrice. Le catharisme pense, au contraire, que c’est à l’homme d’agir pour mériter son salut.
2e lecture :
Lettre de Paul aux Romains : 5, 12-19 (ou brève : 12.17-19)
12 – Et comme par un seul homme le péché est entré dans le monde et, par le péché, la mort, et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes, du fait que tous ont péché…
13 – Car jusqu’à la Loi le péché était dans le monde, mais le péché ne compte pas quand il n’y a pas de loi ;
14 – la mort a pourtant régné depuis Adam jusqu’à Moïse, et sur des gens qui n’avaient pas péché d’une transgression pareille à celle d’Adam, lequel est l’empreinte de celui qui devait venir.
Mon commentaire :
Le verset 13 est parfaitement juste. La Loi crée la notion de péché en ce qu’elle décide de ce qui est bon ou pas. Les cathares le disaient aux croyants : « Nous seuls sommes pécheurs et non vous, car nous avons l’entendement du Bien. »
15 – Mais il n’en est pas du don comme de la faute : si en effet par la faute d’un seul beaucoup sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don ont-ils, par la grâce d’un seul homme, Jésus Christ, abondé sur beaucoup.
16 – Et il n’en est pas de cette faveur comme du péché d’un seul, car à partir d’un seul le jugement aboutit à la condamnation, tandis qu’à partir de beaucoup de fautes le don aboutit à la justification.
17 – Si en effet par la faute d’un seul la mort a par lui seul régné, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice règneront-ils à vie par Jésus Christ seul.
18 – Donc comme la faute d’un seul aboutit à la condamnation pour tous les hommes, la justice d’un seul aboutit à la justification à vie pour tous les hommes ;
19 – et comme la désobéissance d’un seul homme a constitué beaucoup de pécheurs, l’obéissance d’un seul constituera beaucoup de justes.
Mon commentaire :
Ce final est de la même veine et tente de créer un parallèle entre celui par qui toute l’humanité fut plongée dans la faute et celui par qui elle est désormais accessible au Bien. Cette volonté de lier tous les humains es typique des religions positives. Elles ont pour objet de gérer la vie en ce monde. Le catharisme ne s’occupe pas de cela. Son but est d’éveiller chaque individu à sa réalité personnelle et de l’aider, s’il est prêt à le faire, à cheminer vers sa propre vérité et son salut. De mon point de vue nous pouvons considérer que seuls les cinq premiers versets sont authentiquement de Paul. Cette falsification du texte de Paul montre l’ambivalence de l’Église de Rome qui ne peut occulter ses écrits, mais qui veut en contrôler le sens
Évangile selon Matthieu : 4, 1-11
1 – Alors Jésus fut emmené au désert par l’Esprit pour être mis à l’épreuve du diable.
2 – Et après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
3 – Le tentateur s’approcha et lui dit : Si tu es fils de Dieu, dis que ces pierres soient des pains.
4 – Et lui de répondre : il est écrit : L’homme ne vit pas que de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
5 – Alors le diable l’emmène dans la ville sainte, le place sur le pignon du temple
6 – et lui dit : Si tu es fils de Dieu jette-toi en bas ; cr il est écrit : Il donnera des ordres pour toi à ses anges, et ils t’élèveront sur leurs mains de peur que tu heurtes ton pied à une pierre.
7 – Jésus lui dit : Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.
8 – Le diable l’emmène encore sur une montagne fort haute, lui montre tous les règnes du monde et leur gloire
9 – et lui dit : Je te donnerai tout cela si tu tombe prosterné devant moi.
10 – Alors Jésus lui dit : Vas-t’en, Satan, car il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu et le serviras lui seul.
11 – Alors le diable le laisse ; et voilà que des anges s’approchèrent à son service.
Mon commentaire :
L’ascèse et le jeûne sont montrés comme une faiblesse, vu de l’extérieur mais comme une force pour celui qui les pratique. Après quarante jours de jeûne le diable pense pouvoir intervenir efficacement. Il se révèle petit à petit, par des demandes de plus en plus importantes : tranformer des pierres en pains, tenter de se suicider et enfin, l’adorer comme un Dieu. Ce qui importe est de constater la totale liberté d’action du diable en ce monde : il se déplace et déplace Jésus à sa guise ; et sa totale maîtrise du monde : il est capable d’offrir le monde et tout ce qu’il contient de puissance et de gloire à Jésus sans que ce dernier ne remette en question ce pouvoir. C’est donc bien que l’un comme l’autre considèrent ce monde comme au pouvoir du diable.
Voici comment je reçois ces textes.
Guilhem de Carcassonne.