Lecture des textes de la liturgie catholique
Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.
Messe du 5e dimanche du temps ordinaire
1ère lecture :
Isaïe : 6, 1-2a.3-8
1 – L’année de la mort du roi Ozias, je vis Adonaï assis sur un trône élevé et altier ; ses pans remplissaient le temple.
2 – Des séraphins se tenaient au-dessus de lui.
3 – Chacun clamait vers l’autre et disait : « Saint, saint, saint est Iahvé, Dieu des armées, Sa gloire remplit toute la terre. »
4 – Les poteaux des pierres de seuil oscillèrent à la voix de ceux qui clamaient, tandis que la maison se remplissait de fumée.
5 – Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis anéanti, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, Iahvé des armées ! »
6 – Mais l’un d’entre les séraphins vola vers ; dans sa main il avait une braise qu’il avait prise avec des pinces de dessus l’autel.
7 – Il en toucha ma bouche et dit : « Voici que ceci a touché tes lèvres : ta faute est enlevée et ton péché pardonné. »
8 – Puis j’entendis la voix d’Adonaï qui disait : « Qui enverrais-je et qui ira pour nous ? » Et je dis : « Me voici, envoie-moi ! »
Mon commentaire :
Ce passage nous montre un point de rupture entre la vision judéo-chrétienne et la vision cathare. Pour nous Dieu est étranger et inconnu en ce monde comme l’affirme Christ. Ici, Iahvé est non seulement présent, mais aussi très interactif. Nous ne parlons donc pas de la même entité.
Psaumes : 138 (Vulgate : 137), 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8
Action de grâce
1 – De David. Je te rends grâce [Iahvé] de tout mon cœur, [car tu as entendu les paroles de ma bouche], en présence des Élohim je psalmodie pour toi.
2 – Je me prosterne devant ton Temple saint, je rends grâce à ton nom, pour ta grâce et ta vérité, car tu as élevé au-dessus de tout le renom de ta parole.
3 – Le jour où j’ai crié, tu m’as répondu, tu as augmenté la force de mon âme.
4 – Ils te rendront grâce, Iahvé, tos les rois de la terre, quand ils auront entendu les paroles de ta bouche,
5 – et ils chanteront les voies de Iahvé : « Grande est la gloire de Iahvé,
7 – Si je marche au sein de la détresse, tu me fais revivre, contre mes ennemis tu étends ta main et ta droite me sauve.
8 – Iahvé parachèvera ce qu’il a fait pour moi. Iahvé, ta grâce dure à jamais, ne te désiste pas de l’œuvre de tes mains !
Mon commentaire :
Ce que David valorise en son Dieu — qui semble être le chef d’un groupe de divinités appelées Élohim —, c’est le fait de le protéger de ses ennemis et de les détruire. Mais, malgré tout, il semble conserver un doute en la bonté de ce dieu car il lui rappelle son devoir envers son œuvre.
2e lecture :
Première lettre de Paul aux Corinthiens : 15, 1-11 (ou bien brève : 15, 3-8.11)
1 – Voilà, frères, cet évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous tenez
2 – et par lequel vous êtes sauvés si vous retenez la parole que je vous ai annoncée, à moins que vous ne vous soyez fiés qu’à des apparences.
3 – Car je vous ai transmis d’abord moi-même ce que j’avais reçu : que le Christ est mort pour nos péchés selon les écritures,
4 – qu’il a été enseveli, qu’il a été relevé le troisième jour selon les écritures,
5 – qu’il a été vu de Képhas, puis des douze.
6 – Ensuite il a été vu de plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart vivent encore, mais quelques-uns sont morts.
7 – Ensuite il a été vu de Jacques puis de tous les apôtres,
8 – et après tous il a été vu de moi comme de l’avorton,
9 – car je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé apôtre, moi qui poursuivais l’église de Dieu.
10 – Mais grâce à Dieu je suis ce que je suis et sa grâce envers moi n’a pas été vaine : je me suis fatigué plus qu’eux tous, non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.
11 – Bref, moi ou eux, c’est ce que nous prêchons, c’est à quoi vous vous êtes fiés.
Mon commentaire :
Paul conclut sa lettre. Mais on voit l’intervention du scribe judéo-chrétien qui insère après le verset 2 un credo catholique. Le but est de faire de Paul un témoin non fiable. En effet, la résurrection est attestée de tous et Paul arrive bon dernier, mais ce qui est intéressant c’est la place de Jacques, frère de Jésus et chef de la communauté de Jérusalem. L’objectif est clairement de faire de Pierre (Képhas) la référence. Cependant, nous savons par les évangiles qui retrace cette partie que les choses se seraient passées autrement. Cela permet de douter fortement de ces témoignages. Faire dire à Paul qu’il a vu le ressuscité est également douteux puisqu’il n’entre en scène que bien après l’ascension. En même temps que Paul réclame le titre d’apôtre, le scribe lui fait dire qu’il ne le mérite pas. Bref, ce passage est très douteux.
Évangile selon Luc : 5, 1-11
1 – Comme la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu et qu’il était debout au bord du lac de Gennésareth,
2 – il vit deux barques arrêtées au bord du lac. Les pêcheurs en étaient descendus et lavaient les filets.
3 – Il entra dans un des bateaux, qui était à Simon et demanda à celui-ci de gagner un peu de champ ; il s’assit et, du bateau, il enseignait les foules.
4 – Quand il eut cessé de parler il dit à Simon : Gagne le large et lâchez vos filets pour la pêche.
5 – Simon répondit : Maître, nous nous sommes fatigués toute la nuit pour ne rien prendre ; mais sur ta parole je vais lâcher les filets.
6 – Et ce faisant, ils capturèrent une grande multitude de poissons et leurs filets se déchiraient.
7 – Ils firent signe à leurs associés dans l’autre bateau de leur venir en aide. Ils vinrent et on remplit les deux bateaux, au point qu’ils s’enfonçaient.
8 – À cette vue, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus et dit : Sors d’auprès de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur.
9 – Un saisissement l’envahissait, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de cette pêche où on avait pris tant de poissons.
10 – De même Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient les associés de Simon. Et Jésus dit à Simon : Ne crains pas : à partir de maintenant, tu captureras les hommes,
11 – Ils ramenèrent les bateaux à terre et, laissant tout, ils le suivirent.
Mon commentaire :
On note chez une différence dans le recrutement des disciples. Là Jésus, qui connaît déjà Pierre, le recrute à l’occasion de la pêche miraculeuse, mais il recrute également Jacques et Jean dans le même épisode. Le frère de Simon n’est pas mentionné contrairement à Matthieu et Marc.
Voici comment je reçois ces textes.
Guilhem de Carcassonne.